Cinq nations, membres de la Force de gendarmerie européenne et engagées en Afghanistan, ont envoyé leurs représentants au centre national d'entraînement des forces de gendarmerie de Saint-Astier pour suivre une formation à la fonction de mentor.
Le réalisme fut le maître mot d'un stage riche en échanges et transferts de compétences.
Sous l'égide de la Force de gendarmerie européenne (FGE), cinq nations engagées en Afghanistan (France, Italie, Espagne, Pays-Bas, Pologne) se sont donné rendez-vous à Saint-Astier (Dordogne), au centre national d'entraînement des forces de gendarmerie (CNEFG), pour suivre le premier stage international POMLT (Police Operational Mentoring and Liaison Team), organisé à la demande de l'OTAN. Mise en place du 22 novembre au 3 décembre, cette formation de douze jours était destinée aux membres des POMLT appelés, en qualité de mentors, à conseiller et accompagner au quotidien les forces de police afghanes sur le théâtre des opérations. Exceptionnellement, pour cette première édition, une vingtaine de policiers afghans ont fait le déplacement afin de jouer leur propre rôle, apporter leur expertise et préciser leurs attentes à l'égard des mentors internationaux.
Grâce à la présence d'experts, dont des responsables américains, en différents domaines (contre l'insurrection, mentoring, spécialistes engins explosifs improvisés, culture afghane), l'objectif principal consistait à standardiser les modes d'action, créer un socle commun et favoriser les échanges. Ce stage participe à un processus de transfert de compétences et d'expertise des missions de sécurité.
Le CNEFG, choisi par l'OTAN en juillet 2010, dispose de toutes les installations nécessaires pour dispenser une formation spécifique, en complémentarité avec le terrain, en situation dégradée. L'enjeu pour lui était de démontrer sa capacité de mobilisation et d'adaptation selon le cahier des charges de l'OTAN. L'exigence du terrain afghan est telle qu'elle nécessite une préparation adéquate. Pour ce faire, le site possède un ensemble d'installations réalistes et modulables, tel ce « mini-village » construit dans son enceinte pour recréer un cadre de vie réel. Les élèves gendarmes de l'école de sous-officiers de Chaumont, en stage « rétablissement de l'ordre », ont aussi participé aux jeux de rôles prévus par les scénarios.
En habits traditionnels, acquis sur le théâtre afghan, ils ont ajouté une touche d'authenticité aux exercices de terrain. La présence de policiers afghans était aussi, de ce point de vue, une grande plus-value pour les gendarmes, avant projection sur le terrain. Les mentors stagiaires eurent ainsi l'opportunité de découvrir et de s'imprégner de la culture d'une population auprès de laquelle ils allaient vivre et travailler. Ils prirent d'ores et déjà l'habitude de faire équipe avec des policiers afghans et des interprètes. La connaissance et le respect des codes culturels afghans revêtent en effet une importance primordiale. Les stagiaires reçurent ainsi une instruction standardisée sur les tactiques, techniques et procédures de la police nationale afghane. La formation apprenait également aux mentors à assurer la coordination et les liaisons entre les forces de sécurité afghanes, la force internationale de sécurité et d'assistance de l'OTAN, et la mission de police européenne en Afghanistan.
La dimension internationale de ce stage fut un atout considérable. La présence d'anciens mentors (français, italiens, polonais, espagnols et néerlandais) revenus de missions dans différentes régions d'Afghanistan, a apporté une plus grande diversité de situations.
« Nous avons cherché à avoir une pluralité d'expériences pour une meilleure représentation de l'ensemble du pays », confie le colonel Jean-Luc B., commandant en second de la FGE. Les retours d'expériences de ces officiers et sous-officiers permettent au contenu pédagogique de coller parfaitement aux spécificités du terrain.
Les scénarios des exercices, sur lesquels les POMLT étaient évaluées (prise de contact et de renseignements), recréaient des situations de travail au plus près de la réalité : contrôles de zone, gestion du trafic routier, arrestation de criminels, protection d'autorité, check points, patrouilles, etc., et ce dans un environnement de contre-insurrections et de menaces omniprésentes.
La relation humaine était au coeur du projet.
Nous devons au préalable établir une relation d'homme à homme sincère, sinon aucune rentabilité de la formation n'est possible
analyse le général Bertrand C., en charge du recrutement et de la formation à la sous-direction des compétences de la direction générale de la gendarmerie nationale.
Le caractère interactif de ces échanges entre mentors et policiers afghans est indéniable. Les mentors profitent d'une acculturation facilitée avec les Afghans. Ils se préparent ainsi dans les conditions les plus réalistes,
ajoute le colonel Michel P., commandant le CNEFG.
Au-delà de l'approche technico-tactique, l'axe d'effort de ces exercices portait sur une posture plus proche de la population. La gendarmerie, en tant que force militaire de proximité chargée de missions de sécurité, apporte à la police afghane sa culture du contact acquise par son immersion quotidienne au sein de la population. Ainsi, la shura (assemblée traditionnelle) ou le passage de la patrouille dans un marché local sont autant d'occasion de rencontrer la population pour aiguiser son sens relationnel.