Intervention de Bernard Cazeneuve lors de l'inauguration de l'Ecole de Gendarmerie de Dijon

25 novembre 2016

Discours de M. Bernard Cazeneuve, Ministre de l’Intérieur lors de l'inauguration de l’École de Gendarmerie de Dijon le 25 novembre 2016


Seul le prononcé fait foi

Monsieur le Ministre, Monsieur le Maire, cher François Rebsamen,
Madame la Préfète,
Mesdames et Messieurs les parlementaires,
Madame la Présidente du Conseil régional,
Mesdames et Messieurs les Maires et les élus,
Mon Général, Directeur général de la Gendarmerie nationale,
Messieurs les officiers généraux,
Mon Colonel, commandant l’Ecole de Gendarmerie de Dijon (colonel FRANÇOIS),
Mesdames et Messieurs les autorités judicaires, civiles et militaires,
Mesdames et Messieurs,

C’est avec un très grand plaisir que je me trouve aujourd’hui parmi vous pour inaugurer la toute nouvelle Ecole de Gendarmerie de Dijon. C’est là en effet un événement particulièrement important, et même exceptionnel.

D’abord, bien sûr, pour les élèves qui viennent d’intégrer cette nouvelle Ecole, où ils bénéficient, depuis maintenant un peu plus d’un mois, d’une véritable formation d’excellence qui les prépare à assumer leurs futures responsabilités au sein de cette institution prestigieuse, pilier de la République, qu’est la Gendarmerie nationale.

Exceptionnelle, cette cérémonie l’est également pour le ministre de l’Intérieur que je suis.

Car il s’agit là d’une première, il faut le rappeler, qui sans nul doute fera date dans l’histoire du ministère de l’Intérieur. Depuis que la Gendarmerie nationale a été, en 2009, rattachée à la Place Beauvau, c’est en effet la toute première fois qu’un ministre de l’Intérieur a le privilège d’inaugurer une Ecole de Gendarmerie, dans un contexte où la formation des forces de sécurité représente un enjeu particulièrement décisif.

Plus largement, c’est là aussi un événement majeur pour la sécurité des Français, pour l’Etat et pour la République. Un événement qui, à mes yeux, symbolise presque à lui seul la politique que conduit le Gouvernement depuis maintenant plus de quatre ans.

Cela fait près de 20 ans qu’aucune école de Gendarmerie n’a été ouverte en France. Mais il faut aussi rappeler qu’entre 2007 et 2012, pas moins de quatre écoles ont été fermées, celles de Châtellerault, du Mans, de Libourne et de Montargis, au nom de ce que l’on a appelé la Révision générale des politiques publiques (RGPP).

Cette entreprise de déstabilisation de notre dispositif global de formation s’est faite au nom d’une conception purement comptable de la protection des Français, laquelle a, par le passé, considérablement affaibli l’ensemble de notre appareil sécuritaire. 13 000 postes avaient alors été supprimés dans la Police et dans la Gendarmerie.

C’est donc avec cette politique et avec cette conception des choses que nous avons complètement rompu, et ce dès 2012. Depuis lors, comme j’ai eu maintes fois l’occasion de le rappeler, la politique de sécurité conduite par le Gouvernement n’a poursuivi qu’un seul et unique objectif : redonner aux forces de l’ordre les moyens d’accomplir leurs missions, dans des conditions optimales d’efficacité. Plus que jamais, la République a besoin de gendarmes et de policiers qui soient en nombre suffisant, mais qui soient également bien formés et motivés, et qui disposent d’équipements modernes et adaptés aux réalités auxquelles ils sont confrontés.

C’est la raison pour laquelle, dès 2012 et malgré les contraintes budgétaires, nous avons consenti un effort sans précédent pour rehausser considérablement les effectifs dans les deux forces. Non seulement nous remplaçons les départs à la retraite, mais en outre, d’ici à la fin du quinquennat, 9 000 policiers et gendarmes supplémentaires auront rejoint les commissariats de police et les brigades de gendarmerie. Cette année, 10 000 gendarmes au total seront sortis des écoles, et ils seront 9 000 l’année prochaine. Grâce à cela, nous ouvrons de nouvelles unités. Ici même, à Dijon, deux unités de gendarmerie viennent d’être créées : une antenne GIGN et un PSIG Sabre, dont je viens de rencontrer les effectifs.

Parallèlement, nous renforçons aussi les moyens matériels dont disposent les forces de l’ordre. Nous avons ainsi augmenté de 16% les crédits d’équipement et de fonctionnement. Derrière les chiffres, il y a des réalités concrètes, des matériels supplémentaires, des armements plus modernes, des munitions, des équipements de protection, des véhicules nouveaux. En 2016, plus de 4 900 véhicules ont été ainsi commandés pour la Police et pour la Gendarmerie, et 21 000 gilets pare-balles supplémentaires auront été livrés dans les seules unités de gendarmerie.

Je rappelle que nous avons notamment mis l’accent, dans le cadre d’un plan inédit lancé en octobre 2015, sur les moyens dont disposent les PSIG et les BAC. Je rappelle à cet égard que ce Plan comporte également, au sein des 150 PSIG labellisés « Sabre », un volet de formation spécifique à la gestion des tueries de masse.

Nous faisons également en sorte d’améliorer les conditions de travail des femmes et des hommes qui composent les forces de l’ordre. Voilà pourquoi, au terme d’un dialogue de plusieurs mois avec l’ensemble des organisations syndicales de la Police et des représentants de la Gendarmerie, nous avons signé un protocole social très ambitieux, de 865 millions d’euros pour la période 2012-2020, afin de revaloriser les carrières.

Je veux également saluer la démarche de concertation inédite, la « feuille de route », engagée depuis maintenant trois ans au sein de la Gendarmerie. 369 mesures ont été prises depuis juin 2013, articulées autour de trois axes : le renforcement de l’action opérationnelle et la production de sécurité, l’allègement de l’administration et du fonctionnement de l’institution et la valorisation du personnel et des compétences. 

Enfin, le Plan de 250 millions d’euros pour la Sécurité publique, que j’ai présenté le 26 octobre dernier, vient parachever notre effort global de renforcement de la Police et de la Gendarmerie, en approfondissant la modernisation et le renouvellement des équipements, en rénovant l’immobilier, d’une part, et en améliorant la protection juridique des personnels, d’autre part, tout en cherchant à les recentrer sur leur cœur de métier.

Là où certains, par le passé, ont détruit, nous, nous reconstruisons.

Et, comme je l’ai dit, l’ouverture de l’Ecole de Gendarmerie de Dijon est exemplaire de cette ambition.

C’est parce que la sécurité est avant tout l’affaire de femmes et d’hommes au service de leurs concitoyens, une « force humaine », pour reprendre la juste devise que s’est choisie la Gendarmerie, que la formation des effectifs représente un enjeu aussi important. Les jeunes gendarmes et policiers doivent maîtriser les compétences qui leur permettront d’affronter les réalités du terrain, mais aussi l’évolution des menaces auxquelles nous devons faire face.

Je pense aux formes nouvelles prises par la délinquance et la criminalité, de plus en plus violentes. Je pense bien sûr à la menace terroriste, dont chacun sait qu’elle est aujourd’hui plus élevée que jamais. Lundi dernier, sept individus soupçonnés de préparer une action terroriste ont ainsi été interpellés par nos services, à Marseille et à Strasbourg. Cela porte donc à 418 le nombre des interpellations liées à des réseaux terroristes, depuis le début de l’année. Ces interpellations représentent autant d’attentats et de drames empêchés.

Plus que jamais, nous devons continuer à faire preuve d’une vigilance maximale.

Aujourd’hui, je veux vous dire que vous serez demain les piliers de notre sécurité collective, des acteurs essentiels de la protection des Français et de la défense de la République.

Vous êtes les futurs membres des brigades territoriales et contribuerez à la sécurité quotidienne de nos concitoyens dans les zones périurbaines comme dans la profondeur des territoires.

Vous êtes aussi les futurs équipiers du GIGN et de ses antennes, les futurs cadres des PSIG, et notamment des PSIG « Sabre », les futurs spécialistes de l’observation-recherche.

Vous êtes les futurs gendarmes mobiles, les gardes républicains et les spécialistes de la police judiciaire de demain.

En cas de crise majeure, c’est vous qui interviendrez les premiers sur le terrain, avant même l’arrivée des unités spécialisées.

En ouvrant l’Ecole de Gendarmerie de Dijon, nous travaillons donc, dès aujourd’hui, à garantir la sécurité de demain.

Je m’y étais engagé. Aujourd’hui, cet engagement, nous le tenons.

Je veux d’ailleurs souligner l’extrême rapidité avec laquelle ce dossier complexe a été mené à bien. C’est là d’abord le résultat de l’engagement total et inlassable de François REBSAMEN, avec l’énergie et la force de conviction qu’on lui connaît. Je l’en remercie chaleureusement ainsi que l’ensemble des élus qui se sont mobilisés pour la réussite de ce projet.

C’est aussi le résultat d’une collaboration réussie entre différents acteurs : l’armée de l’air, le groupe de soutien de la base de défense, l’établissement d’infrastructure de la défense, les collectivités locales et, bien évidemment, le ministère de l’Intérieur.

Vous vous souvenez sans doute qu’il y a deux ans à peine, les alpha-jets de l’escadron d’entraînement 2/2 Côte d’Or décollaient encore des pistes de la base aérienne de LONGVIC. Un an a suffi pour que ce projet d’école, que j’ai annoncé le 17 juillet 2015, se concrétise.

Dès le 17 octobre, les 120 premiers élèves-gendarmes entamaient leur formation initiale. Au total, d’ici à la fin de l’année, ce sont près de 500 sous-officiers qui suivront les enseignements théoriques et pratiques dispensés dans l’Ecole de Gendarmerie de Dijon. D’ici quelques mois, ces futurs gendarmes rejoindront leurs affectations. Trois nouvelles compagnies les suivront d’ici à la fin de l’année 2017.

Cette école est le symbole de ce que nous sommes capables d’accomplir. Si les moyens adéquats sont engagés et qu’une volonté politique forte les accompagne, il est possible de faire aboutir des projets aussi importants dans un temps très contraint. Le tout en tenant compte des réalités humaines. Je me réjouis à ce propos que 24 personnels des unités et services de l’ancienne base aérienne 102 aient pu être intégrés aux cadres de votre nouvelle école et qu’ils aient pris toute leur part, au côté des autres acteurs de la montée en puissance de l’école, à la réalisation de ce beau projet.

Je veux aussi rappeler que des moyens très conséquents ont été alloués à l’adaptation des infrastructures nécessaires à l’ouverture de cette école. D’importants travaux de mise aux normes ou de restructuration de bâtiments ont été ainsi été réalisés, et la sécurisation du site a été achevée à la mi-octobre.

Cela a représenté un investissement de 5,6 millions d’euros, dont 4,6 dégagés dans le cadre du Plan sécurité et un million issu du Plan d’urgence. Les investissements se poursuivront en 2017, grâce à une enveloppe d’1,6 million d’euros destinée, entre autres, à la rénovation de l’amphithéâtre et à la création d’un champ de tir.

*

Mesdames et Messieurs, vous avez fait un choix remarquable et courageux en décidant de vous engager dans la Gendarmerie. C'est là un choix d’exception, car il vous oblige et vous expose. Il vous honore également, car il traduit votre dévouement à la patrie et à nos concitoyens.

Pour faire face aux défis actuels, vous ne serez pas seuls. Vos cadres, vos chefs, puis vos subordonnés, plus tard dans votre carrière, seront à vos côtés. À l’Ecole de Dijon, vous allez bénéficier d’une formation complète et exigeante, appuyée sur des moyens pédagogiques modernes. Vous avez ainsi à votre disposition un bâtiment dédié à l’intervention professionnelle, deux brigades numériques et deux salles de simulation tactique, qui vous permettront de travailler sur des scénarios virtuels en réseau. Votre école est aussi la première à être équipée de tablettes « Neogend ». C’est là une opportunité exceptionnelle qui vous permettra d’entrer de plain-pied, dès votre formation initiale, dans l’avenir de la Gendarmerie.

Votre école est dotée des meilleurs équipements pédagogiques. Ils vous accompagneront dans votre apprentissage du métier de militaire de la gendarmerie, de « soldat de la loi » et d’acteur de la sécurité publique. À vous d’en faire le meilleur usage et de consentir l'effort que vos cadres attendent de vous.

Vous ne serez pas seuls non plus pendant vos stages. Ces moments de formation seront pour vous des occasions privilégiées d’acquérir, au sein des unités opérationnelles, le sens du terrain. Vous serez d’ailleurs, je tiens à le souligner, les premiers à bénéficier de modules d’enseignement et d’un tutorat à distance, qui vous permettront de rester constamment en contact avec vos formateurs.

Sachez enfin que, tout au long de votre carrière, la République vous apportera son entier soutien. Elle sait ce qu’elle vous doit. Elle sait les sacrifices que vous êtes prêts à consentir pour elle. Elle sait que vous la protégerez contre les menaces susceptibles de l’atteindre, que vous défendrez toujours nos principes fondateurs de liberté, d’égalité et de fraternité sans lesquels nous ne pourrions assurer la cohésion de notre société.

C’est la raison pour laquelle nous vous donnons tous les moyens nécessaires à votre formation, puis à l’accomplissement de vos missions futures.

Soyez fiers d’être élèves au sein de l’Ecole de Gendarmerie de Dijon, car celle-ci sera très bientôt un centre de référence en matière de formation à la sécurité publique.

A cet égard, je vous annonce la création prochaine, ici-même, dans cette Ecole, du Centre national de sécurité publique (CNSP), dès le second semestre de l’année 2017.

Ce Centre sera dédié à la gendarmerie départementale, et notamment aux militaires des brigades territoriales. Il sera à la sécurité publique ce que le Centre national d’entrainement des forces de gendarmerie (CNEFG) de Saint-Astier est au maintien de l’ordre public : à la fois une référence et un incubateur d’innovations qui, demain, guideront tous les gendarmes œuvrant dans le domaine de la sécurité publique. Il s’inscrira également dans une démarche partenariale qui doit encore être précisée, entre les polices municipales, la sécurité privée les acteurs de la coopération internationale.

*

C’est une belle réussite que nous célébrons aujourd’hui. La sécurité des Français ne peut se contenter de déclarations d’intention, elle exige du concret. Et c’est ce qui nous rassemble, avec cette nouvelle Ecole de Gendarmerie de Dijon.

Une école, ce ne sont pas seulement des murs, mais avant tout des femmes et des hommes, des enseignants et des élèves – les professionnels d’aujourd’hui et ceux de demain.

L’Ecole de Dijon est une institution d’élite, à l’image de la Gendarmerie nationale. Je ne doute pas un seul instant qu’elle saura former des gendarmes de haut niveau qui, à leur tour, incarneront pleinement vos valeurs d’engagement, d’éthique, de solidarité, de dévouement et de fraternité.

Vive l’Ecole de Gendarmerie de Dijon !
Vive la Gendarmerie nationale !
Vive la République !
Vive la France !