Préfecture de police de Paris - Brice Hortefeux : "Il doit y avoir une confiance reconnue à la police dans la manière de compter les manifestants"

14 octobre 2010

Jeudi 14 octobre 2010, Brice Hortefeux, ministre de l'intérieur, de l'outre-mer et des collectivités territoriales, s'est rendu à la préfecture de police de Paris, pour faire un point sur le comptage des manifestants.


Après avoir rappelé que "le ministère de l'intérieur est totalement transparent sur la manière dont il effectue le décompte des manifestants", le ministre a pris l'exemple de Paris pour expliquer la méthode de comptage employée par la police :

  • présence, pour chaque cortège, d'au moins deux équipes de policiers spécialisés, installés stratégiquement en des points du parcours d'où ils dominent le cortège et comptent les manifestants par groupes de dix personnes du début à la fin de la manifestation ;
  • recueil de données complémentaires sur la longueur du cortège, la surface de la voie publique occupée ou le nombre de trains et de cars réservés par les manifestants ;
  • transmission de toutes les données à la direction du renseignement de la préfecture de police, qui établit une péréquation des différents points de comptage et retient systématiquement le chiffre le plus élevé.

Brice Hortefeux a tenu à préciser que les comptages effectués par la police sont fiables, comme l'a confirmé, à plusieurs reprises, la confrontation de leurs résultats avec des décomptes indépendants. Il a donné trois exemples de validation :

Premier exemple de validation : la comparaison avec un décompte effectué à l'aide de cellules photo-électriques : le 31 janvier 1999, lors d'une manifestation anti-PACS à Paris, ce système avait abouti au chiffre de 98 000 manifestants contre 100 000 pour la police ;

Deuxième exemple de validation : la confirmation par les décomptes réalisés de manière indépendante par les médias :

  • le 19 mars 2009, à Marseille, La Provence a choisi de réaliser son propre décompte et a dénombré à l'issue de la manifestation : 40 000 manifestants, contre 30 000 pour la préfecture et 320 000 pour les syndicats ;
  • le 12 octobre 2010, à Saint-Etienne, Le Progrès, a décidé d'effectuer son propre décompte. Résultats : 11 300 manifestants selon le journal, 11 500 selon la police et... 48 000 selon les syndicats ;
  • le 12 octobre 2010, à Paris, Médiapart, a effectué son propre comptage et a conclu, lui aussi, à la validité des chiffres fournis par la police : « Mardi, [nous avons] comptabilisé à Paris environ 76.000 manifestants. C'est moins, beaucoup moins que ce qu'annoncent les syndicats... et c'est même un peu moins que la police. (...) la manifestation parisienne n'était pas ce cortège de 330 000 personnes que les syndicats ont vu.»

Troisième exemple de validation : l'homologation par huissier :

  • le 28 mai 2006, à Grenoble, à l'occasion d'une manifestation anti-CPE, un huissier mandaté par M6 a abouti à 24 000 manifestants contre 26 000 pour la police et 60 000 pour les organisateurs ;
  • le 23 septembre 2010, à Albi, dans le Tarn, la police a fait appel à un huissier pour établir un décompte indépendant des manifestants. Résultat : alors que les syndicats recensaient 20 000 manifestants, la police et l'huissier se sont accordés pour compter un peu plus de 4 000 personnes dans les rues ;
  • la même expérience a été conduite en Gironde, à l'initiative du préfet, pour la manifestation du 2 octobre 2010. Là encore, la police et l'huissier se sont retrouvés sur le décompte : 31 500 pour les policiers et 29 200 pour l'huissier.

Pour Brice Hortefeux :  

"

Ce qui est en jeu, c'est moins la fiabilité reconnue des méthodes de police que la capacité de notre société à faire confiance à des chiffres établis de manière sincère, précise et loyale par la police.

Afin qu'à l'avenir, les décomptes incontestables de la police ne puissent plus être contestés,

"

le ministre de l'intérieur a annoncé sa volonté d'élaborer des propositions concrètes, après la journée de mobilisation du samedi 16 octobre prochain.

"Il y a en France un droit absolu à manifester, il doit y avoir aussi désormais une confiance dans la police, dans sa manière de compter. Et je pense que c'est cela, vivre dans une démocratie apaisée", a conclu Brice Hortefeux.