Entretien de Brice Hortefeux au "Grand Jury RTL - Le Figaro - LCI"

17 octobre 2010

Brice Hortefeux, ministre de l'intérieur, de l'outre-mer et des collectivités territoriales, était l'invité du "Grand Jury RTL - Le Figaro - LCI", dimanche 17 octobre 2010.


Entretien Grand Jury RTL Le Figaro LCI

Comme il l'avait annoncé l'avant-veille lors de son déplacement à la préfecture de police, le ministre a dévoilé une mesure concrète pour mettre fin aux polémiques de chiffres en matière de comptage des manifestants. A l'avenir, le préfet de police et les préfets des département comprenant une grande ville proposeront, avant chaque manifestation, un entretien aux organisations syndicales afin de leur présenter les méthodes de calcul, les méthodes de vérification et les méthodes de pondération de manière à ce qu'il n'y ait plus d'ambiguïté et de débat.

Evoquant la question de l'approvisionnement du pays en carburant, Brice Hortefeux a souligné que 12 raffineries étaient actuellement perturbées et qu'il n'y avait, "à ce stade pas de risque de pénurie". Le ministre a mis en avant d'une part, l'existence de réserves stratégiques et d'autre part, la détermination du gouvernement à faire " débloquer les dépôts si cela s'avère nécessaire", notamment "dès lors qu'ils sont dans l'incapacité de fonctionner du fait d'éléments extérieurs". Pour le ministre, "ceux qui veulent aller travailler ne doivent pas en être empêchés".
 
Interrogé sur la menace terroriste qui vise notre pays, Brice Hortefeux a, tout d'abord, indiqué que 61 personnes sont aujourd'hui incarcérées pour des actes terroristes. Il a ensuite rappelé que nous devons faire face à plusieurs types de menaces. L'ETA, tout d'abord, même si elle a été "considérablement affaiblie" grâce à la coopération entre la police espagnole et les services de sécurité français. Deuxième menace, qui est aussi une forme de terrorisme, les attentats en Corse, même si là aussi, ils ont diminué de moitié entre 2008 et 2009. Enfin, le troisième type de menace, c'est la menace des islamistes radicaux.
Le ministre de l'intérieur est revenu sur l'émergence "d'un faisceau d'informations au cours des dernières semaines, des derniers jours, confirmant la réalité de cette menace" :

  • premier élément, le 9 septembre un appel d'Interpol fait état d'une menace islamiste à l'échelon mondial et notamment sur le continent européen ;
  • le 16 septembre, est évoquée la possibilité d'une femme kamikaze susceptible de perpétrer un attentat sur le territoire national ;
  • troisième élément, des messages des services ou des interlocuteurs gouvernementaux partenaires venant du Maghreb, des Etats-Unis et de l'Arabie saoudite, indiquent que Al-Qaïda péninsule arabique "est sans doute actif ou envisage d'être actif".

En total accord avec le président de la République et le Premier ministre, Brice Hortefeux a décidé de dire les choses simplement :

"

il ne s'agit pas de surestimer la menace, mais il ne s'agit pas non plus de la sous-estimer.  Je le dis calmement, sereinement, sans inquiéter, sans alarmer. Informer sans alarmer, oui la menace est réelle et notre vigilance est totale, a-t-il précisé en rappelant que nous en sommes au niveau Vigipirate rouge, rouge renforcé.

"

Interrogé sur l'existence d'un fichier ethnique, le ministre de l'intérieur a, tout d'abord, tenu à revenir sur les deux fichiers majeurs qui servent à lutter contre la délinquance : le fichier des empreintes digitales, avec 3 millions et demi d'entrées, et celui des empreintes génétiques, avec 1,5 million d'entrées. Pour Brice Hortefeux, ces fichiers "représentent des instruments indispensables pour retrouver des cambrioleurs et les délinquants". Afin de lutter encore plus efficacement contre la délinquance, le ministre s'est prononcé pour la constitution de bases de données dans le respect des droits et des libertés individuels. "Si le taux d'élucidation a spectaculairement augmenté dans notre pays, c'est précisément parce que nous avons des bases de travail" a-t-il remarqué. Le ministre a ensuite évoqué plus spécifiquement l'audition du Général Mignaux devant la commission des lois à l'Assemblée Nationale et l'enquête de la CNIL qui montrent l'inexistence d'un fichier ethnique au sein de la gendarmerie nationale, avant de conclure : "sous la présidence de Nicolas Sarkozy, tout est mis en conformité avec la loi informatique et libertés".