Le ministre a, tout d’abord, rappelé que les vols à main armée commis avec armes à feu recouvrent une variété de situations allant du vol de la caisse d’une station service avec un revolver jusqu’au braquage d’un fourgon blindé au moyen d’un lance-roquette. Il a souligné que ce type de criminalité est à la fois spectaculaire, violent et surtout profondément traumatisant pour les victimes
   

A cet égard, le ministre de l’intérieur est revenu sur la tentative de braquage qui a eu lieu, lundi 9 août, dans un centre commercial de Chambly dans l’Oise et au cours de laquelle cinq individus s’en sont pris au coffre d’un hypermarché, tout en menaçant les employés avec des fusils d'assaut factices, au point de causer la mort d’une employée, victime d’un malaise cardiaque. Après avoir adressé ses pensées à la victime et sa famille, le ministre a rappelé que les gendarmes ont interpellé l'un des braqueurs et identifié le véhicule de ses complices.

Brice Hortefeux a également évoqué une autre tentative de braquage qui s’est déroulée à Lyon, vendredi 6 août, et au cours de laquelle, faute d’avoir pu accéder au coffre-fort d’un supermarché, trois individus cagoulés ont dépouillé la douzaine d’employés de leur portefeuille en les menaçant avec une arme de poing et un fusil et en frappant violemment quatre d’entre eux à coups de crosse. Grâce, là aussi, à la réactivité des effectifs de la BAC de Lyon, que le ministre a tenu à féliciter en personne, les malfaiteurs ont été interpellés en flagrant délit, puis écroués.

Face à ce type de criminalité, Brice Hortefeux a demandé aux forces de police et de gendarmerie d’agir de manière complémentaire dans trois directions simultanément : prévention, dissuasion et répression, en application du plan de lutte contre les vols à main armée.

La prévention, tout d’abord. Le ministre a souhaité développer, en liaison étroite avec les représentants des professions les plus exposées, la mise en place de policiers et gendarmes "référents-sûreté" qui aident les professionnels à se prémunir contre les risques de braquage. Il a annoncé le renforcement de ce partenariat avec la désignation, dès le mois prochain, d’un haut fonctionnaire chargé de représenter le ministère de l’intérieur auprès des différentes professions concernées.

La dissuasion, ensuite. Brice Hortefeux a demandé aux forces de police et de gendarmerie de bâtir des plans d’intervention contre les braquages en se basant sur une connaissance précise des cibles potentielles et des modes opératoires habituels des malfaiteurs, qu’ils relèvent du grand banditisme ou qu’il s’agisse de petits caïds de banlieue. Très concrètement, cette dissuasion passe par l’organisation de patrouilles aux endroits et aux heures les plus sensibles, d’opérations de contrôle sur certains axes ou certains itinéraires, ou la surveillance renforcée de certains sites.

La répression, enfin. Le ministre de l’intérieur s’est entretenu avec les policiers et les gendarmes qui lui ont présenté leurs techniques d’intervention et leurs enquêtes. Assistant à la mise en œuvre, sur le terrain, d’une opération anti-vols à main armée, Brice Hortefeux a souligné que les moyens les plus modernes sont désormais engagés.

Il a évoqué les 12 hélicoptères de la gendarmerie nationale qui sont dotés de caméras thermiques de dernière génération dont les images peuvent être immédiatement transmises aux salles opérationnelles de la police et de la gendarmerie pour suivre les braqueurs en direct. « Ces appareils volent à une altitude et à une distance de leur objectif telles qu'on ne les entend pas » a précisé le ministre. Les images aériennes sont transmises sur 20 récepteurs mobiles qui peuvent déployés immédiatement, en même temps qu’elles sont diffusées dans les centres opérationnels départementaux de police et de gendarmerie. En plus d’être une excellente illustration de la mutualisation des moyens de la police et de la gendarmerie nationales, ce dispositif permet de réduire les risques pour les équipes au sol.

Le ministre a aussi abordé la généralisation du dispositif de lecture automatisée des plaques d’immatriculation (LAPI) à bord des véhicules de police et de gendarmerie. Il y en aura 200 d'ici la fin de 2010, avec un objectif ultérieur fixé à 500. Actuellement en phase d’expérimentation, ce système peut détecter, de jour comme de nuit, les véhicules volés ou mis sous surveillance en capturant les plaques minéralogiques, ce qui permet notamment une identification en temps réel les braqueurs, lesquels utilisent, de manière quasi systématique, des voitures volées. Le dispositif expérimental a déjà prouvé son efficacité : depuis le mois d’avril 2009, plus de 5,5 millions de plaques d’immatriculation ont été lues, 450 véhicules volés ont été retrouvés, 250 véhicules mis sous surveillance détectés et 340 interpellations ont été effectuées. Ces bons résultats sont en partie dus au croisement des différents fichiers nationaux et européens de véhicules volés ou recherchés. « Je crois beaucoup aux fichiers et à la possibilité de les croiser, sous contrôle judiciaire et dans le respect des libertés individuelles » a précisé le ministre de l'Intérieur.

Au-delà de ces aspects techniques, la modernisation de nos services passe aussi, pour Brice Hortefeux, par la réorganisation territoriale et la rationalisation des implantations de la police et de la gendarmerie en vue d’une meilleure efficacité. C’est dans ce cadre que s’inscrit sa décision de mettre en œuvre à Lyon la police d’agglomération, qui sera opérationnelle à partir du 1er janvier 2011.

Lorsque les voyous n’ont pu être arrêtés en flagrant délit, les enquêteurs développent d’autres méthodes d’investigation pour les identifier, les localiser et les interpeller. Il s’agit de l’exploitation des traces d’ADN, des empreintes digitales et, bien sûr, de la vidéoprotection. Pour aller plus loin, Brice Hortefeux a fait part de sa volonté dans le cadre de la LOPPSI qu’il présentera le 7 septembre prochain au Sénat, de rendre systématique le recours aux fichiers d’analyse sérielle et de rapprochement judiciaire, qui recensent les profils et les modes opératoires des délinquants, pour les crimes et délits les plus graves et, donc, naturellement pour les vols à main armée.

Enfin, le ministre a souligné que la mobilisation des forces de sécurité porte ses fruits et que les résultats sont d’ores et déjà au rendez-vous.

Il a commencé par rappeler que, de 2002 à 2007, les vols à main armée ont chuté massivement de -33,29%. Si une augmentation a été constatée en 2008 et au premier semestre 2009, l’évolution est, depuis un an, clairement orientée à la baisse :

• une diminution des vols à main armée, commis avec armes à feu, au mois de juin, de -9,23 % entre juillet 2009 et juin 2010 avec parallèlement un taux d’élucidation qui progresse de + 3,58 points pour s’établir à 37,50% ;
• une diminution de -16,08 % sur le premier semestre de l’année 2010, avec une augmentation de +3,52 points du taux d’élucidation qui s’établit à 38,58%.

Brice Hortefeux :

Lors de sa conférence de presse à l'hôtel de police de Montluc, Brice Hortefeux a annoncé que plus de 40 camps illégaux de Roms ont été démantelés en 15 jours et que 700 personnes allaient être reconduites dans leur pays d'origine, à savoir la Roumanie ou la Bulgarie, au moyen de vols spécialement affrétés, en liaison avec le ministre de l'immigration, Eric Besson. De plus, le ministre de l’intérieur a fait savoir qu'il recevrait la semaine prochaine, place Beauvau, deux membres du gouvernement roumain, le secrétaire d'Etat chargé de la réinsertion et le secrétaire d'Etat à l'ordre et à la sécurité publique. "A cette occasion, je leur rappellerai la nécessité forte de renforcer la coopération opérationnelle entre nos deux pays", a ajouté le ministre qui souhaite que des policiers roumains "viennent dès que possible" en France pour  "épauler les policiers et gendarmes français dans leur mission".