Validation de l'arrêté d'interdiction de la manifestation prévue ce jour

26 juillet 2014

Déclaration de Bernard Cazeneuve, ministre de l’Intérieur du 26 juillet 2014


Le Conseil d’État, saisi en référé, vient de confirmer la décision du Tribunal Administratif de Paris rendue hier soir validant l’arrêté d’interdiction de la manifestation prévue ce jour à 15h00 place de la République à Paris.

La liberté de manifestation et la préservation de l’ordre public sont deux principes constitutionnels qu’il appartient à l’État, et tout particulièrement au ministre de l’Intérieur, de garantir, parce qu’ils sont au fondement de notre République. Le gouvernement s’y attache avec rigueur et dans le respect des règles de notre droit.

Mais la violence, notamment antisémite, existe : il faut la regarder en face. Ne pas vouloir la voir pour ce qu’elle est constituerait pour tous les républicains une faute.

En deux semaines, seules cinq mesures d’interdiction ont été prises, sur près de 300 manifestations qui se sont déroulées sur l’ensemble du territoire national. La liberté de manifestation a donc constitué la règle, et l’interdiction l’exception.

Ces mesures d’interdiction ont été décidées au regard des informations dont nous disposions sur les violences antisémites, issues notamment de la consultation des réseaux sociaux, qui résulteraient de la tenue de ces manifestations. Les débordements intolérables se sont donc produits parce que des organisateurs irresponsables, instruits de ces informations, ont fait sciemment le choix d’ajouter de la tension à la tension et de prendre ainsi le risque de voir ces rassemblements dégénérer, avec leur cortège de violences.

A Paris et à Sarcelles, il y a une semaine, des groupuscules irresponsables ont maintenu les manifestations malgré les interdictions prononcées et confirmées par la justice : ces deux manifestations ont donné lieu à des propos et à des actes de haine antisémite intolérables. A Paris, la manifestation du 19 juillet, maintenue en toute irresponsabilité malgré son interdiction, a donné lieu à des heurts violents et s’est soldée par 16 blessés parmi les forces de police et 44 interpellations.

Tous les éléments sur les nouvelles violences qui pourraient résulter de la manifestation d’aujourd’hui ont été communiquées à l’organisateur : car contrairement à ce qui a pu être dit, l’interdiction de génère pas la violence ; c’est la violence, annoncée et parfois promise par des groupes guidés par la haine, qui préside à l’interdiction.

J’observe à cet égard que les organisateurs de la manifestation de mercredi dernier, dont je salue une nouvelle fois l’esprit de responsabilité qui a permis qu’elle se déroule dans de de bonnes conditions, n’ont pas souhaité s’associer à celle d’aujourd’hui.

Être républicain, c’est à la fois garantir le droit de manifester et prévenir la violence et la diffusion de messages extrémistes lorsqu’ils constituent des incitations à la discrimination ou à la haine, notamment antisémite.

Être républicain, c’est se conformer au droit en tout instant, notamment lorsqu’il est rappelé par le Conseil d’Etat, juge des libertés publiques.

Être républicain, c’est chercher à tout moment à faire prévaloir la raison sur la passion.

Être républicain, c’est chercher à tout prix l’apaisement plutôt que d’attiser les tensions.

Être républicain enfin, c’est s’indigner de toutes les atteintes aux droits de l’Homme, d’où qu’elles viennent, car l’universalité de la Déclaration des droits de l’Homme qui inspire la République ne distingue pas entre les enfants persécutés à travers le monde, entre les enfants de Gaza et d’Israël, dont les vies se valent.

Les organisateurs du rassemblement prévu cet après-midi seraient les seuls responsables d’éventuels débordements résultant du refus de se soumettre à une interdiction de manifester validée par la justice de la République, et deviendraient ainsi passibles de sanctions pénales.

Je les appelle une ultime fois à se conformer à la loi et à renoncer à cette manifestation dont l’interdiction vient d’être validée par la plus haute juridiction administrative du pays.