Procès-Verbal
La Commission Nationale de la Vidéosurveillance a souhaité organiser un dialogue avec les Présidents des commissions départementales des systèmes de vidéosurveillance et les préfectures de département qui, aux termes de la loi du 21 janvier 1995, sont chargés d'instruire et de se prononcer sur les demandes d'autorisation d'installation de dispositifs de vidéosurveillance.
Cette réunion nationale de la vidéoprotection s'est tenue le mardi 20 mai 2008 en présence de 160 personnes, préfets, magistrats, membres de la commission nationale de vidéosurveillance, membres des commissions départementales des systèmes de vidéosurveillance et représentants des préfectures de départements.
Certes, la très importante décision du Conseil Constitutionnel censurant partiellement l'article 10 de la LOPS avait créé, à juste titre, les conditions de cette situation, faisant passer le contrôle des conditions d'installation des systèmes d'un simple processus administratif à un examen renforcé faisant passer les libertés individuelles et publiques au premier plan.
Tout récemment, le tribunal administratif de Rennes a ainsi souligné les obligations qui s'imposent à la mise en place de tels systèmes sur la voie publique (Commune de Ploërmel).
D'importantes évolutions sont en cours. Ainsi, la Préfecture de Police à Paris a engagé un vaste plan d'équipement en vidéo protection de l'ensemble de la capitale :
Une cartographie d'implantation des caméras a été engagée fondée sur le suivi et l'étude au quotidien des phénomènes divers de délinquance en lien avec l'Observatoire National de la Délinquance. De plus, un comité d'éthique chargé en particulier de veiller à la bonne application du droit et d'une charte de la vidéo protection à laquelle s'obligera la PP sera créé en parfaite concertation avec la Ville de Paris.
De nombreuses études anglo-saxonnes, et quelques réflexions en France, ont souligné les interprétations diverses qui se font jour quant à l'efficacité des systèmes dans la lutte contre le terrorisme, la criminalité ou la délinquance.
Beaucoup sont interprétées sans grand recul ou sans une lecture approfondie. Récemment le responsable de la vidéoprotection à Londres soulignait même le faible apport des systèmes mis en place, mais en soulignant surtout les problèmes de formation des policiers en charge.
La vidéoprotection n'est pas un outil anodin. L'installation de systèmes sans réflexion sur les lieux les plus exposés, l'illusion selon laquelle la technique répondrait à tout sans mise au point d'une chaîne d'intervention cohérente contrôlée par des instances déontologiques et éthiques, des instances citoyennes sur le modèle remarquable de ce qui se passe notamment à Lyon, crée les conditions d'un débat utile sur l'équilibre entre libertés et lutte contre les phénomènes criminels.
La commission nationale de vidéosurveillance souhaite donc y contribuer pleinement afin de clarifier les situations et de renforcer à la fois l'efficacité des services d'application de la loi et la protection des libertés individuelles et publiques.
Récemment, la CNIL a souligné son souci face aux évolutions technologiques de tous types et à l'apparition d'une "société de surveillance". La Commission nationale de la vidéosurveillance partage ses préoccupations et souligne son souhait de voir les dispositifs concernés (notamment les web "sociaux") s'en préoccuper tout autant.
Pour ce qui relève de la vidéoprotection, la CNIL a émis un avis détaillé et des propositions techniques et juridiques.
La Commission nationale de la vidéosurveillance s'en tient pour sa part au texte de la loi voté par le Parlement. Si l'argumentation technique de la CNIL, qui se réfère beaucoup à des éléments écartés par le parlement en 1993, sur les compétences eu égard à la technologie utilisée (analogique soumis à la LOPS, numérique qui relèverait de la CNIL), ne semble pas pouvoir être retenue dès lors, comme le rappelle le Conseil Constitutionnel dans ses attendus, qu'il n'y a pas constitution de fichiers nominatifs ; les remarques sur les compétences, l'indépendance et les pouvoirs d'une autorité nationale de contrôle, notamment eu égard aux règles européennes, doivent être entendues. Il reviendra au Gouvernement de trouver les modalités, si possible selon le principe de spécialité, pour proposer au Parlement les mesures nécessaires.
Pour y parvenir, il est souhaitable de clarifier et de simplifier les procédures.
C'est la première des ambitions du comité de pilotage stratégique.
Il convient par ailleurs d'améliorer la qualité des productions pour les rendre pleinement exploitable ce qui recouvre à la fois la question de la qualité des images et de leur acheminement.
Enfin, le troisième objectif du comité de pilotage est de contribuer à une meilleure utilisation de la vidéosurveillance. Cela suppose des outils d'aide à la décision (la boîte de messagerie destinée aux préfectures sera transformée en site intranet d'ici l'été), des plans de formation, notamment pour les personnels des préfectures et les services de police, ainsi que des guides méthodologiques pour les différents intervenants (3 guides méthodologiques seront diffusés avant la fin de l'année, à destination des demandeurs, des services de police et de gendarmerie référents et des préfectures).
Monsieur Bauer saisit l'occasion pour évoquer deux évolutions législatives possibles ; l'une sur la visualisation de la voie publique par des agents privés (hypothèse de l'exploitation externalisée par les villes) qui, selon lui, doit être envisagée avec la plus grande prudence compte tenu de la jurisprudence du Conseil Constitutionnel ; l'autre sur la question de la durée de conservation des enregistrement. La loi a prévu une durée maximale. Ne faut-il pas, dans certains cas (enquêtes judiciaires dans le domaine du terrorisme ou de la criminalité organisée, notamment) prévoir une durée minimale de conservation ?
Monsieur Bauer précise que l'annulation est fondée sur le fait que le rapport de présentation ne contenait "aucune précision sur les risques particuliers de dégradations auxquels seraient soumis les bâtiments concernés par le système de vidéosurveillance, ni aucune donnée relative au nombre et à la nature des actes délictueux commis dans ces lieux ou à proximité". Il est donc impératif de veiller à la bonne constitution des dossiers de demandes.
Monsieur Touvet, directeur des libertés publiques et des affaires juridiques et membre de la commission nationale de vidéosurveillance, rappelle que plusieurs textes prévoient d'ores et déjà des obligations pour des agents privés de participer à des missions de lutte contre la criminalité (article 73 du CPP, article 223-6 du CP) et que, selon lui, la jurisprudence pourrait accepter de valider cette évolution concernant la vidéosurveillance.
Monsieur Bauer prend acte de cette orientation qu'il qualifie de bonne pratique.
Monsieur Deschamps, membre du comité de pilotage stratégique saisit l'occasion pour confirmer à l'ensemble des personnes présentes que le comité est preneur de toute observation de ce type sur les pratiques des opérateurs.
Monsieur Hénon, président de la commission départementale des systèmes de vidéosurveillance de Moselle, s'interroge sur les difficultés d'identifier un périmètre vidéosurveillé si on ne dispose plus du plan de masse.
Madame Bigot, présidente de la commission départementale des systèmes de vidéosurveillance du Haut Rhin, ajoute que les
commissions départementales sont extrêmement attentives à la question de l'implantation des caméras et donc au plan de masse, car cela permet de veiller à ce que les caméras ne servent pas à surveiller les salariés.
Madame Nérondat, présidente de la commission départementale des systèmes de vidéosurveillance de Paris, renchérit en précisant que s'agissant notamment des commerces, des restaurants ou des hôtels, la connaissance précise des lieux d'implantation des
caméras est impérative.
Monsieur Beaufrêre, président de la commission départementale des systèmes de vidéosurveillance de Martinique, appuie les propos précédents en ajoutant, d'une part, que les dossiers sont rarement constitués par le demandeur mais plutôt par des entreprises prestataires de service pour lesquelles le besoin de simplification est moins évident et, d'autre part, que le plan de masse est un élément important du dossier en ce qu'il permet de replacer les choses dans leur contexte géographique. Il souligne, par ailleurs, le décalage qui peut exister entre les dossiers et la réalité, certains demandeurs ne respectant pas les lieux d'installation autorisés.
Monsieur Bauer conclut cet échange en indiquant que la dimension protection sociale et droit du travail est une donnée qu'il convient d'avoir constamment à l'esprit lorsque l'on traite de vidéosurveillance.
joint) et qui présente les premiers éléments de l'étude sur l'évaluation de la vidéosurveillance qui sera remise au mois de juin au cabinet du ministre de l'intérieur et au président de la commission nationale de vidéosurveillance (voir texte dans le dossier de la réunion).
magistrat de chacun des deux ordres, judiciaire et administratif, au sein de la CNV.
services de police et de gendarmerie se sont multipliés. 50 centres étaient raccordés en octobre 2007. Aujourd'hui, ce chiffre s'élève à 80 et 143 autres raccordements sont prévus en 2008. Le ministre a confirmé par ailleurs son souhait que l'action des commissions
départementales et des préfectures soit mieux harmonisée, afin que l'ensemble des citoyens puissent profiter du même degré de protection sur tout le territoire.
Enfin, s'agissant de l'élargissement de la commission à des magistrats, Madame Alliot-Marie a indiqué qu'elle y était ouverte dès lors que cela permettait d'enrichir le travail de la commission nationale de vidéosurveillance.
Le Président de la Commission Nationale de Vidéosurveillance
Alain Bauer