Interstats Conjoncture N° 65 - Février 2021

4 février 2021

Analyse conjoncturelle des crimes et délits enregistrés par la police et la gendarmerie à la fin du mois de janvier 2021

Dans le contexte exceptionnel de la crise sanitaire liée au covid-19, avec notamment la mise en place du confinement de la population du 30 octobre au 14 décembre, la plupart des indicateurs conjoncturels des crimes et délits enregistrés sont en évolution modérée en janvier 2021 par rapport à décembre 2020, après avoir fortement augmenté le mois précédent. Les hausses les plus nettes sont observées pour les violences sexuelles (+7 %) et les coups et blessures volontaires sur personnes de 15 ans ou plus (+4 %). À l’inverse, plusieurs indicateurs enregistrent une baisse : les vols d’accessoires sur véhicules (-4 %), les vols de véhicules (-3 %), les cambriolages de logements (-3 %), les vols violents sans arme (-3 %) et les vols sans violence contre des personnes (-3 %). À l’exception des escroqueries et des violences sexuelles, tous les indicateurs restent nettement inférieurs à leur niveau d'avant le premier confinement, alors qu’en septembre la majorité d’entre eux avaient retrouvé voire dépassé ce niveau. Sur la période de novembre 2020 à janvier 2021, la plupart des indicateurs ont nettement diminué par rapport aux trois mois précédents (août-septembre-octobre 2020). Les homicides des trois derniers mois sont en augmentation par rapport aux trois mois précédents.

Les crimes et délits enregistrés par la police et la gendarmerie ne recensent pas la totalité des infractions commises, notamment parce que toutes les victimes ne se font pas connaître. Les indicateurs contenus dans cette publication donnent une information sur l’évolution de la partie enregistrée de la délinquance subie.

Avertissement :

dans le contexte de la crise sanitaire liée au Covid-19, ayant donné lieu notamment à des mesures exceptionnelles (confinement de la population à partir du 17 mars 2020, sortie progressive du confinement à partir du 11 mai 2020, mesures locales de couvre-feu en octobre, reconfinement national du 30 octobre au 14 décembre suivi de mesures de couvre-feu depuis), les indicateurs de la délinquance présentent des évolutions très atypiques depuis mars 2020, dont l’interprétation s’avère très complexe pour plusieurs raisons. Le confinement a fortement influencé les conditions de dépôt de plainte, pour les victimes et les forces de sécurité. De plus, certaines formes de délinquance ne peuvent pas s’exercer dans le contexte de confinement ou de couvre-feu, tandis que d’autres sont renforcées. Un premier éclairage sur le bilan de la délinquance pendant le premier confinement est paru le 3 juillet 2020 ( Interstats Analyse n°28 ) et a été complété par l’ Interstats Méthode n°17 sur la délinquance commise pendant le premier confinement et le dépôt de plainte paru le 8 juillet 2020, ainsi que par l’Encadré 2 dans l’ Interstats Analyse n°32 (Insécurité et délinquance en 2020 : une première photographie), paru le 28 janvier 2021.

96 faits d'homicides (y compris coups et blessures suivis de mort) ont été enregistrés en janvier 2021 après 91 en décembre et 79 en novembre. Le total des trois derniers mois (266 victimes) est plus élevé que celui des trois mois précédents (246 victimes).

fig1_homicides

Les coups et blessures volontaires sur les personnes de 15 ans ou plus (y compris les violences intrafamiliales) enregistrés par les forces de sécurité augmentent (+4 %) en janvier 2021 après une légère hausse au mois précédent (+2 %). Le total des trois derniers mois diminue nettement par rapport aux trois mois précédents (-7 %). Parmi ces coups et blessures volontaires sur personnes de 15 ans ou plus, la part des violences intrafamiliales enregistrées s’était accrue pendant le premier confinement avec un pic en avril, et se stabilise depuis juin autour de son niveau d’avant le premier confinement. Elle est légèrement remontée depuis novembre.

Après avoir atteint un premier point haut en juillet 2018, le nombre de coups et blessures volontaires avait enregistré des fluctuations avec une légère tendance à la baisse. Après un rebond en mars 2019, il s’inscrivait avant la crise sanitaire sur une tendance très marquée à la hausse.

En janvier 2021, le nombre de coups et blessures volontaires enregistrés est inférieur au niveau d’avant le premier confinement.

fig2_CBV

Les violences sexuelles enregistrées par la police et la gendarmerie augmentent nettement (+7 %) en janvier 2021 après une stabilité au mois précédent. Le total des trois derniers mois est stable par rapport aux trois mois précédents.  

Dans un contexte de libération de la parole et d'amélioration de l'accueil des victimes par les services de police et de gendarmerie, le nombre de violences sexuelles enregistrées augmentait depuis fin 2017. La tendance à la hausse était marquée sur la période précédant la crise sanitaire.

En janvier 2021, le nombre de violences sexuelles enregistrées est un peu supérieur au niveau d’avant le premier confinement.

fig3_VS

Les vols avec armes enregistrés par la police et la gendarmerie augmentent légèrement (+2 %) en janvier 2021 après une hausse marquée (+17 %) au mois précédent. Le total des trois derniers mois diminue fortement par rapport aux trois mois précédents (-20 %).

Avant la crise sanitaire, les vols avec armes enregistraient une légère tendance à la hausse depuis mai 2019, après une stabilisation au deuxième semestre 2018 à un niveau plus faible que les années précédentes.

En janvier 2021, le nombre de vols avec armes est nettement inférieur au niveau d’avant le premier confinement.

fig4_Vols avec armes

Les vols violents sans arme enregistrés par la police et la gendarmerie diminuent (-3 %) en janvier 2021 après une hausse marquée au mois précédent (+23 %). Le total des trois derniers mois diminue fortement par rapport aux trois mois précédents (-20 %).

Le nombre de vols violents sans arme s’était replié entre février et mai 2019, puis avait connu un rebond en juin 2019. Il fluctuait avant la crise sanitaire autour d’une tendance globalement stable.

En janvier 2021, le nombre de vols violents sans arme enregistrés est nettement inférieur au niveau d’avant le premier confinement.

fig5_Vols violents sans armes

Le nombre de vols sans violence contre des personnes enregistrés par la police et la gendarmerie diminue (-3 %) en janvier 2021 après une hausse marquée au mois précédent (+21 %). Le total des trois derniers mois diminue fortement par rapport aux trois mois précédents (-21 %).

Avant la crise sanitaire, les vols sans violence contre des personnes étaient sur une tendance à la hausse depuis juin 2019.

En janvier 2021, le nombre de vols sans violence contre des personnes enregistrés est nettement inférieur au niveau d’avant le premier confinement.

fig6_Vols sans violence

Les cambriolages de logements enregistrés par les forces de sécurité diminuent (-3 %) en janvier 2021 après une hausse très marquée au mois précédent (+39 %). Le total des trois derniers mois diminue fortement par rapport aux trois mois précédents (-36 %).

Avant la crise sanitaire, les cambriolages de logements étaient globalement stables depuis septembre 2019 avec quelques fluctuations.

En janvier 2021, le nombre de cambriolages de logements enregistrés est nettement inférieur au niveau d’avant le premier confinement.

fig7_camb

Les vols de véhicules (automobiles ou deux roues motorisés) enregistrés par les forces de sécurité diminuent (-3 %) en janvier 2021 après une hausse au mois précédent (+5 %). Le total des trois derniers mois diminue fortement par rapport aux trois mois précédents (-18 %).

Après s'être stabilisé depuis mai 2019 à un niveau plus bas que les années précédentes, les vols de véhicules enregistrés étaient repartis à la hausse depuis le dernier trimestre 2019, jusqu’à la crise sanitaire.

En janvier 2021, le nombre de vols de véhicules enregistrés est nettement inférieur au niveau d’avant le premier confinement.

fig8_véhicules

Les vols dans les véhicules enregistrés par les forces de sécurité sont stables en janvier 2021 après une hausse marquée au mois précédent (+14 %). Le total des trois derniers mois diminue fortement par rapport aux trois mois précédents (-26 %).  

Avant la crise sanitaire, les vols dans les véhicules s’inscrivaient sur une tendance marquée à la hausse depuis juillet 2019.

En janvier 2021, le nombre de vols dans les véhicules enregistrés est nettement inférieur au niveau d’avant le premier confinement.

fig9_dansvéhicules

Les vols d’accessoires sur véhicules enregistrés par les forces de sécurité diminuent (-4 %) en janvier 2021 après une hausse (+8 %) au mois précédent. Le total des trois derniers mois diminue fortement par rapport aux trois mois précédents (-20 %).

Après une stabilisation en 2018 à un niveau plus bas que les années précédentes, le nombre de vols d’accessoires sur véhicules était sur une tendance à la baisse au premier semestre 2019. Depuis la fin de l’année 2019, il repartait à la hausse, jusqu’à la crise sanitaire.

En janvier 2021, le nombre de vols d’accessoires sur véhicules enregistrés est nettement inférieur au niveau d’avant le premier confinement.

fig10_ACCESSOIRES

Les destructions et dégradations volontaires (y compris contraventions) enregistrées par les forces de sécurité diminuent légèrement (-2 %) en janvier 2021 après une hausse au mois précédent (+4 %). Le total des trois derniers mois diminue fortement par rapport aux trois mois précédents (-17 %).

Après une très forte hausse en décembre 2018, dans le contexte des mouvements sociaux, les dégradations ont reflué jusqu'en mai 2019. Elles enregistraient ensuite des fluctuations autour d’une tendance quasiment stable avant de repartir à la hausse en fin d’année 2019, jusqu’à la crise sanitaire.

En janvier 2021, le nombre de destructions et dégradations volontaires enregistrées est nettement inférieur au niveau d’avant le premier confinement.

fig11_Degrad

Les escroqueries enregistrées diminuent légèrement (-2 %) en janvier 2021 après une nette hausse au mois précédent (+8 %). Le total des trois derniers mois diminue très légèrement par rapport aux trois mois précédents (-1 %).

Orientées à la hausse depuis la mi-2018, avec d'amples fluctuations, les escroqueries s’étaient stabilisées sur le premier semestre 2019 après la forte augmentation de janvier avant de repartir à la hausse jusqu’à la crise sanitaire.

En janvier 2021, le nombre d’escroqueries enregistrées est au-dessus de son niveau d’avant le premier confinement, dans le prolongement de sa tendance d’avant crise.

fig12_Escro

Méthodes de traitement des données

Les séries conjoncturelles présentées dans cette publication portent sur les crimes et délits (1) enregistrés par la police et la gendarmerie. Ceux-ci sont comptabilisés au mois d’enregistrement, avec quelques cas particuliers (pour plus de détails voir les Interstats Méthode n°2 et 3 ). Les requalifications des infractions, y compris suppressions, sont prises en compte jusqu’à la date à laquelle sont arrêtées les comptabilisations, c’est-à-dire, pour chaque mois, au début de mois suivant.
Deux éléments sont à prendre en compte dans l’interprétation du niveau et des évolutions de ces séries :
- le délai d’enregistrement, qui peut créer un décalage temporel entre le moment où les faits de délinquance se sont déroulés et le moment où ils sont comptabilisés dans ces séries;
- le taux de plainte, qui a un impact à la fois sur le niveau et, s’il n’est pas stable, sur l’évolution de la délinquance enregistrée. L’enquête Cadre de vie et sécurité (Insee-ONDRP-SSMSI) réalisée auprès de la population permet d’évaluer les taux de plainte. Ainsi par exemple selon cette enquête en moyenne sur la période 2011-2018 seules 12 % des victimes de violences sexuelles hors ménage portent plainte, contre 74 % pour les victimes de cambriolages.
Pour les résultats complets de l’enquête CVS voir : https://www.interieur.gouv.fr/Interstats/L-enquete-Cadre-de-vie-et-securite-CVS

Par rapport aux séries statistiques issues des enregistrements par la police et la gendarmerie, les données brutes de certaines séries ont fait l’objet de corrections portant sur la période de 2012 à 2015. L’ensemble de ces traitements est présenté en détail sur le site web Interstats dans le document Interstats Méthode N° 9 .

Le comptage des homicides fait l'objet de retraitements à partir de l'année de référence 2015 (cf encadré de la fiche "Homicides"Insécurité et délinquance en 2018 : premier bilan statistique , janvier 2019, et Interstats Méthode N° 9 .

Des éléments descriptifs de la série des violences sexuelles ont été fournis dans la partie méthodologique de l'Interstats Conjoncture du mois d'avril 2019 ( N°43 ), ainsi que dans l' Interstats Méthode N°12 paru en juillet 2019. Des éléments descriptifs de la série des escroqueries et de celle des destructions et dégradations volontaires ont été fournis dans les parties méthodologiques respectivement des Interstats Conjoncture du mois de mai 2019 ( N°44 ) et du mois de juin 2019 ( N°45 ), et dans les Interstats Méthode13 et 14 parus en septembre 2019.

La méthode de correction des variations saisonnières et des jours ouvrables (CVS-CJO), mise en place lors de la première publication de ces séries en octobre 2015 et présentée sur le site web Interstats dans les documents Interstats Méthode N° 5 et 7 , est modifiée depuis la note de juillet 2019, en prenant en compte les données connues jusqu’au mois de mai 2019, conformément à la pratique internationale recommandée d’une mise à jour annuelle des modèles. Les changements portent seulement sur quatre sous-séries de délits enregistrés par la gendarmerie : les vols violents sans arme, les vols sans violence contre des personnes, les cambriolages de logements et les vols de véhicules. L'incidence sur les séries concernées est marginale.

La périodicité mensuelle des indicateurs de la délinquance présente notamment l’intérêt de refléter l’incidence de certains évènements ponctuels, tels qu’un grand rassemblement populaire. Néanmoins, les séries mensuelles sont en partie soumises à des fluctuations qui peuvent s'inverser d'une période à l'autre, sans réelle signification. De plus, lorsque les séries sont très heurtées, le modèle de traitement statistique de désaisonnalisation peut présenter des problèmes de robustesse, avec des risques de révisions des données d’un mois sur l’autre. Aussi est-il recommandé d’attendre au moins deux observations mensuelles avant de juger d’un retournement d’évolution.

(1) La série des dégradations inclut également les contraventions.

Pour en savoir plus