Interstats Conjoncture N° 61 - Octobre 2020

6 octobre 2020

Analyse conjoncturelle des crimes et délits enregistrés par la police et la gendarmerie à la fin du mois de septembre 2020

La majorité des indicateurs conjoncturels des crimes et délits enregistrés reculent légèrement au mois de septembre 2020 alors que la plupart étaient en hausse au mois d’août 2020. Néanmoins les cambriolages de logements sont en hausse en septembre (+3 %), ainsi que les vols dans les véhicules (+2 %) et les vols avec armes (+1 %). Seuls deux  indicateurs restent encore nettement inférieurs à leur niveau d’avant confinement sanitaire : les vols sans violence contre des personnes et les vols d’accessoires sur véhicules. Les autres retrouvent ce niveau, voire le dépassent, surtout les violences sexuelles et les escroqueries, qui étaient déjà sur une tendance à la hausse avant le confinement. Globalement, sur la période de juillet-août-septembre 2020, les indicateurs ont très fortement augmenté par rapport au trimestre précédent (avril-mai-juin) recouvrant partiellement la période de confinement sanitaire. Ainsi, les hausses sont plus fortes pour les indicateurs ayant beaucoup baissé pendant le confinement, et plus modérées pour les indicateurs ayant peu diminué pendant cette période (+80 % pour les vols sans violence contre des personnes et +17 % pour les coups et blessures volontaires sur personnes de 15 ans ou plus). Les homicides du dernier trimestre ont augmenté par rapport au trimestre précédent.

TabSynthetique

Les crimes et délits enregistrés par la police et la gendarmerie ne recensent pas la totalité des infractions commises, notamment parce que toutes les victimes ne se font pas connaître. Les indicateurs contenus dans cette publication donnent une information sur l’évolution de la partie enregistrée de la délinquance subie.

Avertissement :

dans le contexte de la crise sanitaire liée au Covid-19, ayant donné lieu notamment aux mesures exceptionnelles de confinement de la population à partir du 17 mars 2020, puis à la sortie progressive du confinement depuis le 11 mai 2020, les indicateurs de la délinquance présentent des évolutions très atypiques depuis mars 2020, dont l’interprétation s’avère très complexe pour plusieurs raisons. Le confinement a fortement influencé les conditions de dépôt de plainte, pour les victimes et les forces de sécurité. De plus, certaines formes de délinquance ne pouvaient pas s’exercer dans le contexte de confinement, tandis que d’autres ont été renforcées. Un premier éclairage sur le bilan de la délinquance pendant le confinement est paru le 3 juillet 2020 (Instertats Analyses N°28) et a été complété par l’Interstats Méthodes N°17 sur la délinquance commise pendant le confinement et le dépôt de plainte paru le 8 juillet 2020. Les hausses enregistrées depuis mai peuvent traduire une remontée réelle de la délinquance, mais aussi un effet de rattrapage des dépôts de plaintes.

87 faits d'homicides (y compris coups et blessures suivis de mort) ont été enregistrés en septembre 2020 après 80 en août et 93 en juillet. Le total du dernier trimestre (260 victimes) est plus élevé que celui du trimestre précédent (215 victimes).

1homicides

Les coups et blessures volontaires sur les personnes de 15 ans ou plus (y compris les violences intrafamiliales) enregistrés par les forces de sécurité diminuent nettement (-9 %) en septembre 2020 après une hausse de même ampleur au mois précédent (+9 %). Le total du dernier trimestre augmente fortement par rapport au trimestre précédent en grande partie en confinement sanitaire (+17 %). Parmi ces coups et blessures volontaires sur personnes de 15 ans ou plus, la part des violences intrafamiliales enregistrées s’était accrue pendant le confinement avec un pic en avril, et se stabilise depuis juin autour de son niveau avant confinement.

Après avoir atteint un premier point haut en juillet 2018, le nombre de coups et blessures volontaires avait enregistré des fluctuations avec une légère tendance à la baisse. Après un rebond en mars 2019, il s’inscrivait depuis sur une tendance très marquée à la hausse.

En septembre 2020, le nombre de coups et blessures volontaires enregistrés est proche du niveau d’avant confinement sanitaire.

2CBV

Les violences sexuelles enregistrées par la police et la gendarmerie se replient (-4 %) en septembre 2020 après une nette hausse au mois précédent (+6 %). Le total du dernier trimestre augmente très fortement par rapport au trimestre précédent en grande partie en confinement sanitaire (+48 %).

Dans un contexte de libération de la parole et d'amélioration de l'accueil des victimes par les services de police et de gendarmerie, le nombre de violences sexuelles enregistrées augmentait depuis fin 2017. La tendance à la hausse était marquée sur la période récente.

En septembre 2020, le nombre de violences sexuelles enregistrées reste au-dessus de son niveau d’avant confinement sanitaire, dans le prolongement de sa tendance d’avant confinement.

3Violencessexuelles

Les vols avec armes enregistrés par la police et la gendarmerie augmentent très légèrement (+1 %) en septembre 2020 après une hausse plus marquée au mois précédent (+7 %). Le total du dernier trimestre augmente très fortement par rapport au trimestre précédent en grande partie en confinement sanitaire (+46 %).

Après une stabilisation au deuxième semestre 2018 à un niveau plus faible que les années précédentes, les vols avec armes enregistraient une légère tendance à la hausse depuis mai 2019.

En septembre 2020, le nombre de vols avec armes est légèrement au-dessus du niveau d’avant confinement sanitaire.

4Volsavecarmes

Les vols violents sans arme enregistrés par la police et la gendarmerie diminuent nettement (- 5 %) en septembre 2020 après une forte hausse au mois précédent (+14 %). Le total du dernier trimestre augmente très fortement par rapport au trimestre précédent en grande partie en confinement sanitaire (+58 %).

Le nombre de vols violents sans arme s’était replié entre février et mai 2019, puis avait connu un rebond en juin 2019. Il fluctuait depuis autour d’une tendance globalement stable.

En septembre 2020, le nombre de vols violents sans arme enregistrés est proche du niveau d’avant confinement sanitaire.

5Volsviolentssansarme

Le nombre de vols sans violence contre des personnes enregistrés par la police et la gendarmerie diminuent (-3 %) en septembre 2020 après une nette hausse au mois précédent (+11 %). Le total du dernier trimestre augmente très fortement par rapport au trimestre précédent en grande partie en confinement sanitaire (+80 %).

Avant le confinement, les vols sans violence contre des personnes étaient sur une tendance à la hausse depuis juin 2019.

En septembre 2020, le nombre de vols sans violence contre des personnes enregistrés reste inférieur au niveau avant confinement sanitaire.

6Volssansviolencecontredespersonnes

Les cambriolages de logements enregistrés par les forces de sécurité augmentent (+3 %) en septembre 2020 après une très légère baisse au mois précédent (-1 %). Le total du dernier trimestre augmente très fortement par rapport au trimestre précédent en grande partie en confinement sanitaire (+53 %).

Après une légère baisse à l’été 2019, les cambriolages de logements étaient globalement stables depuis septembre 2019 avec quelques fluctuations.

En septembre 2020, le nombre de cambriolages de logements enregistrés est proche du niveau d’avant confinement sanitaire.

7Cambriolages

Les vols de véhicules (automobiles ou deux roues motorisés) enregistrés par les forces de sécurité, diminuent légèrement (-2 %) en septembre 2020 après une nette hausse au mois précédent (+7 %). Le total du dernier trimestre augmente très fortement par rapport au trimestre précédent en grande partie en confinement sanitaire (+40 %).

Après s'être stabilisé depuis mai 2019 à un niveau plus bas que les années précédentes, les vols de véhicules enregistrés étaient repartis à la hausse depuis le dernier trimestre 2019.

En septembre 2020, le nombre de vols de véhicules enregistrés est proche du niveau d’avant confinement sanitaire.

8Volsdevéhicules

Les vols dans les véhicules enregistrés par les forces de sécurité augmentent légèrement (+2 %) en septembre 2020 après une très légère hausse au mois précédent (+1 %). Le total du dernier trimestre augmente très fortement par rapport au trimestre  précédent en grande partie en confinement sanitaire (+64 %).

Après un rebond en juillet 2019, les vols de véhicules s’inscrivaient sur une tendance marquée à la hausse.

En septembre 2020, le nombre de vols dans les véhicules enregistrés avoisine le niveau d’avant confinement sanitaire.

9Volsdansvéhicules

Les vols d’accessoires sur véhicules enregistrés par les forces de sécurité diminuent (-4 %) en septembre 2020 après une légère hausse (+2 %) au mois précédent. Le total du dernier trimestre augmente très fortement par rapport au trimestre précédent en grande partie en confinement sanitaire (+39 %).

Après une stabilisation en 2018 à un niveau plus bas que les années précédentes, le nombre de vols d’accessoires sur véhicules était sur une tendance à la baisse au premier semestre 2019. Depuis la fin de l’année 2019, il repartait à la hausse.

En septembre 2020, le nombre de vols d’accessoires sur véhicules enregistrés reste inférieur au niveau avant confinement sanitaire.

10Volsaccessoires

Les destructions et dégradations volontaires (y compris contraventions) enregistrées par les forces de sécurité diminuent (-4 %) en septembre 2020 après une stabilité au mois précédent. Le total du dernier trimestre augmente très fortement par rapport au trimestre précédent en grande partie en confinement sanitaire (+37 %).

Après une très forte hausse en décembre 2018, dans le contexte des mouvements sociaux, les dégradations ont reflué jusqu'en mai 2019. Elles enregistraient ensuite des fluctuations autour d’une tendance quasiment stable avant de repartir à la hausse en fin d’année 2019.

En septembre 2020, le nombre de destructions et dégradations volontaires enregistrées est un peu en-dessous du niveau d’avant confinement sanitaire.

11Destructions

Les escroqueries enregistrées diminuent légèrement (-2 %) en septembre 2020 après une  légère hausse au mois précédent (+2 %). Le total du dernier trimestre augmente très fortement par rapport au trimestre précédent en grande partie en confinement sanitaire (+41 %).

Orientées à la hausse depuis la mi-2018, avec d'amples fluctuations, les escroqueries s’étaient stabilisées sur le premier semestre 2019 après la forte augmentation de janvier avant de repartir à la hausse.

En septembre 2020, le nombre d’escroqueries enregistrées est nettement plus élevé que son niveau d’avant confinement sanitaire, au-delà du prolongement de leur tendance.

12Escroqueries

Méthodes de traitement des données

Les séries conjoncturelles présentées dans cette publication portent sur les crimes et délits (1) enregistrés par la police et la gendarmerie. Ceux-ci sont comptabilisés au mois d’enregistrement, avec quelques cas particuliers (pour plus de détails voir les Interstats Méthode n°2 et 3 ). Les requalifications des infractions, y compris suppressions, sont prises en compte jusqu’à la date à laquelle sont arrêtées les comptabilisations, c’est-à-dire, pour chaque mois, au début de mois suivant.
Deux éléments sont à prendre en compte dans l’interprétation du niveau et des évolutions de ces séries :
- le délai d’enregistrement, qui peut créer un décalage temporel entre le moment où les faits de délinquance se sont déroulés et le moment où ils sont comptabilisés dans ces séries;
- le taux de plainte, qui a un impact à la fois sur le niveau et, s’il n’est pas stable, sur l’évolution de la délinquance enregistrée. L’enquête Cadre de vie et sécurité (Insee-ONDRP-SSMSI) réalisée auprès de la population permet d’évaluer les taux de plainte. Ainsi par exemple selon cette enquête en moyenne sur la période 2011-2018 seules 12 % des victimes de violences sexuelles hors ménage portent plainte, contre 74 % pour les victimes de cambriolages.
Pour les résultats complets de l’enquête CVS voir : https://www.interieur.gouv.fr/Interstats/L-enquete-Cadre-de-vie-et-securite-CVS

Par rapport aux séries statistiques issues des enregistrements par la police et la gendarmerie, les données brutes de certaines séries ont fait l’objet de corrections portant sur la période de 2012 à 2015. L’ensemble de ces traitements est présenté en détail sur le site web Interstats dans le document Interstats Méthode N° 9 .

Le comptage des homicides fait l'objet de retraitements à partir de l'année de référence 2015 (cf encadré de la fiche "Homicides"Insécurité et délinquance en 2018 : premier bilan statistique , janvier 2019, et Interstats Méthode N° 9 .

Des éléments descriptifs de la série des violences sexuelles ont été fournis dans la partie méthodologique de l'Interstats Conjoncture du mois d'avril 2019 ( N°43 ), ainsi que dans l' Interstats Méthode N°12 paru en juillet 2019. Des éléments descriptifs de la série des escroqueries et de celle des destructions et dégradations volontaires ont été fournis dans les parties méthodologiques respectivement des Interstats Conjoncture du mois de mai 2019 ( N°44 ) et du mois de juin 2019 ( N°45 ), et dans les Interstats Méthode13 et 14 parus en septembre 2019.

La méthode de correction des variations saisonnières et des jours ouvrables (CVS-CJO), mise en place lors de la première publication de ces séries en octobre 2015 et présentée sur le site web Interstats dans les documents Interstats Méthode N° 5 et 7 , est modifiée depuis la note de juillet 2019, en prenant en compte les données connues jusqu’au mois de mai 2019, conformément à la pratique internationale recommandée d’une mise à jour annuelle des modèles. Les changements portent seulement sur quatre sous-séries de délits enregistrés par la gendarmerie : les vols violents sans arme, les vols sans violence contre des personnes, les cambriolages de logements et les vols de véhicules. L'incidence sur les séries concernées est marginale.

La périodicité mensuelle des indicateurs de la délinquance présente notamment l’intérêt de refléter l’incidence de certains évènements ponctuels, tels qu’un grand rassemblement populaire. Néanmoins, les séries mensuelles sont en partie soumises à des fluctuations qui peuvent s'inverser d'une période à l'autre, sans réelle signification. De plus, lorsque les séries sont très heurtées, le modèle de traitement statistique de désaisonnalisation peut présenter des problèmes de robustesse, avec des risques de révisions des données d’un mois sur l’autre. Aussi est-il recommandé d’attendre au moins deux observations mensuelles avant de juger d’un retournement d’évolution.

(1) La série des dégradations inclut également les contraventions.

TabDetail

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