Moins de cambriolages le dimanche, mais plus d’infractions violentes pendant le week-end - Interstats Analyse N° 13 - Juin 2016

30 juin 2016

En 2015, les cambriolages de logement ont été nettement moins fréquents le dimanche que les autres jours de la semaine. Ils ont été plus nombreux en fin d’année, et particulièrement les 24 et 31 décembre, ce qui n’est pas spécifique à l’année 2015.

À l’inverse des cambriolages, les coups et blessures volontaires déclarés à la police ou à la gendarmerie, notamment ceux commis dans la sphère intrafamiliale, sont plus nombreux le dimanche. Le samedi se caractérise par une plus grande fréquence des vols violents sans arme (vols à l’arraché, …) et des vols sans violence contre des personnes (vols à la tire, …), en particulier dans les communes « ville-centre ».

Le lien entre jour de la semaine et la fréquence des vols liés à l’automobile apparaît plus faible à l’exception des vols d’accessoires sur véhicules, qui semblent moins fréquents le samedi. Les vols de deux roues motorisés sont nettement plus nombreux à la belle saison.

Table des matières

Les coups et blessures volontaires sont-ils plus fréquents lors du week-end qu’un autre jour de la semaine ? Y-a-t-il des jours de l’année où le risque d’être victime d’un cambriolage est nettement plus élevé ou au contraire plus faible ? Dans quelle mesure la localisation géographique des infractions affecte-t-elle ces effets de calendrier ?

L’étude qui suit vise à répondre à ce type d’interrogation. Elle porte sur les crimes et délits enregistrés par la police et la gendarmerie, commis durant l’année 2015 en France métropolitaine et dont le jour de commission est bien identifié, c’est-à-dire dont la durée entre le début de fait et la fin du fait ne dépasse pas 24 heures. (voir Méthodologie en p16 de la version pdf de l'étude). Neuf types d’infraction sont analysés (voir tableau ci-dessous et Interstats Méthode N° 3 ).

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Les résultats présentés dans cette étude décrivent la spécificité des jours de la semaine quant à la fréquence des infractions. Ils sont exprimés en % de la moyenne quotidienne sur l’année 2015. Par exemple on a comptabilisé 181 770 cambriolages commis en France métropolitaine en 2015 dont le jour de commission est bien identifié (voir Méthodologie en p16 de la version pdf de l'étude) soit 498 cambriolages en moyenne par jour : ce niveau moyen est associé à 100 % dans cette étude. Cette même moyenne calculée sur l’ensemble des lundis non fériés de 2015 a pour valeur 491, soit un niveau de 98 % rapporté à la moyenne annuelle générale.

Moins de cambriolages le dimanche

C’est pour les cambriolages de logement que les différences entre jours de la semaine sont les plus élevées avec un niveau maximum le jeudi (585 cambriolages soit 117 % de la moyenne annuelle quotidienne 2015) et un niveau minimal le dimanche (316 cambriolages soit 63 % de la moyenne annuelle quotidienne 2015). Le niveau du jeudi se situe ainsi 85 % au-dessus de celui du dimanche.

Avec un niveau proche du jeudi, le vendredi (115 %) et le mardi (112 %) sont les autres jours de la semaine avec un nombre de cambriolages de logements significativement supérieur à la moyenne quotidienne. Le lundi, le mercredi et le samedi se situent dans une position moyenne (autour de 100 %). Les cambriolages de logement apparaissent ainsi très liés au calendrier hebdomadaire de présence des personnes à leur domicile.

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Ces différences entre jours de la semaine sont accentuées pour les faits commis en Île-de-France. Dans cette région, le contraste apparait très marqué entre les jours du lundi au vendredi, avec un niveau1 de cambriolage élevé (avec un maximum le mardi à 123 %) et le week-end où ce niveau est nettement plus faible, particulièrement le dimanche (50 %) et dans une moindre mesure le samedi (86 %).

1 Les indices quotidiens sont ici relatifs à l’Île-de-France. On compare un niveau moyen du jour de la semaine avec le niveau moyen quotidien des cambriolages de logement en Île-de-France.

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Plus de cambriolages en fin d’année

On observe en outre, au niveau national, deux dates de très forte occurrence de cambriolages de logements : le 24 décembre et le 31 décembre où leur niveau est plus de deux fois supérieur à la moyenne annuelle 2015. Pour ces deux jours il s’agit le plus souvent de situations où les victimes ont constaté le cambriolage le lendemain (durée des faits 1 jour). Ces deux jours constituent le pic d’un effet saisonnier qui se traduit par des niveaux de cambriolages élevés dans les deux derniers mois de l’année : ainsi en 2015 les dix dates avec le plus de cambriolages de logement se situent entre le 31 octobre et le 31 décembre. Ce surcroît de cambriolages en fin d’année n’est pas spécifique à 2015 : il a été aussi observé les années précédentes.

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Beaucoup de coups et blessures les dimanches, notamment dans le cadre intrafamilial.

Le calendrier hebdomadaire de commission des coups et blessures délictuels ou criminels à l’encontre de personnes de plus de 15 ans (CBV) est l’inverse de celui des cambriolages de logement avec un niveau élevé de délinquance en fin de semaine. Ainsi en 2015, c’est le dimanche où le niveau des CBV est le plus élevé (123 % de la moyenne quotidienne sur l’année 2015) devant le samedi (111 %). Les jours du début de la semaine, du lundi au jeudi, se situent en retrait (autour de 90 %) et le vendredi dans la moyenne. L’écart entre le jour de niveau maximum, le dimanche (633 CBV en moyenne) et celui de niveau minimum le mercredi (460 CBV en moyenne) s’élève à 38 % et est donc plus faible que pour les cambriolages.

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Pour les violences intrafamiliales (VIF) qui représentent un peu plus de 40 % des CBV sur le champ de l’étude, le nombre moyen de violences commises le dimanche, jour où les personnes restent le plus longuement en famille, est particulièrement élevé (128 %). Pour les CBV commis en dehors de la sphère intrafamiliale, les niveaux du dimanche (119 %) et du samedi (112 %) apparaissent plus proches.

Les coups et blessures volontaires enregistrés par les forces de sécurité sont relativement équi-répartis sur le territoire en comparaison aux violences liées à des vols qui sont elles plus concentrées dans les grandes unités urbaines (cf. Interstats Analyse N° 8 ). Le surcroît d’infractions le dimanche est plus important dans les communes rurales ou appartenant à une unité urbaine de moins de 10 000 habitants que dans les communes appartenant à des unités urbaines (UU) de plus de 10 000 habitants, tant pour les VIF que les violences commises hors de la sphère intrafamiliale. Le niveau1 atteint ainsi dans les communes rurales 169 % le dimanche pour les CBV VIF et 143 % pour les CBV hors de la sphère intrafamiliale.

1 Ces indices quotidiens sont ici relatifs aux communes rurales. On compare le niveau quotidien des CBV VIF et hors VIF en se restreignant aux CBV commis en communes rurales.

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Des vols violents sans arme plus fréquents le week-end dans les villes centres

Commis essentiellement dans des lieux publics et visant les personnes (vols à l’arraché, …), les vols violents sans arme apparaissent globalement plus nombreux le week-end, le samedi (108 %) devant le dimanche (106 %). C’est le jeudi où ils sont le moins fréquents (94 %).

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Des différences apparaissent selon que la commune où a été commise l’infraction est une ville-centre ou une commune de banlieue. Ainsi le pic du week-end est plus net dans les villes-centres (116 % le samedi et 115 % le dimanche). Dans les communes de banlieue, la situation est inverse : les vols violents sans arme sont plus fréquents en début de semaine (105 % le lundi, 107 % la mardi) qu’en week-end (95 % le samedi et 92 % le dimanche). On peut sans doute interpréter ces différences par la présence accrue de personnes le week-end dans des lieux publics en ville-centre pour des motifs liés aux sorties, au commerce, … Dans les communes de banlieue, ce type de délinquance apparait ainsi plus lié au rythme de travail.

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Les vols sans violence contre des personnes plus fréquents le samedi, le vendredi et à la belle saison

Les vols sans violence contre des personnes sont plus fréquents le samedi (115 %) et le vendredi (110 %). Ils apparaissent moins nombreux le lundi comme le mardi (93 %).
Derrière ces indicateurs globaux se cachent des grandes différences selon que les infractions sont des vols dits « à la tire » (le plus souvent dans des espaces ouverts comme la rue ou les transports en commun), des vols sans violence dans des lieux publics (commerces, salles de spectacle, …) ou des lieux privés (logements, lieux de travail). En détaillant ces trois types de délits, on observe que le niveau élevé du samedi est particulièrement fort pour les vols à la tire (un tiers de plus). Par ailleurs le profil des autres vols simples contre des particuliers dans des locaux privés se rapproche de celui des cambriolages : le jour avec le niveau le plus faible est le dimanche (83 %).

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Pour l’ensemble des vols sans violence contre les personnes, le contraste entre la fin de semaine et le début de semaine apparait assez marqué dans les communes de ville-centre (119 % le samedi contre 90 % le lundi et mardi) alors qu’en banlieue la répartition de ces infractions est plus équilibrée (106 % le samedi contre 100 % du lundi au jeudi). En banlieue c’est d’ailleurs le dimanche où ce type de vols est le moins fréquent (89 %). On peut ici avancer la même explication que pour les vols violents sans arme : le niveau élevé du samedi est lié sans doute aux sorties dans les communes de type ville-centre pour des motifs de loisir, commerce alors que le profil plus régulier dans les communes de banlieue s’expliquerait par le rythme de travail.

figure 13

Les vols sans violence contre des personnes sont plus fréquents à la belle saison, période où les personnes sortent plus facilement de leur domicile : les dix jours où le niveau est le plus élevé en 2015 sont situés entre le 30 mai et le 1er août (entre 131 % et 139 % de la moyenne quotidienne sur 2015) et huit sur dix sont des samedis. À l’inverse hormis le lundi de Pâques les 10 jours avec le moins de vols sans violence contre des personnes se situent en novembre, décembre et janvier. Le niveau du jour de Noël est particulièrement faible (33 %).

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Les vols avec armes : rares le 1er mai

Les vols avec armes (armes blanches, armes à feu ou armes par destination) sont en effectif beaucoup moins nombreux que les autres infractions analysées dans cette étude. Ils apparaissent un peu plus fréquents le vendredi (110 %) et moins nombreux le dimanche (90 %). On observe un niveau particulièrement faible le 1er mai 2015 (27 %) qui est le jour de l’année où l’activité économique est la plus réduite.

Des différences moins marquées entre jours de la semaine pour les vols liés aux véhicules à moteur sauf pour les vols d’accessoires sur véhicules

Les vols liés aux véhicules à moteur sont commis principalement dans des espaces1 non protégés (parking ouverts, rues, …). Les résultats pour ce type de vols sont un peu plus fragiles car la part de ces vols pour lesquels la victime ne peut préciser le jour exact de sa commission est beaucoup plus élevée que pour les types d’infraction précédemment présentés (voir Méthodologie en p16 de la version pdf de l'étude).

Les différences entre jours de la semaine apparaissent peu marquées hormis pour les vols d’accessoires sur véhicule. Ainsi l’écart entre le niveau du jour de la semaine le plus élevé et celui le moins élevé est 14 % pour les vols d’automobile, 10 % pour les vols de deux roues motorisés et seulement 6 % pour les vols dans les véhicules.

1 Cf. Interstats Info rapide N° 2

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Pour les vols d’accessoires sur véhicules, on observe une opposition entre le début de semaine du lundi au jeudi où le niveau est plus élevé (105 % à 111 % avec un maximum pour le mardi) et la fin de la semaine où ce niveau est plus faible (de 83 % pour le samedi à 94 % pour le vendredi avec 92 % pour le dimanche). L’écart entre le niveau du jour de la semaine le plus élevé et celui le moins élevé atteint 34 % pour ce type d’infractions. Cet écart est difficile à interpréter et doit être mis en perspective d’un comportement de plainte qui pour ce type de préjudice pourrait être moins fréquent pour des faits commis le samedi.

figure 17

Pour les vols de deux roues motorisés la logique saisonnière s’impose nettement sur celle du calendrier de la semaine. La pluviométrie et la température impactent l’utilisation des deux-roues. Ainsi, les dix dates avec le plus de vols de ce type se situent en juin et juillet alors que celles avec le moins de vols sont en janvier ou février (hormis le lundi 16 novembre 2015 qui est le premier lundi à avoir suivi les attentats du 13 novembre 2015).

figure 18

Par ailleurs, des différences nettes apparaissent selon la région de commission entre l’Île-de-France et les autres régions métropolitaines. Ainsi en Île-de-France les vols de deux roues motorisés sont moindres le dimanche (94 %) et encore moins le samedi (91 %) et sont plus élevés en semaine, notamment le mardi (106 %) et le mercredi (105 %). La situation est opposée dans les régions de province avec un niveau élevé le week-end et plus bas du lundi au jeudi. Ces profils hebdomadaires différents sont à mettre en perspective avec le fait qu’en Île-de-France les déplacements réalisés en deux-roues motorisés sont majoritairement1 liés au travail et ceci plus fréquemment2 qu’en province.

1 Source : Observatoire de la mobilité en Ile de France, Enquête globale transport 2010, http://www.omnil.fr/IMG/pdf/fiche_egt_deux_roues_2015_mel.pdf
2 Source : Commissariat général au développement durable, Enquête de 2012 sur l’utilisation des deux-roues motorisés (2RM 2012), exploitation par le SSMSI du fichier détail ( http://www.statistiques.developpement-durable.gouv.fr/transports/r/vehicules-routiers-deux-roues-motorises.html?tx_ttnews[tt_news]=22820&cHash=8f168cef290a5c0f8c6e3f8a094be841 ).

figure 19

Les infractions commises dans les transports collectifs : elles sont plus fréquentes la semaine que le week-end avec un pic le vendredi.

Parmi les types d’infraction analysés dans cette étude deux présentent une proportion de faits commis dans les transports collectifs supérieure à 5 %. Ainsi, 15 % des vols sans violence contre des personnes (dont le jour de commission est bien identifié) et 11 % des vols violents sans arme ont été commis dans les transports collectifs en 2015. Parmi les vols sans violence contre des personnes, cette proportion atteint 32 % pour les vols à la tire.

Tant pour les vols sans violence contre les personnes que pour les vols violents sans arme, ceux commis dans les transports collectifs en 2015 sont plus fréquents un jour ouvrable de la semaine que le week-end. Le maximum est atteint le vendredi avec 116 % de la moyenne quotidienne annuelle pour les vols sans violence contre des personnes et 111 % pour les vols violents sans armes.

À l’inverse ces types de vols commis dans d’autres lieux que les transports collectifs sont plus nombreux le week-end notamment le samedi. On observe toutefois une différence entre les vols sans violence contre des personnes où le niveau du vendredi (109 %) est supérieur à celui du dimanche (98 %) alors que c’est l‘inverse pour les vols violents sans armes (109 % le dimanche vs 102 % le vendredi).

Il est possible d’interpréter ces différences par le plus fort recours aux transports collectifs dans la mobilité locale un jour de semaine ouvré que le week-end1, le vendredi cumulant en outre des déplacements professionnels ou liés aux études (y compris pour se rendre sur son lieu de résidence du week-end) mais aussi personnels (tourisme, sorties, …).

1 Source : Commissariat général au développement durable, Enquête nationale transports et déplacements 2008, http://www.statistiques.developpement-durable.gouv.fr/transports/trv/deplacement-mobilite/mobilite-reguliere-locale.html

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