Dans le contexte exceptionnel de la crise sanitaire liée au covid-19, avec notamment la mise en place du confinement de la population du 30 octobre au 14 décembre, la plupart des indicateurs conjoncturels des crimes et délits enregistrés ont nettement augmenté au cours du mois de décembre 2020 par rapport au mois de novembre 2020 entièrement en confinement. Cette hausse fait suite à une forte baisse en novembre amplifiant celle enregistrée au mois d’octobre. La hausse la plus forte est observée pour les cambriolages de logements (+39 %). En revanche, les violences sexuelles sont stables après une hausse en novembre. À l’exception des escroqueries et des violences sexuelles, tous les indicateurs restent nettement inférieurs à leur niveau de début d’année, avant le premier confinement, alors qu’en septembre la majorité d’entre eux avaient retrouvé voire dépassé ce niveau. Globalement, au dernier trimestre 2020, tous les indicateurs ont diminué par rapport au trimestre précédent (juillet-août-septembre), y compris les homicides.
Les crimes et délits enregistrés par la police et la gendarmerie ne recensent pas la totalité des infractions commises, notamment parce que toutes les victimes ne se font pas connaître. Les indicateurs contenus dans cette publication donnent une information sur l’évolution de la partie enregistrée de la délinquance subie.
dans le contexte de la crise sanitaire liée au Covid-19, ayant donné lieu notamment à des mesures exceptionnelles (confinement de la population à partir du 17 mars 2020, sortie progressive du confinement à partir du 11 mai 2020, mesures locales de couvre-feu en octobre et reconfinement national du 30 octobre au 14 décembre), les indicateurs de la délinquance présentent des évolutions très atypiques depuis mars 2020, dont l’interprétation s’avère très complexe pour plusieurs raisons. Le confinement a fortement influencé les conditions de dépôt de plainte, pour les victimes et les forces de sécurité. De plus, certaines formes de délinquance ne peuvent pas s’exercer dans le contexte de confinement ou de couvre-feu, tandis que d’autres sont renforcées. Un premier éclairage sur le bilan de la délinquance pendant le premier confinement est paru le 3 juillet 2020 ( Interstats Analyse n°28 ) et a été complété par l’ Interstats Méthode n°17 sur la délinquance commise pendant le premier confinement et le dépôt de plainte paru le 8 juillet 2020. Enfin, le SSMSI diffusera le 28 janvier prochain sa publication "Insécurité et délinquance en 2020, une première photographie" qui présentera des chiffres révisés par rapport à la présente note mensuelle, après prise en compte des requalifications des crimes et délits intervenues dans le cadre des procédures pénales.
91 faits d'homicides (y compris coups et blessures suivis de mort) ont été enregistrés en décembre 2020 après 79 en novembre et 79 en octobre. Le total du dernier trimestre (249 victimes) est moins élevé que celui du trimestre précédent (260 victimes).
Les coups et blessures volontaires sur les personnes de 15 ans ou plus (y compris les violences intrafamiliales) enregistrés par les forces de sécurité augmentent légèrement (+2 %) en décembre 2020 après une légère baisse au mois précédent (-2 %). Le total du dernier trimestre diminue nettement par rapport au trimestre précédent (-11 %). Parmi ces coups et blessures volontaires sur personnes de 15 ans ou plus, la part des violences intrafamiliales enregistrées s’était nettement accrue pendant le premier confinement avec un pic en avril, et se stabilise depuis juin autour de son niveau d’avant la crise sanitaire. Elle est légèrement remontée depuis novembre.
Après avoir atteint un premier point haut en juillet 2018, le nombre de coups et blessures volontaires avait enregistré des fluctuations avec une légère tendance à la baisse. Après un rebond en mars 2019, il s’inscrivait avant la crise sanitaire sur une tendance très marquée à la hausse.
En décembre 2020, le nombre de coups et blessures volontaires enregistrés est nettement inférieur au niveau d’avant le premier confinement.
Les violences sexuelles enregistrées par la police et la gendarmerie sont stables en décembre 2020 après une hausse au mois précédent (+5 %). Le total du dernier trimestre diminue par rapport au trimestre précédent (-6 %).
Dans un contexte de libération de la parole et d'amélioration de l'accueil des victimes par les services de police et de gendarmerie, le nombre de violences sexuelles enregistrées augmentait depuis fin 2017. La tendance à la hausse était marquée sur la période précédant la crise sanitaire.
En décembre 2020, le nombre de violences sexuelles enregistrées est légèrement inférieur au niveau d’avant le premier confinement.
Les vols avec armes enregistrés par la police et la gendarmerie augmentent nettement (+17 %) en décembre 2020 après une baisse marquée (-23 %) au mois précédent. Le total du dernier trimestre diminue fortement par rapport au trimestre précédent (-19 %).
Avant la crise sanitaire, les vols avec armes enregistraient une légère tendance à la hausse depuis mai 2019, après une stabilisation au deuxième semestre 2018 à un niveau plus faible que les années précédentes.
En décembre 2020, le nombre de vols avec armes est nettement inférieur au niveau d’avant le premier confinement.
Les vols violents sans arme enregistrés par la police et la gendarmerie augmentent nettement (+24 %) en décembre 2020 après une baisse marquée au mois précédent (-21 %). Le total du dernier trimestre diminue fortement par rapport au trimestre précédent (-21 %).
Le nombre de vols violents sans arme s’était replié entre février et mai 2019, puis avait connu un rebond en juin 2019. Il fluctuait avant la crise sanitaire autour d’une tendance globalement stable.
En décembre 2020, le nombre de vols violents sans arme enregistrés est nettement inférieur au niveau d’avant le premier confinement.
Le nombre de vols sans violence contre des personnes enregistrés par la police et la gendarmerie augmentent nettement (+21 %) en décembre 2020 après une baisse marquée au mois précédent (-24 %). Le total du dernier trimestre diminue fortement par rapport au trimestre précédent (-18 %).
Avant la crise sanitaire, les vols sans violence contre des personnes étaient sur une tendance à la hausse depuis juin 2019.
En décembre 2020, le nombre de vols sans violence contre des personnes enregistrés est nettement inférieur au niveau d’avant le premier confinement.
Les cambriolages de logements enregistrés par les forces de sécurité augmentent très nettement (+39 %) en décembre 2020 après une baisse très marquée au mois précédent (-48 %). Le total du dernier trimestre diminue fortement par rapport au trimestre précédent (-26 %).
Avant la crise sanitaire, les cambriolages de logements étaient globalement stables depuis septembre 2019 avec quelques fluctuations.
En décembre 2020, le nombre de cambriolages de logements enregistrés est nettement inférieur au niveau d’avant le premier confinement.
Les vols de véhicules (automobiles ou deux roues motorisés) enregistrés par les forces de sécurité augmentent (+5 %) en décembre 2020 après une baisse marquée au mois précédent (-14 %). Le total du dernier trimestre diminue fortement par rapport au trimestre précédent (-16 %).
Après s'être stabilisé depuis mai 2019 à un niveau plus bas que les années précédentes, les vols de véhicules enregistrés étaient repartis à la hausse depuis le dernier trimestre 2019, jusqu’à la crise sanitaire.
En décembre 2020, le nombre de vols de véhicules enregistrés est nettement inférieur au niveau d’avant le premier confinement.
Les vols dans les véhicules enregistrés par les forces de sécurité augmentent nettement (+14 %) en décembre 2020 après une baisse marquée au mois précédent (-29 %). Le total du dernier trimestre diminue fortement par rapport au trimestre précédent (-22 %).
Avant la crise sanitaire, les vols de véhicules s’inscrivaient sur une tendance marquée à la hausse depuis juillet 2019.
En décembre 2020, le nombre de vols dans les véhicules enregistrés est nettement inférieur au niveau d’avant le premier confinement.
Les vols d’accessoires sur véhicules enregistrés par les forces de sécurité augmentent (+7 %) en décembre 2020 après une baisse marquée (-17 %) au mois précédent. Le total du dernier trimestre diminue fortement par rapport au trimestre précédent (-19 %).
Après une stabilisation en 2018 à un niveau plus bas que les années précédentes, le nombre de vols d’accessoires sur véhicules était sur une tendance à la baisse au premier semestre 2019. Depuis la fin de l’année 2019, il repartait à la hausse, jusqu’à la crise sanitaire.
En décembre 2020, le nombre de vols d’accessoires sur véhicules enregistrés est nettement inférieur au niveau d’avant le premier confinement.
Les destructions et dégradations volontaires (y compris contraventions) enregistrées par les forces de sécurité augmentent (+3 %) en décembre 2020 après une baisse marquée au mois précédent (-14 %). Le total du dernier trimestre diminue nettement par rapport au trimestre précédent (-16 %).
Après une très forte hausse en décembre 2018, dans le contexte des mouvements sociaux, les dégradations ont reflué jusqu'en mai 2019. Elles enregistraient ensuite des fluctuations autour d’une tendance quasiment stable avant de repartir à la hausse en fin d’année 2019, jusqu’à la crise sanitaire.
En décembre 2020, le nombre de destructions et dégradations volontaires enregistrées est nettement inférieur au niveau d’avant le premier confinement.
Les escroqueries enregistrées augmentent (+7 %) en décembre 2020 après très légère baisse au mois précédent (-1 %). Le total du dernier trimestre diminue par rapport au trimestre précédent (-4 %).
Orientées à la hausse depuis la mi-2018, avec d'amples fluctuations, les escroqueries s’étaient stabilisées sur le premier semestre 2019 après la forte augmentation de janvier avant de repartir à la hausse jusqu’à la crise sanitaire.
En décembre 2020, le nombre d’escroqueries enregistrées est au-dessus de son niveau d’avant le premier confinement, dans le prolongement de sa tendance d’avant crise.
Les séries conjoncturelles présentées dans cette publication portent sur les crimes et délits (1) enregistrés par la police et la gendarmerie. Ceux-ci sont comptabilisés au mois d’enregistrement, avec quelques cas particuliers (pour plus de détails voir les Interstats Méthode n°2
et 3
). Les requalifications des infractions, y compris suppressions, sont prises en compte jusqu’à la date à laquelle sont arrêtées les comptabilisations, c’est-à-dire, pour chaque mois, au début de mois suivant.
Deux éléments sont à prendre en compte dans l’interprétation du niveau et des évolutions de ces séries :
- le délai d’enregistrement, qui peut créer un décalage temporel entre le moment où les faits de délinquance se sont déroulés et le moment où ils sont comptabilisés dans ces séries;
- le taux de plainte, qui a un impact à la fois sur le niveau et, s’il n’est pas stable, sur l’évolution de la délinquance enregistrée. L’enquête Cadre de vie et sécurité (Insee-ONDRP-SSMSI) réalisée auprès de la population permet d’évaluer les taux de plainte. Ainsi par exemple selon cette enquête en moyenne sur la période 2011-2018 seules 12 % des victimes de violences sexuelles hors ménage portent plainte, contre 74 % pour les victimes de cambriolages.
Pour les résultats complets de l’enquête CVS voir : https://www.interieur.gouv.fr/Interstats/L-enquete-Cadre-de-vie-et-securite-CVS
Par rapport aux séries statistiques issues des enregistrements par la police et la gendarmerie, les données brutes de certaines séries ont fait l’objet de corrections portant sur la période de 2012 à 2015. L’ensemble de ces traitements est présenté en détail sur le site web Interstats dans le document Interstats Méthode N° 9 .
Le comptage des homicides fait l'objet de retraitements à partir de l'année de référence 2015 (cf encadré de la fiche "Homicides" - Insécurité et délinquance en 2018 : premier bilan statistique , janvier 2019, et Interstats Méthode N° 9 .
Des éléments descriptifs de la série des violences sexuelles ont été fournis dans la partie méthodologique de l'Interstats Conjoncture du mois d'avril 2019 ( N°43 ), ainsi que dans l' Interstats Méthode N°12 paru en juillet 2019. Des éléments descriptifs de la série des escroqueries et de celle des destructions et dégradations volontaires ont été fournis dans les parties méthodologiques respectivement des Interstats Conjoncture du mois de mai 2019 ( N°44 ) et du mois de juin 2019 ( N°45 ), et dans les Interstats Méthode N° 13 et 14 parus en septembre 2019.
La méthode de correction des variations saisonnières et des jours ouvrables (CVS-CJO), mise en place lors de la première publication de ces séries en octobre 2015 et présentée sur le site web Interstats dans les documents Interstats Méthode N° 5 et 7 , est modifiée depuis la note de juillet 2019, en prenant en compte les données connues jusqu’au mois de mai 2019, conformément à la pratique internationale recommandée d’une mise à jour annuelle des modèles. Les changements portent seulement sur quatre sous-séries de délits enregistrés par la gendarmerie : les vols violents sans arme, les vols sans violence contre des personnes, les cambriolages de logements et les vols de véhicules. L'incidence sur les séries concernées est marginale.
La périodicité mensuelle des indicateurs de la délinquance présente notamment l’intérêt de refléter l’incidence de certains évènements ponctuels, tels qu’un grand rassemblement populaire. Néanmoins, les séries mensuelles sont en partie soumises à des fluctuations qui peuvent s'inverser d'une période à l'autre, sans réelle signification. De plus, lorsque les séries sont très heurtées, le modèle de traitement statistique de désaisonnalisation peut présenter des problèmes de robustesse, avec des risques de révisions des données d’un mois sur l’autre. Aussi est-il recommandé d’attendre au moins deux observations mensuelles avant de juger d’un retournement d’évolution.
(1) La série des dégradations inclut également les contraventions.