Le Berry républicain - Interview du 21 décembre 2017

21 décembre 2017

Interview accordée par madame la ministre au journal le Berry républicain et parue le 21 décembre 2017.


Interview réalisée par Willem van de Kraats.

Une circulaire de votre ministère demandant aux préfets de recenser les migrants dans les centres d’hébergement d’urgence a provoqué la colère d’associations et de parlementaires. Comment accueillez-vous ces réactions ?

Le ministre de l’Intérieur a demandé que la situation administrative de chaque personne hébergée soit identifiée, dans l’esprit de favoriser l’orientation des migrants vers les dispositifs les plus adaptés à leur situation. Cela ne remet pas en cause le principe d’inconditionnalité de l’accueil de ces personnes. Il y a eu un malentendu ou, peut-être parfois, une volonté de ne pas bien comprendre que cette mission sera confiée aux membres de l’Ofii (Office français de l’immigration et de l’intégration), et non pas à des policiers. C’est exactement la démarche engagée à Calais.

Néanmoins, la politique migratoire du gouvernement menace de créer une ligne de fracture au sein de la majorité.

C’est en effet un sujet extrêmement délicat. Et je me réjouis, d’ailleurs, de pouvoir l’évoquer à Bourges, avec les acteurs qui œuvrent au quotidien pour les migrants. La politique migratoire repose sur deux piliers : garantir la tradition française d’accueil et d’asile, et en même temps réguler les flux migratoires.

Vous venez d’être nommée « Madame Corse ». Quelle sera votre méthode pour rétablir le dialogue avec les nationalistes ?

Le dialogue existe déjà. J’ai personnellement participé, avec Gérald Darmanin (ministre de l’Action et des Comptes publics), à la construction du budget 2018 de la nouvelle collectivité. Nous travaillons avec tous les interlocuteurs. Il s’agira de la collectivité la plus décentralisée de France, une vraie structure girondine. Je me rendrai en Corse dès le début du mois de janvier pour accompagner au mieux sa mise en place.

Le président de la République plaide en effet pour un « pacte girondin » avec les collectivités locales. Quelles pistes de financement des collectivités allez-vous suivre ?

La taxe d’habitation a été revue pour redonner du pouvoir d’achat aux classes moyennes. D’ici 2020, une refonte de la fiscalité locale et des ressources des communes sera mise en œuvre. Les Régions se voient affecter une part de TVA à compter du 1er janvier. Il s’agit maintenant de déterminer un mode de financement des conseils départementaux. S’agira-t-il d’un impôt que prélèveraient les Départements et le bloc communal?? D’une redistribution d’une part d’un impôt national ?? L’objectif est en tout cas de moderniser le fonctionnement des finances locales. Certains dispositifs ne correspondent plus à la réalité.

La phase de concertation s’achève concernant la mise en place de la police de sécurité du quotidien. Quelle forme prendra-t-elle dans un département comme le Cher ?

Cette large concertation a permis de faire remonter les préoccupations de chaque territoire, différentes ici qu’à Nice ou que dans la Nièvre. Les forces de police et de gendarmerie doivent être recentrées sur leurs missions premières de sécurité. C’est pour cela qu’en parallèle est ouvert le chantier de la procédure pénale, pour simplifier les actes de police judiciaire. C’est aussi pour cela qu’elles disposent de plus en plus d’équipements numériques. Dix mille postes de gendarmes et policiers seront également créés sur le quinquennat. Et beaucoup d’initiatives, en lien avec les élus et les partenaires, leur permettront d’aller davantage au contact de la population.

La question des effectifs est particulièrement prégnante à Vierzon. Est-il question de modifier les critères des zones de compétence de la police nationale ?

Pas forcément concernant Vierzon, mais à un niveau national, le sujet est effectivement sur la table depuis 2011. C’est un sujet qui soulève beaucoup de passions, et qui a été mené avec succès, notamment à Romorantin, grâce aux élus, qui ont accompagné ce changement. La question n’est pas seulement celle du nombre d’habitants, mais de la logique territoriale. Il faut aller dans le sens de la présence sur le territoire, et de la proximité avec la population.