Jacqueline Gourault s’engage pour les femmes

Jacqueline Gourault s’engage pour les femmes
25 mai 2018

Le 25 avril dernier, la ministre auprès du ministre de l’Intérieur recevait à la salle des fêtes de Beauvau les acteurs les plus mobilisés pour l’égalité femmes-hommes et contre les violences sexuelles et sexistes. L’occasion pour elle de faire le point sur l’engagement du ministère.


Civique : le ministre d’État, ministre de l’Intérieur, a clôturé le colloque du 5 mars dernier relatif à l’action du ministère de l’Intérieur dans l’accueil et la prise en charge des femmes victimes de violences en annonçant notamment la mise en place d’une plateforme de signalement des violences sexuelles. Comment fonctionne ce nouveau dispositif ?

Jacqueline Gourault : Cette plateforme est un outil informatique commun à la gendarmerie et à la police. Il s’agit d’un portail d’accès dédié, qui sera accessible sur le site  « service-public.fr » dès la fin du mois de juin. Ce n’est pas un lieu de dépôt de plaintes, mais un lieu de premier accueil où les femmes seront orientées soit vers le dispositif police, soit vers le dispositif  gendarmerie en fonction de leur lieu de résidence.

Cette plateforme ouverte 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, est une sorte de tchat, elle permet une discussion interactive, un échange très personnalisé afin de mieux orienter la personne. Elle vise à convaincre la victime de violences d’aller au bout de sa démarche et de déposer plainte.

Ce nouvel outil comprend également une prise en charge psychologique de la personne, avec des personnels volontaires pour cette mission, qui ont été « profilés » et qui reçoivent une formation supplémentaire.

Cette plateforme concrétise un engagement du président de la République qui a fait de l’égalité femmes-hommes, et donc de la lutte contre les violences faites aux femmes, la grande cause nationale du quinquennat. C’est une grande innovation.

Civique : en interne, afin de lutter contre les discriminations et le harcèlement, moral ou sexuel, des cellules d’écoute ont été mises en place pour les agents du ministère de l'Intérieur : SIGNAL DISCRI pour les agents de la police nationale , STOP DISCRI pour ceux de la gendarmerie nationale et  ALLO DISCRI pour ceux du secrétariat général, de l’administration centrale et des services déconcentrés. Que faut-il attendre de ces cellules ?

Jacqueline Gourault : Il est vraiment très important qu’il existe un lieu où les agents puissent s’exprimer librement, hors hiérarchie, un vrai lieu de parole dédié. Parce que les agents peuvent être freinés par une forme de pression hiérarchique, même inconsciemment.

En ce qui concerne la lutte contre les violences faites aux femmes, il faut également souligner que, dans les services de police et de gendarmerie, on veille de plus en plus à ce que les agents qui reçoivent les plaintes soient, là aussi, des agents formés parce qu’il s’agit d’un accueil spécifique et sensible. Il faut également noter que l’on associe de plus en plus souvent des professionnels extérieurs au ministère, comme des associations spécialisées à l’instar de la fédération nationale solidarité femme ou le Centre National d'Information sur les Droits des Femmes et des Familles qui connaissent ce type de violences et peuvent apporter un accompagnement. Parce que pour les femmes battues, il est souvent très difficile d’aller jusqu’à l’acte du dépôt de plainte.

Civique : Les femmes représentent environ 30 % des effectifs du ministère de l’Intérieur, mais cette proportion ne se retrouve cependant pas encore dans les plus hautes fonctions. Les démarches entreprises par le ministère de l’Intérieur pour favoriser l’égalité femmes-hommes sont-elles suffisantes ?

Jacqueline Gourault : les métiers opérationnels du ministère de l’Intérieur -police, gendarmerie…- ne sont ouverts aux femmes que depuis la fin des années 1970. Aujourd’hui, tous les métiers du ministère de l’Intérieur sont accessibles aux femmes. Mais plus vous montez dans la hiérarchie, moins il y a de femmes. Cela s’explique en partie par leur accès récent à ces métiers. Actuellement, les femmes représentent 25 % des 126 préfets en poste en territoriale - contre 11% en 2008-, 29% des sous-préfets et 32, 5% des commissaires. Le vivier des femmes augmente et la possibilité de nommer des femmes à des postes à responsabilité supérieure va ainsi progressivement s’accroître.

Le ministère a adopté une véritable démarche volontariste pour promouvoir l’égalité des femmes et des hommes. Il s’est engagé dans une démarche ambitieuse de double labellisation « égalité professionnelle » et « diversité » qui a pour finalité de contrôler les pratiques de gestion en matière de ressources humaines. Cette labellisation est en cours et démontre la volonté du ministère de l’Intérieur de faire évoluer les choses. Cela n’est pas qu’un acte symbolique.