Communes rurales. "Qu'elles aient les mêmes chances que les autres territoires"

30 septembre 2017

Entretien de Madame Jacqueline Gourault accordé au journal Ouest-France, dans le cadre de son déplacement au congrès de l'Association des Maires Ruraux de France, le samedi 30 septembre 2017.


Baisses des dotations, taxe d’habitation ? Jacqueline Gourault, ministre, défend la politique du Président Macron avant sa venue en Finistère au congrès national des maires ruraux, ce samedi. Entretien.

Jacqueline Gourault, ministre auprès du ministre de l'Intérieur, s'est rendue samedi 30 septembre au congrès national de l’Association des Maires Ruraux de France (AMRF), à Poullan-sur-Mer (Finistère).

Des efforts de 13 milliards d’euros sur cinq ans ont été demandés aux collectivités. En outre, le Président Macron a annulé par décret plus de 300 millions d’euros de dotations aux collectivités territoriales. L’Association des maires ruraux de France dénonce une décision nuisible à l’investissement local : que répondez-vous ?

Il est demandé aux collectivités locales de maîtriser leurs dépenses de fonctionnement. Mais pour la première fois depuis longtemps, il n’y aura pas de baisse unilatérale de dotations ! Le soutien de l’investissement est à un niveau sans précédent et les concours financiers de l’État aux collectivités locales seront même en hausse en 2018. Quant aux crédits annulés, il s’agissait de crédits gelés. Comme chaque année, en période de fin d’exercice budgétaire, l’État rapatrie une partie des fonds non engagés, ce qui signifie qu’aucun projet en cours ne sera abandonné ! Tous les ministères ont été mis à contribution pour financer le déficit laissé par nos prédécesseurs.

La suppression annoncée d’une bonne part de la taxe d’habitation, une des principales ressources des collectivités locales irritent aussi ? Qu’en dites-vous ?

Il s’agit d’un engagement du Président de la République basé sur une analyse partagée par tous : cette taxe est devenue très inégalitaire. La révision des valeurs locatives ayant été repoussée depuis 30 ans, il fallait avoir le courage de s’attaquer à cette injustice pour rendre du pouvoir d’achat aux Français. Les élus ont bien compris que la mesure prendra la forme d’un dégrèvement, ce qui veut dire que l’État se substituera au contribuable local à l’euro près. Tous les élus sont en attente d’une réforme profonde de la fiscalité locale : celle de la taxe d’habitation en est la première étape.

L’étage communal a peur de passer un jour à la trappe. Supprimer les communes ? Vous y pensez ?

Non, il n’en a jamais été question ! Tout le monde connaît le rôle essentiel des communes et des élus municipaux sur l’ensemble du territoire français ! Nous accompagnons leur modernisation en reconduisant le pacte financier pour soutenir la création de communes nouvelles et nous élargissons l’accès aux dotations d’investissement, y compris pour les plus petites communes.

L’État, comme des entreprises privées, se désengage du monde rural : moins de services publics, moyens financiers insuffisants, absence du Très Haut Débit : que répondrez-vous aux élus locaux de l’AMFR ?

Ce que demande le monde rural, c’est d’avoir les mêmes chances de réussir que d’autres territoires de la République. Conjuguer mondialisation et diversité de nos territoires ruraux, tel est précisément l’enjeu de la conférence nationale des territoires. En matière d’accès aux soins ou au très haut débit, nous proposons une évaluation partagée des besoins. Pour lutter contre les déserts médicaux, nous souhaitons garantir une accessibilité renforcée par des moyens novateurs, notamment grâce au déploiement de la télé-médecine. Ce qui est certain, c’est que les communes rurales ne seront pas la variable d’ajustement pour faire des économies.

Propos recueillis par Christian Gouerou