A l'occasion des sorties de promotions des commissaires et officiers de la police nationale, M. Gérard COLLOMB, ministre d’Etat, ministre de l’Intérieur, a prononcé une allocution à l'Ecole Nationale Supérieure de la Police (ENSP) à Saint-Cyr-Au-Mont-d’Or (Rhône), le 30 juin 2017.
- Seul le prononcé fait foi -
Monsieur le préfet de région,
Monsieur le préfet, directeur général de la police nationale,
Mesdames et messieurs les directeurs et chefs de service de la police nationale,
Madame le procureur général,
Mesdames et messieurs les parlementaires,
Monsieur le Maire de Saint-Cyr au Mont d’Or, cher Marc GRIVEL
Mesdames et Messieurs les Maires,
Mesdames et messieurs les élus,
Mesdames et messieurs,
Mesdames et messieurs les commissaires de police,
Mesdames et messieurs les officiers de police,
C’est un honneur d’être parmi vous ce matin pour présider cette cérémonie de sortie de promotion de l’École Nationale Supérieure de Police.
Pendant de nombreuses années, j’ai assisté à cet événement en tant que Maire de Lyon, en tant qu’élu local, et j’en appréciais toujours la solennité.
Être ici aujourd’hui comme Ministre de l’Intérieur est donc porteur pour moi, vous le comprendrez, d’une émotion toute particulière.
Cette émotion, je veux la partager avec vous, jeunes commissaires, jeunes officiers, ainsi qu’avec l’ensemble de vos familles.
Je sais quelle est l’importance de cette cérémonie dans votre parcours.
Elle marque l’aboutissement de longues et intenses années de travail.
Elle concrétise aussi un cheminement personnel, intime, car on ne choisit jamais de devenir policier par hasard.
En cette matinée, je veux vous assurer que vous pouvez être fiers de votre choix.
Car il n’est rien de plus noble, rien de plus beau que de protéger et de défendre ses compatriotes.
Il n’est rien de plus noble que de servir l’État.
Je veux d’abord m’adresser à vous, officiers de police de la 21 ème promotion,
Vous avez choisi comme éponyme « Benoît VAUTRIN », du nom d’un de vos collègues aveyronnais fauché volontairement en avril 2015, alors qu’il réalisait un contrôle de vitesse.
Ce choix constitue bien sûr un hommage à ce policier d’exception, dont chacun s’accordait à saluer les qualités professionnelles comme la profonde humanité.
Il est aussi l’expression de la pleine conscience que vous avez des risques liés à votre métier.
Car on ne le répète jamais assez, être policier c’est accepter de mettre en jeu sa vie pour pouvoir sauver celle des autres. Être policier, c’est savoir que l’on n’est jamais à l’abri du danger.
C’est pourquoi un des premiers devoirs du Ministre de l’Intérieur, est d’abord de tout mettre en œuvre pour mieux assurer votre sécurité.
Croyez-bien que je m’y emploierai avec détermination.
Car la République vous doit cela. Elle vous doit une protection à la hauteur du dévouement dont vous faites preuve.
Je veux également m’adresser aux Commissaires de la 67ème promotion,
Vous avez, Mesdames et Messieurs, fait le beau choix de prendre pour nom de baptême « Liberté ».
En choisissant la première valeur de tryptique républicain, vous avez voulu marquer votre attachement aux idéaux qui sont ceux de la République Française.
Car ce nom de baptême est très fort.
Il montre que, vous les policiers, êtes les garants de cette valeur. Il signifie que pour vous sécurité et liberté ne vont jamais l’une sans l’autre, que ce sont des deux notions intimement liées.
Et je ne peux que souscrire à une telle vision.
Car - je l’ai souvent répété comme Maire de Lyon - la sécurité est la première des libertés.
Pour une raison simple : c’est que quand l’insécurité grandit ce sont des sentiments de peur qui se développent, c’est une société qui se bloque, ce sont des projets de vie qui se trouvent tout d’un coup entravés. Et du coup c’est l’exaspération qui monte, une exaspération qui peut mener aux positions les plus extrêmes, dans une remise en cause du modèle même de notre société.
C’est pourquoi, vous policiers, assurez bien, par votre action, la garantie de notre sécurité comme de nos libertés.
Les Français le savent, qui, aspirent toujours à voir davantage de policiers dans leur rue.
Les Français le savent et c’est sans doute pour cela que leur reconnaissance à votre égard est chaque jour plus forte. Sans doute pour cela que leur soutien est chaque jour plus total, sans doute pour cela que vous bénéficiez toujours davantage de leur confiance.
Car ils voient bien les dangers auxquels notre pays est confronté.
Il y a d’abord cette menace terroriste qui a si durement frappé notre pays au cours des deux dernières années alors que vous étiez dans cette école.
Une menace qui, depuis les attentats de Charlie Hebdo, a couté la vie à tant de nos compatriotes.
Une menace qui, a emporté depuis janvier 2015, huit de vos collègues.
Certains l’ont été dans l’exercice de leurs fonctions.
Mais je suis allé il y a deux semaines rendre hommage à Jean-Baptiste SALVAING et Jessica SCHNEIDER, ces deux policiers tués à Magnanville.
Eux n’étaient pas en fonction.
Ils ont été tués tout simplement parce qu’ils étaient policiers.
Il ne faut pas que cela puisse se reproduire.
Et face à la menace, nous ne saurions baisser la garde.
C’est pourquoi, à la demande du Président de la République, je présenterai dans les jours à venir un projet de loi qui permettra, hors de l’état d’urgence, de mieux assurer la protection de Français, en donnant les moyens aux forces de l’ordre, de continuer à protéger les grands événements, les grandes manifestations, en mettant en place des mesures de surveillance ciblée contre ceux qui demain pourraient passer à l’acte, en organisant des visites et saisies pour pouvoir prévenir les crimes terroristes.
Ce projet de loi nous permettra d’agir.
Mais ce sera chaque fois avec une volonté d’équilibre entre nécessité d’une action efficace et souci de préserver pleinement les libertés individuelles.
Cette loi ne prendra d’ailleurs ses pleins effets que par votre action, car c’est vous qui dans vos fonctions, serez amenés demain à déceler ces signaux faibles par lesquels on repère les individus en voie de radicalisation.
Commissaires et officiers de police, les Français comptent sur vous pour les prévenir d’une menace dont on sait qu’elle est aujourd’hui toujours très élevée.
Je sais pouvoir compter demain sur chacune et chacun d’entre-vous.
Je vous demande, lorsque vous rejoindrez vos unités et vos commissariats, de vous atteler pleinement à cette tâche.
Considérez-vous comme les sentinelles de notre démocratie.
La seconde priorité que vous devrez poursuivre, c’est la lutte pour la sécurité du quotidien.
Je l’ai souligné dès ma prise de fonction, cela doit être au cœur de votre métier.
On ne mesure pas assez, à quel point l’insécurité vécue au quotidien rend la vie plus difficile à certains de nos compatriotes.
On ne mesure pas assez non plus l’irritation voire la colère que peut provoquer la multiplication, dans un quartier, dans une commune, des agressions, des vols, des prises à parti.
C’est parce que j’ai une conscience aiguë de cette situation, que je vous demande de vous montrer intransigeants face à tous les fauteurs de troubles, en encourageant vos hommes à s’élever contre toutes les incivilités, à sanctionner tous les délits.
Pour vous permettre d’y parvenir, vos moyens seront renforcés.
Ainsi, conformément aux engagements du Président de la République, 10 000 postes de policiers et gendarmes seront créés durant le quinquennat. Il faut augmenter le nombre de femmes et d’hommes membres des forces de sécurité. Il faut aussi changer de méthode.
J’agirai donc pour libérer les policiers des contraintes administratives qui parfois paralysent votre action, en travaillant par exemple à la forfaitisation de certaines infractions, mais aussi – en coopération avec ma collègue Garde des Sceaux – en travaillant à l’allègement d’une procédure pénale devenue trop lourde et trop complexe.
C’est là un chantier majeur. Car chacun voit bien qu’il faut pouvoir simplifier les démarches administratives, vous libérer de toutes les tâches indues, pour que vous puissiez à nouveau vous consacrer pleinement aux missions d’enquête, d’interpellation, pour lesquelles vous avez tant appris, ici à l’ENSP.
Enfin, il nous faudra veiller à la nécessaire modernisation de vos matériels et équipements.
Car, si de nombreux commissariats ont été mis aux normes, il en est encore beaucoup trop où les conditions de travail sont dégradées, où les bâtiments sont vétustes, où les véhicules affichent parfois des centaines de milliers de kilomètres au compteur.
Cela n’est pas admissible. Non, il n’est pas acceptable que vous qui risquez votre vie pour protéger les autres, vous puissiez travailler dans un environnement tel que bien peu accepteraient.
C’est pourquoi je veux travailler sur l’amélioration des moyens de la police, poursuivre le plan de modernisation des équipements qui a été amorcé, doter la police des technologies les plus modernes. Car de nouveaux défis apparaissent, celui par exemple d’une cybercriminalité qui - on l’a bien vu cette semaine avec la cyberattaque dont a été victime notre continent – ne fera dans les prochaines années que se développer.
Mesdames et Messieurs les commissaires et officiers,
Voici quelques-unes des tâches qui vont être les vôtres, dans les fonctions que vous vous apprêtez à exercer,
Ces défis, nous aurons à les affronter ensemble.
Et j’ai pleinement confiance en vous pour les relever.
Pleinement confiance parce que vous avez reçu ici une formation d’exception.
Et je veux saluer l’exigence de votre directeur Luc PRESSON, qui porte haut l’excellence de nos forces de sécurité dans cette l’ENSP, au point que de beaucoup de vos collègues étrangers viennent y étudier. Et je veux aujourd’hui tous les saluer.
J’ai pleinement confiance également parce que, ce que l’on vous a appris dans ces murs ce sont aussi des valeurs de courage, d’abnégation, d’exemplarité qui vous permettront de faire face à toutes les situations.
Je sais, surtout pour l’avoir éprouvé comme Maire de Lyon, que celles et ceux qui passent par l’École Nationale Supérieure de Police, y ont acquis un sens du commandement unique, qui va s’avérer précieux tout au long de votre vie professionnelle.
Car demain, vous aurez à diriger des femmes et des hommes qui attendront de vous que vous définissiez clairement l’action qu’ils auront à mener, que vous vous engagiez pleinement derrière eux, que vous sachiez donner tout son sens à leur métier.
Oui, ils attendront que vous exerciez pleinement votre autorité, par des ordres simples, des objectifs nettement définis.
Ils attendront de vous que vous soyez des meneurs d’hommes, capables de les mobiliser, d’insuffler cet esprit d’équipe sans lequel on ne saurait faire face à aucun des grands enjeux de sécurité auxquels notre pays est aujourd’hui confronté.
Ce rôle de commandement, Mesdames et Messieurs les commissaires et officiers, vous apportera de grandes satisfactions, car vous ferez avancer les choses, vous changerez la vie de nos compatriotes.
Mais vous aurez à faire face aussi à des situations difficiles, complexes où vous devrez choisir ; vous serez confrontés, comme tous ceux qui assurent un commandement, à l’inévitable solitude de la décision.
C’est alors qu’il faudra vous souvenir de ce que vous avez appris ici, auprès de vos maîtres et de vos professeurs.
Leurs enseignements doivent être pour vous des boussoles, ils doivent constituer des repères.
Ce sont eux qui vous permettront tout au long de votre parcours de décider toujours en toute occasion avec fermeté et lucidité. C’est ainsi que vous progresserez. C’est ainsi que – je vous le souhaite - vous figurerez un jour parmi ces grands policiers, ceux dont à la base on aime citer le nom.
Mesdames et Messieurs,
Dès demain, vous allez être en charge de la protection des Français.
Cette mission vous honore.
Elle vous oblige aussi.
Elle vous oblige parce que nos compatriotes attendent beaucoup de vous.
Elle vous oblige parce que, vous êtes les garants des valeurs qui font que pour beaucoup, notre pays reste une référence, un modèle.
À chacune et à chacun, commissaires de la promotion Liberté, officiers de la promotion Benoît VAUTRIN, je souhaite une longue et belle carrière.
Soyez-assurés de ma totale confiance.
Les Français sont fiers de leurs policiers.
Et pour ce qui me concerne, je suis fier d’être votre ministre.
Vive la Police Nationale !
Vive la République !
Vive la France !
Je vous remercie.