Inauguration du Salon MILIPOL Paris 2017

Inauguration du Salon MILIPOL Paris 2017
21 novembre 2017

Allocution de M. Gérard Collomb, Ministre d’État, Ministre de l’Intérieur, à l'occasion de l'inauguration du Salon MILIPOL Paris 2017, premier salon mondial de la sécurité publique et industrielle, à Villepinte le 21 novembre 2017.


- Seul le prononcé fait foi -

Mesdames et Messieurs les Ministres,
Mesdames et Messieurs les Ambassadeurs,
Mesdames et Messieurs les Industriels,
Mesdames et Messieurs,

C’est un honneur d’inaugurer ce matin la 20e édition de MILIPOL Paris, le salon mondial de la sécurité intérieure.

Avant toute chose, je veux remercier, le Préfet Yann Jounot, Président des salons MILIPOL et président-directeur-général de Civi.pol Conseil, de son invitation.

Je tiens également à saluer la présence du Major-Général Saad Jassim Al Khulaifi, directeur général de la sécurité publique du Qatar.

Quand on évoque les relations entre la France et le Qatar, on pense souvent aux liens économiques entre nos deux pays.

Mais en réalité, c’est autour de la sécurité qu’au début des années 1990, nos deux États ont commencé à coopérer. D’où la tenue, en 1996, au Qatar, d’un salon MILIPOL organisé depuis en alternance avec celui de Paris.

MILIPOL Paris fête aujourd’hui sa 20e édition.

20 éditions durant lesquelles ce salon s’est imposé comme une référence incontournable.

Lors de la première, en 1984, il y avait une centaine d’exposants venus de trois pays, 2000 visiteurs.

Cette année, on dénombre près de 1000 exposants issus de plus de 50 pays, on attend 25 000 visiteurs, sans oublier les dizaines d’experts qui interviendront à l'occasion des conférences de haut niveau organisées en marge du salon.

Chacun mesure donc l’extraordinaire chemin parcouru.

Cette réussite, MILIPOL la doit bien sûr à une équipe de talent qui, au fil des années, n’a cessé d’innover pour attirer exposants et visiteurs, dans ce monde si concurrentiel des grands salons.

Elle est aussi le fruit de la croissance extraordinaire du marché des industries de sécurité.

Quelques chiffres suffisent à mesurer cette réalité.

Le marché mondial de la sécurité intérieure représente aujourd’hui près de 600 milliards d’euros de chiffre d’affaires soit, pour donner un ordre de grandeur, plus du quart du PIB de la France.

S’agissant de la France, la filière industrielle a enregistré depuis quelques années un taux de croissance annuel de l’ordre de +5 %.

Certains secteurs se distinguent même par un développement tout à fait spectaculaire : que l’on pense aux drones, aux solutions de cyberprotection, aux dispositifs de protection physiques.

Et, Mesdames et Messieurs, ce mouvement de croissance devrait se poursuivre.

Les menaces qui pèsent sur les États sont en effet de plus en plus fortes, et chacun songe ici au terrorisme, contre lequel on ne pourra lutter sans innover, notamment en matière de techniques de renseignement.

Les entreprises se trouvent confrontées à des cyberattaques chaque jour plus fréquentes — 80 % des entreprises françaises en ont été victimes en 2016. (Et on a coutume de dire que les 20% restantes l’ont été sans le savoir !)

Quant aux collectivités locales, elles s’intéressent de plus en plus aux technologies permettant de construire des Smart and Safe Cities, un marché qui devrait représenter plusieurs dizaines de milliards d’euros par an à horizon 2040.

Comment ne pas citer aussi l’Internet des objets ? Il faudra bien que nous nous donnions les moyens d’assurer la fiabilité des 50 milliards d’objets connectés que comptera notre planète d’ici à 2020.

Oui, la demande en produits et services de sécurité sera donc durablement élevée.

Et pour un pays comme la France, il est évidemment indispensable de se situer à la pointe de ce secteur en développement.

C’est un enjeu économique. Je rappelle que plus de 3000 entreprises françaises évoluent dans le secteur des industries de sécurité, qu’elles réalisent 50 % de leur chiffre d’affaires à l’export et emploient plus de 125 000 personnes. (Certains secteurs comme la cybersécurité, qui créent de l’emploi, peinent même à recruter).

C’est aussi un enjeu de souveraineté. Car s’il est bien sûr possible d’acquérir des technologies et des produits étrangers — et c’est une des raisons d’être d’un tel salon, il me semble indispensable de développer en France nos propres savoir-faire, en particulier sur des segments aussi stratégiques que le renseignement, la protection des données sensibles ou la lutte contre la cybercriminalité.

Pour ces deux raisons, le gouvernement sera toujours aux côtés des entreprises de la filière.

Car si, en économie de marché, l’innovation provient principalement du secteur privé, la puissance publique a — je le crois profondément — un rôle essentiel à jouer pour impulser, pour susciter, pour accompagner la montée en gamme de tous les acteurs.

Une étude récente de la PIPAME a même démontré qu’en France, État et collectivités orientaient près de la moitié du chiffre d’affaires des entreprises de sécurité.

C’est pourquoi le gouvernement entend jouer tout son rôle.

En actionnant d’abord, le levier des lois et des règlements.

  • Quand, dans le domaine économique, nous prenons des mesures pour conduire les entreprises à consacrer une part significative de leur chiffre d’affaires à la protection de leurs systèmes informatiques ;
  • Quand — comme c’est le cas dans le cadre la loi renforçant la sécurité intérieure et la lutte contre le terrorisme — nous donnons la possibilité aux autorités administratives de mettre en place des périmètres de protection avec fouilles et portiques.

C’est bien sûr la protection de nos concitoyens que nous renforçons.

Mais c’est aussi le secteur des industries de sécurité que nous soutenons.

Second levier majeur : la commande publique.

Sur ce sujet aussi, le gouvernement se montrera au rendez-vous.

Une donnée simple : alors que les investissements pour les forces de sécurité avaient drastiquement chuté ces dernières années, nous allons dès 2018 et dans les cinq ans à venir réaliser un effort important pour mieux équiper nos policiers, nos gendarmes, nos personnels de sécurité civile.

Le budget d’équipement de la Police nationale sera ainsi augmenté de +50% par rapport à la moyenne des années passées.

Celui de la Gendarmerie nationale sera lui en croissance de +14 %.

Quant au budget de la sécurité civile, il sera porté à plus de 800 millions d’euros, grâce à l’achat de six avions bombardiers d’eau.

Mesdames et Messieurs, au-delà de ces données, il y a des commandes bien concrètes.

Commandes de matériels élémentaires mais qui ne cessent de se perfectionner : je pense aux tenues des nouveaux policiers et gendarmes qui seront recrutés, aux 60 000 gilets pare-balle qui seront achetés d’ici 2019, aux armes nouvelles dont nous sommes en train d’équiper nos forces.

Commandes de produits issus de la révolution numérique : je pense aux 115 000 tablettes et smartphones qui équiperont nos forces de sécurité d’ici 2020, je pense aux 10 000 caméras-piétons qui seront achetées dès l’année prochaine.

Pour les entreprises présentes à MILIPOL, il va sans dire que de telles commandes constituent des opportunités majeures.

En tant que telles.

Mais aussi parce qu’elles peuvent constituer des références permettant ensuite de conquérir de nouveaux marchés à l’export.

Il y a ces commandes massives.

Mais nos forces de sécurité ont aussi des besoins plus spécifiques, pour lesquels nous attendons beaucoup de la capacité d’innovation des entreprises.

Ainsi la Gendarmerie Nationale et la Police Nationale acquerront-elles dans les années à venir des systèmes de lecture de plaques d’immatriculation, des drones, des microdrones et nanodrones, ainsi que - pour les forces chargées des enquêtes - des outils d’investigation, de simplification des procédures.

Et je pourrais multiplier les exemples qui, de la mise en place d’un réseau radio du futur commun aux forces de sécurité au développement par les collectivités locales de réseaux de vidéoprotection, nécessiteront, pour être menés à bien, des savoir-faire de pointe, une mobilisation de l’ensemble du monde industriel.

J’irai même plus loin.

En soulignant qu’à mon sens, public et privé doivent être plus proactifs encore, en se donnant les moyens de travailler ensemble bien en amont de la production des produits et services.

Je suis en effet convaincu que c’est du dialogue permanent entre forces de sécurité, grands groupes, PME, et laboratoires de recherche, que pourront germer demain les innovations technologiques les plus importantes.

Le dialogue entre grands groupes et PME s’organise spontanément depuis plusieurs années.

Et nous avons tout à l’heure visité les stands de deux clusters : EDEN pour la région Auvergne–Rhône-Alpes, PRIMUS pour la région Occitanie.

Quant aux échanges entre public et privé, ils se développent depuis 2013 sous l’impulsion du Comité de filière industrielle de sécurité – le COFIS.

Et je recevais encore hier midi Place Beauvau, avec le délégué ministériel aux industries de sécurité et à la lutte contre les cybermenaces, M. Thierry DELVILLE, une délégation d’entreprises évoluant dans ce secteur, emmenée par M. Marc Darmon.

Mesdames et Messieurs,

J’entends, sur ce sujet, m’impliquer personnellement.

Avec un objectif simple : constituer en France, comme nous l’avons fait dans d’autres domaines, des écosystèmes d’innovation de pointe dans le secteur de la sécurité intérieure.

Je vous remercie de votre présence nombreuse à l’occasion de ce salon.

Puisse cette 20e édition de MILIPOL se montrer à la hauteur de toutes les espérances.

Merci à tous.

Je vous remercie.