Dîner républicain du Conseil Représentatif des Institutions Juives de France (CRIF)

Dîner républicain du Conseil Représentatif des Institutions Juives de France (CRIF)
26 janvier 2018

Discours de M. Gérard Collomb, Ministre d’État, Ministre de l’Intérieur au dîner républicain du Conseil Représentatif des Institutions Juives de France (CRIF) Auvergne Rhône-Alpes, à Lyon le 25 janvier 2018.


- Seul le prononcé fait foi -

Monsieur le Ministre Plénipotentiaire d’Israël, M. Marc Attali,
Monsieur le Préfet de région,
Mesdames et Messieurs les Parlementaires,
Monsieur le Président du Conseil départemental,
Monsieur le Président de la Métropole de Lyon,
Monsieur le Maire de Lyon,
Mesdames et Messieurs les représentants du corps consulaire,
Monsieur le Gouverneur militaire,
Messieurs les représentants des cultes,
Mesdames et Messieurs les représentants des autorités judiciaires,
Madame la Rectrice,
Mesdames et Messieurs les présidents d’universités et d’établissements d’enseignement supérieur et de recherche,
Mesdames et Messieurs les élus,
Monsieur le Président du CRIF,
Madame la Présidente du CRIF Auvergne Rhône-Alpes,
Mesdames et Messieurs,
Chers amis,

Ce n’est pas sans une certaine émotion que j’interviens devant vous ce soir.

D’abord, parce qu’il y a autour de ces tables, tant d’amis. Parce qu’avec eux, parce qu’avec vous, m’unissent des liens si forts.

Parce que ce dîner du CRIF, depuis sa création par Alain Jakubowicz en 1999, j’y ai participé chaque année.

Mais à chaque fois, j’assistais à l’intervention de l’invité d’honneur.

Et aujourd’hui, c’est à moi de m’adresser à vous.

Je le fais en tant que Ministre, mais je voudrais que les mots qui vont suivre soient toujours perçus par vous comme ceux d’un ami.

Et c’est pourquoi, si vous me le permettez, je commencerai par évoquer toutes ces années passées où nous avons noué, ensemble, une relation unique.

Non seulement je le ferai parce que c’est toujours un bonheur pour moi de me remémorer notre histoire commune.

Mais parce que la vision que j’ai, en tant que ministre, des relations entre l’État et les cultes, de l’État avec la communauté juive, c’est ici, à votre contact, que je l’ai forgée.

***

Notre histoire commune, Mesdames et Messieurs, s’est d’abord façonnée dans tous les moments où la communauté juive a eu à surmonter des événements tragiques.

Chaque fois qu’on s’en est pris à l’un de vos membres.

Chaque fois que l’on a profané des lieux de culte ou de mémoire.

Oui, à chaque fois, au cours de ces années vous avez trouvé dans la ville de Lyon et dans son Maire, des défenseurs.

Vous m’avez trouvé à vos côtés dès 2002 quand, dans le quartier de la Duchère, la synagogue a été incendiée. Et, cher Kamel Kabtane, vous étiez déjà présent pour condamner cet acte odieux. Cela a évidemment du sens.

Vous m’avez trouvé à vos côtés quand, après les meurtres perpétrés devant l’école juive d’Ozar Hatorah à Toulouse, on a observé, à Lyon comme partout en France, une recrudescence des actes antisémites – et je pense ici à la terrible agression dont avaient été victimes, en juin 2012, trois jeunes portant une kippa qui sortaient de la synagogue de Villeurbanne.

Vous m’avez trouvé à vos côtés quand des institutions, fussent-elles éminentes, niaient l’évidence - et je me souviens de cette résolution votée en 2016 par l’UNESCO contestant les liens historiques entre le peuple juif et Jérusalem.

On peut certes penser et dire que Jérusalem a une histoire plurielle. Mais qui peut nier qu’elle est pour le peuple juif une référence intemporelle ?

Oui, à l’époque je me suis engagé parce que je ne pouvais que constater la renaissance d’un antisémitisme que je ne pouvais accepter.

Si j’ai toujours été à vos côtés dans toutes les circonstances difficiles, c’est parce que comme l’écrivait Jean-Paul Sartre « l’antisémitisme n’est pas un problème juif, mais notre problème à tous ». Parce qu’en vous attaquant, c’est la France qu’on attaque. C’est aux valeurs de la République qu’on s’en prend.

Face à la renaissance de cet antisémitisme, il faut donc que la puissance publique réponde présent, à chaque fois que, sous des formes diverses, les pires heures du passé semblent ressurgir et qu’elle le fasse avec la plus grande fermeté.

Car nous ne pouvons pas oublier à quoi l’antisémitisme a mené par le passé.

Et nous partageons tous ici la mémoire de la Shoah.

Combien de cérémonies vécues ensemble, rue Sainte Catherine, au veilleur de pierre Place Bellecour, pour rappeler qu’au nom de l’antisémitisme, on avait en Europe, assassiné 6 millions de Juifs, 1.5 million d’enfants ?

Je parle de la rue Sainte Catherine.

Je me souviens qu’il fallut longtemps à Robert Badinter pour pouvoir y revenir, et affronter l’histoire d’un père emmené par la Gestapo de Klaus BARBIE et disparu dans un de ces camps où l’Allemagne nazie avait décidé de faire disparaître l’ensemble des Juifs d’Europe. J’ai en mémoire encore la lecture sur la place Antonin Poncet ou devant la Mairie de Lyon des noms de tous les Juifs disparus dans ces camps et dont Serge et Béate Klarsfeld s’étaient attachés à retrouver l’histoire. Et c’est avec la voix nouée que je lisais les noms et les prénoms des enfants : Albert, 4 ans ; Esther, 9 ans ; Sarah 11 ans.

Oui, dans cette région où, au fort Montluc, à la Maison d’Izieu, la barbarie a atteint jadis des paroxysmes ; dans cette ville où le président du Consistoire central Jacques Helbronner, le Président de la   ligue des droits de l’homme Victor Basch furent lâchement assassinés ; nous avons toujours eu ensemble le souci de partager et de transmettre, la douloureuse mémoire de la Shoah.

Nous l’avons fait pour léguer cette histoire tragique aux jeunes générations, et je me souviens de mon premier voyage à Auschwitz en 2004.

J’y étais allé avec des étudiants, des lycéens, des collégiens.

J’ai encore gravé dans l’esprit leurs interrogations quand ils se demandaient comment notre Europe, haut lieu de civilisation, avait pu enfanter un tel système, qui visait à exterminer avec méthode l’ensemble du peuple juif.

Susciter le questionnement, la prise de conscience, faire en sorte que jamais on n’oublie : c’est ce combat là qu’avec le Président de la République, nous entendons mener encore et toujours dans les années à venir.

Car comme l’écrivait Elie Wiesel dans une formule devenue célèbre « ceux qui ne connaissent pas l’histoire s’exposent à ce qu’elle recommence ». Oui, le combat ne doit jamais cesser aujourd’hui où nous voyons ressurgir un nouvel antisémitisme.

Il peut se présenter sous la forme de l’antisémitisme classique de l’extrême droite. Mais il peut aussi surgir au travers d’idéologies qui prétendent qu’entre les différentes religions, il ne peut y avoir qu’un  affrontement ; qu’on peut faire mourir des dizaines, des centaines d’innocents au nom des principes les plus moyenâgeux ; qu’on peut tuer indifféremment chrétiens, juifs, musulmans, parce qu’ils refusent de se soumettre à la forme la plus régressive d’un Islamisme radical. Ah que nous sommes loin de l’Islam de Cordoue, celui d’Averroès !

Cela non plus nous ne pouvons l’accepter.

Je parle du passé pour qu’il ne puisse jamais demain réapparaître.

Mais c’est l’avenir qu’il nous faut ensemble construire.

Si, nous avons créé en 2008, l’espace Hillel, si nous l’avons inauguré en présence de Shimon Peres, Prix Nobel de la Paix et Président de l’État d’Israël, c’est que nous avions la conviction qu’il fallait dans notre ville de Lyon avoir un lieu où puisse s’exprimer tout l’apport culturel des Juifs à cette civilisation universelle qui doit être celle du XXIe siècle, faite de la volonté d’affronter en commun les grands défis de l’humanité, climatique, écologique mais capable aussi de s’enrichir de la richesse culturelle de chaque peuple.

C’est cela, le projet de l’Espace Hillel. Ce lieu permet certes de redécouvrir le yiddish ou d’apprendre le rôle que joua l’architecte juif Abraham Hirsch dans l’édification du Lyon moderne, mais il est surtout un espace où peut s’exprimer la diversité de la culture juive dans le monde et son apport à notre siècle.

Avec cet espace Hillel, c’est un combat contre l’ignorance, et donc contre la peur et la violence, que vous menez, que nous avons mené ensemble.

Et, là encore cette réussite inspire aujourd’hui l’action que je mène comme Ministre de l’Intérieur.

Au final, nous avons inventé entre Rhône et Saône, un modèle singulier de dialogue interreligieux.

Un modèle qui puise sa source dans le temps long – et j’ai ici une pensée pour le cardinal Decourtray. J’étais allé, juste avant mon élection comme Maire de Lyon, dévoiler à Jérusalem une plaque en son honneur, avec Marc Aron, ancien président du CRIF Rhône-Alpes.

Le Cardinal Decourtray était l’apôtre du dialogue judéo-chrétien. C’était une première, mais ce dialogue a continué ensuite, parce que - et c’est là, toute la spécificité de ce que je continue à appeler le « modèle lyonnais » - il y a ici une volonté de travailler ensemble, entre les différentes religions.

Cette volonté s’est concrétisée au travers de la fondation de Concorde et Solidarité, qui réunit autour du Maire de Lyon les représentants de toutes les religions, les différentes philosophies.

Le CRIF est une institution laïque. Mais nous avons en commun cette pensée que la laïcité, ce n’est pas celle qu’avait voulue le petit père Combes, mais celle définie dans la loi de 1905, par Aristide Briand quand, dans son rapport devant l’Assemblée nationale, il expliquait que cette loi était « une loi de liberté ».

Liberté de croire ou de ne pas croire.

Liberté de pratiquer la religion de son choix, pourvu qu’elle n’apporte pas des troubles à l’ordre public.

Eh bien, c’est cette conception-là qui m’anime toujours aujourd’hui comme Ministre de l’Intérieur, et comme Ministre des Cultes.

***

Mesdames et Messieurs,

Si j’évoque tous ces épisodes, ce n’est donc pas par nostalgie.

Mais c’est parce que ce que nous avons tissé ensemble à Lyon, constitue une boussole dans l’action que je mène aujourd’hui.

Je défendrai toujours, comme Ministre de l’Intérieur, la liberté de pratiquer le culte de son choix.

Mais je refuserai toujours, comme Ministre de l’Intérieur, que certains aient la volonté de dresser les Français les uns contre les autres, que puisse en particulier se développer aujourd’hui sous quelque forme que ce soit, un renouveau de l’antisémitisme.

Certes, si l’on se contentait d’une analyse des chiffres, on pourrait dire que les actes antisémites ont baissé, -50% en 2016, -7% sur les 11 premiers mois de 2017, avec 280 actes recensés.

Mais cette réalité statistique n’épuise pas la réalité de l’antisémitisme contemporain.

Il y a quatre jours, nous nous souvenions du terrible martyre d’Ilan Halimi, séquestré, torturé, puis assassiné il y a douze ans. Parce qu’il était juif.

Il y a deux semaines, nous commémorions l’attentat de l’HyperCasher au cours duquel, il y a trois ans, Yohan Cohen, Philippe Braham, François-Michel Saada et Yoav Hattab, ont été assassinés.

Tout simplement parce qu’ils étaient Juifs.

J’étais aux côtés du Premier ministre lors de la cérémonie d’hommage organisée par le CRIF et le Consistoire de Paris. J’ai pu m’entretenir avec les familles des victimes, et j’ai pu mesurer combien reste encore profonde leur détresse.

Oui, ils pensaient tous qu’en France, jamais un tel acte ne pourrait se produire.

Et pourtant ! Les actes monstrueux ne se sont pas arrêtés à l’année 2015 et à la période des grands attentats.

En avril 2017, Sarah Halimi, était assassinée en plein Paris. Parce qu’elle était juive. Mais il a fallu se battre, avec Joël Mergui, pour que le parquet retienne la qualification antisémite.

En septembre dernier, j’ai eu à connaître comme Ministre de l’Intérieur de l’agression et de la séquestration de la famille Pinto à son domicile. C’est aussi en tant que juifs qu’ils avaient été attaqués. J’ai demandé à mes services de se mobiliser pleinement pour que l’auteur de cet acte soit recherché, arrêté, et jugé.

Depuis le début de l’année 2018, je vois enfin se multiplier à nouveau les actes antisémites : l’agression d’une écolière juive à Sarcelles, la vente d’objets nazis sur Internet, un courrier de menaces de mort reçu dans une synagogue, l’inscription de croix gammées sur un certain nombre d’établissements dont les agresseurs pensaient qu’ils pouvaient avoir quelque lien avec la communauté juive.

Mesdames et Messieurs,

Cela je ne m’y résignerai pas.

Car de tels actes bafouent notre République.

Ils portent atteinte aux principes qui font l’unité de notre Nation.

Chaque fois qu’on attaquera une personne en raison de son appartenance à une religion, on me trouvera aux avants postes pour défendre toutes celles et tous ceux qui entendent pratiquer la religion de leur droit dans le respect de l’ordre publique.

La communauté me juive me trouvera donc toujours à ses côtés pour la soutenir, pour agir avec détermination.

La première mission qui m’incombe comme Ministre de l’Intérieur est d’assurer votre protection - et il y a quelques semaines encore, je m’entretenais de ce sujet avec Éric de Rotschild. Je lui rappelais que jamais, je n’accepterai que dans notre pays, un juif renonce à se rendre à la synagogue, parce qu’il a peur pour lui, pour ses enfants.

Que jamais je n’accepterai que des parents soient dans l’angoisse parce qu’ils laissent leur enfant à la porte d’une école ou d’une crèche juive le matin.

Que jamais je n’accepterai que des Juifs envisagent de quitter la France, tout simplement parce qu’ils se sentent en insécurité sur notre territoire.

Mesdames et Messieurs,

Vous le savez, dans chacune de vos célébrations, il est demandé à chacun de prier pour la France, de prier pour la République.

En réponse, la République vous doit protection.

Oui, l’État continuera à assurer la protection de 822 écoles et lieux de culte juifs.

Oui, malgré la forte mobilisation opérationnelle, sur tous les fronts, de nos policiers, de nos gendarmes, des militaires de l’opération Sentinelle, je tiens à répéter ici qu’une priorité absolue sera donnée à la sécurisation des lieux de culte comme des bâtiments où se réunit la communauté juive.

Comme d’ailleurs j’ai demandé que soient protégés tous les lieux de culte de notre pays.

Parce que, vous le savez, les attentats, les agressions peuvent viser chacun.

Vous avez, Madame la Présidente, rappelé quelle émotion a traversé la communauté juive suite à la libération du principal suspect de l’attentat de la rue Copernic – et depuis, le Parquet a fait appel.

Avec la Garde des Sceaux, nous mobiliserons l’ensemble des acteurs de la chaîne judiciaire – policiers et magistrats – pour que les actes antisémites soient toujours pris en compte, que leurs auteurs soient toujours poursuivis, et que les peines auxquelles ils sont condamnés soient toujours appliquées.

Cet effort pour assurer la protection de la communauté juive en France, il passe aussi par un combat déterminé contre tous les auteurs de paroles haineuses incitant, sur Internet, à passer à l’acte.

Madame la Présidente, vous l’a rappelé : l’antisémitisme d’aujourd’hui est de plus en plus numérique.

Il emprunte la voie des réseaux sociaux, des vidéos, pour embrigader les esprits.

Il se dissimule derrière les masques insidieux de théories complotistes. Il se camoufle souvent dans un discours où, sous l’antisionisme, se cache en fait, l’antisémitisme.

Face à la généralisation de tels phénomènes, il nous faut continuer à être extrêmement vigilants. C’est pourquoi, dès mon arrivée Place Beauvau, je me suis attaché à nouer des contacts avec les acteurs de l’Internet, et notamment les GAFA, pour que tous les contenus véhiculant des messages incitant à la haine soient retirés le plus rapidement possible, en moins d’une heure.

J’étais mardi au Forum International de Lille sur la Cybersécurité et j’ai eu l’occasion de m’entretenir avec Monsieur Julian King, Commissaire européen.

Et il m’a confirmé qu’une résolution serait prise par la Commission Européenne pour que tous les contenus véhiculant des messages incitant à la haine, soient retirés immédiatement, sous peine de voir les sites qui les hébergent sévèrement condamnés.

Et je fais d’ailleurs appel à votre mobilisation à tous.

L’année dernière, 13 000 contenus à caractère raciste ou antisémite ont pu être retirés grâce à des signalements opérés sur la plateforme PHAROS, qui permet à chaque citoyen d’alerter sur les appels à la haine et à la violence.

Il y a ces actions essentielles de signalement, de protection, d’accompagnement des victimes - et jamais vous ne verrez la main du Ministre de l’Intérieur trembler sur ces sujets cruciaux.

Mais, comme nous l’avons fait à Lyon / comme, depuis près de 74 ans, le CRIF a su le faire partout en France / c’est bien en le prenant à la racine qu’il faut combattre le mal, par la promotion de l’éducation et de la culture, en nous faisant les artisans d’une société de paix et de tolérance.

J’ai évoqué, en commençant mon propos, la Shoah.

Le Ministre de l’Éducation Nationale, Jean-Michel Blanquer réfléchit actuellement à de nouvelles mesures pour que, dans nos écoles, dans nos collèges, cette histoire soit mieux enseignée, que l’histoire des religions puisse être prise en compte d'un point de vue laïc, de manière à ce que nul ne puisse se laisser entraîner dans des dérives mortifères.

Mais c’est d’abord la parole des plus hautes autorités qui doit être forte.

De ce point de vue, je crois que le discours du Président de la République à l’occasion du 74e anniversaire de la rafle du Vel d’Hiv a été salutaire, puisqu’il a rappelé clairement, devant le Premier ministre Netanyahu, la responsabilité de la France dans la déportation vers les camps de la mort de 13 000 juifs, dont près d’un tiers d’enfants.

Certains passeraient volontiers sous silence l’apport de votre communauté à l’histoire de la Nation.

Et pourtant quelles femmes et quels hommes la communauté juive a donnés à la France !

Cette année 2018 sera celle de l’entrée au Panthéon de Simone Veil.

Comment ne pas s’incliner devant cette vie, marquée [par les souffrances de la déportation], le combat permanent pour l’émancipation des femmes, pour la construction de l’Europe, une Europe qui soit facteur de paix partout dans le monde ?

Oui, il faut dire et redire combien les Juifs ont contribué à marquer l’Histoire de notre pays.

Il faut dire et redire que si, dans les années 1960, la littérature française s’est trouvée au firmament, c’est parce Roger Ikor, Romain Gary, André Schwart-Bart et Anne Langfus, obtinrent tour à tour le Prix Nobel de littérature, honorant au plus haut point, la France.

Il faut dire et redire que si la France est la Nation des Droits de l’Homme, c’est parce qu’un homme de culture juive, René Cassin, fut un des rédacteurs de la Déclaration Universelle de 1948. Et je me souviens de cette phrase prononcée par Pierre Birnbaum, lors de la panthéonisation de ce grand juriste : « on ne peut rêver, disait-il, meilleur symbole de la vigueur des idéaux républicains : un Juif d’État tourné vers l’universalisme, entrant au Panthéon en même temps que l’abbé Grégoire, figure de proue des Lumières émancipatrices. »

Oui, les Juifs de France sont tous profondément attachés à notre patrie, une partie pour laquelle beaucoup ont consacré leur vie.

Ils le font parce que, comme le disait Marc Bloch, assassiné ici près de Lyon : « la France est une patrie dont je ne saurais déraciner mon cœur ».

***

Mesdames et Messieurs,

Le Grand rabbin Jacob Kaplan, qui participa il y a 74 ans, à la création du CRIF eut un jour cette phrase :

« Nous serons le roc contre lequel viendra se briser l’iniquité ».

Oui, ici à Lyon, où le CRIF fut créé ; ici, à Lyon, où dans les heures les plus sombres de l’Histoire, l’espoir n’a jamais disparu ; ici, à Lyon, où depuis des décennies, les différentes composantes de la société n’ont jamais cessé de faire bloc pour lutter contre l’antisémitisme, contre la racisme, d’où qu’ils viennent, je veux dire avec force que la culture, le respect de l’autre et la paix triompheront toujours.

Je veux dire avec force que la République sera toujours plus forte que la haine.

Chers amis,
Vivent les Juifs de France !
Vive la République !
Et vive la France !

Je vous remercie.