À Marseille, le ministre de l'Intérieur Gérard Collomb a rendu hommage à Laura et Mauranne, deux jeunes filles victimes d'un attentat sur le parvis de la Gare Saint Charles, le 1er octobre 2017.
Seul le prononcé fait foi
Monsieur le Préfet de région,
Monsieur le Préfet de police,
Monsieur le maire de Marseille,
Monsieur le président de région,
Mesdames et messieurs les parlementaires,
Mesdames et messieurs les maires,
Mesdames et messieurs les élus,
Vous les grands-parents, les parents de Laura et de Mauranne, le frère, les sœurs, les amis,
Vous qui êtes intervenus, civils et militaires,
Mesdames et messieurs,
Un an.
Un an qui n’efface rien, ni la douleur, ni la colère, ni l’indignation.
Un an, le temps qui s’écoule alors même que tout est suspendu à ce jour tragique où ici, à Marseille, la barbarie montrait son visage, la haine, son déchaînement. Oui, il y a un an, ici même, à la gare Saint Charles, Laura et Mauranne étaient emportées par la folie meurtrière du terrorisme.
Un terrorisme qui pèse aujourd’hui sur tous nos esprits car il est désormais une menace permanente dans tous les pays, sur tous les continents où comme ici des familles, des amis pleurent la disparition de celles et ceux qui leur étaient chers.
Ce premier octobre restera à jamais gravé dans nos mémoires, il est gravé dans mon cœur. Il n’a jamais, depuis, cessé de guider l’action que je mène.
Ce jour-là, quand j’ai appris les faits, je suis immédiatement venu ici, j’ai rencontré les militaires qui avaient pu venir à bout du terroriste. Ils m’ont tout dit de la tragédie qui venait de se passer. Puis dans les heures qui ont suivi, j’ai tout appris.
Et pour moi, l’horreur s’est rajoutée à l’horreur.
Oui, ce week-end, Laura était venue de Lyon pour rencontrer sa cousine Mauranne qu’elle chérissait. Et c’est quelques dizaines de minutes avant que Laura ne reprenne son train pour Lyon que le terroriste a frappé. Laura, vous l’avez dit, était élève infirmière dans la région lyonnaise, elle avait choisi de dédier sa vie au service des autres.
Elle connaissait l’abnégation, la disponibilité et la force que demande cette belle profession. Elle savait quelle exigence allait être celle de ce futur travail. Mais cela ne lui faisait pas peur.
Elle était généreuse, dévouée, se rendant toujours disponible, apportant à sa famille, à ses amis, mais aussi aux louveteaux et jeannettes qu’elle encadrait comme cheftaine scout une joie, un enthousiasme, un supplément d’âme.
Quelques jours après le drame, dans le ciel de Lyon, un avion a dessiné les lettres de son prénom. Chacun a tourné les yeux vers le ciel. Et si le vent a soufflé, le nom de Laura restera gravé dans les cœurs et dans les mémoires de celles et ceux qui l’ont aimée.
Mauranne avait, elle, 20 ans. C’était l’intelligence même, la vivacité. Elle faisait partie de ces personnes qui donnent sans se mettre en avant. Qui écoutent et apprennent, pour mieux partager.
Dans cet arrière-pays provençal où elle a grandi, Mauranne brillait en effet par sa générosité de cœur comme par sa capacité à apprendre, à comprendre.
Mauranne avait comme sa cousine la passion des autres, la volonté de rendre service. Animatrice du centre aéré d’Éguilles, elle a laissé dans cette ville un souvenir inoubliable à tous les enfants qu’elle a accompagnés, à vous-même Monsieur le maire.
C’est sans doute cette passion des autres qui l’avait conduite à vouloir devenir médecin. Elle était une élève brillante qui avait franchi sans difficulté le stade de cette première année tant redoutée. Elle achevait sa deuxième année, brillamment !
Laura, Mauranne, vos grands-parents, vos parents, votre frère et vos sœurs, ont perdu leur rayon de soleil. Avec vous, la République a perdu, encore une fois, deux de ses enfants.
Mais personne à Marseille, à Lyon, comme à travers toute la France, ne vous oubliera. Votre souvenir a, au cours de cette année orienté bien des choix que j’ai eu à faire.
Il continuera, dans l’avenir, à déterminer les décisions que j’aurai à prendre.
Dans quelques minutes, vos parents, vos amis iront disposer des roses blanches devant cette plaque que nous venons de dévoiler.
Tous ceux que vous aimiez ont choisi, pour accompagner ces roses, les chansons : « Imagine » de John Lennon, et « Tant de belles choses », de Françoise Hardy.
Laura et Mauranne, les paroles de ces chansons disent beaucoup de ce que vous étiez, de ce que sont vos parents, vos amis, de ce que vous souhaitiez : un monde beau, généreux, humain.
Oui vous portiez le rêve immense d’une société réconciliée, d’une société sans qui notre République ne serait plus ce qu’elle est, d’une société sans qui la France perdrait de son âme et de ses valeurs.
Je vous remercie.