Déclaration de Gérard Collomb, ministre d’État, ministre de l’Intérieur, suite à la remise du rapport de l’Inspection Générale de l’Administration (IGA) sur le traitement administratif de la situation de l’auteur de l’attentat de Marseille.
Je voudrais d’abord rappeler combien l’assassinat de Laura et Mauranne à Marseille dimanche 1er octobre nous a tous bouleversés, combien il m’a personnellement profondément touché. Je veux commencer ce soir par dire aux familles combien je pense à elles, à leur douleur. Je veux leur dire aussi que tous les fonctionnaires du ministère de l’intérieur sont pleinement mobilisés pour apporter leur concours à l’enquête judiciaire menée suite à cet acte terroriste.
Nous avons d’abord vis-à-vis de ces familles, mais aussi vis-à-vis des Français, un devoir de vérité. C’est pourquoi dès le lendemain de l’attentat de Marseille, j’ai saisi l’inspection générale de l’administration d’une mission destinée à faire toute la lumière sur l’action des services de l’État, pour savoir si des dysfonctionnements voire des fautes avaient abouti à la remise en liberté de l’individu qui allait commettre ce double crime épouvantable.
L’inspection générale de l’administration m’a remis son rapport aujourd’hui. Il sera rendu public après cette conférence de presse. Je l’ai déjà transmis aux familles.
Ce rapport montre l’enchaînement des faits qui ont conduit à ne pas placer l’intéressé en centre de rétention alors qu’il était en situation irrégulière sur le territoire et alors qu’il venait d’être interpellé pour un vol.
Face à un tel constat, nous devons mettre en place une série de mesures correctrices :
La préfecture du Rhône devra dans les plus brefs délais apporter des mesures correctrices aux manques qui se sont fait jour. C’est pourquoi j’ai décidé de confier cette importante tâche de réorganisation à une équipe préfectorale profondément renouvelée, qui sera nommée en Conseil des ministres dès demain.
J’ai ainsi demandé qu’on s’assure du bon fonctionnement et de la réactivité des systèmes de permanence des services des étrangers des préfectures sur l’ensemble du territoire.
Ces services des étrangers ont subi par le passé d’importantes réductions d’effectifs. Des moyens supplémentaires leur seront donc accordés, dès 2018, avec le recrutement de 150 personnels titulaires.
Par ailleurs, j’ai, dès cet été, donné des instructions pour maximiser l’utilisation des centres de rétention.
Pour s’en assurer, les décisions de placement feront l’objet d’un pilotage territorial renforcé, sous la seule autorité des préfets. Ce nouveau mode de pilotage devra être opérationnel d’ici la fin de l’année. En particulier et comme le demande le rapport de l’inspection générale, le système d’information des centres de rétention, Logicra, sera ouvert aux préfectures, qui pourront ainsi mieux piloter leur politique de placement.
Nos procédures en la matière ne sont pas satisfaisantes. Les tragiques événements de Marseille me confortent dans ma détermination de revisiter nos dispositifs. Outre la question des places en rétention, l’identification biométrique et l’encadrement juridique des éloignements sont des axes prioritaires de ce travail.
Pour conclure, je voudrais souligner ma confiance dans l’action de tous nos préfets, de l’ensemble de nos fonctionnaires, fonctionnaires de la Police aux frontières (PAF), fonctionnaires des préfectures. Je le sais, ils ne comptent ni leur temps ni leur énergie pour que, dans la conduite de cette politique si sensible de lutte contre l’immigration irrégulière, force reste à la loi. Les orientations ainsi définies leur permettront de mieux effectuer leur travail, dans des procédures qui seront mieux maîtrisées.
Lire le rapport de l'Inspection générale de l'administration
Communiqué de presse de Gérard Collomb, ministre d'État, ministre de l'Intérieur, en date du 10 octobre 2017