Vœux de M.Christophe Castaner à la Sécurité civile

Vœux de M.Christophe Castaner à la Sécurité civile
14 janvier 2020

Seul le prononcé fait foi


Monsieur le préfet,
Monsieur le préfet, directeur général de la sécurité civile et de la gestion des crises, cher Alain Thirion,
Mesdames et messieurs les élus,
Monsieur le président du département, président de la conférence nationale des services d’incendie et de secours, cher Olivier Richefou,
Mesdames et messieurs les directeurs,
Mesdames et messieurs les officiers, sous-officiers, caporaux et sapeurs,
Mesdames et messieurs,

2019 sera une année qui restera dans les mémoires pour la sécurité civile.

Il y a eu ces missions, ces missions exceptionnelles face aux flammes, face au drame.

Il y a eu la rue de Trévise, la rue Erlanger.

Il y a eu dans le sud, des incendies de forêts puissants, violents.

Il y a eu ces inondations majeures des derniers mois.

Il y a eu l’incendie de très grande ampleur, dramatique, de l’usine Lubrizol à Rouen.

Il y a eu, bien sûr, l’incendie, gravé dans les mémoires, de Notre-Dame-de-Paris.

Mais il y a eu aussi, comme à chaque instant, comme au moment même où je vous parle, ces interventions, partout en France, pour venir en aide, assister, secourir. Ces interventions parfois dangereuses, périlleuses, où les sapeurs-pompiers et tous les personnels de la sécurité civile répondent présent.

Dans le quotidien comme dans l’extraordinaire, sapeurs-pompiers volontaires, professionnels et militaires, associatifs et personnels de la sécurité civile se tiennent prêts. Ils se tiennent prêts à répondre à l’appel du devoir, prêts à répondre à l’appel des Français.

2019 s’est achevée, et nous en garderons beaucoup de souvenirs.

Et le premier que je garde, bien sûr, c’est celui de celles et ceux qui ont été blessés, celui de ceux qui sont tombés en servant notre pays. Ceux qui se sont sacrifiés pour les autres.

Caporal Bertrand PIMÉ.
Sergent Simon CARTANNAZ.
Caporal Nathanaël JOSSELIN.
Adjudant Jessy ÈVE.
Adjudant Fabien BROUILLET.
Franck CHESNEAU.
Capitaine Guillaume MASSIAS.
Jean GARAT.
Michel ESCALIN.
Adjudant Norbert SAVORNIN.
Sergent-chef Didier FOULON.

Vos noms sont à jamais inscrits dans la mémoire de notre sécurité civile, dans le cœur des Français, dans le marbre de la République.

A chaque sortie, à chaque intervention, c’est votre courage qui nous inspire. C’est votre engagement qui nous pousse.

Il est le reflet de celui des femmes et des hommes de notre sécurité civile. De celles et ceux qui ont décidé de donner un sens à leur vie. De celles et ceux pour qui seuls les autres comptent.

Après ces 12 mois intenses, éprouvants, je veux commencer cette année 2020 en rendant hommage à tous les personnels de notre sécurité civile.

2019 s’est achevée. Mais avec elle, c’est aussi une année de transformations et d’avancées qui prend fin.

Pour le volontariat. Pour les conditions d’engagement. Pour votre protection et la lutte contre les agressions. Plusieurs chantiers ont abouti, d’autres ont été lancés.

Nous avons beaucoup de travail et pour le mener, j’ai nommé cette année, le préfet Alain Thirion à la tête de la direction générale de la sécurité civile et la gestion des crises. Il a toute notre confiance, à Laurent Nuñez et moi. J’attends beaucoup de lui et je compte sur lui comme sur l’ensemble des personnels de la direction générale de la sécurité civile et de la gestion des crises.

Mon premier objectif pour cette année 2020 est d’améliorer vos conditions de travail, notamment en baissant votre pression opérationnelle.

Une intervention toutes les 7 secondes et 80% de vos missions consacrées au secours aux personnes. Ces missions, vous les acceptez et les menez avec détermination. Il n’est pas question de s’en défausser, mais il est question de garantir que toutes celles que vous menez soient justifiées. Il est question d’affirmer que l’engagement de sapeur-pompier a un sens et qu’il n’est pas question qu’il le perde.

Alors, je l’ai déjà dit et je le répète devant vous : un sapeur-pompier, ce n’est pas et ce ne sera jamais un ambulancier avec un camion rouge.

J’ai donc engagé un certain nombre de mesures, pour faciliter votre travail, pour limiter le temps que vous passerez en arrivant aux urgences. Des centres d’appel communs sont créés, j’en ai visité un dans le Tarn-et-Garonne, pour une meilleure répartition des missions entre SAMU et sapeurs-pompiers. Ce type d’initiative doit se généraliser.

Nous avons pris des actions concrètes pour une meilleure répartition des tâches, avec la généralisation des coordonnateurs ambulanciers.

Nous vous donnons plus de latitude, aussi, en permettant aux sapeurs-pompiers de procéder à des gestes de secourisme qu’ils n’étaient pas habilités à faire.

Mieux répartir les activités et vous faire confiance : voilà les engagements que je fais devant vous. Voilà ceux sur lesquels nous travaillons, avec la ministre des Solidarités et de la Santé, pour mieux répartir les rôles et faire baisser la pression opérationnelle. J’y tiens personnellement – et je n’en démordrai pas.

Alors, vous faire confiance, c’est aussi du concret. Un décret autorisant la conduite de véhicules jusqu’à 4,5 tonnes est paru, comme je m’y étais engagé.

Améliorer vos conditions d’engagement, c’est aussi prendre résolument le tournant de la modernité.

Cette année sera celle du Livre Blanc de la sécurité intérieure. Son objectif est ambitieux : faire entrer notre sécurité, et donc notre sécurité civile, dans le XXIe siècle. Nous adapter aux changements climatiques, au vieillissement de la population, aux nouvelles technologies et aux nouvelles méthodes d’intervention.

Nous devons revoir certaines de nos doctrines opérationnelles, aussi. Le travail mené est intense, conséquent. Il concerne des questions clés, notamment la prévention contre les risques de toxicité liés aux fumées d’incendie ou encore l’important chantier lancé sur la lutte contre les feux d’espaces naturels.

Et avec ces doctrines nouvelles, nous devons avoir une formation adaptée. Je souhaite que 2020 permette une réflexion profonde pour un schéma national de formation des sapeurs-pompiers et, plus largement, de la sécurité civile. Il permettra de nous armer face aux défis de demain et de nous assurer que chacun aura tous les moyens pour y répondre.

Je veux également que l’année 2020 soit technologique et que nous continuions à utiliser toutes les innovations qui pourraient servir sapeurs-pompiers et personnels de la sécurité civile.

L’AML est un système de géolocalisation prometteur. Il pourrait changer fondamentalement nos méthodes et améliorer notre service et notre efficacité. Les premières semaines de son expérimentation, dans 4 départements sont extrêmement prometteuses et ce système sera déployé sur l’ensemble du territoire national dans le courant de l’année 2020.

Améliorer vos conditions d’engagement, enfin, c’est s’assurer que vous puissiez accomplir vos missions en toute sécurité.

Les violences contre les sapeurs-pompiers sont odieuses, inacceptables. Attaquer un sapeur-pompier, c’est s’en prendre à soi-même. C’est un acte révoltant, un acte qu’il faut prévenir par tous les moyens.

Je le dis d’autant plus que, comme vous le savez, dans la vaste majorité des cas, les atteintes aux sapeurs-pompiers sont le fait des victimes elles-mêmes. Mais je me rappelle aussi de ces images, indignes, où les sapeurs-pompiers étaient pris à partie et empêché d’intervenir en marge de certaines manifestations cette année.

Il est hors de question que les violences contre les sapeurs-pompiers se banalisent. Alors, j’ai pris ce problème à cœur et j’ai annoncé un plan d’actions pour mieux vous protéger.

Il est désormais plus facile de porter plainte en cas de violences – et celles-ci doivent se généraliser. Il est possible pour les victimes de se domicilier à l’adresse de leur SDIS et de protéger leur anonymat. Les protocoles avec les forces de l’ordre vont continuer à se renforcer et j’ai passé des consignes aux préfets pour qu’une attention toute particulière soit accordée aux cas d’atteintes aux sapeurs-pompiers.

Enfin, et c’est un changement fort : 14 SDIS sont actuellement en train d’expérimenter le port des caméras-piétons. C’est un atout pour la sécurité de tous. C’est un moyen de dissuasion. C’est un moyen de médiation, souvent. C’est un moyen, aussi, de confondre ceux qui vous agressent et de ne laisser aucun acte impuni.

Mesdames et messieurs,

2020 sera une année de réformes, vous le savez.

La réforme des retraites est une des plus importantes d’entre elles. La mise en place d’un système universel était une promesse d’Emmanuel Macron quand il était candidat. C’est un engagement que nous tenons maintenant, car cette réforme va mettre en place un système plus juste et pérenne.

Mais ces derniers mois, avec Laurent Nuñez, nous avons entendu les préoccupations des sapeurs-pompiers. Nous avons reçu les organisations syndicales et nous avons entendu leurs préoccupations.

Dès le début, j’ai pris des engagements devant les sapeurs-pompiers. Le Président de la République, lui aussi l’a fait, et nous avons aujourd’hui l’assurance que la dangerosité des missions que vous exercez pour la protection des Français sera reconnue dans le projet de réforme.

Je veux dire que le dialogue social continue. Que je suis toujours à l’écoute des revendications et des aspirations et que je le resterai.

Car au-delà même de la question des retraites, j’ai bien compris les revendications portées par les organisations syndicales et c’est pour y répondre au plus juste qu’un cycle entier de réunions thématiques s’est organisé. 19 ont eu lieu depuis fin septembre : c’est le signe d’un dialogue social de qualité.

S’agissant de l’indemnité de feu, j’ai mis sur la table une proposition que j’adresse aux employeurs et qui permettra, je l’espère, de faire consensus.

Et fort de cette envie commune, partagée, de trouver des solutions, je veux dire que 2020 sera une année de combat et de succès pour notre modèle de sécurité civile.

Je continue avec mes équipes un dialogue constant avec la Commission européenne concernant la directive temps de travail et j’ai pu évoquer cette question de vive voix avec Nicolas Schmit, commissaire en charge de ce dossier, lors de mon déplacement à Bruxelles en novembre dernier. Je peux vous dire que j’ai bon espoir qu’une solution soit trouvée rapidement.

Nous poursuivons également la réflexion en vue de l'élaboration d'un nouvel instrument européen relatif à l’engagement citoyen pour reconnaître et protéger l’action de tous ceux, sapeurs-pompiers volontaires comme bénévoles associatifs, qui font le choix de se mettre au service de la collectivité.

Pour autant, avant l’aboutissement de ces travaux, je souhaite engager, avec les partenaires concernés, une phase de concertation permettant dès à présent de définir les améliorations susceptibles d’être apportées à notre organisation.

Cette année, nous allons également continuer à mettre en œuvre le plan volontariat. 20 mesures sur 37 sont d’ores et déjà mises en place. Elles ont permis des avancées fortes, notamment pour permettre une plus grande féminisation des effectifs et pour permettre un engagement différencié, sur une mission précise. Ma volonté est claire : nous ne devons-nous passer d’aucune compétence ni d’aucun talent.

Je sais que cette préoccupation est partagée par des parlementaires. Nous travaillons d’ores et déjà en lien avec eux et je sais qu’une proposition de loi en ce sens devrait être déposée dès cette année.

Je veux également souligner que notre modèle de sécurité civile repose sur un partenariat intense entre l’Etat et les collectivités territoriales. Cette coopération nous la faisons vivre et nous devons continuer à l’animer. Elle doit se reposer sur la confiance. Elle doit se reposer sur la capacité à voir à long-terme. C’est pourquoi j’ai demandé la mise en place d’un pacte capacitaire pluriannuel. Il permettra de visibilité sur la durée sur les budgets et les moyens de chaque SDIS. Il s’agira également d’avoir une réflexion plus large sur les risques, à un niveau zonal, pour que nous puissions toujours être en capacité d’agir.

Cher Olivier Richefou, ces pactes capacitaires seront mis en place en partenariat extrêmement étroit avec les collectivités territoriales et les associations d’élus. Ils imposeront d’identifier précisément les menaces et les moyens nécessaires pour y répondre. Ils permettront une réponse adaptée aux risques encourus par chaque Français.

Enfin, se battre pour notre modèle de sécurité civile, c’est aussi le faire connaître et en promouvoir la culture.

Le Président de la République a réaffirmé son ambition de donner à notre sécurité civile un rayonnement européen. Je la partage pleinement et la France va préfigurer la future flotte européenne de sécurité civile en procédant à l’acquisition de deux bombardiers d’eau dès 2020. Nous serons également particulièrement actifs pour la création d’une réelle communauté européenne de la sécurité civile, notamment sur les volets médicaux et NRBC.

Enfin, notre sécurité civile ne sera pleinement assurée que si les Français sont bien formés aux gestes qui sauvent. Nous avons continué cette année à mettre en place les dispositifs pour atteindre l’objectif du Président de la République de sensibiliser ou former 80% de la population aux gestes qui sauvent.

Mesdames et messieurs,

Je connais l’engagement de la sécurité civile, au quotidien pour les Français.

Je sais le travail que vous menez, la passion que vous y mettez.

Des défis nous attendent, ils sont nombreux. Je compte sur vous pour les relever car c’est notre devoir vis-à-vis des Français.

Je veux vous dire que nous serons à la hauteur.

Je veux vous dire que jamais je ne cesserai de me battre pour celles et ceux qui prennent tous les risques pour protéger les Français.

Je vous souhaite une belle année 2020.

Vive la République ! Vive la France !