Seul le prononcé fait foi
Monsieur le secrétaire d’Etat, cher Laurent,
Monsieur le Secrétaire général, Cher Philippe Capon,
Monsieur le Préfet de police,
Mesdames et Messieurs les élus,
Mesdames et Messieurs les directeurs généraux et directeurs centraux de la police nationale,
Messieurs les représentants de la direction générale de la gendarmerie nationale,
Mesdames et Messieurs les responsables des organisations associatives et syndicales,
Mesdames et Messieurs,
Il y a une semaine, l’année 2019 s’est achevée mais je crois que cette année restera pour longtemps dans les mémoires des policiers.
C’était une année d’engagement, plein, entier, éprouvant.
Les manifestations, samedi après samedi, ont nécessité la mobilisation de chacun. Et quand les violences ont émaillé les cortèges, quand la République a été menacée, les policiers ont été là, présents, vigilants, déterminés.
Malgré les violences, malgré les atteintes, la République a tenu, et vous y êtes pour beaucoup.
Cette année, durement, et vous l’avez dit Philippe Capon, le terrorisme a frappé la France. Je pense ici, bien sûr, au drame de la préfecture de police ou encore, il y a quelques jours, à l’attaque de Villejuif.
Je sais aussi que la police a été là, à chaque seconde de l’année, pour accompagner la France dans chaque moment. Vous avez été investis, mobilisés au service de nos concitoyens dans la lutte contre la délinquance, contre les incivilités, contre le crime organisé, l’immigration irrégulière. Je sais que personne n’a manqué à la tâche et que chaque fois qu’on les demande, les policiers n’entendent qu’un seul appel, celui du devoir. Le devoir qui cette année encore, a fait des victimes, tombés ou blessés.
Alors, avec Laurent Nuñez, pour vous, nous avons envie de nous battre. Et je crois que nous pouvons le dire aussi, 2019 a été une année d’avancée pour les policiers.
Dès notre arrivée en fonction, avec Laurent Nuñez, nous n’avons pas pu nous résoudre face à ce que certains appellent un « malaise » dans la police.
Je parle de ce sentiment de manque de reconnaissance. De cette perte de sens dans certaines missions. Des conditions matérielles de travail qui ne sont parfois pas à la hauteur. De cette difficulté, parfois, à gérer de front un engagement intense, éprouvant et une vie familiale avec ses joies et ses peines.
En 2019, 59 policiers se sont ôtés la vie .Dès les premières heures de 2020, le suicide d’un de vos collègues a endeuillé cette rentrée.
Le suicide est une question qui me touche personnellement. Une question sur laquelle je n’accepte pas d’entendre des excuses, des remarques me disant « ça n’avait rien à voir avec le service, c’était personnel ».
Faux. On ne se suicide pas à cause d’un élément déclencheur mais à cause d’un ensemble de facteurs.
Alors, nous avons pris les choses en main. Deux numéros verts ont été mis en place ainsi que des formations pour tous les chefs de services. Une cellule Alerte Prévention Suicide a été créée, aussi, avec pour but de coordonner nos actions anti-suicide et de proposer de nouvelles solutions. Et ces actions sont nombreuses, en particulier pour former vos responsables à détecter et appréhender le risque et le suicide.
Je suis extrêmement vigilant sur l’avancée de notre travail contre le suicide et je vais veiller à ce que nos efforts ne diminuent jamais.
Mais je crois aussi que nous devons trouver, plus encore, les solutions pour que la France soit un pays où être policier retrouve tout son sens. Il nous fallait des actes, des actes forts qui agissent directement sur votre quotidien et c’est ce que nous avons fait.
Les effets du protocole PPCR se font sentir. C’est 466 millions d’euros supplémentaires pour le salaire des gradés et les gardiens entre 2017 et 2022, c’est-à-dire, déjà, à l’heure actuelle de 70 à 200€ supplémentaires par mois, la dernière tranche sera versée à la fin de ce mois de janvier.
Quant au protocole que nous avons conclu dès le 19 décembre 2018, il est très clair : vos salaires augmentent plus encore. Du 1er janvier 2019 au 1er janvier 2020, c’est plus de 100€ supplémentaires par mois dans la poche de chaque gardien et gradé.
Cette augmentation, je n’ai pas tergiversé des semaines avant de vous l’accorder. J’ai entendu vos demandes. Je vous ai fait part de mes volontés de réforme. Nous sommes tombés d’accord et nous avons choisi de nous battre ensemble pour l’avenir de tous.
Car c’est ça le dialogue social comme je l’entends : la confiance et la transparence. Les demandes légitimes qui seront suivies des actes.
Car nous avons le devoir d’avancer dans le même sens et l’UNSA, avec les autres organisations syndicales, s’est engagée le 19 décembre 2018 à travailler sur des grandes transformations.
Un an plus tard, je suis fier de dire que les choses ont avancé.
Le travail sur la question de la fidélisation dans les postes et dans les territoires progressent.
La question des cycles horaires a enfin évolué.
Les cycles horaires étaient devenus un poids pour notre police. Ils fatiguaient les effectifs. Ils épuisaient les familles, qui vous soutiennent et s’engagent avec vous. Ils dissuadaient notre jeunesse de s’engager.
Depuis mi-septembre, une expérimentation est en cours. Elle permet à chaque policier de bénéficier d’un week-end libre sur deux. Il s’agira d’un week-end de trois jours. Et ce n’est pas tout, car les agents bénéficieront également d’un mercredi sur deux.
C’est une expérimentation, mais elle est prometteuse. Elle vous rend du temps libre, du temps en famille. Elle met fin, progressivement, au rythme épuisant et encore trop répandu, d’un week-end libre sur six.
C’est ensemble que nous avons su construire un tel changement qui permette aux policiers de retrouver une vie familiale plus simple et épanouie. Cela nous ne l’aurions pas réussi sans l’engagement et la responsabilité de tous les syndicats et je voulais donc vous en féliciter.
Et ces derniers mois, un autre chantier qui attendait depuis bien trop longtemps a enfin été entamé : celui du paiement des heures supplémentaires qui vous sont dues.
Certains ne me croyaient pas, et pourtant je l’ai toujours dit, d’une manière ou d’une autre, elles seront remboursées. Ainsi, fin 2019, 3,5 millions d’heures ont été payées et le budget 2020 prévoit le règlement de 26,5 millions d’euros pour les heures supplémentaires des effectifs hors CRS et 23 millions d’euros pour les CRS.
2020 commence aujourd’hui et de grands défis nous attendent cette année.
Un nouveau directeur général de la police nationale sera nommé. Je veux saluer Eric Morvan, qui m’a informé, il y a plusieurs semaines déjà, de son souhait de faire valoir ses droits à la retraite. Je veux saluer en lui un grand serviteur de l’Etat, qui a eu à diriger la police dans les circonstances que chacun a en tête.
2020 sera l’année où nous allons bâtir une sécurité moderne, innovante, toujours plus proche des Français.
Le schéma national du maintien de l’ordre permettra de nous adapter plus encore, comme vous l’avez dit Philippe Capon, à des mouvements plus durs, plus violents et qui refusent parfois toute forme d’organisation.
Ces évolutions des méthodes dans le maintien de l’ordre, nous les bâtissons avec les organisations syndicales. Le 4 décembre 2018 et le 21 mars 2019, à deux reprises, nous les avons consultées sur les évolutions nécessaires de notre stratégie.
2020 sera une année structurante, aussi, car elle devra nous permettre, avec le livre blanc de la sécurité intérieure, de faire rentrer pleinement notre sécurité dans le XXIe siècle.
Quatre groupes de travail sont actuellement à l’œuvre. Ils se penchent sur la meilleure organisation de nos structures, sur notre politique RH, sur le nécessaire continuum de sécurité et sur les innovations qui pourraient servir nos forces et notre lutte contre la délinquance.
Vous êtes des acteurs de ce livre blanc. Et je voulais ici saluer la qualité de vos contributions et vous dire que nous veillons, avec Laurent Nuñez, à ce qu’elles soient étudiées et prises en compte dans le travail global qui est mené.
Mais je veux aussi que le livre blanc appartienne à tous les Français. Qu’il soit une occasion pour tous les acteurs locaux, les élus, les citoyens de s’exprimer. Samedi, j’ouvrirai une conférence des citoyens, car nous devons les associer et construire notre sécurité avec eux. Et car notre sécurité se joue sur le terrain, se tiendront dans les semaines qui viennent des assises territoriales de la sécurité intérieure dans chaque département.
Cette année 2020 devra marquer une nouvelle étape pour la police de sécurité du quotidien. Nous devons continuer à bâtir une police sur-mesure, qui connaît le terrain et les acteurs locaux ; qui échange avec eux et va à leur rencontre.
47 quartiers de reconquête républicaine sont également installés et les effectifs supplémentaires sont arrivés. Ils doivent faire leurs preuves et changer concrètement la vie des habitants.
Cette année sera celle d’une lutte renforcée contre les trafics de drogue, avec la mise en place de l’OFAST.
2020 sera une année, aussi, où notre police va continuer à se renforcer.
Le budget 2020 est en nette augmentation pour la police, en hausse de plus de 5% par rapport à 2019. Depuis 2017, c’est une hausse de plus d’un milliard d’euros pour le budget de la sécurité de notre pays.
Nous allons continuer à recruter des effectifs supplémentaires afin d’arriver à l’objectif fixé par le Président de la République de 10 000 policiers et gendarmes en plus d’ici 2022. Nous tenons cet objectif et en 2020, 1398 policiers supplémentaires vont être recrutés.
Nous continuons notre travail, aussi, pour vous donner tous les moyens d’agir. Notre plan immobilier, notamment, va continuer à se déployer, pour que jamais le repère du caïd ne soit en meilleur état que le commissariat.
Mais je n’ignore pas non plus que cette année 2020 commence, aussi, marquée par l’examen de la réforme des retraites.
Avec Laurent Nuñez, nous vous avons entendus. Nous vous avons reçus, plusieurs fois. Nous dialoguons et ce dialogue continuera.
Mais je refuse catégoriquement de rentrer dans ce « classico » du ministère de l’intérieur, qui consiste à comparer dans les moindres détails les situations respectives des deux forces de sécurité intérieure : police et gendarmerie.
La réalité, c’est qu’à force de regarder au microscope, la comparaison perd son sens. Police et gendarmerie ont chacune leurs spécificités. Elles ont chacune des contraintes et des droits. Les uns sont civils, les autres sont militaires avec pour chacun des sujétions particulières.
Mais il y a une chose, une chose fondamentale que policiers et gendarmes ont en commun : ils accomplissent une mission dangereuse au service de la sécurité des Français.
Cette spécificité commune, avec Laurent Nuñez, nous nous sommes battus pour qu’elle soit reconnue. Et cette spécificité, le Gouvernement s’est engagé à la prendre en compte. C’est pourquoi le nouveau système de retraite universel, que les policiers et les gendarmes intègreront comme tous les Français, garantira qu’ils puissent continuer à partir plus tôt à la retraite sans perte de pension.
Je veux dire aussi que, comme c’est déjà le cas actuellement, les fonctions qui ne sont pas spécifiques à la protection des populations feront l’objet d’une politique de substitution par des personnels administratifs, techniques et scientifiques. Et cette politique sera également appliquée aux militaires de la gendarmerie, selon le même calendrier. C’était l’engagement pris par Emmanuel Macron alors candidat à la présidentielle, c’est l’engagement que nous tiendrons.
Je crois qu’il faut mesurer la force et la portée de cet engagement à l’aune de l’ampleur de cette réforme, à l’aune de la transformation profonde et nécessaire du système de retraite de tous les Français.
Puisque je suis avec vous, je voulais dire un mot, à nouveau de ma méthode de travail. Je crois à la concertation. Je crois au dialogue social. Je crois à l’utilité des syndicats et à la nécessité d’entretenir un échange riche, nourri, constant.
Cette conviction, je la tiens de mon histoire politique. Je la tiens de mon passé militant et de mon action actuelle à la tête de ce ministère. Cette conviction, je veux l’incarner par des actes, aussi, et c’est pourquoi j’ai tenu à être présent, cette année encore, à vos côtés.
Construire ensemble, c’est se parler, c’est dialoguer. Vous avez parlé de syndicalisme réformiste. C’est une valeur que je salue, une valeur à laquelle je tiens. Cela veut dire être force de proposition, d’action et de changement ; jamais de blocage ou de postures.
Je reste convaincu que face à chaque débat, s’il y a une volonté commune, il y a une solution commune.
Vous avez dit, Philippe Capon, votre préoccupation face aux lignes directrices de gestion. Je veux vous dire que les choses ne sont pas encore arrêtées, que notre porte, à Laurent Nuñez et moi, est toujours ouverte et que, quoi qu’il arrive, elles permettront de maintenir le cadre d’un dialogue social riche et fructueux au sein du ministère de l’Intérieur. Mais je dois aussi vous dire que le dialogue se fait toujours à deux, comme dans le cas présent.
Mesdames et messieurs,
L’année qui commence sera riche. Riche de chantiers à mener. Riche d’activité dans tous les services.
Je compte sur vous.
Je compte sur vous comme policiers, comme gradés et gardiens, prêts à agir sur le terrain, à défendre et protéger les Français. Je compte sur votre exemplarité, car elle est au cœur de la confiance nécessaire entre forces de l’ordre et citoyens.
Nous devons aux Français transparence et exemplarité, qu’il s’agisse des conséquences dramatiques d’une interpellation, et je pense au décès de M. Cédric Chouviat, mais aussi du comportement de chacun, à commencer par vos chefs. Aussi, je soutiens totalement votre décision, monsieur le directeur général de la police nationale, de démettre de ses fonctions le DDSP des Alpes-Maritimes.
Je compte sur vous comme syndicalistes, aussi. Comme des femmes et des hommes engagés pour leurs collègues, engagés pour que les choses avancent, évoluent. Engagés pour construire le meilleur pour la police de demain.
Cette police, je vous invite à la construire ensemble. Nous avons encore beaucoup à faire.
Je vous remercie !