Conférence de presse au sujet de la question du racisme et de la mise en cause des forces de l'ordre

Conférence de presse au sujet de la question du racisme et de la mise en cause des forces de l'ordre
8 juin 2020

- Seul le prononcé fait foi -

Monsieur le secrétaire d’État,

Monsieur le directeur général de la police nationale,

Mon général, directeur général de la gendarmerie nationale,

Madame et messieurs, directrice et chefs des inspections générales du ministère de l’Intérieur,

Mesdames et messieurs,

Il y a des textes qui changent la face du monde. Des mots, qui résonnent encore.

Je pense à la première phrase de la déclaration des droits de l’homme et du citoyen.

Je pense au rêve de Martin Luther King.

Il y a des images, aussi, des scènes, qui marquent et révoltent au plus profond de nous.

De ces images qui touchent à l’honneur même de notre humanité.

8 minutes 46 secondes. C’est la durée pendant laquelle, George Floyd est resté, à terre, le genou d’un policier contre son cou. C’est la durée de l’agonie de la honte, de la haine. C’est le temps qu’il a fallu pour asphyxier l’honneur.

Depuis, la colère de Minneapolis s’est étendue à tous les continents.

Partout, des rassemblements où l’émotion et la conscience ont pour un temps suspendu la raison sanitaire.

Partout, des femmes et des hommes, souvent jeunes, se sont rassemblés pour pousser un puissant cri contre le racisme, contre la haine, contre les discriminations.

Ce cri, je l’entends. Ce cri, comme tant de Français, il résonne en moi. Le racisme n’a pas sa place dans notre société, pas sa place en République. Il se cache derrière milles oripeaux, prend cent formes et prétextes. Mais c’est en réalité un mal, un mal abject, insupportable. Un mal qui divise, oppose et bientôt blesse et tue.

Dans ces manifestations, il y a parfois eu des dégradations, des violences, fruit de l’action d’une minorité : je les regrette, je les condamne fermement.

Dans ces manifestations, en France, comme partout où elles se sont tenues, j’ai entendu, lu, souvent, des critiques de nos forces de l’ordre.

J’ai entendu des accusations. J’ai entendu des mises en cause. J’ai vu une défiance, une hostilité, peut-être même plus.

Aujourd’hui, je ne souhaite pas alimenter le cercle vicieux de l’outrance, qui fait qu’à chaque réponse on se comprend moins, qui fait qu’à chaque échange, on s’oppose un peu plus. Tout contraste est effacé. Toute nuance engloutie.

Dans ces instants, n’oublions jamais ce que nous sommes : le peuple Français, uni dans la République, rassemblé autour de valeurs communes : la liberté, l’égalité, la fraternité.

Le peuple français, protégé par les forces de l’ordre, qui assurent au quotidien sa sérénité, sa sécurité.

Car au moment où tous les raccourcis sont possibles, au moment où tous les anathèmes sont jetés : j’aimerais que chacun se rappelle que la France, ce n’est pas les Etats-Unis. Se rappellent que policiers et gendarmes interviennent pour chacun de nos appels. Qu’ils sont là, sans cesse, présents, face au terrorisme, face au crime, face aux trafics, face aux violences, face au racisme, aussi.

Alors oui, avec Laurent Nuñez, nous ne cesserons de défendre l’honneur des forces de l’ordre. Nous ne cesserons de les défendre face aux coups et aux insultes. Face aux amalgames et aux slogans orduriers.

Non, je n’accepterai jamais les accusations permanentes d’une partie, bien minoritaire, mais hurlante de la population.

Non, crier « suicidez-vous » ou « tout le monde déteste la police », ce ne sont pas des appels au calme, au respect, à la concorde nationale.

Policiers et gendarmes sont les gardiens de notre République. Ils sont les garants de notre sérénité, de notre sécurité au quotidien.

Il n’y a pas d’Institution raciste ou de violences ciblées.

Il n’y a qu’une police républicaine au reflet de la société.

Car, oui, notre police et notre gendarmerie sont à l’image de la France, ni plus ni moins.

Plus que dans de nombreuses administrations, on trouve en son sein toutes les origines, tous les parcours, toutes les opinions, toutes les fois.

On y trouve aussi, hélas, certains des maux qui nous rongent : le racisme, l’antisémitisme, l’homophobie.
Ces maux-là ne sont pas une opinion, ils sont des délits.
Cela vaut pour tous, mais parce qu’ils sont les gardiens de notre République, j’ai pour nos forces de l’ordre une exigence particulière et une intransigeance plus haute encore.

Alors, je le dis, je le dis avec fermeté, encore une fois : le racisme n’a pas sa place dans notre société, et encore moins dans notre police républicaine.

Il ne suffit pas de le condamner. Il faut le traquer et le combattre de toutes nos forces.

Il ne suffit pas d’exiger l’exemplarité. Il faut s’en donner les moyens, plus encore.

Il y a quelques mois, le Président de la République m’a demandé d’engager des réflexions et des changements concernant la déontologie et le devoir d’exemplarité.

Comportement, interpellations, méthodes : tous les domaines ont pu être examinés et nous sommes en mesure de prendre des décisions fortes, dans la lignée de ce que nous mettons en place depuis le début du mandat.

Des décisions fortes, car je ne laisserai pas les agissements odieux de certains jeter l’opprobre sur toute une Institution.

Porter l’uniforme de policier ou de gendarme, c’est un honneur et chacun doit s’en montrer digne.

Ces dernières semaines, trop ont failli dans leur devoir républicain. Des propos racistes ont été proférés, des discriminations révélées.

C’est inacceptable. Alors, nous avons agi en conséquence, systématiquement, sans tarder.

A Rouen, 5 policiers rivalisaient de remarques racistes sur un de leur collègue. Dès que nous avons eu connaissance des faits, en janvier, une procédure disciplinaire a été engagée et une enquête pénale lancée. Les choses avancent et les auteurs seront bientôt entendus en conseil de discipline.

A l’Île Saint-Denis, les policiers qui avaient tenus des propos odieux ont été suspendus, immédiatement.

Enfin, vendredi, j’ai décidé de signaler au Procureur de la République les propos racistes et sexistes infects tenus sur un groupe Facebook au sein duquel il y aurait des policiers et des gendarmes.

Cela continuera. Je veux une tolérance zéro contre le racisme dans notre République. Je veux que chacun sache que quand on porte l’uniforme bleu de la loi, on ne se situe jamais au-dessus d’elles. On se doit, au contraire, plus encore, d’être exemplaire. Alors, je veux une tolérance zéro contre le racisme chez les forces de l’ordre.

Nous avons beaucoup agi en ce sens ces derniers temps. Nous nous sommes engagés dès le début du mandat et avons permis que chaque policier et gendarme, sans exception, reçoive une formation à la lutte contre le racisme, l’antisémitisme et les discriminations au cours lors de ses années d’écoles.

Nous avons renforcé notre arsenal pénal contre la haine, notamment contre les propos tenus sur internet.

Nous avons renforcé notre réponse à toutes les atteintes racistes et antisémites : en expérimentant des réseaux d’enquêteurs spécialisés et en désignant des référents dans chaque brigade et commissariat.

Est-ce assez ? Ma réponse est claire : jamais !

Nous n’en ferons jamais assez contre la haine.

C’est pourquoi j’ai adressé vendredi aux directeurs généraux de la police nationale, de la gendarmerie nationale, de la sécurité intérieure et au préfet de police une instruction qui ne souffre d’aucune ambiguïté.

Aucun accroc à la déontologie ne peut être toléré.

Aucun raciste ne peut porter dignement l’uniforme de policier ou de gendarme.

Aussi, j’ai demandé  à ce qu’une suspension soit systématiquement envisagée pour chaque soupçon avéré d’actes ou de propos racistes. Je veux également que les procédures disciplinaires soient toujours engagées en parallèle des procédures pénales.

Je sais aussi, dans l’action de nos forces de l’ordre, combien les contrôles d’identité menés par nos forces de l’ordre sont parfois perçus comme ciblés.

Un contrôle, c’est la vérification d’une identité afin de prévenir une atteinte à l’ordre public ou dans le cadre d’une recherche ou de la poursuite d’une infraction. Ce n’est pas une note de gueule, une sanction pour un regard ou une opération menée en fonction de la couleur de peau.

J’ai donc décidé d’adresser une instruction à tous les services de police et de gendarmerie afin de rappeler le cadre des contrôles d’identité et de veiller à ce qu’ils ne soient jamais le paravent des discriminations. J’y rappelle que chaque policier et gendarme doit porter, visible, son RIO et je demande également que l’usage des caméras piéton soit renforcé lors des contrôles d’identité.

S’il y a encore des services où le nombre de contrôle d’identité reste un critère d’évaluation d’activité, je demande qu’il y soit mis un terme immédiat.

Je crois enfin que nous devons former, mieux, toujours mieux.

Nous allons accentuer et améliorer notre formation initiale et continue. Nous travaillerons en partenariat avec la Délégation Interministérielle à la Lutte Contre le Racisme, l’Antisémitisme et la Haine anti-LGBT et avec les associations, en particulier la LICRA.

Beaucoup de choses sont déjà faites et de nombreuses associations interviennent d’ores et déjà devant nos forces de l’ordre. Je pense aux formations au mémorial de la Shoah ou à Drancy, pour rappeler à chacun ce que signifie réellement la haine.

Nous misons sur la formation continue. Nous croyons en elle. Elle est celle qui permet de maintenir la vigilance tout au long de la carrière, d’accompagner les nouveaux entrants et de sensibiliser parmi les cadres intermédiaires et dans la hiérarchie celles et ceux qui ont rejoint les rangs de la police et de la gendarmerie à une époque où ce sujet était tu.

C’est la raison même pour laquelle nous avons choisi de miser sur la formation continue des forces de l’ordre.

Nous allons développer de nouvelles idées et de nouveaux formats. Dès jeudi, je m’entretiendrai avec le président de la LICRA et nous étudierons le cadre d’un partenariat de formations renouvelé et fortifié.

Je veux aussi que nous disposions de signaux d’alerte et je rappelle à chaque policier, chaque gendarme, et aux hiérarchies leurs rôles pour signaler tout comportement raciste ou discriminant. Pour y parvenir, j’ai donc décidé que l’évaluation de la formation continue des policiers et gendarmes intègrerait désormais la sensibilité aux non-discriminations.

Enfin, je ne crois pas que nous ne pourrons réussir à nous attaquer à de telles questions sans construire avec les forces de l’ordre. Je souhaite réfléchir avec elles et c’est pourquoi je recevrai avec Laurent Nuñez très prochainement les organisations syndicales de la police nationale et les instances de concertation de la gendarmerie.

*

Mesdames et messieurs,

Ces travaux que j’ai engagés de longue date, je les assume. Ils s’incarnent aujourd’hui par des actes. Des actes forts, nécessaires  car ils sont au fondement de la confiance entre forces de l’ordre et population.

La confiance.

Voilà justement ce qui devrait être le maître mot du lien entre chaque agent des forces de l’ordre et chaque citoyen.

Voilà le seul sentiment que devrait inspirer l’uniforme de nos policiers et de nos gendarmes.

Bien sûr, je sais qu’une grande part de nos concitoyens savent pouvoir compter sur les forces de l’ordre et admirent leur engagement à toute épreuve.

Récemment, les chercheurs de l’université Savoie-Mont Blanc ont interrogé plus de 48 000 personnes de tous âges et de tous horizons ayant été en rapport avec la Police ou la Gendarmerie. 12 800 personnes ont répondu. Et les chercheurs avaient décidé,  tout particulièrement, d’interroger les habitants des quartiers de reconquête républicaine : ils représentent 2% de la population française mais 10% des sondés.

Au total, les résultats sont clairs : 85% des personnes interrogées ont une image positive des forces de l’ordre. Et 80% estiment que policiers et gendarmes ont un comportement professionnel lors de leurs interventions.

Ces résultats, je pourrais m’en vanter. Je pourrais utiliser la reconnaissance et l’estime de la grande majorité pour éclipser le malaise d’une part de nos concitoyens.

Il n’en est pas question. Je ne serai satisfait que lorsque 100% des Français répondront favorablement à ces questions.

Je ne serai satisfait que lorsque nous pourrons cesser de nous demander comment nous sommes passés des « Vive la police » scandés lors des manifestations suivant les attentats de Charlie Hebdo aux slogans et aux heurts de ces derniers jours.

Une part de la réponse à cette question réside dans ce lien que nous devons nouer, voire renouer, entre forces de l’ordre et habitants dans certains territoires de notre République.

Bâtir une police de la confiance, qui inspire le respect et non la peur : voilà l’objectif que le Président de la République et le Premier ministre m’ont donné. Voilà l’objectif que nous poursuivons depuis le début du mandat.

C’est le sens de la police de sécurité du quotidien, mise en place depuis 2017, qui replace policiers et gendarmes sur le terrain, aux contacts des populations, à leur écoute, aussi.

C’est le but de la vaste réflexion engagée depuis l’été dernier autour du schéma national du maintien de l’ordre.

C’est l’objectif de la conférence des citoyens, panel représentatif de la société française, que j’ai réunie à Beauvau deux fois, deux week-ends de janvier, pour réfléchir spécifiquement aux rapports entre police et population. Il s’agissait d’un exercice inédit de consultation, de concertation. Un exercice précieux, car chacun avait pu faire part, librement, de son histoire et de son expérience avec les forces de l’ordre.

Mais dans l’histoire de ce lien entre police et population, il y a des événements. Il y a des souvenirs, encore vifs. Il y a des noms.

Des noms qui sont synonymes de soupçon, de doute et parfois de colère.

Récemment, l’un d’entre eux, Gabriel, a marqué de nombreux Français. Je suis moi-même troublé par les témoignages que j’entends. La lumière sera faite et les déclarations des policiers sont en ce moment confrontées aux expertises médicales.

Je ne suis pas homme à m’exprimer sur des affaires en cours. La justice est saisie. Les enquêtes continuent. Et c’est à la justice, et à elle seule, d’établir les faits et les responsabilités.

Car je crois en la justice des tribunaux, en la justice des lois. Pas en celle de twitter ou des commentaires instantanés.

Mais cela ne veut pas dire que nous devrions être sourds aux questions soulevées par la colère.

Bien sûr, policiers et gendarmes doivent parfois recourir à la force.
Je veux être clair car je refuse l’amalgame :
Faire cesser des dégradations et des jets de projectiles, ce n’est pas une violence.
Poursuivre ou interpeller l’auteur d’un crime ou d’un délit, ce n’est pas une violence.
S’interposer dans une bagarre ou répondre à tirs, ce n’est pas une violence.

C’est la mission des policiers et des gendarmes : celle de protéger les Français et parfois, cela ne peut se faire avec la simple force des mots.

Mais ce qui différencie le recours légitime à la force de la violence hors de tout cadre : c’est le respect de règles claires, c’est l’exemplarité, c’est la déontologie.

Après le décès de Cédric Chouviat lors de son interpellation, j’avais rencontré sa famille et je leur avais annoncé la création d’une mission conjointe entre police et gendarmerie pour passer en revue nos méthodes d’interpellation et leurs risques, pour qu’un tel drame ne puisse plus survenir.

La police française, ce n’est pas la police américaine. Mais des questions légitimes se posaient. Après plusieurs mois de travail, la mission a pu me rendre ses conclusions et j’ai décidé de prendre des mesures, car personne ne doit risquer sa vie lors d’une interpellation.

La méthode de la prise par le cou, dite de l’étranglement sera abandonnée et ne sera plus enseignée dans les écoles de police et de gendarmerie. C’était une méthode qui comportait des dangers.

Par ailleurs, si un policier ou un gendarme doit maintenir quelqu’un au sol lors de son interpellation, il sera désormais interdit de s’appuyer sur sa nuque ou son cou.

A l’issue de cette mission, j’ai également demandé à ce que police et gendarmerie unifient leurs enseignements et leurs méthodes d’interpellation. Il existait encore quelques différences, elles n’ont plus lieu d’être.

Enfin, j’ai souhaité qu’un effort particulier soit mené concernant la formation continue des policiers et des gendarmes sur le terrain. Les gestes techniques ne doivent pas s’oublier. Policiers et gendarmes devront désormais obligatoirement suivre une formation annuelle, sans quoi ils ne pourront plus intervenir sur la voie publique.

Ce sont des engagements forts. Ils minimisent les risques, considérablement, tout en permettant aux policiers et gendarmes d’accomplir leurs missions.

*

Mesdames et messieurs,

Je n’oublie pas que nous ne pouvons pas bâtir une police de la confiance s’il existe un sentiment d’impunité ou d’injustice.

Je veux d’abord mettre un terme à cette idée reçue et souvent véhiculée, que les forces de l’ordre ne seraient jamais sanctionnées pour certains de leurs agissements et que l’IGPN agirait comme une grande blanchisseuse.

Non, ce n’est pas vrai.

Je n’ai de cesse de rappeler aux policiers et aux gendarmes leur devoir d’exemplarité. Et les choses sont claires : chaque soupçon doit mener à une enquête et chaque faute doit mener à une sanction.

Les rapports de l’IGPN et de l’IGGN ont été publiés aujourd’hui même. Ils mettent en avant le travail des enquêteurs et leur réactivité. Ils soulignent l’importance des formations dispensées par les inspections.

Ils rappellent également quelques chiffres qui coupent court aux accusations. Rien qu’en 2019, la police a prononcé 1678 sanctions à l’égard des policiers. Concernant les gendarmes, ce sont plus de 2000 sanctions qui ont été prononcées l’année dernière.

Non, il n’y a pas d’impunité. Mais ce n’est pas pour autant que tout est parfait.

J’ai décidé de demander au déontologue du ministère de l’Intérieur, Christian Vigouroux, conseiller d’Etat, ancien directeur de cabinet de la Garde des Sceaux, Christiane Taubira, de présider une mission sur les actes et propos racistes et discriminants au sein de la police. Elle fera le point sur les cas recensés ces trois dernières années, sur leur traitement et la transparence vis-à-vis du public. La mission pourra suivre le déroulement de chaque enquête sur des faits de racismes et de discriminations et faire des propositions sur nos méthodes.

Il n’est pas question que cette enquête se résume à une conversation interne au sein du ministère de l’Intérieur. Je souhaite donc qu’elle soit ouverte à des personnalités de la société civile.

En parallèle, j’ai décidé de lancer une réforme en profondeur des inspections du ministère de l’Intérieur.

Il y a aujourd’hui plusieurs inspections au ministère de l’Intérieur. L’IGPN et l’IGGN sont les plus connues et au-dessus d’elles se trouve l’Inspection générale  de l’administration.

La réforme des inspections devra permettre plus de cohérence, plus de collégialité entre ses inspections et surtout plus d’indépendance dans leur action vis-à-vis des services.

Je souhaite plus d’indépendance, encore. Cette réforme permettra à l’inspection générale de l’administration de piloter les enquêtes administratives les plus difficiles et les plus complexes concernant les forces de police et de gendarmerie.

Je veux dire, aussi, que je crois que la confiance se construit dans les deux sens. Nous ne pouvons ignorer les insultes et les coups dont sont victimes, aussi, policiers et gendarmes. Nous devons les aider, les accompagner. J’ai ainsi demandé au directeur général de la police nationale de rencontrer les organisations syndicales pour leur faire des propositions s’agissant de leur protection juridique.

Enfin, et c’est le dernier point que je voulais évoquer devant vous, pour bâtir la police de la confiance, nous avons besoin de chacun de nos concitoyens.

Dans quelques semaines, je serai en mesure, avec Laurent Nuñez, de faire état des grandes évolutions à venir de notre sécurité. Le livre blanc de la sécurité intérieure et le schéma national du maintien de l’ordre sont deux moments structurants pour la sécurité de demain.

Nous ne ferons pas la police du XXIe siècle, la police de la confiance, sans les citoyens. Je l’évoquais un peu plus tôt, j’avais réuni en janvier un panel de Français, représentatif de notre population et avec pour seuls bagages leur histoire personnelle avec la police.

Ils nous avaient fait part de leurs réflexions et de leurs idées pour améliorer les rapports entre forces de l’ordre et population.

J’ai décidé de retourner devant eux, début juillet, pour leur présenter non seulement les orientations du livre blanc de la sécurité intérieure mais aussi le schéma national du maintien de l’ordre.

C’est un signal fort : les Français sont co-auteurs de notre stratégie. Nous construisons avec eux, quel que soit le domaine.

*

Mesdames et messieurs,

Chaque jour en France, policiers et gendarmes luttent contre le racisme, l’antisémitisme, l’homophobie, contre tous les visages de la haine.

Chaque jour, ce sont eux qui mènent l’enquête, démantèlent les trafics, interviennent contre les violences sexuelles et sexistes.

Chaque jour, ce sont eux qui permettent à mille événement de se tenir sans heurts et à la liberté d’expression de s’exprimer dans les cortèges.

Chaque jour, ce sont eux qui traquent les réseaux terroristes, recueillent les renseignements et nous protègent face aux attentats.

Ces réalités, ne les oublions pas. Ne les perdons jamais de vue.

Si je suis intervenu aujourd’hui, devant vous, c’est aussi pour les femmes et les hommes de la police et de la gendarmerie. Pour que leur engagement ne soit plus jamais minimisé, masqué, oublié à cause des agissements de quelques brebis galeuses.

Cela ne doit plus arriver.

J’ai confiance. Confiance dans la police, confiance dans la gendarmerie.

Je suis fier, aussi, d’être à la tête de ce ministère. Fier des femmes et des hommes qui le font vivre. Fier, et j’attends d’eux le meilleur, l’exemplarité, l’éthique.
Mon rôle est de porter cette exigence haut et fort, pour les défendre, pour défendre la police, pour défendre la gendarmerie.

C’est pour eux que j’engage ces chantiers en profondeur, que je demande la suspension systématique des auteurs de propos racistes, que je rappelle le cadre des contrôles d’identité, que je renforce les formations, que j’interdis certains gestes dangereux et que je lance une réforme en profondeur des inspections.

Depuis 30 ans, j’entends revenir ces accusations de racisme, d’homophobie, de sexisme, de discrimination au sein de la police et de la gendarmerie.

Chaque manquement à l’éthique, c’est une blessure dans la confiance entre nos forces de l’ordre et les Français.

Chaque remarque raciste, chaque discrimination, c’est une plaie dans notre pacte républicain.

Alors, ce combat, je n’ai pas l’intention de l’occulter. Je n’ai pas l’intention de le mettre sous le tapis et d’ignorer les déviances infectes de ceux qui salissent le travail de toute une Institution. Ce combat, je m’y engage de front. Je m’y engage parce que la lutte contre les discriminations est le cœur de mon engagement politique. Je m’y engage parce que ce n’est que par l’exemplarité et la transparence que nous parviendrons à reconquérir, partout, le lien entre la police et les Français.

Je demande à chaque policier, à chaque gendarme, de m’aider à combattre le racisme, l’homophobie, le sexisme, en un mot la haine, où qu’elle soit et d’où qu’elle vienne.

Je sais pouvoir compter sur leur engagement sans faille. Je sais qu’ils peuvent compter sur le soutien des Français.

Je vous remercie.