Discours de M. Bruno LE ROUX, Ministre de l’Intérieur aux agents de la préfecture et de la sous-préfecture de La Réunion, à Saint-Denis, le 3 mars 2017
- Seul le prononcé fait foi -
Monsieur le Préfet,
Mesdames et Messieurs les parlementaires,
Monsieur le Maire,
Mesdames et Messieurs les élus,
Mesdames et Messieurs les chefs de services et les agents de l’État,
Mesdames et Messieurs,
C’est avec un grand plaisir que je me trouve aujourd’hui parmi vous, à Saint-Denis, à la préfecture de La Réunion.
Si j’ai tenu à commencer mon voyage ici et avec vous, c’est pour une raison simple : en tant que ministre de l’Intérieur, je suis, bien sûr, le ministre de la Sécurité – c’est là une dimension centrale de mon action –, mais je suis aussi et tout autant le ministre de l’administration territoriale de l’État.
Au cours de ces trois derniers mois, j’ai ainsi eu le plaisir de rencontrer à deux reprises, Place Beauvau, l’ensemble des préfets de France. J’ai eu le plaisir, aussi, de me rendre plusieurs fois en préfecture et en sous-préfecture, pour aller, comme je le fais aujourd’hui, à la rencontre des femmes et des hommes qui font vivre, chaque jour et au plus près de nos concitoyens, le grand réseau national de l’administration territoriale de l’État. C’est là la colonne vertébrale de la République dans nos territoires.
En tant qu’ancien élu local et parlementaire, je connais l’importance du rôle joué par les préfectures et les sous-préfectures, notamment dans l’animation et la coordination des politiques publiques, mais aussi dans le soutien aux élus, ce qu’on appelle l’« ingénierie territoriale ». De même, je sais l’importance des services que vous délivrez à nos concitoyens, des services enracinés dans leur quotidien et qui, par là même, leur sont indispensables.
Dans nos territoires, et notamment ici à La Réunion, vous êtes la voix, vous êtes le visage de la République. Par votre action, Mesdames et Messieurs, vous êtes les garants de l’unité et de l’indivisibilité de la République, les gardiens de la continuité de l’État sur tout le territoire national, en métropole comme outre-mer. C’est le cas par temps calme, si j’ose dire, comme en période de crise, aux jours de tempête, si vous me permettez cette métaphore météorologique.
Je suis donc, Mesdames et Messieurs, le ministre des agents de préfectures et de sous-préfectures, je suis VOTRE ministre, et c’est la raison pour laquelle vous pouvez compter sur mon total soutien dans l’exercice de vos missions.
C’est le premier message que je souhaitais vous faire passer.
Si je suis venu à votre rencontre, c’est aussi parce qu’il y a aujourd’hui des réformes importantes, structurelles, de notre administration territoriale, qui vous concernent donc au premier chef. Elles entraînent des changements dans votre quotidien professionnel, dans vos habitudes de travail. Elles entraînent aussi des changements dans le quotidien des usagers.
Je suis donc là parce que c’est mon rôle que d’expliquer ces réformes, et d’abord à celles et ceux qui sont chargés de les mettre en œuvre sur le terrain.
La préfecture et les sous-préfectures de La Réunion peuvent bien se trouver dans un autre hémisphère que Paris et la Place Beauvau, en être séparées et par un continent et par un océan, elles n’en sont pas moins pleinement intégrées à la dynamique de modernisation de notre réseau préfectoral.
Car la République, c’est l’égalité.
Les territoires d’outre-mer ne sont pas des territoires à part dans la République, mais bien des territoires de la République à part entière. Je suis même tout particulièrement attentif à la façon dont nos réformes y sont conduites, en veillant, bien sûr, à ce que les spécificités qui vous sont propres soient bien prises en compte.
*
Je pense ainsi à la mise en œuvre du « Plan Préfectures Nouvelle Génération » (PPNG).
A l’automne dernier, Bernard CAZENEUVE s’était rendu en Martinique, en Guadeloupe et en Guyane pour y expliquer le déploiement de PPNG dans les territoires ultra-marins outre-mer et y confirmer l’implantation de 8 Centres d’expertise et de ressources titres (CERT), c’est-à-dire 8 plateformes de délivrance des titres.
Il était en effet indispensable que cette réforme structurelle du quinquennat s’applique dans les outre-mer comme dans le reste du pays.
D’abord parce qu’elle représente un progrès pour les préfectures et les sous-préfectures, qui vont désormais pouvoir se concentrer sur leurs missions essentielles : la gestion de crise, la lutte contre le fraude, le conseil juridique et le contrôle de légalité, ainsi que la coordination territoriale des politiques publiques.
Ensuite parce que cette réforme représente aussi un progrès pour les usagers, pour l’ensemble de nos concitoyens. Je pense notamment aux possibilités offertes par le numérique et la dématérialisation pour simplifier la vie quotidienne et les démarches administratives des Français, où qu’ils vivent sur le territoire national.
Par conséquent, le « Plan Préfectures Nouvelle Génération » va contribuer à renforcer la présence de l’État, à le rapprocher de nos territoires, à le rapprocher de nos concitoyens.
Le PPNG, Mesdames et Messieurs, c’est l’État de proximité.
Un service public de qualité et un accompagnement au plus près des Français : ce sont là deux objectifs essentiels de notre réforme.
Le gain d’emplois permettra ainsi de renforcer l’assistance de proximité. Je pense également au réseau des points numériques et des espaces d’accueil numériques qui sont en cours de déploiement dans les préfectures, les sous-préfectures, les maisons de l’État et les maisons de services au public.
A cet égard, je me félicite de l’installation imminente de points numériques sur l’ensemble des sites préfectoraux de La Réunion. Je crois savoir que celui de Saint-Denis, qui sera doublé dans les jours qui viennent, fonctionne depuis le mois de novembre : c’est bien la preuve que les bonnes idées n’attendent pas l’impulsion de Paris pour voir le jour, et c’est très bien comme cela !
Évidemment, pour concevoir le volet outre-mer du PPNG, nous avons, comme je l’ai dit, tenu compte du statut des territoires, du volume des titres traités, de l’éloignement géographique par rapport à la métropole, du caractère d’insularité, voire, dans certains cas, de double insularité. Nous avons également pris en compte les aspects linguistiques et culturels, ainsi que les obstacles physiques à la mobilité. Pour rendre ces adaptations possibles, au plus près des réalités de vos territoires, le Secrétaire général du ministère a pu compter sur le Directeur général des outre-mer et ses équipes. Je veux aujourd’hui leur rendre hommage pour l’excellence du travail réalisé.
Dans cette perspective, la situation exceptionnelle de La Réunion représentait un défi. Avec deux Centres d’expertise et de ressources titres, l’île bénéficie en effet d’un statut unique en France.
Dès la fin du mois, le 29 mars très précisément, un premier CERT va ouvrir ses portes à Saint-Denis, chargé du traitement des cartes nationales d’identité et des passeports. Grâce à ses 29 agents, il sera compétent à la fois pour La Réunion et pour Mayotte.
Je veux d’ailleurs souligner que le déploiement des nouvelles modalités de délivrance des cartes nationales d’identité à La Réunion suit le même calendrier qu’en métropole, dès lors que l'entrée en vigueur de la réforme a lieu entre le 21 février et le 30 mars pour tous les territoires – métropolitains comme ultramarins –, précédés bien sûr des deux sites pilotes.
Puis, cet automne, dans le même calendrier là encore pour toute la France, La Réunion accueillera un second CERT, composé de 16 agents et compétent en matière de système d’immatriculation des véhicules et de permis de conduire. Contrairement au premier, celui-ci ne traitera que les dossiers réunionnais, puisque Mayotte sera elle aussi équipée d’un CERT spécifiquement dédié à ces titres-là.
La localisation à Saint-Pierre du second CERT de La Réunion facilitera sans nul doute les affectations, ce qui est une très bonne nouvelle.
Je l’ai dit et je le répète, cette réforme est une chance pour les agents des préfectures et des sous-préfectures. Sa mise en œuvre doit ainsi garantir que chacun y trouve sa place, et ce dans les meilleures conditions personnelles et professionnelles.
C’est une chance d’un point de vue collectif, parce que la réforme assure, Mesdames et Messieurs, un avenir dans lequel vous pouvez avoir pleinement confiance. Elle lève les incertitudes et met un terme aux spéculations concernant le futur de notre réseau. Elle redonne du sens et fixe un cap clair, tout en rétablissant aux services leur pleine capacité d’action.
Par ailleurs, sur le plan de l’épanouissement individuel, c’est la perspective d’évolutions de carrière prometteuses. Nous faisons ce qui doit être fait, nous déployons beaucoup d’énergie, beaucoup d’efforts, pour mieux accompagner les personnels, aussi bien pour offrir de réelles possibilités de promotion que pour sécuriser les parcours de chacun.
Le PPNG, ce sont enfin de meilleures conditions de travail, avec des équipes renforcées là où cela est nécessaire, et avec des moyens mieux adaptés et plus performants. Je sais bien qu’il y a de l’impatience qui peut se manifester, ici ou là. C’est tout à fait normal, et d ‘ailleurs cette impatience est un signe très positif, parce qu’elle témoigne d’une attente forte et d’une véritable adhésion à la dynamique de progrès que nous avons initiée. Elle témoigne d’un véritable désir de changement qui est en train de trouver sa réponse et sa traduction concrète, au bénéfice de chacun d’entre vous.
*
Mesdames et Messieurs, je veux à nouveau vous remercier très chaleureusement pour votre accueil et pour l’engagement dont vous faites preuve au quotidien.
C’est un privilège, pour moi, de pouvoir compter sur de grands professionnels tels que vous, qui plus est lorsque le réseau préfectoral se trouve à un tournant de son histoire. J’ai parlé du « Plan Préfectures Nouvelle Génération », qui renforce l’échelon départemental, en lien avec la création des nouvelles régions, mais il y a aussi la réforme de l’échelon infra-départemental de l’État, qui vient compléter le PPNG. C’est ainsi que nous agissons à la fois sur le périmètre et sur le contenu des missions, en renforçant les régions, tout en préservant l’exigence de proximité. C’est donc là une réforme très importante de notre architecture territoriale. Nous sommes en train de redessiner le visage de l’État dans les territoires.
Et cela prend évidemment un sens tout particulier dans les outre-mer. Je n’y insisterai d’ailleurs jamais assez : la France jouit d’un privilège singulier dont nous devons tous être fiers : elle est un pays sur lequel le soleil ne se couche jamais.
Grâce à nos territoires ultra-marins, nous sommes en effet présents sur presque tous les continents. Grâce à eux, nous disposons du deuxième domaine maritime au monde. Ils sont une composante importante de la richesse et de la diversité culturelles de la France. C’est la raison pour laquelle nous devons veiller à préserver ce legs précieux de notre histoire. Pour notre pays, c’est là un formidable atout qu’il nous faut valoriser. C’est ce que nous faisons, notamment avec la mise en œuvre du PPNG, car renforcer la présence et l’efficacité de l’État, à La Réunion comme partout ailleurs, c’est bien là la grande et belle ambition qui nous anime tous, au service de la France et des Français.
Je vous remercie.