Présentation du dispositif de sécurité pour l'Euro 2016

Présentation du dispositif de sécurité pour l'Euro 2016
25 mai 2016

Discours de Bernard Cazeneuve, ministre de l'Intérieur, en présence de Patrick Kanner, ministre de la Ville, de la Jeunesse et des Sports et Thierry Braillard, secrétaire d'Etat chargé des Sports, le mercredi 25 mai 2016


Seul le prononcé fait foi

Monsieur le Ministre de la Ville, de la Jeunesse et des Sports, cher Patrick KANNER,
Monsieur le Secrétaire d’Etat chargé des Sports, Cher Thierry BRAILLARD,
Monsieur le Maire de Saint-Étienne et représentant le club des villes-hôtes, cher Gaël PERDRIAU,
Monsieur le Président de la Fédération Française de Football, cher Noël LE GRAET,
Monsieur le Président d’EURO 2016 SAS, cher Jacques LAMBERT,
Mesdames et messieurs,

La France doit demeurer la France.

C’est la raison pour laquelle, malgré le niveau élevé de la menace terroriste qui continue de peser sur notre pays, des événements de portée internationale comme la COP 21 ou le Festival de Cannes ont eu lieu. C’est la raison pour laquelle le Tour de France cycliste aura lieu. Et c’est la raison pour laquelle, de la même manière, l’EURO 2016 de football aura bien lieu. Il aura bien lieu car personne, et surtout pas les terroristes, ne nous empêchera de continuer à vivre normalement, de continuer à célébrer les valeurs de fraternité et de partage qui sont celles du sport, et d’organiser les grands événements que la France doit accueillir.

Cette 15e édition du championnat d’Europe des nations de football se déroulera dans dix villes de France, du 10 juin au 10 juillet, du Nord au Midi : Lille, Lens, Paris, Saint-Denis, Lyon, Saint-Etienne, Bordeaux, Toulouse, Marseille et Nice. Pour la première fois, elle rassemblera 24 équipes, contre 16 seulement auparavant, pour 51 matchs. L’EURO 2016 rassemblera 2,5 millions de spectateurs dans les stades, plus de 8 millions de supporters sont attendus dont 2 millions d’étrangers, et ses retransmissions seront suivies par quelque 8 milliards de téléspectateurs dans le monde en cumulé. Il s’agit donc d’un événement absolument exceptionnel, dans un contexte exceptionnel, qui bénéficiera d’un dispositif de sécurité lui aussi exceptionnel.

Je voudrais en effet souligner en premier lieu la mobilisation totale de l’Etat, mais aussi des villes-hôtes et des organisateurs, dans un esprit de cohésion et un esprit d’équipe qui doivent nous guider tout au long de la compétition, car ce dispositif de sécurité de l’EURO est une véritable co-production entre ces trois acteurs.

En ce qui concerne l’engagement de l’Etat, plus de 77 000 personnels du ministère de l’Intérieur seront mobilisés : 42 000 policiers dont 25 000 de la sécurité publique, 5 000 de la police aux frontières, 2 000 CRS et 10 000 de la Préfecture de Police de Paris ; 30 000 gendarmes ; 5 200 personnels de la sécurité civile dont 2 500 sapeurs-pompiers et 300 démineurs. Je précise en outre qu’une partie des 10 000 militaires de l’opération Sentinelle seront spécifiquement affectés à la sécurisation de l’EURO, notamment dans les principales infrastructures de transports.

Naturellement, les agents de l’Etat ne seront pas les seuls à être engagés dans la sécurité de l’EURO, qui sera, je le répète et j’insiste sur ce point, le fruit d’une véritable co-production entre les différents partenaires. Ainsi, 13 000 agents de sécurité privée seront déployés sur l’ensemble de la compétition, ainsi que 1 000 bénévoles des associations de secourisme. Les Maires des villes-hôtes pourront par ailleurs mobiliser, s’ils le souhaitent, les effectifs de police municipale et les agents de surveillance de la voie publique de leur commune pour compléter le dispositif de sécurité.

Au total, ce sont donc plus de 90 000 personnes, agents de l’Etat, des collectivités locales, personnels de sécurité privée et bénévoles, qui assureront ensemble la sécurité de l’EURO 2016. 90 000 personnes, pour vous donner une idée, c’est un tout petit peu plus que la capacité d’accueil du Stade de France.

Et la répartition du rôle de chacun est claire :

A l’intérieur des stades, la sécurité est à la charge de l’organisateur, c’est-à-dire la société EURO 2016 SAS. Toutefois, des policiers et des gendarmes pourront y être positionnés pour assurer des missions de suivi judiciaire et de sécurisation. Les Postes de Commandements opérationnels (PCO), situés à l’intérieur des stades, constituant le point névralgique de coordination du service d’ordre mis en place pour chaque rencontre. La sécurité à l’intérieur des stades est bien évidemment pour nous tous un enjeu absolument crucial. Je ne reviens pas ici sur les conditions de déroulement de la finale de la coupe de France au Stade de France samedi dernier ; je rappelle simplement que dès dimanche matin, j’ai convoqué les organisateurs, c’est-à-dire les représentants de la Fédération Française de Football pour ce qui concerne la Coupe de France et d’EURO 2016 SAS pour le championnat d’Europe à venir, pour en tirer les enseignements. Au terme de la réunion qui s’est déroulée ici-même lundi, à l’occasion de laquelle j’ai rappelé chacun à ses obligations, nous avons partagé ensemble les analyses et il a été décidé de corriger sans tarder les dysfonctionnements constatés pour atteindre les trois objectifs que nous nous sommes fixés et qui doivent être absolument respectés : d’abord, garantir la fluidité de l’entrée des supporters dans les enceintes sportives. En second lieu, fiabiliser les contrôles d’accès dans les enceintes sportives. Troisième objectif enfin, sécuriser les sorties de match. Je laisserai Jacques LAMBERT apporter à cet égard toutes les précisions nécessaires. Je rappelle également qu’il y a eu 7 matchs-tests et qu’un seul a donné lieu à des incidents.

Des mesures visant les mêmes objectifs s’appliqueront également aux fans zones, espaces dédiés à la retransmission télévisée des matchs dans un cadre festif, comprenant en outre des activités commerciales, de restauration et de divertissements. Leur organisation comme leur sécurité interne sont  à la charge des collectivités territoriales. Les fans zones seront des sites nécessairement clos, vidéoprotégés et aux accès contrôlés de sorte que tout spectateur y pénétrant aura préalablement fait l’objet de palpations de sécurité et d’une inspection visuelle des effets transportés.  Dans les stades comme dans les fans zones, l’ensemble des personnels travaillant ou y exerçant une activité de service aura fait l’objet d’un criblage en vue d’une accréditation.

A l’extérieur des stades, des effectifs de police et de gendarmerie seront pré-positionnés à la périphérie des enceintes pour y assurer l’ordre public et être en mesure d’intervenir, y compris dans le stade si cela s’avère nécessaire.

Selon le même principe, les forces de l’ordre assureront la protection périphérique des fans zones et assureront la sécurisation des flux.

J’entends les objections formulées par ceux qui considèrent que ces fans-zones auraient dû être abandonnées : mais, dans ce cas, comment escompteraient-ils que la sécurité de supporters dispersés en tous points d’une ville, dans des lieux ouverts et dont l’accès ne sera par définition pas contrôlé puisse être assurée ? Donc, comme l’a rappelé le Premier Ministre ces derniers jours, et comme l’a également rappelé le Président du club des villes-hôtes Alain JUPPÉ récemment, sauf événement ou menace circonstanciée, ces fans-zones seront maintenues, selon un protocole de sécurité adapté et exigeant, et bien entendu nous nous réservons la possibilité d’ajuster le dispositif à tout moment en fonction de la situation.

Et c’est cette même exigence de sécurité qui m’a conduit à exiger qu’en dehors des fans zones, et notamment dans les agglomérations qui n’accueillent pas la compétition, la retransmission éventuelle des matchs ne se déroulent pas dans des espaces publics ouverts, mais dans des lieux clos dont l’accès pourra être contrôlé. Il peut s’agir de stades, de salles omnisports, de salles de spectacles ou de parcs d’exposition pour ne prendre que quelques exemples. Mais les retransmissions dans des espaces non sécurisés ne seront pas autorisées. La sécurité intérieure des camps de base des équipes comme des hôtels de transfert sont à la charge des équipes nationales et de l’organisateur, tandis que leur protection extérieure est prise en compte par les forces de sécurité de l’Etat.

Cette organisation a fait l’objet d’un protocole entre l’Etat et la Fédération française de football. Entre l’Etat, les organisateurs et les villes-hôtes, le rôle de chacun au sein de l’équipe de sécurité de l’EURO 2016 est donc parfaitement défini et je pense que chacun ici comprendra qu’il est essentiel que chacun soit à son poste et jouer collectif en toutes circonstances.

C’est essentiel, car nous avons à faire face principalement à une menace de deux ordres : la menace terroriste et les éventuels débordements et violences des hooligans.

Face à ces deux menaces, je rappelle que le travail préventif de contrôle aux frontières, notamment par les agents de la Police aux Frontières mais également les autres forces de sécurité, est déterminant. Depuis le rétablissement des contrôles le 13 novembre dernier, donc depuis un peu plus de six mois, 35 millions de personnes ont été contrôlées dans les deux sens sur l’ensemble de nos frontières terrestres, aériennes et maritimes, et plus de 18 000 individus ont été refoulés à l’entrée du territoire. Ce travail, très utile pour éviter l’entrée d’individus dangereux, va bien entendu se poursuivre.

Je rappelle également que j’ai présenté le 19 avril dernier un nouveau schéma national d’intervention des forces rapides, RAID, GIGN et BRI, afin de permettre leur parfaite coordination opérationnelle et leur intervention en tout point du territoire le plus rapidement possible si nécessaire. RAID et GIGN seront d’ailleurs engagés, dans chacun des stades de la compétition comme aux abords immédiats de chaque fans zone pour intervenir sans délai à la moindre menace.

Une cellule d’analyse des risques, rassemblant aussi bien les acteurs concourant au renseignement intérieur et extérieur que ceux œuvrant en matière de sécurité publique, sera activée 7 jours sur 7 et 24 heures sur 24 pour fournir, en temps réel et avant chaque rencontre, un état des différents risques et menaces, sur les lieux des matchs eux-mêmes, mais aussi sur les autres sites susceptibles d’être concernés afin que les préfets et l’échelon central puissent adapter en permanence les dispositifs opérationnels de terrain. Les réseaux Europol et Interpol sont bien entendu mobilisés dès à présent, ainsi que l’ensemble des outils d’échanges d’information entre les polices nationales. Je précise qu’à ce titre, chaque Etat participant à l’EURO, par l’intermédiaire de son équipe nationale, envoie en France 8 officiers de liaison pour identifier les éventuelles personnes à risques, qu’ils soient liés à des groupes de supporters radicaux, à des groupuscules violents ou au terrorisme. 6 par pays prendront place  dans les stades pour chaque match, et 2 au centre de Coopération Police International que j’inaugurerai à Lognes le 7 juin prochain.

Comme je l’ai déjà indiqué, je présenterai également, juste avant l’EURO, une application d’alerte aux populations en cas de péril imminent, application téléchargeable sur smartphone, qui sera opérationnelle pour l’ouverture de la  compétition.

Nous faisons tout pour éviter une attaque terroriste, et nous nous préparons également à y répondre si elle devait intervenir. Au cours des deux derniers mois, près de 30 exercices de simulation se sont déroulés sur le territoire national pour préparer les policiers de terrain, les forces d’intervention, les secours.

La stratégie du dispositif que je viens de vous présenter es claire : mobilisation générale, répartition précise du rôle de chacun des acteurs de la sécurité, publics et privés, anticipation pour prévenir les menaces au maximum, modulation pour nous adapter au plus vite aux circonstances et réagir le plus efficacement possible.

Nous prenons un maximum de précautions pour assurer la protection, même si, chacun le sait, le risque zéro n’existe pas.

Et nous le faisons ensemble, Etat, villes-hôtes, organisateurs, avec un même objectif : que cet EURO 2016 de football soit une réussite en termes de sécurité, pour qu’il soit un plein succès sportif, pour qu’il soit ce qu’il doit être : une grande fête populaire.

Cet événement focalisera sur la France une forte exposition médiatique, qui dépassera le seul aspect sportif de l’événement. C’est une chance pour notre pays, qui accueillera à cette occasion des millions de visiteurs et des milliers de journalistes. La sécurité des équipes, des délégations étrangères et du nombreux public qui se pressera dans les stades et les « fans zones » constitue donc un enjeu majeur, non seulement pour la compétition elle-même mais, au-delà, pour l’image de la France, son rayonnement, sa crédibilité dans l’organisation d’événements d’ampleur et la sûreté de sa destination touristique.

La sécurité n’est qu’une condition, certes majeure, pour que ces ambitieux objectifs soient atteints, comme ce fut le cas pour la COP 21, comme ce fut le cas pour le Festival de Cannes, comme ce sera le cas pour d’autres échéances sportives à venir.

Je vous remercie.