Inauguration du Square Sergent Aurélie Salel, sapeur-pompier décédée en intervention en 2015

Inauguration du Square Sergent Aurélie Salel, sapeur-pompier décédée en intervention en 2015
30 juin 2016

Discours de Bernard Cazeneuve, ministre de l'Intérieur, en date du 30 juin 2016, à Paris (20e)


Seul le prononcé fait foi

Monsieur le Préfet de Police,

Madame la Maire de Paris,

Mesdames et Messieurs les parlementaires,

Madame la Maire du XXe arrondissement,

Monsieur le Directeur général de la Sécurité civile et de la Gestion des crises,

Mon Général, Commandant la Brigade de Sapeurs-Pompiers de Paris,

Mesdames et Messieurs les officiers, sous-officiers et militaires du rang de la BSPP,

Chers Evelyne et Marc SALEL,

Chère Maud,

Chère Gabrielle,

Cher Jean-Michel DUMONT,

Mesdames et Messieurs, chers amis,

C’est, pour moi aussi, une grande émotion que d’être là aujourd’hui avec vous, à l’occasion de cette belle cérémonie en hommage au sergent Aurélie SALEL, sapeur-pompier de Paris tombée au feu à l’âge de 25 ans, le 14 mars 2015, alors qu’elle luttait contre un incendie à Livry-Gargan, aux côtés de ses camarades du centre de secours de Bondy.

Désormais, son nom s’inscrira au cœur de la ville de Paris et au cœur de ce XXe arrondissement populaire qui incarne si bien les valeurs de la République.

Quiconque se promènera dans le quartier où nous nous trouvons en ce moment même, au croisement de la rue de la Bidassoa et de la rue Sorbier, sera ainsi amené à connaître l’engagement et le sacrifice de la jeune femme héroïque qu’était Aurélie. Au hasard d’une déambulation, il sera conduit à méditer, pendant quelques instants, sur les valeurs fondamentales auxquelles croyait Aurélie, ces même valeurs que partagent tous les sapeurs-pompiers, qu’ils soient militaires ou civils, volontaires ou professionnels : la bravoure, l’honneur, le dévouement, le don de soi et le civisme.

Aussi, je veux remercier Anne HIDALGO et Frédérique CALANDRA d’avoir proposé que le square où nous voici aujourd’hui rassemblés pour son inauguration, soit baptisé du nom d’Aurélie SALEL.

C’est là un geste de gratitude et de profonde reconnaissance à l’égard d’une jeune femme qui avait décidé de consacrer sa vie à la protection de ses concitoyens et qui, pour cette raison même, nous a malheureusement quittés trop tôt, beaucoup trop tôt. Car Aurélie avait encore tant de choses à accomplir parmi nous et aux côtés de ses camarades de la Brigade de Sapeurs-pompiers de Paris.

Plus largement, c’est là un hommage que rend la ville de Paris à tous ses sapeurs-pompiers qui, chaque jour, veillent sur la vie de ses habitants et de ceux de l’agglomération parisienne.

C’est un geste qui est à la mesure de l’importance du rôle qu’ils jouent dans notre quotidien, eux qui répondent toujours présent lorsque le drame survient et qui jamais n’hésitent à risquer leur vie pour sauver celle des autres.

Enfin, c’est un geste profondément républicain qui va droit au cœur de l’ensemble de la communauté des sapeurs-pompiers de France et, par-delà, de la grande famille du ministère de l’Intérieur.

Le 19 mars 2015, nous étions déjà tous réunis, dans la peine et le chagrin, autour de la famille d’Aurélie, aux côtés de ses proches et de ses camarades, dans la cour de l’Etat-Major de la Brigade de Sapeurs-pompiers de Paris. Jamais je n’oublierai ce moment ni la très grande émotion qui nous étreignait alors tous, au milieu de cette cour de la Caserne Champerret où plusieurs générations de sapeurs-pompiers de Paris s’étaient réunies pour former une haie d’honneur autour de leur jeune camarade disparue. Ainsi que sur tous les toits et sur toutes les terrasses de la Caserne, où, tout autour de nous, nous surplombant, ils s’étaient rassemblés pour adresser un dernier adieu à Aurélie. C’est là une image que je n’oublierai jamais. Elle représente pour moi, désormais, la bouleversante solidarité qui, par-delà la mort, relie entre eux tous les sapeurs-pompiers de Paris et de France.

Le 5 mai 2015, de nouveau nous nous retrouvions dans cette même cour de la BSPP, pour accompagner le caporal-chef Florian DUMONT et apporter notre soutien à sa famille et à ses proches. Car Florian, à qui nous pensons également aujourd’hui, est lui aussi tombé le 14 mars 2015, à Livry-Gargan, au côté de son amie Aurélie, avec qui il formait un duo soudé et expérimenté. Très grièvement blessé, il nous a malheureusement quittés quelques semaines après Aurélie.
Tous les deux avaient la passion du secours et de la lutte contre les incendies, et tous les deux, côte à côte, sont allés jusqu’au bout de leur engagement au service d’autrui. Ils sont désormais inséparables dans notre mémoire, et je tiens, pour ma part, à associer aujourd’hui le souvenir de Florian à l’hommage que nous rendons à Aurélie.

Car c’est ensemble qu’ils sont partis au feu. C’est ensemble qu’ils ont accompli leur mission. Et c’est ensemble qu’ils sont tombés, victimes du devoir.
A leurs familles, je veux à nouveau exprimer ma plus profonde compassion, et dire toute ma solidarité, tout mon soutien. A vous tous, chers Evelyne et Marc, chère Maud, chère Gabrielle, à vous, cher Jean-Michel, comme aux proches, aux amis et aux camarades d’Aurélie et Florian, je veux rappeler que la grande famille des sapeurs-pompiers et du ministère de l’Intérieur se tiendra toujours à vos côtés dans l’épreuve que vous traversez.

Très tôt, Aurélie a fait le choix de devenir sapeur-pompier. Très tôt, elle a fait le choix de cet héroïsme du quotidien.

Le plus beau jour de sa vie fut celui où – comme vous l’avez, chère Evelyne, rappelé il y a quelques instants avec émotion – elle monta pour la première fois dans un camion, le casque de pompier sur la tête. Protéger autrui était l’une des grandes fiertés de sa vie. Et je sais que vous, sa famille, ses proches, ses amis, vous étiez, vous aussi, très fiers d’elle et de l’exemple de droiture et d’abnégation qu’elle était devenue, de son enthousiasme intact après chaque intervention, même les plus difficiles.

Dès l’âge de 14 ans, Aurélie s’était engagée parmi les jeunes sapeurs-pompiers, avant de rejoindre, à 16 ans, le centre de secours de Sigean, dans l’Aude, comme sapeur-pompier volontaire. Et quelques années plus tard, à 21 ans, c’est en raison de son exceptionnelle motivation qu’elle fut admise à la prestigieuse Brigade de Sapeurs-Pompiers de Paris, unité d’élite où la rigueur et la discipline sont des exigences de chaque instant. C’était là un véritable défi, qu’elle a su relever avec talent et énergie. Car Aurélie n’avait peur de rien et ne reculait devant aucun obstacle pour réaliser son rêve.

D’abord affectée au centre de secours Blanche, jusqu’en mai 2014, elle intégra finalement la 14e compagnie d’incendie, au centre de secours de Bondy. Aurélie franchissait les étapes avec une détermination qui ne laissait pas d’impressionner celles et ceux qui la côtoyaient. Estimée de tous, de ses camarades comme de ses supérieurs, elle s’était illustrée à plusieurs reprises par son grand courage et sa très grande efficacité. Sa carrière promettait d’être brillante.

Sa disparition, comme celle de Florian DUMONT, a représenté une très grande perte pour les sapeurs-pompiers de Bondy et pour la BSPP.

L’important n’est pas la durée de la vie, mais son intensité. Aurélie SALEL a vécu une vie intense, une vie qui a rayonné et qui, par là même, n’a pas fini d’inspirer celle et ceux qui auront eu le privilège de la croiser. Une vie trop tôt interrompue, oui, mais une vie donnée aux autres, au nom des valeurs de générosité et de solidarité.

Telle est la vie des sapeurs-pompiers : une vie noble, faite d’abnégation et de risques, au service de l’intérêt général. Une vie passée au service de la République et au service des Français.

Cette vie-là, c’était celle du sergent Aurélie SALEL.

Puisse ce lieu de paix et d’humilité, ce lieu de joie et de partage, rappeler à tous ceux qui s’y arrêteront un instant, dans le silence de la lecture ou parmi les rires des enfants, la force d’âme qui habitait Aurélie SALEL. Et, à travers elle, rappeler celle qui anime tous les sapeurs-pompiers de France, eux qui, chaque jour, risquent leur vie pour nous, parfois jusqu’à la perdre.

Je vous remercie.