Bernard Cazeneuve célèbre l'engagement des Jeunes Sapeurs-Pompiers de France

Bernard Cazeneuve célèbre l'engagement des Jeunes Sapeurs-Pompiers de France
4 juillet 2016

Discours de Bernard Cazeneuve, ministre de l'Intérieur, en date du 2 juillet 2016, à Verdun


Seul le prononcé fait foi

Monsieur le Préfet,

Mesdames et Messieurs les Parlementaires,

Monsieur le Député, président du Conseil national des sapeurs-pompiers volontaires,

Monsieur le Maire,

Mesdames et Messieurs les élus,

Monsieur le Directeur général de la Sécurité civile et de la gestion des crises,

Monsieur le chef d’Etat-Major de zone de l'océan Indien,

Monsieur le Président de la Fédération nationale des sapeurs-pompiers de France, Mon Colonel,

Monsieur le directeur départemental adjoint du SDIS de la Meuse,

Mesdames et Messieurs,

Et d’abord, vous tous, chers jeunes sapeurs-pompiers de France,

C’est une grande émotion pour moi que de vous voir aujourd’hui si nombreux, réunis avec nous dans ce lieu ô combien symbolique de l’histoire de notre pays, et, plus largement, de l’histoire de l’Europe.

Il y a deux ans, j’avais déjà eu la chance et le privilège de participer au traditionnel rassemblement national des Jeunes Sapeurs-pompiers, qui s’était alors tenu à Mende, en Lozère. J’en avais conservé un souvenir particulièrement marquant, en raison de la formidable énergie et de l’enthousiasme collectif qui s’étaient manifestés lors de cet événement.

A mes yeux, c’était là un démenti adressé à toutes celles et ceux qui font mine de désespérer de la jeunesse. C’était là, au contraire, une preuve magnifique et incontestable de la force d’engagement qui est la vôtre, cette force qui traverse la jeunesse de France. C’était pour moi un véritable signe d’espoir, une invitation à l’optimisme.

Et, à nouveau, vous êtes là, au rendez-vous. C’est la raison pour laquelle moi aussi, je tenais absolument à vous retrouver cette année encore.

Cependant, cette fois, les circonstances sont particulières. C’est en effet à Verdun que nous nous réunissons. Et c’est devant la nécropole de Douaumont que nous nous tenons en cet instant. Sous cette terre, reposent plus de 16 000 Français qui sont tombés ici même, voici maintenant un siècle, pour la défense de la patrie et celle de la République. Il y a quelques instants, nous étions dans l’Ossuaire de Douaumont, lequel abrite les restes de 130 000 soldats inconnus, Français et Allemands, et où nous avons à notre tour ravivé la flamme du souvenir.

Aujourd’hui, je serai bref, car de tels lieux appellent moins les discours que le silence et le recueillement.

Cette année, nous commémorons le centenaire de la bataille de Verdun, durant laquelle, pendant près d’un an, entre le 21 février et le 19 décembre 1916, les armées françaises et allemandes se sont affrontées avec une violence que nous avons peine, de nos jours, à concevoir.

Si elle fut une victoire française, cette bataille entraîna néanmoins la mort de 300 000 soldats français et allemands et fit en tout plus de 700 000 victimes, en comptant les blessés et les disparus. 700 000 vies brisées à jamais. Avec la bataille de la Somme – que le Président de la République a commémorée hier, en présence du Prince Charles et du Premier ministre britannique –, la bataille de Verdun fut ainsi l’un des affrontements les plus féroces et les plus dévastateurs de toute la Première Guerre mondiale. Elle constitue aujourd’hui, pour nous qui vivons en paix, une terrible leçon sur la folie des hommes en guerre, mais aussi sur leur incroyable ténacité et sur les réserves de bravoure et de dévouement qui existent sans doute en chacun d’entre nous. Cette leçon-là, nous ne devons jamais cesser de la méditer.

Maintenant que les tout derniers témoins et survivants ont disparu, et que leur parole vivante s’est tue à jamais, ces événements appartiennent désormais à la seule histoire. C’est donc à nous qu’il revient de faire en sorte que, malgré tout, cette histoire ne cesse de se confondre avec notre mémoire collective. Plus tard, cette tâche vous reviendra à votre tour. Après le temps du souvenir, nous voici entrés dans l’ère de la transmission.

Pendant les quatre longues années que dura la Première Guerre mondiale, la France a largement pris sa part de combats et de souffrances. Si elle fut victorieuse, c’est grâce notamment à la solidarité de ses alliés, mais surtout grâce au patriotisme de ces Français de tous âges, de toutes conditions et de toutes origines, de métropole comme d’outre-mer, qui s’engagèrent corps et âme dans le combat national. Et j’ai bien sûr une pensée émue pour les 30 000 sapeurs-pompiers morts pour la France durant la Grande Guerre.

C’est grâce au sacrifice de ces hommes qui, après avoir quitté leur foyer natal, tombèrent dans les tranchées du Nord, « sous la pluie, sur des touffes de plantes froides dont ils ne connaissaient pas les noms ».

Pour la plupart d’entre eux, les soldats de Verdun, comme d’ailleurs ceux de la Somme et de tant d’autres batailles, n’étaient pas beaucoup plus âgés que vous.

Certains étaient même très jeunes.

Il faut essayer d’imaginer leur sort. Il faut essayer de se figurer les conditions dans lesquelles ils se battaient, le corps plongé dans la boue des tranchées. Je sais que la chose est très difficile. Elle l’est pour moi comme pour vous. Pourtant c’est là un effort nécessaire.

Jamais tant d’Européens – des millions d’Européens – n’ont dit adieu à leur famille pour aller se battre les uns contre les autres, dans une guerre qu’ils n’avaient pas choisie. Ils ont connu l’enfer et la cruauté. L’entraide et la solidarité. L’horreur des combats, la boue, le froid, furent leur lot quotidien.

Ils étaient des hommes, seulement des hommes, avec leurs idéaux et l’espoir tenace de survivre. Sachons les honorer avec le respect qu’ils méritent. Et, nous qui avons la chance de ne pas connaître la guerre sur notre sol, sachons transmettre leur souvenir pour que jamais la chaîne de la mémoire ne soit interrompue. La paix et la liberté sont à ce prix.

Cette paix et cette liberté, nous les tenons pour acquises. Et pourtant, les soubresauts du monde qui nous entoure doivent sans cesse nous conduire à nous battre pour les faire triompher. A nous battre, mais autrement que par le passé. Car, aujourd’hui, les combats que nous menons, les engagements qui sont les nôtres, sont avant tout les combats et les engagements des temps de paix.

Certes, nous savons que nous sommes confrontés à des menaces d’un genre nouveau. Je pense bien sûr au terrorisme qui nous a si tragiquement frappés, l’année dernière. Et c’est là une lutte de longue haleine que nous menons.

Comme les policiers et les gendarmes, les sapeurs-pompiers et les personnels de la sécurité civile, ainsi que les bénévoles des associations agréées, se trouvent en première ligne pour protéger les Français, porter secours et assistance dès lors qu’une crise survient – bref, tout simplement, sauver des vies. Ils l’ont tant de fois démontré au cours de ces derniers mois, souvent dans des circonstances tragiques.

Car tel est l’engagement des sapeurs-pompiers, qu’ils soient volontaires ou professionnels, civils ou militaires. Un engagement fait de noblesse et d’abnégation, au service de l’intérêt général et au service des Français. Un engagement qui va à rebours de l’individualisme triomphant aujourd’hui dans nos sociétés modernes. Car c’est un engagement qui repose sur des valeurs fondamentales telles que la bravoure, l’honneur, le dévouement, le don de soi et le souci d’autrui. Bref, un engagement qui décide de toute une vie.

Ce combat-là, c’est celui de la République. Faire vivre le pacte républicain dans toutes ses dimensions, défendre nos libertés individuelles et collectives, faire en sorte que les tensions s’apaisent, prôner le civisme, le dialogue, la solidarité et le respect d’autrui : telles sont les ambitions qui doivent tous nous animer aujourd’hui.

En tant que Jeunes Sapeurs-pompiers, vous êtes des acteurs de cette belle et grande ambition. Et, quand je vous vois, tous rassemblés, aussi engagés, unis par les mêmes valeurs et le même enthousiasme, je suis fier de vous, fier de la jeunesse de mon pays, fier d’être le ministre des sapeurs-pompiers de France et fier des 28 000 Jeunes Sapeurs-pompiers de France. Et je me dis que la France a un bel avenir devant elle. Grâce à vous et grâce à tous les jeunes qui, comme vous, s’engagent et se mobilisent pour défendre des causes auxquelles ils croient et pour aider celles et ceux qui en ont besoin.

Vous représentez notre avenir. Vous avez en vous des trésors d’énergie et de générosité. C’est la raison pour laquelle nous faisons en sorte de vous transmettre, à vous les jeunes, ces belles valeurs républicaines de respect, de tolérance, d’égalité et de fraternité, que la grande famille des sapeurs-pompiers et de la sécurité civile sait si bien incarner. Nous voulons vous préparer aux responsabilités qui seront – peut-être – un jour les vôtres, si vous choisissez de poursuivre votre engagement en tant que sapeur-pompier volontaire ou professionnel.

Car vous représentez aussi l’avenir de notre modèle de sécurité civile, qui repose en grande partie sur les 194 000 sapeurs-pompiers volontaires formés pour intervenir en tout point du territoire, à toute heure du jour ou de la nuit.

C’est là un défi sans cesse renouvelé que de recruter et de fidéliser cette incroyable force humaine au service de nos concitoyens.

Je remercie à cet égard le député Jean-Paul BACQUET, président du Conseil national des sapeurs-pompiers volontaires, de sa présence parmi nous aujourd’hui, signe de l’attention toute particulière qu’il porte aux Jeunes Sapeurs-pompiers et à celles et ceux qui les encadrent. Je sais qu’il partage avec moi la volonté de gagner cette bataille pour le volontariat, et je ne doute pas qu’il y mettra toute sa détermination et sa ténacité.

Jean-Paul BACQUET me remettra ainsi dans quelques jours le rapport du Conseil national des sapeurs-pompiers volontaires sur le maillage territorial. Un centre de secours, c’est avant tout un bassin de recrutement et de vie pour les sapeurs-pompiers volontaires, dont 14% d’entre eux ont suivi le cursus de Jeune Sapeur-pompier. C’est dire l’intérêt qu’il y a à valoriser et à conforter ce formidable élan associatif dont vous êtes des acteurs à part entière.
Je veux donc vous remercier et vous exprimer toute ma reconnaissance pour votre engagement. Vous êtes des exemples magnifiques pour les autres jeunes Français et, d’une manière générale, pour l’ensemble de nos concitoyens.

Je veux remercier la Fédération nationale des Sapeurs-pompiers de France – et leur président, le colonel Eric FAURE –, ainsi que les Unions départementales et les associations agréées, qui vous accueillent avec le soutien des Services départementaux d’Incendie et de Secours (SDIS). Je remercie aussi, bien sûr, les animateurs des Jeunes Sapeurs-pompiers, qui accomplissent un travail admirable. C’est grâce à cette mobilisation collective que nous pouvons ainsi faire vivre les valeurs de la République et contribuer à préparer l’avenir sereinement.

A cet égard, je souhaite que nous allions encore davantage vers les jeunes qui vivent dans les quartiers que l’on dit difficiles. Car je suis convaincu qu’ils pourraient trouver dans l’engagement de Jeune Sapeur-pompier et de sapeur-pompier volontaire la reconnaissance qu’ils recherchent et que nombre d’entre eux méritent. Les sections de Jeunes Sapeurs-pompiers y contribuent largement, grâce à leur maillage territorial, et surtout parce qu’elles forment des équipes où chacun peut trouver sa place.

Les Jeunes Sapeurs-pompiers constituent une école de la tolérance et de la solidarité, une école du mérite et de la citoyenneté, où ce qui compte, ce n’est pas d’où l’on vient, mais ce que l’on est et ce que l’on fait. C’est pourquoi les Jeunes Sapeurs-pompiers de France incarnent la République.
Jeunes Sapeurs-pompiers, vous avez tout l’avenir devant vous, et, quels que soient les choix personnels et professionnels que vous ferez, l’engagement qui est le vôtre aujourd’hui vous marquera pour toute votre vie. Non seulement en raison des souvenirs de camaraderie que vous aurez multipliés, mais surtout en raison de la chance incroyable que vous aurez eue de participer, si jeunes, à cette aventure collective.

Souvent, nous les adultes, nous posons avec gravité la question suivante : « Quel monde allons-nous laisser à nos enfants ? » Et les réponses peuvent sembler bien inquiétantes. Pour ma part, je crois qu’il n’est pas inutile, parfois, d’inverser les termes et de se demander : « Quels enfants, quels jeunes, allons-nous laisser au monde ? » Quand je vous vois, quand je vous écoute, c’est une réponse rassurante qui me vient à l’esprit. Et j’ai confiance dans l’avenir de notre pays.

Vive les Jeunes Sapeurs-pompiers !

Vive la République !

Et vive la France !