Sécurité routière, combat permanent

Sécurité routière, combat permanent
19 avril 2018

Les services de l’État de l’Allier mènent un combat sans relâche contre l’insécurité routière. Une bataille essentielle sur ce territoire traversé par de nombreux grands axes dont la fameuse route Centre Europe Atlantique (RCEA).


Ce fut un véritable traumatisme pour le département. Dans la nuit du 24 au 25 mars 2016, un minibus percutait un poids lourd sur la route Centre Europe Atlantique (RCEA) dans la commune de Montbeugny près de Moulins. L’accident fit douze morts. « Ce drame a profondément marqué les esprits », souligne Pascal Sanjuan, le préfet de l’Allier, et renforcé la sinistre réputation de cet axe majeur qui relie l’est et l’ouest de la France.

« Plusieurs facteurs concourent à la dangerosité de cette route, surnommée la route de la mort. Sur de nombreuses portions, notamment dans notre département, l’axe n’est pas encore à 2 x 2 voies, le parcours est long et monotone, engendrant une baisse de vigilance chez les conducteurs, et le flux de camions y est particulièrement dense. »

Pour sécuriser l’axe, les pouvoirs publics ont multiplié les interdictions de doubler ainsi que les limitations de vitesse. Et le doublement de la route tant attendu est programmé. « La mise à deux voies de la RN79, soit 92 km de la RCEA, a été déclarée d’utilité publique au printemps 2017, annonce Michaël Mathaux, directeur de cabinet du préfet de l’Allier. La RCEA pourrait ainsi passer à 2 x 2 voies sur l’ensemble du département à partir de 2021 ou 2022.

« Ces travaux sont certes attendus, mais la sécurité routière dans l’Allier ne se réduit pas à des problématiques d’infrastructures sur la RCEA, poursuit Michaël Mathaux. Nous avons enregistré 41 tués en 2016 dans l’Allier en comptant les douze morts de l’accident de Montbeuny, et la majorité des accidents sont liés aux comportements des conducteurs : dépassements dangereux, somnolence, usage du portable au volant et conduite sous l’emprise d’alcool ou de stupéfiants. »

À cela s’ajoute un phénomène que les gendarmes croyaient disparu : les grands excès de vitesse. « Malgré la trentaine de radars disséminés dans le département, certains n’hésitent pas à rouler à 180 km/h, explique Pascal Sanjuan. La plupart du temps, il s’agit d’individus sans permis qui ont loué un véhicule en donnant une fausse adresse et qui se sentent en totale impunité. Cela réclame de la part des forces de l’ordre une attention accrue et des contrôles routiers quotidiens, tout particulièrement sur les axes les plus dangereux. »

Quatre-vingt-huit actions de prévention

Mais la lutte contre l’insécurité routière repose ici comme ailleurs sur deux piliers. « Le volet répressif est incontournable, mais nous multiplions les actions de prévention grâce aux crédits du plan départemental d’action sur la sécurité routière qui s’élevaient à 50 000 euros en 2017 », souligne Michaël Mathaux. 88 actions ont ainsi été effectuées en 2017. « Plus de la moitié de ces actions ont été menées par nos bénévoles, les intervenants départementaux de la sécurité routière (IDSR), explique Ophélie Guyard, coordinatrice sécurité routière de l’Allier, à l’attention des jeunes, notamment dans les collèges et les lycées, et des séniors, pour lesquels nous avons lancé une action innovante en les faisant suivre un cours de conduite dans une auto-école, ce qui leur a permis de corriger certains défauts. »

Le monde de l’entreprise n’a pas non plus été oublié, « vingt-deux entreprises du département ont déjà signé un engagement pour la sécurité routière. » Les acteurs de la sécurité routière interviennent également sur des manifestations rassemblant du public ou sur des opérations ciblées particulières, « comme celle que nous avons organisée sur une aire d’autoroute de l’A71 à la Toussaint, avec la société Autoroutes Paris-Rhin-Rhône et la gendarmerie, et qui nous a permis de toucher de nombreuses personnes extérieures au département. Il faut savoir en effet que de nombreux accidents concernent des personnes en transit dans l’Allier, continue Michaël Mathaux. Ce type d’opérations reste le meilleur moyen de les sensibiliser. » En 2017, l’Allier avait enregistré vingt-cinq décès sur la route, « une baisse significative par rapport à 2016, mais la bataille n’est pas encore gagnée... et sera toujours à livrer ».

Frank Canton