Tour d'horizon de quelques gendarmeries du monde avec la présentation de celles du Burkina Faso, des Pays-Bas, de l'Espagne, du Canada, du Portugal, du Sénégal, de la Turquie et de l'Italie.
Mise sur pied en 1960 au moment de l’indépendance de la Haute-Volta, ancienne colonie française rebaptisée Burkina Faso en 1984, la gendarmerie de ce pays a pour devise « Pour la Patrie, la Loi et l’Honneur ». Elle réunit 11 000 hommes, et a ouvert son recrutement aux femmes en 2008, aujourd’hui au nombre de 300. Elle est, entre autres, chargée de veiller à la sécurité publique, à l’exécution des lois et des règlements et d’assurer le maintien de l’ordre.
Le capitaine Siessan Guy Hervé Yé, directeur de la communication et des relations publiques de la Gendarmerie nationale du Burkina Faso, explique son organisation spécifique : « Il existe trois régions de gendarmerie, dirigées par un commandant de région, à Kaya, à Bobo-Dioulasso et à Ouagadougou. Les grandes villes sont systématiquement divisées entre la police et la gendarmerie, et les zones rurales équitablement réparties. Nous entretenons un lien positif avec la population, car nous sommes considérés comme une force humaine, au service des Burkinabés, à leur contact. »
L’une des dernières unités créées au Burkina est l’USIGN, pour unité spéciale d’intervention de la Gendarmerie nationale. Réunissant 300 hommes, elle est la « petite sœur » du GIGN français et se consacre notamment à lutter contre le terrorisme et le grand banditisme ou à assurer la protection rapprochée de personnes désignées par la Justice.
La maréchaussée royale, Koninklijke Marechaussee en version originale, a été créée en octobre 1814 par décret du roi des Pays-Bas, Guillaume Ier . Son emblème est semblable à celui de la gendarmerie française : la grenade. Les 6 600 hommes et femmes composant cette force dépendent du ministère de la Défense, mais la direction et la gestion des armes sont partagées par les ministères de la Justice, pour la surveillance des frontières et la protection de la famille royale, et de l’Intérieur, pour les opérations de maintien de l’ordre et d’assistance à la police civile.
Entre autres missions, elle assure des tâches particulières : sécurité des membres de la Maison royale, tâches de police et de protection de ports et d’aéroports et sécurisation de la monnaie. La maréchaussée royale est étroitement liée à la gendarmerie française, elle conserve d’ailleurs dans sa dénomination le terme « maréchaussée », qui n’a rien de néerlandais dans le texte...
Une enquête récente a montré que, parmi les différents services de l’État, la Guardia civil était la plus appréciée des Espagnols. Les 85 000 effectifs qui la composent ont compétence sur 80 % du territoire et interagissent avec 35 % de la population.
L’origine de cette force remonte à janvier 1844 et la création par décret du ministre de l’Intérieur de l’époque, le général Narvaez, d’une police rurale dont les règlements s’inspiraient directement de ceux en vigueur dans la gendarmerie française. À sa création, sa vocation était l’élimination du banditisme dans le sud de l’Espagne, la protection des propriétés privées et l’enracinement d’une conception unitaire du pays par son maillage territorial.
« La Guardia civil peut intervenir du village local reclus jusqu’à s’investir dans la coopération internationale, appuie le lieutenant-colonel Santiago Garcia, représentant espagnol. C’est une institution particulièrement bien ancrée en Espagne, qui travaille en relations très étroites avec son homologue française. »
Circulation routière, service maritime, escadron de cavalerie, services de montagne, d’activités subaquatiques, aérien, cynophile, NRBC, de sous-sol, etc., le spectre d’intervention de la Guardia civil est sensiblement identique à la Gendarmerie nationale.
Royal canadian mounted police en anglais, la Gendarmerie royale du Canada réunit près de 30 000 personnes en son sein et accomplit un large éventail de missions : maintenir la paix, assurer le respect de la loi et offrir un service de qualité de concert avec les collectivités qu’elle sert.
C’est en pleine ruée vers l’or, en mai 1873, que la police montée du Nord-Ouest (PMRNO) est fondée par le Premier ministre du Canada, John Macdonald, une création rendue nécessaire par les marchands de whisky américains qui empiétaient sur le territoire canadien, causant de multiples problèmes. Immédiatement, les gendarmes canadiens revêtaient le célèbre uniforme rouge, pour bien se différencier du bleu des troupes américaines...
Aujourd’hui utilisé pour les parades, cet uniforme est constitué d’un veston rouge à boutons dorés (appelé Red Serge), d’un pantalon équestre bleu marine à ligne jaune sur le côté extérieur de la jambe, d’un chapeau Stetson à larges bords, d’une longue paire de bottes de cuir brun (High Browns) et d’un ceinturon baudrier de cuir brun (Sam Brown).
Après la première guerre mondiale, la PMRNO est en plein déclin dans un Canada en voie d’industrialisation, remplacée petit à petit par des forces de police urbaine et provinciale.
Le Gouvernement décide donc en 1920 de la fusionner avec la police du Dominion, originellement mise en place pour la protection des parlementaires, afin de donner naissance à la Gendarmerie royale du Canada. La Gendarmerie royale du Canada est unique au monde puisqu’elle est à la fois service de police municipale, provinciale et nationale. Seules les provinces de l’Ontario et du Québec sont dotées de service de police différencié de la GRC.
La Garde nationale républicaine du Portugal est née le 10 décembre 1801, ce qui en fait l’une des plus anciennes au monde. Son décret de création la présentait comme « une force de sécurité constituée de militaires organisés en un corps de troupe spécial ».
Elle dépend aujourd’hui du ministre de l’Intérieur pour le recrutement, l’administration, la discipline et l’exécution de missions de police générale, mais aussi du ministre de la Défense pour la doctrine militaire, l’armement et l’équipement. Les 22 000 militaires qui la composent peuvent, en temps de guerre ou de crise, être placés sous les ordres du chef d’état-major des forces armées. À l’instar de la Gendarmerie nationale, la garde portugaise se décline au plus près du territoire en groupes territoriaux, détachements territoriaux et postes.
On y recense également des unités de réserve et des unités spéciales, comme les brigades de la route ou les brigades fiscales. Les unités d’instruction sont chargées pour leur part de la formation morale, culturelle, physique, militaire et technico-professionnelle des officiers, sergents et militaires de la garde.
« La Garde nationale cherche sans cesse à évoluer, notamment grâce à des échanges permanents avec la gendarmerie française, explique le colonel Carlos Silva Gomes. Nous avons ainsi récemment créé, en s’inspirant du modèle français, une unité spécialisée dans la recherche criminelle subaquatique. La Gendarmerie nationale est, pour nous Portugais, une force très bien organisée, moderne, qui fait l’effort de toujours se remettre en question pour être dans son temps. »
Au Sénégal, les 10 000 gendarmes ont le statut militaire. Leurs principales missions sont de veiller à la sûreté publique et d’assurer le maintien de l’ordre et l’exécution des lois et règlements. Parmi les services recensés, la Garde rouge est certainement la plus renommée.
Descendants de la Garde républicaine, les Spahis sénégalais formaient une unité de cavalerie de l’armée française de la colonie du Sénégal. En 1843, ce sont des Spahis algériens qui sont mis à disposition de la Marine française pour le Sénégal, mais sont remplacés à partir de 1845 par des cavaliers sénégalais.
En 1960, avec l’indépendance du Sénégal, l’unité devient la composante principale de la garde présidentielle. Elle est aujourd’hui une unité de parade qui assure les escortes du président de la République et des hautes personnalités, mais peut également accomplir des missions de maintien de l’ordre lors de manifestations sportives, politiques ou culturelles. Elle est constituée de 120 cavaliers, tous gendarmes de formation, dont 35 musiciens montés sur des chevaux gris.
La Garde comporte également un peloton d’intervention rapide de 24 gardes à cheval, doté de véhicules permettant de transporter les animaux sur les plages, les sites touristiques et les points sensibles. Pour le lieutenant Bilali Gueye, membre de la Garde rouge, « ce fut un honneur que d’être présent au rassemblement des gendarmeries du monde à Melun. Et quelle fierté de monter un cheval de la Garde républicaine française, notre « grande sœur », aux côtés d’un Français, d’un Italien et d’un Espagnol ! »
Avec ses quelque 200 000 hommes, la Jandarma turque est l’une des plus importantes gendarmeries au monde. Dès le XIXe siècle, l’empire ottoman, conscient des problèmes de sécurité et d’ordre public et de la nécessité de créer une force capable de les résoudre, a instauré le 16 février 1846, la Zaptiye Mûsirligi qui donnera ensuite naissance à la Gendarmerie turque. Ses objectifs étaient de participer à des opérations de sécurité intérieure et de prendre part à la défense de la patrie, sur les fronts du Caucase, de la Syrie et de l’Irak lors de la première guerre mondiale et de la guerre d’indépendance.
La jandarma s’appuie sur un état-major qui exerce son autorité sur toutes les unités régionales de la gendarmerie qui ont en charge, dans leurs districts respectifs, le maintien de l’ordre et la sécurité publique. De nombreux services ont des missions similaires aux unités françaises telles que les services d’urgence, de sauvetage en montagne, des garde-côtes et des brigades fluviales, des autoroutes, des unités aériennes et terrestres pour les frontières...
La gendarmerie turque compte également une unité atypique : le service du tourisme, qui s’inscrit dans le cadre de la police administrative et qui contribue activement au développement économique et touristique du pays, par des actions d’aide, d’assistance, de sécurité et de protection des touristes sur tout le territoire.
La structure de la police italienne est relativement complexe, composée de quatre corps dont les compétences se chevauchent : la police d’État est chargée de maintenir l’ordre et la sécurité publique, de prévenir crimes et délits et de porter secours en cas d’accident ou de catastrophe ; le corps de la Garde des finances s’occupe de la prévention et de la répression des trafics de drogue et des devises, de la lutte contre la contrebande, de la surveillance de l’hygiène alimentaire, etc. ; les polices municipales, qui, en plus de leurs pouvoirs de police administrative dans leurs communes, ont des fonctions de police de la route, de sécurité publique et de force judiciaire ; et enfin le corps des Carabinieri, 110 000 policiers militarisés chargés de contribuer à la défense de la patrie et des institutions, de prévenir et de réprimer les crimes et les délits, de faire respecter la loi et les règlements, de participer au maintien de l’ordre et de la sécurité publique, d’assurer la sécurité des débats judiciaires et de concourir à la surveillance des détenus et des frontières.
Le lieutenant-colonel Marco Giacometti explique la répartition des compétences territoriales : « Il n’y a pas comme en France de distinction entre les zones de police et de gendarmerie. Les carabinieri sont présents partout, du petit village dans les montagnes au centre-ville de Rome. Des plans de coordination sont régulièrement mis en place et prévoient la répartition des différentes zones par force. Il peut donc y avoir une semaine des carabinieri à tel endroit et la semaine d’après des membres de la polizia di Stato. »