Depuis le 5 octobre et jusqu’au 15 juillet 2018, le musée de la gendarmerie de Melun propose une exposition internationale inédite permettant de découvrir tenues, équipements, organisations, armes ou autres missions des gendarmeries de 45 pays du monde, réunies pour la première fois en un même lieu. L’occasion de présenter quelques-unes d’entre elles, du Canada au Sénégal, en passant par l’Italie ou la Turquie...
Un dossier de Richard Wawrzyniak
Photographe : MI/DICOM Bruno Chapiron (sauf mention spéciale)
Qu’ils se fassent appeler carabiniers, gardes, troupes, forces de sécurité intérieure, police armée populaire, etc., ils ont tous répondu à l’appel du général Georges Philippot, commissaire général de l’exposition « Les gendarmeries du monde » et président de la société nationale « histoire et patrimoine » de la gendarmerie, pour se retrouver lors de l’inauguration le 5 octobre dernier à Melun, pour un rendez-vous haut en couleur.
Aux côtés de l’orchestre de la Garde républicaine, quatre cavaliers de gendarmerie - un Italien, un Espagnol, un garde républicain français et un Sénégalais - perchés sur leurs montures, accueillaient les invités vêtus de leurs uniformes.
Le général Philippot enfilait quant à lui la tenue de guide pour conduire ses convives à travers l’histoire de la gendarmerie. « Depuis ma retraite, je préside la société nationale ′′histoire et patrimoine′′ de la gendarmerie avec laquelle nous avons constitué un annuaire des gendarmeries, et nous en avons recensés dans 45 pays du monde ! L’idée de cette exposition a germé et nous avons mis plus d’un an pour l’organiser et rassembler une quantité phénoménale de documentation. »
Plus de 2 000 photos, des dizaines de vidéos, des uniformes, des armes, des insignes, des matériels, etc., ont été collectés à travers le monde pour reconstituer un réseau tentaculaire dont l’histoire trouve ses racines en France : « Le point de départ est notre Gendarmerie nationale, continue le commissaire de l’exposition.
L’histoire de notre institution et de notre pays est passionnante et débouche sur celle de toutes ces gendarmeries étrangères. Leur développement s’est effectué en plusieurs étapes.
La période napoléonienne a vu l’installation des premières gendarmeries un peu partout en Europe, puis dans les pays de l’Est à la fin du XIXe siècle.
Une vague post-première guerre mondiale a ensuite vu l’émergence de gendarmeries au Moyen-Orient, avant la décolonisation en Afrique.
Alors que les pays prenaient leur indépendance, ils ont tous conservé des gendarmes formés par la France. En Algérie, par exemple, des officiers n’ayant pas participé au conflit y ont été envoyés quelques semaines après les accords d’Évian de mars 1962 pour y construire la gendarmerie algérienne.
La chute de l’URSS a ensuite vu le rétablissement des gendarmeries de l’Est comme en Pologne, en Roumanie ou encore en Bulgarie. La dernière vague de créations est plus récente avec les gendarmeries du Qatar ou de Jordanie. » Sur les 45 institutions recensées, 32 ont conservé l’appellation « gendarmerie », d’autres optant pour des dénominations variées : carabiniers (Italie, Chili, Moldavie, Monaco), garde nationale (Portugal, Russie, Tunisie), maréchaussée (Pays-Bas). « Au-delà des grades et des uniformes, l’organisation hiérarchique stricte et la discipline sont des traits communs à toutes ces forces, qui fondent, sur la base de valeurs partagées, un sentiment d’appartenance, un esprit de corps particulièrement fort, décrit Georges Philippot.
La plupart présentent une organisation très structurée avec un état-major central rattaché à un ministère de la Défense ou de l’Intérieur, et des unités territoriales réparties et hiérarchiquement liées. Ce sont des institutions d’esprit et d’organisation militaires, qui traitent de l’insécurité intérieure, parfois aussi extérieure, quelle qu’en soit la nature, quelles qu’en soient les circonstances en temps de paix, de crise ou de guerre. » L’exposition a donc été organisée en cinq grandes thématiques partagées par cette internationale de la Maréchaussée : construire la Nation, garder l’État, secourir les populations, protéger le citoyen et coopérer à l’international.
Tour d'horizon de quelques gendarmeries du monde avec la présentation de celles du Burkina Faso, des Pays-Bas, de l'Espagne, du Canada, du Portugal, du Sénégal, de la Turquie et de l'Italie.