Un commissaire au cœur de la coopération

21 février 2017

Le jeune État irakien est en pleine reconstruction, notamment sur le plan de la sécurité intérieure. En poste à Bagdad depuis l’été 2015, le commissaire Philippe G., attaché de sécurité intérieure en Irak, y joue un rôle prépondérant dans le développement de la coopération entre les deux pays.


« Lutter contre le terrorisme, contre l’immigration irrégulière et le crime organisé : ma feuille de route est la déclinaison locale, dans un pays en guerre, des impératifs nationaux donnés par le ministre de l’Intérieur lors du dernier colloque des ASI. Cette coopération est concrète et efficace, elle offre un réel retour en sécurité intérieure », explique en préambule le commissaire Philippe G., attaché de sécurité intérieure en Irak depuis l’été 2015.

Devant la situation complexe irakienne, entre cinq à dix attentats ayant lieu chaque jour pour la seule province de Bagdad, le gouvernement irakien a directement sollicité l’ambassadeur de France et son attaché de sécurité intérieure (ASI) pour faire appel au savoir-faire français dans le domaine de la sécurité intérieure. Ainsi, de nombreux experts des services du ministère de l’Intérieur ont rejoint Bagdad ces derniers mois pour prodiguer des formations dans des domaines aussi variés que le déminage, la fraude documentaire, la lutte contre les trafics de stupéfiants ou d’antiquités ou encore la gestion démocratique des foules.

« Je participe à la réforme du secteur de la sécurité dans le pays dans le cadre de réunions bilatérales, mais aussi avec l’Union européenne, pour aider les Irakiens à se restructurer, à se réorganiser. Nous avons ainsi mis en place toute une programmation pour aider la police irakienne. Ce n’est pas seulement de la coopération technique de base, mais aussi de la gouvernance. »

Le ministère de l’Intérieur irakien est organisé en quatre grands pôles : l’agence des affaires de police (équivalent de la DGPN) ; la police fédérale, « avec laquelle nous organisons la formation en gestion démocratique des foules réalisée par des CRS et des gendarmes mobiles français. Leurs représentants sont également venus en France observer notre organisation entre police et gendarmerie pour développer en Irak une implantation policière tant urbaine que péri-urbaine ou rurale » ; l’administration, les finances et la formation, interlocuteur référent de l’ASI pour organiser des formations tant en Irak qu’en France ; et l’Iraki federal investigation and intelligence agency, « à la fois service d’enquêtes, comme notre DCPJ, mais aussi service de renseignements, comme notre DGSI. Des responsables de ce service sont venus en France pour suivre des formations sur les scènes de crime, mais également pour assister au forum international de la cybercriminalité (FIC) de Lille ». Une délégation irakienne était également présente à Paris à la fin du mois de décembre 2016 pour observer l’approche française dans la gestion post-attentat. Ils sont allés à la rencontre de nombreux services tels que la SDAT, la DGSI, l’UCLAT, la BSPP ou encore la BRI.

Côté sécurité civile également, l’ASI se montre particulièrement actif, car les Irakiens sont sous la menace de la rupture du plus grand barrage du pays, le barrage de Mossoul, qui causerait en quelques minutes la mort de plus de 500 000 personnes vivant à proximité. « Un haut responsable irakien est donc venu plusieurs jours à Paris pour assister à l’exercice Sequana, simulant une crue majeure en Ile-de- France. C’est un savoir-faire qui leur sera indispensable à l‘avenir. »

Par ailleurs l’ASI alimente la direction de la coopération intérieure d’informations sur la situation en Irak du point de vue de la sécurité intérieure, en faisant remonter les faits marquants relatifs à la criminalité organisée, le terrorisme, l’immigration irrégulière, mais aussi sur la mise au jour d’une nouvelle technique utilisée pour la conception de faux documents.  Il participe également à la réalisation du plan d’évacuation de l’ambassade, et donc des ressortissants français. Il assure notamment le lien entre la police diplomatique irakienne et les gendarmes avec lesquels les contacts sont quotidiens.