Le ministère de l’Intérieur, au coeur de la Garde nationale

Le ministère de l’Intérieur, au coeur de la Garde nationale

La Gendarmerie et la Police nationales disposent d’une réserve opérationnelle. Si leur format n’est pas identique, chacune d’elle est appelée à se développer dans le cadre de la Garde nationale annoncée par le président de la République à la suite des attentats du 13 novembre 2015.


« Quand on ajoute la réserve opérationnelle de premier niveau (gendarmerie, police), la réserve de deuxième niveau (les retraités) et que l’on fait également appel aux réserves de nos armées, nous pouvons dire qu’en France se constitue une garde nationale ». C’est ainsi que le président de la République, accompagné du ministre de l’Intérieur, lors de sa visite du centre d’entraînement de forces de gendarmerie de Saint-Astier le 20 juillet dernier, a présenté cette nouvelle garde nationale, dont les contours précis restent encore à définir.

L’objectif est d’atteindre les 84 000 personnes mobilisables d’ici 2019. Cette  montée en puissance cadencée devrait permettre d’arriver à 40 000 réservistes pour la Défense et 44 000 pour le ministère de l’Intérieur.

Une première mobilisation a été lancée deux jours après l’attentat de Nice par Bernard Cazeneuve qui a appelé « tous les Français patriotes qui le souhaitent » à rejoindre la réserve opérationnelle.

D’autre part, une grande opération de  communication a été lancée sur Internet et sur les réseaux sociaux pour relayer cet appel.

La préparation militaire, le socle de la réserve opérationnelle de la gendarmerie

Ainsi, la gendarmerie qui a mobilisé 9 000 hommes et femmes pour une présence effective de 3 400 réservistes par jour dès le 18 juillet, annonce un effectif mobilisable porté à 12 500 depuis la fin juillet pour une présence effective de 4 000 réservistes par jour pendant la période estivale. Présentant à elle seule 50 % des réserves militaires, cette ressource, totalement intégrée au dispositif gendarmerie, a renforcé les dispositifs de sécurité mis en place lors des festivités cet été et sur les sites touristiques. Dans le même temps, les jours d’emploi des réservistes passeront de 20 à 30 par an.

Moins de deux semaines après l’appel à mobilisation du 16 juillet, 2 500 citoyens avaient déjà manifesté leur intérêt pour rejoindre la réserve opérationnelle de la gendarmerie. Pour répondre à cette augmentation, la gendarmerie a organisé une préparation militaire exceptionnelle de 15 jours en août pour 550 réservistes (voir encadré). Le budget a été abondé, tant pour les rémunérations que pour l’équipement - notamment en gilets pare-balles, radios et véhicules – des réservistes.

En 2017, un programme de formation de quatre semaines, totalement rénové et actuellement expérimenté en Nouvelle-Aquitaine et Auvergne-Rhône-Alpes, sera  généralisé sur l’ensemble du territoire. Ces réservistes disposeront, à l’issue de leur formation d’un mois, d’un statut d’agent de police judiciaire adjoint leur permettant de procéder à certains actes juridiques.

Par ailleurs, la gendarmerie peut également compter sur les anciens militaires de l’Arme (officiers, sousofficiers, gendarme adjoint volontaire), soumis à l’obligation de disponibilité de cinq ans, et donc mobilisables par décret. Ils  appartiennent à la réserve de disponibilité. François Hollande a demandé à Bernard Cazeneuve d’adresser des directives à tous les responsables territoriaux de la gendarmerie pour mobiliser ces derniers « afin qu’ils puissent se tenir
prêts pour les prochaines semaines ».

10 000 de ces militaires ayant quitté le service depuis moins de deux ans ont été sollicités pour signer un engagement à servir dans la réserve et rejoindre la réserve sous contrat. Plus d’un millier d’entre eux ont déjà répondu favorablement.

Parmi ces 25 000 réservistes sous contrat, les jeunes citoyens représentent 70 % de l’effectif. Pour le général de division Alain Coroir, délégué aux réserves, « ces engagements, qui associent les jeunes avec des anciens militaires,  permettent le maintien du lien Armée - Nation et une découverte de l’institution ». D’ailleurs près de 10 à 15 % des jeunes recrues qui entrent en école de sous-officiers sont issues de la réserve.

La réserve opérationnelle associe plusieurs avantages selon le général de  division Alain Coroir : « la souplesse d’emploi, la variété des missions et un emploi de proximité au plus près du lieu de résidence ».

Enfin, outre cette réserve opérationnelle, la gendarmerie dispose depuis 1999 d’une réserve citoyenne d’environ 1 300 spécialistes bénévoles(cybercriminalistes, juristes…).

Rémunération des réservistes de la gendarmerie

Le volontariat, un acte d’engagement citoyen dans la réserve de la Police nationale

La réserve opérationnelle pour la Police nationale recouvre notamment la réserve civile volontaire qui existe depuis 2003.

Elle s’adresse aux policiers retraités ainsi qu’aux citoyens, et depuis le 21 juillet 2016 aux anciens adjoints de sécurité (ADS). Les anciens ADS exercent alors en tenue et sont armés pour des missions de sécurisation quasi identiques à celles des policiers retraités. Même si le cadre réglementaire énumérant précisément leurs missions est en cours de finalisation, il est d’ores et déjà possible pour les anciens adjoints de sécurité (un potentiel de 15 000 jeunes) de remplir un dossier de candidature.

Leur contrat d’engagement permet, en fonction des besoins des services, d’accomplir jusqu’à 150 vacations maximum par an sur le territoire national. Ils disposent aussi d’une carte professionnelle qui atteste de leur qualité de réserviste.

Les policiers retraités peuvent intégrer quant à eux la réserve civile sur la base du volontariat.

Ils constituent, aujourd’hui, la majorité des réservistes de la Police  nationale. « Ce dispositif permet à ces femmes et hommes d’expérience de conserver un pied dans la vie active. Pour les services qui les accueillent, il s’agit d’une opportunité pour bénéficier d’un appui précieux » explique Camille Chaize, adjointe au chef du service d’information et de communication de la Police nationale (SICoP).

Leur contrat d’engagement est valable un an renouvelable tacitement dans la limite de cinq ans. Il leur permet, en fonction des besoins des services, d’accomplir jusqu’à 150 vacations maximum par an sur le territoire national et jusqu’à 210 vacations maximum par an pour les missions de coopération internationale. Ils exercent pour cela en tenue ou en civil.

Enfin, depuis 2011, l’appui et les compétences particulières des citoyens engagés dans la réserve, permettent aux policiers de se redéployer vers des missions opérationnelles. Leur contrat d’engagement est d’un an, renouvelable tacitement dans la limite de cinq ans, comme les anciens adjoints de sécurité.  Contrairement aux policiers et anciens adjoints de sécurité, ils ne sont pas armés, bien qu’ils puissent exercer sur la voie publique et porter un gilet pare-balles.

Les candidats doivent suivre une formation pouvant aller jusqu’à dix jours dans une école de police pour acquérir les bases juridiques et techniques.

À ce jour, 3 000 contrats de réserviste ont déjà été signés, soit au total plus de 250 000 vacations. Il s’agit dans une grande majorité de policiers retraités (90 %).

Enfin, la Police nationale dispose d’une réserve opérationnelle de second niveau : la réserve statutaire. En effet, tout policier partant à la retraite a l’obligation statutaire de rester cinq ans disponible en cas de rappel par le ministre de l’Intérieur.

Missions des réservistes

Conditions et missions des réserves opérationnelles

Les conditions d'intégration et les missions des réserves opérationnelles en police et gendarmerie.



Une préparation militaire gendarmerie (PMG) exceptionnelle en août 2016

Les sites de Montluçon, Tulle et Beynes ont accueilli en août dernier respectivement 250, 80 et 220 stagiaires.