Des sites industriels sous contrôle

Des sites industriels sous contrôle
14 juin 2016

Si les installations industrielles concourent à la richesse du département et font partie de son histoire économique, politique et sociale, elles constituent aussi un enjeu majeur en matière de protection de l’environnement et de développement durable. La direction des affaires générales et de l’environnement (DAGE), avec le concours technique de la direction  régionale et interdépartementale de l’environnement et de l’énergie (DRIEE), est chargée de la politique environnementale sur ces sites.


L’une des particularités du Val-de-Marne est la présence de nombreuses installations classées dans une zone urbaine dense. Une installation classée pour la protection de l’environnement (ICPE) se définit comme une activité à caractère industriel ou agricole pouvant représenter des risques pour l’environnement ou les personnes. Du pressing de quartier au dépôt pétrolier, en passant par les entrepôts ou usines d’incinération de déchets, le Val-de Marne compte plus de 1600 sites qualifiés comme tels ! « Dans le domaine de la médecine, pas moins de 51 hôpitaux et 171 laboratoires de recherche font l’objet de classement ICPE, précise le préfet Thierry Leleu. Dans le secteur de l’alimentation humaine et animale, nous avons des structures aussi importantes que le marché international de Rungis, l’École Vétérinaire d’Alfort ou l’ANSES. » Un dossier de taille pour le préfet et le secrétaire général adjoint de la préfecture Denis Declerck et ses équipes : « Il nous faut veiller à concilier les enjeux de densification urbaine et de développement économique, y compris par la reconquête des friches industrielles, avec les impératifs de la prévention des risques et pollutions », indique Thierry Leleu.

Le code de l’environnement classe les ICPE selon leur type : celles soumises à autorisation, à enregistrement, ou à déclaration, en fonction de l’importance des risques qu’elles peuvent
engendrer.

Pour les sites à hauts risques, « l’autorisation est délivrée par arrêté par le préfet à l’issue d’une procédure avec enquête publique sur la base d’un dossier d’étude d’impact démontrant la maîtrise du risque de pollution de l’environnement et sanitaire, et une étude de danger pour le risque d’accident et la protection des personnes  », explique Jean-Marie Chabanne, responsable de l’unité territoriale de la DRIEE. L’arrêté préfectoral prescrit également les dispositions techniques auxquelles l’ICPE doit satisfaire. La procédure est instruite par le bureau des installations classées et de la protection de l’environnement de la DAGE sur avis technique de l’unité territoriale de la DRIEE. « Les prescriptions concernent par exemple les dispositions de sécurité, de clôture, de gardiennage, d’auto-surveillance, relate Xavier Charon, inspecteur de l’environnement et responsable de la cellule risque accidentel et urbanisme au sein de l’unité territoriale de la DRIEE. Sont aussi réglementés la pollution atmosphérique, aquatique, les nuisances sonores, olfactives, les conditions particulières de stockage spécifiques à l’activité du site ».

Cinq ICPE sont classées Seveso dans le Val-de-Marne. Deux qualifiées de « seuil haut  »  : les dépôts pétroliers de Villeneuve-le- Roi et de Vitry- sur-Seine, et trois de « seuil bas » : l’usine d’épuration des eaux usées de Valenton , le centre d’exploitation des turbines à combustion d’EDF à Vitry et l’usine de production d’eau potable de Veolia à Choisy-le-Roi.

Usine Valenton

Pour veiller au respect des prescriptions garantissant les risques pour la santé ou l’environnement, le service des installations classées de la DRIEE dispose de pouvoirs d’inspection et de contrôle sous l’autorité du préfet. Les inspecteurs peuvent proposer au préfet différents types de sanctions administratives ou envisager des suites pénales. Les dix inspecteurs du Val-de-Marne réalisent environ 200 visites par an ainsi que des contrôles inopinés.

« Lors d’une visite, que ce soit un contrôle documentaire ou contrôle d’installation, nous vérifions certains points décidés à l’avance, par exemple la présence des détecteurs, leur fonctionnement et entretien  », indique Xavier Charon. En cas de non-conformité, les sanctions peuvent aller de la mise en demeure à la fermeture du site. « Si la mise en demeure n’est pas respectée, on peut proposer au préfet de faire consigner la somme nécessaire aux travaux, ou de suspendre temporairement l’installation voire de la fermer définitivement », termine Jean-Marie Chabanne.

Focus sur...L’usine d’épuration de Valenton

Le SIAAP (Syndicat Interdépartemental de l’Assainissement de l’Agglomération Parisienne) dispose de six stations d’épuration pour traiter les eaux usées de 9 millions d’habitants en Ile-de-France. L’usine de Valenton dans le Val-de-Marne, 2e station du SIAAP et de France, rejette chaque jour dans la seine 800 000 m3 d’eau traitée, soit 21 m3 par seconde, presque la moitié du débit de la Seine ! Sur ce site de 80 hectares, l’usine combine son activité d’épuration avec la fabrication de biogaz. « Nous traitons l’eau, mais aussi la boue générée par le traitement des eaux. Puis on valorise les boues produites en extrayant de l’énergie pour faire du gaz de synthèse », explique Thierry Lebrun, directeur technique et innovation de Sequaris (prestataire exploitant du site). Cette production de biogaz permet d’alimenter en énergie thermique les équipements de traitement des eaux.

« On s’auto-suffit, c’est une boucle vertueuse ! » ajoute-t-il. Pour optimiser l’excès de biogaz qu’ils produisent, une étude est même en cours pour le purifier et le réinjecter dans le réseau de gaz naturel. Un nouveau procédé de liquéfaction pour faciliter le stockage du gaz est également à l’essai. L’usine, classée Seveso, présente des risques de pollution environnementale, d’incendie, et d’explosion. Par ailleurs, le personnel doit veiller aux risques d’asphyxie et biologique liés notamment à la présence d’hydrogène sulfuré, un gaz mortel au delà d’un certain seuil, et à la nature des eaux traitées. Les personnels et visiteurs sont soumis a des consignes de sécurité et doivent être équipés d’un capteur mesurant la teneur en oxygène et l’hydrogène sulfuré. À l’intérieur du site, des agents présents aux deux postes de commandement sont prêts à réagir en cas d’alarme, surveillent le bon fonctionnement des installations et le respect des consignes.

Floriane Boillot