La direction zonale de la PAF du Nord est compétente sur la région Nord-Pas-de-Calais-Picardie. Les antennes implantées à Lille, Beauvais, Calais, Dunkerque et Valenciennes assurent les contrôles dans les trains, gares, aéroports et axes routiers.
La problématique de l’immigration dans le Calaisis s’ajoute aux missions de lutte contre la fraude documentaire et le travail clandestin.
Civique : La frontière avec la Belgique n’est plus matérialisée. Or, depuis le rétablissement des contrôles aux frontières, vous devez occuper ce terrain ...
Patricio Martin : La frontière avec la Belgique s’est un peu effacée avec le temps et est devenue plutôt symbolique. Les contrôles aux frontières ont d’abord été rétablis dans le cadre de la COP 21, puis le soir des attentats, dans le cadre de l’état d’urgence. Nous fournissons des renseignements aux services spécialisés qui font des recoupements. Il y a entre 200 et 300 points de passages sur cette frontière, et les filières et passeurs essaient de l’utiliser comme moyen de fuite, pensant que nous ne pouvons pas poursuivre au-delà ! Surveiller la frontière belge demande des moyens énormes : la PAF, la gendarmerie, la sécurité publique, les CRS... À certains endroits nous devons ré-installer des bâtiments provisoires, pour qu’il y ait un lieu d’interrogation, de repli...
Civique : Comment est organisée la surveillance de la frontière par la PAF, au niveau routier mais également ferroviaire et aérien ?
P.M : Actuellement pour la PAF, nous déployons une centaine de fonctionnaires aux frontières. Au début on a tenu jusqu’à 21 postes 24h/24. Aujourd’hui la PAF arme les deux postes les plus importants : celui de Saint- Aybert, sur l’autoroute A2, et le poste de Requem sur l’A22. Les autres points sont surveillés par des patrouilles aléatoires. Nous ne laissons pas pénétrer sur le territoire français ceux qui n’ont pas de papiers d’identité ou de documents de voyage. La PAF doit aussi tenir 24h/24 les deux aéroports présents sur la zone : Beauvais et Lesquin (Lille), ainsi que les deux gares internationales : Lille Flandre et Lille Europe. Depuis le rétablissement des contrôles, la brigade des chemins de fer doit contrôler tous les trains allant ou venant de Belgique.
Civique : La PAF est amenée à travailler main dans la main avec la Belgique, comment se passe cette coopération ?
P.M : En matière de police et de justice, les pays sont indépendants, il est donc nécessaire de bien échanger les informations avec la Belgique et d’organiser des opérations ponctuelles communes (fraude documentaire, stupéfiants, contrôle d’identité ...). En Belgique il n’y a pas de service de police spécialement en charge de l‘immigration comme la PAF. Nous travaillons avec la police fédérale et les directeurs administratifs. La PAF est parfois associée aux contrôles routiers et patrouilles mixtes dans les trains. Nous sommes alors en mesure d’aller en Belgique mais sous l’autorité des policiers belges. Ces patrouilles ont non seulement une vocation de sécurisation mais aussi anti-attentat, depuis l’événement du Thalys. Nous avons reçu des moyens portatifs que nous utilisons pour interroger les fichiers depuis les trains. Lorsqu’une personne est interpellée dans un train, elle est remise à la compétence du service de police ou de gendarmerie du lieu où s’arrête le train.
Floriane Boillot
Les accords de Schengen permettent aux 26 États membres de rétablir temporairement des contrôles à leurs frontières nationales en cas de menaces pour l’ordre public ou la sécurité. Cette mesure a été prise par la France pour sécuriser la COP 21 puis à la suite des attentats du 13 novembre pour contrer la menace terroriste.