Les services de déminage, à l’instar de nombreux services, ont été fortement sollicités lors de la COP 21. En point d’orgue, la préparation du sommet des 150 chefs d’États le 30 novembre.
La coordination des actions de déminage et des dispositifs NRBC (nucléaire, radiologique, biologique et chimique) pour l’ensemble des événements liés à la conférence a été confiée par le préfet de police Michel Cadot au laboratoire central de la préfecture de police.
Outre ses moyens propres, le laboratoire central s’est appuyé chaque jour au Bourget sur dix démineurs de la sécurité civile, les personnels du détachement central interministériel d’intervention technique (DCI-IT) et les équipes cynophiles de la police, de la gendarmerie et des armées.
Leurs opérations, sous le pilotage de l’ingénieure principale Sandrine Pereira-Rodriguès, se sont déroulées en trois phases : la préparation du site, la sécurisation du site et la COP21 proprement dite, conformément à l’ordre d’opération validé par le préfet de Police avant le début de la conférence.
Durant la phase de préparation du site, la surveillance étant confiée à une société privée, les services de déminage n’intervenaient que sur demande des services de police présents.
Exercice essentiel, les deux nuits du 26 et 27 novembre entre 20h et 3h lorsque 15 équipes de démineurs accompagnées de chimistes ont inspecté l’ensemble des bâtiments de la zone sur 16 hectares... du sol au plafond. « La surface à vérifier a été multipliée par cinq par rapport à ce que l’on a l’habitude de faire sur d’autres opérations » se rappelle le capitaine de police Etienne Berthelin, chef du centre de déminage de Versailles.
Ainsi, la zone bleue, certifiée par les autorités françaises comme étant sécurisée, a pu être remise le 28 novembre à 8 h à l’ONU à l’issue d’une petite cérémonie en présence du préfet Hubert Weigel, secrétaire général adjoint de la COP 21.
Parallèlement, à compter du 18 novembre, le contrôle des véhicules et de leurs marchandises entrant sur le site a été mis en place avec trois chaînes de contrôle occupées chacune par deux démineurs accompagnés de spécialistes NRBC et de conducteurs cynophiles avec leurs chiens de recherche d’explosifs. Le chauffeur et ses bagages personnels étaient aussi contrôlés lors d’un passage sous un portique de sécurité et de détection de métaux. Certains véhicules, après cette première étape de contrôle, étaient dirigés vers un camion-scanner mobile de la douane. En quelques minutes, ce camion est capable d’effectuer une radioscopie complète permettant de déceler des anomalies dans le chargement ou la structure du véhicule. En cas de doute non levé à ce stade, le véhicule pouvait être inspecté dans une alvéole d’isolement sécurisée.
L’accueil des 150 chefs d’État le 30 novembre a conduit les équipes à contrôler 500 véhicules d’escorte et 50 hôtels occupés par les délégations étrangères à Paris et en banlieue. Aucun pays de par le monde n’avait lors des précédents sommets reçu autant de chefs d’État. Le contrôle de ces véhicules a été échelonné du 28 au 30 novembre, à raison d’environ un quart d’heure par véhicule, soit 125 heures de travail. Les 500 véhicules contrôlés étaient ensuite stationnés dans un parking sécurisé.
Pendant la phase de conférence, le coordinateur déminage/NRBC du laboratoire central au poste de commandement pouvait activer 15 fonctionnaires présents 24h/24 dont deux démineurs spécifiquement réservés pour la zone bleue dans le cas d’une demande de concours du PC ONU. Hervé*, un démineur, est ainsi intervenu accompagné de trois équipes cynophiles : « Appelé pour un colis suspect, nous avons été accueilli par un policier de l’ONU à l’entrée de la zone réservée. Après inspection technique et recherches, il s’est avéré que le sac appartenait à un journaliste ». De plus, une unité d’analyse mobile du Laboratoire central avec deux chimistes assurait une capacité d’identification in situ sur le site de façon permanente
« Naturellement, une couverture opérationnelle de la capitale et de la petite couronne a été maintenue pour faire face au contexte de la COP 21 et aux menaces terroristes » ajoute Pierre Carlotti, directeur du Laboratoire central.
* Le nom a été changé.