L’Ariège a connu ces dernières années une profonde transformation de son tissu économique. Les industries traditionnelles ont fait progressivement place à de nouvelles entreprises dynamiques.
L’identité de l’Ariège s’est construite sur un secteur industriel développé autour du textile, de la métallurgie et de la papeterie. Les grandes crises industrielles intervenues depuis ont concerné, quasiment à la même époque, les trois principaux bassins d’emplois du département : le Pays d’Olmes, la Haute-Ariège et le Couserans. Elles ont imposé une profonde mutation économique d’un territoire qui a dû se réinventer.
L’État et ses partenaires se sont mobilisés pour accompagner les efforts de reconversion et relancer l’activité économique du département. De nouvelles entreprises se sont développées profitant du volontarisme des acteurs locaux, du dynamisme du secteur de l’aéronautique et d’une proximité de la métropole de Toulouse renforcée par la mise en service de l’autoroute A66 reliant le département à la capitale régionale. C’est ainsi que l’on trouve à Pamiers la plus grosse entreprise industrielle ariégeoise, Aubert et Duval, avec près de 1 000 salariés, sous-traitant aéronautique. Par ailleurs, la majorité des entreprises ont accompli d’importants efforts en matière de recherche et d’innovation, particulièrement dans ce secteur de la sous-traitance aéronautique.
Illustration de cette dynamique nouvelle : la création annoncée de la société MKAD, à Varilhes entre Foix et Pamiers, spécialisée dans l’usinage de pièces en titane pour l’aéronautique.
Le Pays d’Olmes, à l’Est du département, a été longtemps un des premiers centres français de production textile. Le déclin a débuté après le premier choc pétrolier. En 20 ans, l’industrie textile en Ariège a perdu plus de 5 000 emplois en passant de plus de 6 000 à moins de 600 aujourd’hui.
L’État et les différents partenaires ont mis en place des dispositifs destinés à accompagner les entreprises en reconversion et à rechercher de nouveaux axes de développement. Pour autant, les créations d’emplois n’ont pas compensé en nombre la destruction de ceux liés aux fermetures et restructurations opérées. L’ensemble du territoire est donc impacté : le recul de l’activité industrielle induit une perte démographique, une hausse du chômage, une baisse du revenu moyen. Les friches industrielles se sont multipliées et laissent une empreinte forte dans un territoire.
L’État et ses partenaires ont en conséquence recentré leurs efforts vers la reconversion et le reclassement des salariés, et la diversification industrielle vers des entreprises en développement (MECAPREC, MTCO, Cuxac...).
Surtout, le développement d’une nouvelle politique touristique fondée sur les atouts culturels et naturels des Pyrénées Cathares ouvre aujourd’hui de nouvelles perspectives, notamment avec l’expérimentation AIDER (voir page 38).
Avec le départ de l’usine Pechiney au début des années 2000, plus de 300 personnes ont perdu leur emploi dans la vallée du Vicdessos.
Le contrat territorial de revitalisation économique du Pays de Foix Haute-Ariège, signé en 2004, a permis de mobiliser des financements pour des projets de création, de développement ou de reprise d’entreprises. Un fonds de conversion a été constitué afin de permettre aux entreprises de bénéficier de prêts sans intérêt, pour tout projet de création ou de maintien d’emplois, sur ce territoire.
Le Pays de la Haute-Ariège a réorienté son économie vers le tourisme. Bénéficiant d’un potentiel exceptionnel, elle attire de plus en plus de touristes à la recherche de stations de sports d’hiver à visage humain comme Ax-3 Domaines, de bien-être autour du thermalisme et des sports de pleine nature dans un cadre encore très préservé. Ce développement touristique volontariste voulu par les élus et accompagné par l’État a permis de développer l’emploi dans un territoire pourtant excentré.
Situé sur la partie Ouest de l’Ariège, ce pays rural et montagnard est à l’écart des principaux axes routiers. Son bassin d’emploi est très diversifié. Il se compose d’environ 4 500 entreprises, le plus souvent de petite taille, réparties sur l’ensemble des secteurs d’activités : agro-alimentaire, hôtellerie, transport... avec une place importante du secteur santé.
Seules se développent encore les industries moins exposées à la concurrence externe et dont les exploitants restent ariégeois.
Le Couserans a été lourdement touché, en 2008, par la liquidation des papeteries de Lédar et la perte de 117 emplois (soit plus de 10 % de l’emploi industriel du Pays). Un plan de revitalisation de plus de 28 M€ a été immédiatement mis en place. Le reclassement des salariés et la conduite d’une GPEC (gestion prévisionnelle des emplois et des compétences) territoriale, la reconversion économique du territoire et l’amélioration du cadre de vie en ont été les principaux axes, avec notamment la constitution d’un fonds de conversion (70 emplois avaient été créés). Deux papeteries, de respectivement 285 et 30 employés, subsistent mais se trouvent en situation de fragilité.
Les difficultés de l’industrie traditionnelle du papier doivent donc accélérer la mutation nécessaire en s’appuyant sur les produits agricoles locaux (fromage, comme le célèbre Bethmale, salaisons...) et le développement de l’économie touristique.
L’ouverture de l’autoroute « l’Ariégeoise » et de la voie expresse qui la prolonge, entre Toulouse et Tarascon-sur-Ariège, a stimulé un sursaut industriel et démographique dans la vallée de l’Ariège. En effet, l’essor prometteur de l’aéronautique toulousain génère une floraison d’entreprises sous-traitantes (Aubert et Duval, Recaero, Mapaero...), que l’autoroute draine déjà vers Pamiers, Verniolle ou Foix. La sous-traitance aéronautique et spatiale est devenue au fil des ans le premier secteur industriel du département.
L’Ariège dispose donc de nombreux atouts pour accueillir de nouvelles populations et activités : positionnement géographique avantageux, sur un territoire « carrefour » entre les deux métropoles de rang européen Toulouse et Barcelone et l’autoroute A66, des acteurs du territoire et des salariés volontaristes. La disponibilité foncière à proximité immédiate de la métropole toulousaine est importante et le territoire ariégeois est maillé de multiples espaces économiques permettant le développement du tissu local ou l’accueil de nouvelles entreprises.
Joël Beck