Les cinq officiers de sapeurs-pompiers engagés dans le cadre d’une « mission d’appui en situation de crise » en Australie sont rentrés en France. Ils reviennent marqués par l’ampleur des incendies, le professionnalisme des pompiers australiens et les conséquences de ces phénomènes à l’échelle planétaire.
« Aucun d’entre nous n’avait déjà vu des incendies de cette importance, témoigne le colonel Pierre Schaller. Ce sont des surfaces colossales dont on a du mal à se faire une représentation rationnelle quand on les imagine. Il faut vraiment les voir pour le réaliser ». Chaque année, de novembre à mars, c’est la période des « bushfire », les feux de brousse et de forêt en Australie. Mais depuis le mois d’août, plus de 18 millions d’hectares ont brulé, 28 personnes sont décédées et des millions d’animaux ont été décimés. Une équipe de cinq sapeurs-pompiers français a été engagée pendant dix jours, « une mission de conseil et d’expertise, précise Alain Thirion, directeur général de la sécurité civile et de la gestion des crises, empreinte d’une grande humilité face à ces phénomènes hors-normes, et portée par les valeurs de la sécurité civile que sont l’altruisme, l’engagement et la solidarité. »
C’est d’abord l’ampleur des incendies qui a marqué nos soldats du feu français. Le lieutenant-colonel Nicolas Coste décrit « des étendues extrêmement développées, dans des secteurs forestiers mais aussi dans des secteurs de végétation plus basse, le bush, où les feux sont puissants et évoluent. » Les experts français relèvent le professionnalisme de leurs collègues Australiens : « Nous avons vu des gens loin d’être dépassés, mais parvenant à gérer la situation, constate le colonel Pierre Schaller. Il y a une résilience et une aptitude à tenir debout dans la tempête, de la part des pompiers australiens et de la puissance publique dans son ensemble ».
« La saison feu va durer jusqu’au mois de mars, souligne le colonel Bruno Ulliac, chef de détachement de la mission. Les Australiens font un travail remarquable, au péril de leur vie, tous les jours, sur des feux qui peuvent encore s’étendre sur d‘autres zones. » Des détachements de sapeurs-pompiers français pourront d’ailleurs être envoyés en Australie pour apporter de l’aide, si cela est nécessaire.
Cette mission a aussi permis de tirer des enseignements, comme la sensibilisation et l’information à la population. « En Australie, les feux sont importants mais la population y est très sensibilisée et fait partie intégrante du dispositif de secours, explique le colonel Arnaud Wilm. Chaque Australien détient une application qui précise les localisations des feux, et les habitants respectent les zones de vigilance et de sécurité. »
« C’est une préoccupation quasiment permanente de la population, témoigne quant à lui le lieutenant-colonel Nicolas Coste. Les gens ont pris l’habitude de regarder leur application avant de prendre la route. Il y a aussi une large diffusion de l’information sur les fumées : dans chaque ville, des indices de pollution par la fumée sont diffusés en temps réel et réévalués régulièrement. En fonction, la population peut éviter de sortir ou se protéger les voies respiratoires par des masques filtrants. Des panneaux de couleurs situés au bord des routes donnent également chaque jour des indices de danger. »
Enfin, cette mission a renforcé la prise de conscience des conséquences des incendies gigantesques qu’ont connus dernièrement l’Europe, la Bolivie, ou la Sibérie, à l’échelle planétaire. « Il y a encore quelques décennies, la question des incendies de forêt était saisonnière et relativement locale (l’été, autour du bassin méditerranéen), relève le colonel Pierre Schaller. Maintenant, elle a un impact planétaire. En effet, ce n’est plus un seul pays concerné puisque si les impacts et les dommages directs sont pour un pays, les conséquences sur le plan du dérèglement climatique sont globales, et l’impact sur la biodiversité est cataclysmique.»« Nous devons nous fédérer tous, autour de la planète, pour trouver les meilleures solutions, fédérer nos efforts, nos connaissances et nos expériences pour être le plus efficace », termine le lieutenant-colonel Nicolas Coste.