Seul le prononcé fait foi.

Monsieur le Ministre,
Monsieur le Président d’Euro 2016 SAS,
Mesdames et Messieurs les Préfets,
Messieurs les Directeurs généraux,
Monsieur le Délégué interministériel aux grands événements sportifs, 
Monsieur le Coordinateur national de l’action des services du ministère de l’Intérieur pour les grands événements sportifs,
Mesdames et Messieurs,

Avant toute chose, je veux vous dire combien que je suis heureux de vous retrouver au ministère de l’Intérieur, après un mois entier d’intense mobilisation dans le cadre de l’Euro 2016 de football.

Dans la vie d’une nation, il y a des épreuves – nous en avons traversé ensemble l’année dernière, et il y en aura encore sans doute d’autres à venir. Mais, dans la vie d’une nation, il y a aussi des moments de respiration et d’enthousiasme collectif. Pour les Français, si durement touchés en 2015, l’Euro a été l’un de ces moments privilégiés. Et c’est la raison pour laquelle il était très important que cette grande manifestation ait lieu, en dépit du contexte de menace terroriste élevée auquel nous sommes confrontés.

Plus de 2,5 millions de spectateurs se sont rassemblés dans les stades de dix villes du pays. 4 millions de personnes se sont réunies dans les « fans zones » tout au long de la compétition. Au total, ce sont plus de 8 millions de supporters qui ont encouragé les équipes engagées, dont 2 millions d’étrangers. Ces chiffres donnent une idée de l’ampleur de l’événement auquel nous venons tous d’assister. Il s’agissait là, tout simplement, de la 3e manifestation sportive internationale après la Coupe du monde de football et les Jeux olympiques.

Cela représentait donc un immense défi sur le plan de la sécurité. Mais, grâce à votre engagement à tous, ce défi, nous l’avons relevé, et l’Euro 2016 restera comme une grande et belle réussite. Une réussite pour la France et une réussite pour l’ensemble du ministère de l’Intérieur.

Nombre d’entre vous garderont d’ailleurs longtemps en mémoire les marques de soutien et de sympathie que nos concitoyens – mais aussi des supporters étrangers – ont manifestées à l’égard des forces de l’ordre. Je pense notamment à nos amis irlandais et à leur slogan « Stand up for the French Police », qu’ils ont chanté en plusieurs occasions et que bien des Français ont à leur tour repris sur votre passage.

Nous avions fait de la sécurité de l’Euro une priorité absolue, en la préparant depuis des mois. Je rappelle que nous avions mis en place pour cet événement un dispositif tout à fait exceptionnel, à la mesure du défi qui se présentait à nous : plus de 90 000 personnes mobilisées entre le 10 et juin et le 10 juillet. Parmi elles, 42 000 policiers, 30 000 gendarmes, 5 000 personnels de la sécurité civile, ainsi que 13 000 agents de sécurité privée. Sans compter le renfort ponctuel des 10 000 militaires de l’opération Sentinelle.

Tout a donc été fait pour que cette compétition d’ampleur internationale puisse se dérouler dans les meilleures conditions possibles.

Ce dispositif reposait sur une co-production entre l’Etat, les organisateurs et les villes-hôtes. Et chacun s’est employé à être au rendez-vous pour garantir la sécurité des Français et des visiteurs étrangers. A cet égard, je veux d’emblée remercier les préfets des départements concernés, ainsi que leurs services, pour leur mobilisation en amont et pendant l’Euro. C’est en effet sous leur coordination que nous avons pu organiser avec les maires des villes-hôtes le travail en commun qui a permis d’assurer le bon déroulement de la compétition. D’une manière générale, les préfets ont accompli, durant cet Euro 2016, un travail considérable, avec une remarquable efficacité.

A tous, je veux adresser aujourd’hui, au nom du Gouvernement, mes sincères remerciements et mes chaleureuses félicitations. Si l’Euro 2016 a été une réussite aux yeux du monde entier, si les 51 matchs du tournoi se sont déroulés normalement, si nous avons pu partager les émotions magnifiques que le football peut nous procurer, c’est en grande partie grâce à vous et grâce à l’ensemble des forces de sécurité et des agents du ministère de l’Intérieur, qui n’ont jamais compté leurs heures ni économisé leur énergie, qui se sont engagés pleinement, et qui au final ont accompli leur délicate mission avec succès.

Je sais que l’on vous a demandé beaucoup et que vous avez consenti des sacrifices importants, notamment du fait de rythmes de travail exceptionnels et de congés forcément repoussés. Je pense aussi, bien sûr, aux 70 policiers et aux 11 gendarmes blessés au cours de rixes avec des hooligans. Mais aussi aux 4 policiers municipaux et aux 3 agents de sécurité privée eux aussi blessés dans des conditions identiques.

Les forces de l’ordre ont accompli un travail impressionnant pour éviter les débordements et mettre un terme à ceux qui ont pu se produire. Conformément à mes instructions, les policiers et les gendarmes ont fait preuve d’une grande fermeté à l’égard des hooligans auteurs de violences ou de dégradations. Comme je l’ai rappelé hier, en un mois, les forces de l’ordre ont ainsi procédé à 1 555 interpellations, dont 891 ont été suivies de gardes à vue, débouchant sur 59 condamnations à des peines de prison, ferme ou avec sursis. 64 mesures de reconduite à la frontière et 34 refus d’accès au territoire ont par ailleurs été appliqués.

Je veux remercier l’ensemble des forces qui ont procédé à ces interpellations, parfois dans des circonstances opérationnelles compliquées. Leur tâche a été d’autant plus rude que les missions de sécurisation de l’Euro ont alterné, pendant plusieurs semaines, avec des missions de maintien de l’ordre difficiles dans le contexte du mouvement social contre la Loi Travail.

Je tiens à remercier l’ensemble des unités de forces mobiles, des services de sécurité publique, des brigades territoriales de la gendarmerie qui ont contribué à assurer la sécurité en périphérie des stades et des « fans zones ». Je n’oublie pas non plus les policiers et les gendarmes qui ont sécurisé les infrastructures de transport, particulièrement utiles aux supporteurs désireux de suivre leur équipe nationale au gré des déplacements dans les villes-hôtes.

La protection des équipes se devait également d’être à la hauteur du rayonnement international de la compétition, d’autant que le contexte terroriste incitait à la plus grande vigilance. Dans les camps de base comme dans les hôtels, chaque équipe a ainsi pu bénéficier d’un dispositif de protection intégré, alliant forces territoriales pour les abords des résidences et forces d’intervention spécialisées – RAID, BRI et GIGN – pour la prise en charge des joueurs et de leur encadrement. Ces unités se sont acquittées, 7 jours sur 7 et 24h sur 24, de cette mission, tout en étant présentes dans les stades et à la périphérie des « fans zones ».

Je relève enfin que des moyens techniques innovants ont été mis en place pour la première fois à l’occasion de l’Euro 2016.  Je pense ainsi à l’emploi de drones, utilisés pour la surveillance de certaines zones en périphérie des stades, des camps de base et des terrains d’entraînement de certaines équipes, et complétés par une mission « anti-drones malveillants » mobilisant des dispositifs de brouillage éprouvés.  Je pense également aux équipes cynophiles de la Gendarmerie nationale, assurant des missions de « recherche d’explosifs sur des personnes en mouvement (REXPEMO) » et contribuant par là même à renforcer nos capacités de détection d'explosifs.

Comme chacun le sait, un seul incident majeur a été à déplorer au cours de la compétition, le 11 juin dernier, à Marseille, en marge de la rencontre entre l’Angleterre et la Russie. Une seule petite heure durant les centaines qu’a comptées l’Euro. Les forces de l’ordre mobilisées ont alors immédiatement réagi, circonscrivant les violences dans l’espace et dans le temps. Les interpellations ont conduit à l’expulsion du territoire des hooligans concernés, ce qui nous a permis d’éviter que d’autres violences du même type ne se reproduisent.

D’une manière générale, je rappelle que plus de 4 600 fiches d’interdiction du territoire ont été prises à l’encontre d’individus de différentes nationalités repérés en amont des matchs à risques, grâce aux renseignements fournis par nos partenaires européens. A cet égard, je veux remercier les effectifs de la Police aux Frontières, puissamment engagés, mais aussi ceux de la Direction des Libertés publiques et des Affaires juridiques du ministère de l’Intérieur, qui ont été très fortement mobilisés par la mise en œuvre des arrêtés d’interdiction du territoire national.    

Je veux aussi remercier très chaleureusement les équipes de la Division nationale de lutte contre le hooliganisme, qui ont réalisé un travail important en amont et durant toute la durée de la compétition.

Je pense aussi bien sûr aux membres de la Cellule d’analyse des risques, qui, pour la première fois, rassemblait tous les services français concourant au renseignement, intérieur comme extérieur, et dont le travail a donné d’excellents résultats. Nos services ont effectué un travail remarquable, qui nous a permis de vivre cet Euro 2016 dans de bonnes conditions.

Sur le plan de la coopération européenne, je veux saluer l’action des effectifs du Centre de coopération policière internationale, rassemblant les équipes de policiers spécialisés dans la lutte contre le hooliganisme des pays participant à la compétition. Ce dispositif, par la qualité des renseignements opérationnels transmis, a parfaitement fonctionné. D’une manière générale, je veux d’ailleurs saluer le travail accompli en commun avec les polices européennes, notamment en matière de renseignement.

Je veux aussi rendre hommage aux femmes et aux hommes de la sécurité civile qui ont eux aussi accompli leur tâche indispensable avec beaucoup d’efficacité.

Je pense aux acteurs territoriaux qui, sous la direction des préfets de département, ont mis en œuvre le dispositif préventif de secours et se sont pleinement mobilisés, après avoir réalisé, aux côtés des forces de l’ordre et des équipes de santé, plusieurs exercices d’une ampleur particulièrement importante – je pense notamment aux exercices NRBCE. Je veux donc saluer les effectifs de la Brigade de Sapeurs-pompiers de Paris, mobilisés dans la capitale et à Saint-Denis, et ceux des SDIS dans les autres villes-hôtes. Je veux également remercier les associations agréées de sécurité civile – la Croix-Rouge, la Fédération nationale de protection civile et la Fédération des secouristes français Croix-Blanche – dont le concours nous a été une fois de plus très précieux.

Je n’oublie pas non plus les échelons zonaux et centraux de la Direction générale de la sécurité civile et de la gestion des crises, pour leur participation à la coordination et à l’animation du Centre interministériel de crise, mais aussi à la planification de la compétition et à la coordination des exercices de préparation dans les stades et les « fans zones », ainsi qu’à la mise en place des outils d’alerte des populations en cas d’attentat ou de crise, de suivi des victimes et de cartographie opérationnelle. Les renforts nationaux des militaires de la sécurité civile et des personnels du Service du déminage ont, eux aussi, joué un rôle crucial, et je veux leur rendre un hommage appuyé.

D’une manière générale, je veux remercier du fond du cœur tous les agents, notamment à la Préfecture de Police, qui ont œuvré à assurer la sécurité en amont dans les « fans zones ». Je pense par exemple à la « sécurité incendie et panique ». Je pense au contrôle des installations et des issues de secours. Je pense également aux personnels chargés de veiller au respect des normes d’accessibilité pour les personnes handicapées, qui ont fait en sorte que tout le monde puisse profiter de la fête. Tout ceci a mobilisé de nombreux professionnels dont le concours a été irremplaçable : le service prévention de la BSPP, le laboratoire central de la PP, les architectes et les différents services administratifs concernés de la Préfecture de Police.

Enfin, je veux souligner le travail très important réalisé pour garantir la coordination de notre dispositif global. Je tiens à remercier personnellement Luc PRESSON, Coordinateur national de l’action des services du ministère de l’Intérieur pour les grands événements sportifs.

Le centre interministériel de crise, activé Place Beauvau, a lui aussi permis une coordination en temps réel avec chaque préfet et chaque force de police et de gendarmerie. Nous avons ainsi pu faire preuve de réactivité chaque fois que cela a été nécessaire, et je veux remercier les équipes des ministères concernés qui ont animé le CIC avec une vigilance de chaque instant.

Dans les semaines qui ont précédé le déroulement de l’Euro, des doutes et des critiques avaient été émis contre notre organisation, mettant en question la capacité de notre pays à accueillir sur son sol un tel événement dans le contexte de la menace terroriste. Or la démonstration a été faite que, dans l’union de toutes ses forces et grâce à votre mobilisation, celle de toutes les femmes et de tous les hommes du ministère de l’Intérieur, notre pays demeure une grande nation capable d’être à la hauteur des défis qui se présentent à elle.

Je pense notamment aux « fans zones ». Certains nous enjoignaient de reculer et d’en abandonner la mise en place. Mais, tous ensemble, avec les organisateurs et les villes-hôtes, nous avons eu raison de les maintenir, car elles nous ont permis de canaliser quatre millions de supporters tout au long de la compétition. Elles ont ainsi été une parfaite réussite.

La France avait pris des engagements pour accueillir l’Euro 2016. Ces engagements ont été tenus, avec toute la force de la République, autour de la volonté de réussir un grand événement de portée mondiale. Comme nous nous étions rassemblés pour réussir la COP 21, à laquelle certains nous invitaient pourtant, déjà, à renoncer.

C’est là une magnifique réussite que nous avons réalisée. Nous pouvons en être fiers. Moi-même, je suis extrêmement fier d’être à la tête d’un ministère qui compte dans ses rangs des femmes et des hommes tels que vous, dévoués, au-delà de ce que l’on peut imaginer, au service de l’intérêt général, solides dans l’épreuve et attachés à accomplir leurs missions avec la plus grande efficacité possible.

Dans les prochaines semaines et les prochains mois, la menace terroriste va continuer de peser sur la France. Je sais que nous ferons preuve de la même vigilance, une vigilance de chaque instant, et notamment durant toute la saison estivale, pour que soit garantie la sécurité des sites touristiques, des festivals et de cette autre grande compétition sportive qu’est le Tour de France, où 23 000 policiers et gendarmes ont été déployés. Plus tard, d’autres défis nous attendront peut-être : je pense aux Jeux olympiques en 2024 et à l’Exposition universelle en 2025.

Mesdames et Messieurs, le monde entier avait les yeux braqués sur la France pendant cet Euro 2016. Grâce au travail des agents du ministère de l’Intérieur, grâce à VOTRE travail, la France est demeurée fidèle aux attentes qu’elle suscite. Pour cela, je veux vous exprimer ma plus profonde gratitude et, tout simplement, vous dire : merci.

Durant cette même période, je n’oublie pas que nous avons aussi perdu deux des nôtres, frappés par la barbarie terroriste. Et c’est dans le deuil que vous avez dû accomplir vos indispensables missions. Vous l’avez fait avec une très grande dignité, et de cela aussi, je veux vous remercier.

Ce deuil n’a cessé de nous habiter pendant ces longues semaines d’intense mobilisation. Aussi, cet Euro 2016, c’est à Jessica SCHNEIDER et à Jean-Baptiste SALVAING que nous le dédions.

Je vous remercie.