Discours de M. Bernard Cazeneuve, ministre de l’Intérieur lors de l'Ouverture du 51e congrès annuel de la Fédération nationale de la protection civile, à Châteauroux le 10 septembre 2016
- Seul le prononcé fait foi -
Monsieur le Préfet,
Madame et Messieurs les parlementaires,
Monsieur le Président du Conseil départemental,
Monsieur le Vice-président du Conseil régional,
Monsieur le Maire,
Mesdames et Messieurs les élus,
Madame la Procureur de la République,
Monsieur le Directeur général de la sécurité civile et de la gestion des crises,
Monsieur le Président de la Fédération nationale de Protection civile,
Monsieur le Président de la Fédération nationale des sapeurs-pompiers de France, Mon Colonel,
Monsieur le Président de l’Association départementale de protection civile de l’Indre,
Mesdames et Messieurs,
L’année dernière, la Fédération nationale de protection civile fêtait ses cinquante ans d’existence au service des citoyens. Cinquante années d’un engagement sans relâche, en toutes circonstances et sur l’ensemble du territoire national. Cinquante années d’interventions de soutien et d’assistance aux populations, de participation aux missions de premiers secours et de formations au secourisme. Mais aussi de coopération avec le ministère de l’Intérieur, dans une relation de confiance mutuelle. Voilà pourquoi je tenais à être présent parmi vous pour rendre hommage à votre belle et noble institution et saluer vos 32 000 bénévoles pour leur dévouement et leur enthousiasme exemplaires.
Aujourd’hui et plus que jamais, notre pays a besoin de vous. Vous en avez d’ailleurs pleinement conscience, j’en veux pour preuve le thème que vous avez choisi cette année pour votre congrès : « la protection des civils en temps de crise : une réponse citoyenne ». C’est là un enjeu décisif, a fortiori dans le contexte de menace terroriste que nous connaissons actuellement.
Depuis janvier 2015, nous avons dû faire face à plusieurs attaques d’une gravité et d’une ampleur sans précédent sur notre territoire. Ce fut encore le cas cet été, avec l’horreur perpétrée à Nice. Je l’ai dit à plusieurs reprises : la menace demeure à un niveau extrêmement élevé. Nous devons donc nous préparer, dès à présent, à faire face à d’autres attentats. Si le pire devait à nouveau survenir, vous seriez évidemment mobilisés.
Car la crise est votre vocation. C’est dans les moments où nos concitoyens sont confrontés à la souffrance et à la peur, que vous donnez la pleine mesure de votre engagement. Dans la chaîne de la sécurité civile, vous jouez un rôle que personne d’autre que vous ne peut remplir. Vous réalisez un travail de fond considérable et indispensable à la fois, en soutien aux populations sinistrées, frappées de plein fouet par la tragédie. Dès les premiers instants, vous répondez présent. Mais, pour vous, le temps de la crise ne se limite pas à l’intervention des forces de sécurité. Vous continuez ensuite d’accompagner les victimes et leurs proches, au-delà même de l’événement qui a entraîné votre mobilisation. C’est là votre grande force et votre précieuse singularité.
Aussi, je veux profiter de l’occasion qui nous réunit pour vous remercier pour votre participation à la gestion des accidents et des catastrophes auxquels nous sommes régulièrement confrontés, mais aussi au bon déroulement des grands rassemblements – festifs, sportifs – qui scandent la vie de notre pays. Chaque année, vous contribuez ainsi à plus de 18 000 dispositifs préventifs d’assistance et de secours, et vous participez à plus de 100 000 interventions.
Bien sûr, il y a des interventions plus marquantes, plus dramatiques que d’autres. J’ai déjà parlé des attentats. Je pense aussi au crash de l’avion de la « GermanWings », le 24 mars 2015, et à ses terribles conséquences pour lesquelles vous avez été nombreux à intervenir. Les familles des victimes n’oublieront sans doute jamais la très grande humanité dont vous avez alors fait montre à leur égard. Quant à moi, je n’oublierai pas votre efficacité, votre professionnalisme, votre rigueur dans l’action, y compris dans ces situations de violence extrême. Je pense enfin aux très graves inondations qui, au printemps dernier, ont endeuillé plusieurs départements de la moitié Nord du pays.
Vous avez toute ma gratitude, ainsi que celle de l’ensemble des Français. Et, à travers vous, c’est bien aux 190 000 bénévoles des associations agréées de sécurité civile que je m’adresse en cet instant.
Pour soutenir votre action, j’ai pris plusieurs décisions que je souhaite rappeler devant vous.
Tout d’abord, j’ai souhaité que vos conditions d’engagement opérationnel soient clarifiées et simplifiées. C’est le sens de la mesure prise en juin dernier, permettant aux véhicules des associations agréées engagés sur les dispositifs prévisionnels de secours d’évacuer les blessés vers des structures hospitalières.
Par ailleurs, les retours d’expérience réalisés après les attentats de 2015 ont montré qu’il était nécessaire d’intégrer plus explicitement les bénévoles des associations dans les dispositifs opérationnels, de sorte que l’effet de vos interventions puisse être maximal dans la prise en charge des victimes. Pour ce faire, un vade-mecum précisant le positionnement des bénévoles auprès du directeur et du commandant des opérations de secours, ainsi que leurs attributions, a été rédigé à votre attention, avant d’être largement diffusé dans les réseaux associatifs au printemps dernier.
J’ai aussi demandé aux préfets de vous associer systématiquement aux exercices de grande ampleur qu’ils organisent, afin que la chaîne de la sécurité civile soit régulièrement mise à l’épreuve. C’est ainsi que chacun pourra s’enrichir au contact d’autrui et découvrir les bonnes pratiques mises en œuvre par les uns et les autres. La coordination deviendra ainsi un véritable réflexe, et, le jour où une nouvelle crise surviendra, nous gagnerons tous en efficacité.
C’est dans ce même esprit de coopération que j’ai réactivé, l’année dernière, les comités départementaux de la sécurité civile. Désormais, ils se réunissent sous l’autorité des préfets, en présence de vos représentants locaux, afin que la politique de sécurité civile dans les territoires soit élaborée et mise en œuvre conjointement avec les collectivités territoriales, l’Education nationale, les forces de l’ordre et les SDIS.
Au niveau national, vous participez aussi aux travaux de l’Observatoire national du secourisme, que j’ai réinstallé en 2015 et qui se réunit deux fois par an sous la présidence du Directeur général de la sécurité civile et de la gestion des crises. Dans ce cadre, votre président a contribué à la rédaction – désormais bien avancée – des textes visant à améliorer et simplifier les conditions de l’agrément de sécurité civile.
Je veux également revenir sur votre action en matière de formation au secourisme. Comme vous le savez, il s’agit là d’une de mes priorités. Chaque année, la Protection civile forme près de 100 000 personnes aux premiers secours. C’est à la fois beaucoup – surtout que cet effort est assuré essentiellement par des bénévoles –, mais c’est aussi peu, trop peu, si l’on compare la France à certains de nos voisins européens où la part des citoyens formés au secourisme peut atteindre jusqu’à 80% de la population. Nous avons donc une très importante marge de progression. A cet égard, je constate que nombre de nos concitoyens, après les attentats de 2015 et 2016, ont pris conscience qu’il leur fallait devenir des acteurs de leur propre sécurité et de la sécurité collective. Il y a aujourd’hui, parmi les Français, une très forte attente en la matière.
Voilà pourquoi j’ai décidé, en début d’année, de généraliser une initiative de la Brigade de sapeurs-pompiers de Paris. J’ai demandé aux préfets d’organiser, en février dernier et sur l’ensemble du territoire, une vaste campagne de sensibilisation aux gestes qui sauvent. En à peine un mois, plus de 8 000 sessions ont été organisées, qui ont permis de former près de 80 000 personnes. Jamais nous n’aurions pu réussir ce pari sans vous, sans les associations agréées de sécurité civile et les unions départementales de sapeurs-pompiers.
Aujourd’hui, notre devoir à tous est d’entretenir ce formidable élan de solidarité et d’engagement citoyen. Car c’est ainsi que l’on assurera la résilience de notre pays face aux menaces susceptibles de nous frapper. Dans le contexte actuel, le temps est venu, pour chacun de nos compatriotes, de se poser la question : « Qu’est-ce que je peux faire pour mon pays ? » C’est la raison pour laquelle j’ai lancé, dès le 16 juillet dernier, un appel aux Français pour qu’ils rejoignent, dès lors qu’ils le peuvent et le souhaitent, les rangs de la réserve opérationnelle de la Gendarmerie et de la Police. Mais il y a aussi les unités de sapeurs-pompiers volontaires, il y a le Service civique, et il y a bien sûr les associations agréées de sécurité civile, ainsi que les formations aux premiers secours. Chacun de ces engagements nous est précieux. Et chaque Français peut contribuer à l’effort collectif, en fonction de ses disponibilités, de ses compétences et de ses envies.
J’ai ainsi décidé de lancer une nouvelle campagne de sensibilisation aux gestes qui sauvent, en octobre, à l’occasion des Journées de la Sécurité intérieure. C’est en priorité auprès des jeunes que nous devons intervenir. Pour certains d’entre eux, ces formations constitueront une première étape avant un engagement plus pérenne dans la sécurité civile. Avec Najat VALLAUD-BELKACEM, la ministre de l’Education nationale, nous avons donc décidé que, pour l’année scolaire 2016-2017, tous les élèves de 3e bénéficieraient soit d’une initiation aux premiers secours, soit de la formation au PSC 1. De même, l’ensemble des élèves délégués de classe, au collège comme au lycée, recevront également une formation au secourisme. En tout, cela représente 1,2 millions de jeunes : c’est là un chiffre record pour un effort exceptionnel.
De manière générale, nous devons poursuivre le travail de formation à la prévention des risques courants. A cet égard, je rappelle que le Premier ministre a attribué le label « Grande Cause nationale 2016 » à la campagne « Adoptons les comportements qui sauvent » que vous portez avec la Croix-Rouge française et la Fédération nationale des sapeurs-pompiers de France. C’est là un beau symbole de la reconnaissance que l’Etat vous porte, à la hauteur de votre implication et de l’importance de votre rôle.
Nous aurons d’ailleurs l’occasion de nous retrouver, dès la semaine prochaine, pour le lancement de cette campagne. Je sais que, pour les associations, de telles initiatives représentent un investissement particulièrement prenant, et je n’ignore pas les difficultés que vous pouvez rencontrer. Mais je sais aussi que vous savez faire preuve d’innovation et de créativité. Je pense par exemple à vos associations départementales du Bas-Rhin et du Territoire de Belfort, qui ont créé une « réserve départementale de protection civile », où chaque réserviste se forme et se mobilise aux côtés des bénévoles de la protection civile.
Depuis juin dernier, une nouvelle possibilité s’offre à vous, avec l’ouverture de trois nouvelles « fiches mission » autorisant les jeunes en Service civique à rejoindre les associations agréées. Je vous encourage bien sûr vivement à utiliser ce nouveau dispositif. D’autres travaux sont en cours, qui visent à vous apporter pleinement la reconnaissance que vous méritez. Le ministère de l’Intérieur contribue ainsi à la rédaction d’un décret sur le compte d’engagement citoyen, porté par le ministère du Travail et le ministère de la Ville, de la Jeunesse et des Sports. Certaines activités associatives permettront d’acquérir des heures sur le compte personnel de formation, permettant ainsi aux bénévoles les plus engagés de bénéficier de formations adaptées pour enrichir leur parcours et diversifier leurs compétences.
Mesdames et Messieurs, vous constituez un pilier du modèle français de sécurité civile, et, ce pilier, mon devoir est de le consolider. Tel est mon objectif, telle est ma priorité.
Mesdames et Messieurs, encore une fois merci à vous pour votre engagement. Vous représentez la Protection civile dans sa richesse et sa diversité, et la République sait pouvoir compter sur vous. Je vous remercie.
Vive la Protection civile,
Vive la République,
Vive la France !