Bernard Cazeneuve, ministre de l'Intérieur, est allé à la rencontre des acteurs du secours en montagne le 22 janvier 2016, à Chamonix-Mont-Blanc.
A l'occasion de son déplacement, Bernard Cazeneuve a rappelé les consignes de sécurité en montagne, alors que douze personnes ont trouvé la mort depuis le début de l'hiver dans les Alpes, emportées par des avalanches.
Deux lycéens lyonnais et un touriste ukrainien sont notamment décédés le 13 janvier aux Deux-Alpes (Isère), avant que cinq légionnaires soient emportés par une autre avalanche cinq jours plus tard à Valfréjus (Savoie).
L'hiver 2014/2015 avait déjà été particulièrement meurtrier, avec 45 décès contre 20 lors de la précédente saison. "Nous devons tout faire pour qu'un tel hiver meurtrier ne se reproduise pas cette année", a dit Bernard Cazeneuve devant plusieurs acteurs du secours en montagne. Il a en effet rencontré le colonel du SDIS, le médecin-chef du SAMU et les équipes du PGHM, peloton de gendarmerie de haute-montagne , notamment celles qui sont intervenues lors des drames du Mont Maudit, d’Argentières et des Droites.
Créées en 1958, les unités de PGHM ont pour vocation d'assurer le secours aux victimes en milieux périlleux. Elles interviennent sur l'ensemble des massifs montagneux du pays, ainsi que sur l'île de la Réunion et la Corse.
Le ministre de l'Intérieur a recommandé aux skieurs de "s'équiper avec un certain nombre d'instruments": un détecteur de victimes d'avalanches (DVA), une pelle, une sonde, un réflecteur passif (boitier émettant des ondes permettant la détection) et un "fond de sac", contenant un téléphone, des vêtements chauds, de l'eau, et de la nourriture. L'espérance de vie d'une personne ensevelie sous une avalanche ne dépasse généralement pas une demi-heure. Le port d'un DVA augmente sensiblement les chances de survie en permettant à la victime d'être retrouvée plus rapidement. Les militaires ensevelis sous trois à quatre mètres de neige à Valfréjus ont d'ailleurs été retrouvés grâce à cet instrument.
"Il faut aussi se renseigner, consulter les bulletins météorologiques", a déclaré le ministre. "Partir seul sans précaution, sans conseil, sans accompagnement, relève d'une attitude dangereuse qu'il faut proscrire", a ajouté Bernard Cazeneuve, qui a conseillé aux skieurs de "savoir renoncer" et de "connaître (leurs) limites".
En présence des guides de haute montagne de Chamonix et Saint-Gervais, le ministre de l'Intérieur a salué le travail réalisé par les associations de secours en montagne et les pisteurs.
Chaque année, 6 500 opérations de secours en montagne sont menées et plus de 12 000 personnes secourues.
Les gendarmes de haute montagne suivent une formation particulière, dispensée par trois écoles :
Créée en 1932, c'est la première école militaire de formation des cadres des troupes de montagne. Unique organisme militaire de formation montagne, l' EMHM a naturellement une vocation interarmées et internationale.
De nos jours, elle a pour vocation de donner aux cadres stagiaires la formation à l'exercice de leur commandement et de remplir leurs missions en montagne : formations qualifiantes de stagiaires français et étrangers, formation initiale d'engagés volontaires sous-officiers, futurs fantassins, cavaliers, artilleurs et transmetteurs et formations de cursus au profit de cadres instructeurs.
Créé en 1988 au coeur du massif alpin, le CNISAG , forme des gendarmes au secours et à l'exercice des missions de police judiciaire en milieu montagnard. Chaque année le CNISAG forme près de 400 gendarmes. L'instruction est assurée par des formateurs montagne titulaires de la qualification de guide de haute montagne et pour certains de moniteurs national de ski. Cette formation présente trois particularités puisqu'elle demande une connaissance de l'ensemble des techniques alpines, une maîtrise des techniques de secours, une application particulière de la police judiciaire et de la police administrative aux activités de montagne.
Centre de formation spécialisé dans le secours en montagne français implanté à Chamonix Mont-Blanc depuis 1955, le CNEAS forme des CRS et policiers amenés à intervenir en milieu vertical, des médecins urgentistes partenaires du secours montagneux et participe aux commissions nationales et internationales de secours en montagne.
Depuis 1956, les CRS sont dotés de chiens spécialisés dans la recherche de personnes ensevelies sous une avalanche. 17 équipes cynophiles, chacune composées d'un chien et de son maître-chien, sont dédiées à cette spécialité et le renouvellement est toujours nécessaire. Durant la saison d'hiver, les binômes sont toujours en alerte compte tenu des forts risques d'avalanche.
Les cellules olfactives du chien sont capables de détecter les effluves émanant des victimes ensevelies par une coulée de neige. Les races privilégies dans le domaine des chiens d'avalanche sont les bergers allemands, les bergers belges malinois, les labradors, les flat coat retrievers et les golden retrievers. Une fois sélectionné, le chien est attribué à un maître et sera formé au CNUFC (centre national de formation des unités cynophiles de la police nationale) de Cannes-Ecluse. Après les phases de dressage il suivra une option de pistage / recherche de personne disparue, puis l'apprentissage de recherche en avalanche. Des entraînements réguliers et un recyclage organisé chaque année permettent de maintenir les compétences acquises. En moyenne le chien demeure opérationnel durant 8 ans, lorsqu'il n'est plus jugé apte au service il finit généralement sa vie au domicile de son maître.