Au cours de ces derniers mois, le département de l’Isère a été touché par plusieurs événements dramatiques qui, en raison de leur caractère exceptionnel, ont profondément affecté ses habitants, de même qu’ils ont pleinement mobilisé les forces de l’ordre.
A l'occasion de l'arrestation de personnes soupçonnées d'avoir participé aux troubles à l'ordre public dans la commune de Moirans en octobre, Bernard Cazeneuve, ministre de l'Intérieur, est allé à la rencontre des forces de l'Ordre lundi 18 janvier 2016.
A travers ce déplacement, le ministre de l'Intérieur a souhaité deux choses : saluer le travail remarquable réalisé par les forces de l’ordre en ces circonstances difficiles, mais aussi rappeler sa détermination et celle du Gouvernement à lutter contre toutes les formes de délinquance et de criminalité qui nuisent à la sécurité des Français, où qu’ils vivent sur le territoire national.
A cours de son discours, le ministre de l'Intérieur a rappelé les faits qui se sont déroulés à Moirans le 20 octobre. Une trentaine de personnes avaient incendié de nombreuses voitures et bloqué la gare ferroviaire pendant plusieurs heures.
Le Premier ministre avait promis aux habitants de Moirans que les auteurs des violences seraient « implacablement recherchés » et qu’il n’y aurait nulle complaisance à leur égard. Grâce au travail d’investigation diligent qu’ont conduit les forces de l’ordre sous l’autorité de la justice, des arrestations ont eu lieu ce 16 janvier au matin.
Le ministre de l'Intérieur a tenu à répondre à l'ensemble des critiques qui avaient été formulées lors des événements contre l'Etat et a rappelé qu’en démocratie, « l’exercice délicat du maintien de l’ordre ne saurait s’accomplir dans l’improvisation ni dans un climat d’outrance, et que c’est pour cette raison même qu’il repose sur des règles, des méthodes et des techniques précises et rigoureuses qu’il convient de respecter scrupuleusement ».
Dans son discours, Bernard Cazeneuve a rendu hommage à l’action qu’accomplissent les magistrats pour qu’aucun crime ne demeure impuni et que justice soit rendue en toutes circonstances. « Contrairement à ce qu’on entend parfois ici ou là, sur le terrain les magistrats et les forces de l’ordre travaillent en liaison étroite et en bonne intelligence les uns avec les autres. Entretenir cette relation de confiance est, pour le Gouvernement, une priorité, car c’est là une condition indispensable à la réussite de notre politique de fermeté républicaine. Il est en effet insuffisant de renforcer les moyens accordés aux policiers et aux gendarmes si par ailleurs ne règne pas un climat de sérénité entre les institutions qui ont la charge de faire respecter la loi de la République ».
Pour s’affirmer pleinement, l’autorité de l’Etat a d’abord besoin de moyens. Le ministre de l'Intérieur a rappelé les efforts faits par le Gouvernement dans ce domaine depuis 2012 : remplacement de tous les départs à la retraite, création de 500 emplois nouveaux par an dans les deux forces (Police et Gendarmerie),1 400 créations nettes d’emplois au titre du Plan anti-terroriste (PLAT), 900 créations nettes d’emplois au titre du Plan de lutte contre l’immigration clandestine (PLIC) et 5 000 emplois au titre du Pacte de sécurité annoncé par le Président de la République devant le Congrès suite aux attentats de novembre.
Alors que la Police et la Gendarmerie avaient perdu plus de 13 000 emplois entre 2007 et 2012, 9 000 auront été recréés d’ici la fin du quinquennat.
Le ministre de l'Intérieur a annoncé qu'au regard des événements de 2015 en Isère et de la présence d'une délinquance enkystée dans certaines zones urbaines du département, le territoire bénéficierait directement de ces effectifs supplémentaires. Ce sont ainsi 74 gendarmes qui viendront cette année renforcer les différentes unités de gendarmerie implantées dans le département et 30 policiers qui viendront compléter les effectifs de Police. En 2015, les violences urbaines ont augmenté de 21,5 %.
La situation constatée dans l’agglomération grenobloise, en décalage certain par rapport à la situation nationale, constitue donc le marqueur d’une spécificité géographique qui appelle une réponse adaptée, déterminée et cohérente.
C’est la raison pour laquelle le ministre de l'Intérieur a décidé d’une nouvelle étape dans la lutte contre la délinquance. « Après la mise en place, en 2013, de la Zone de Sécurité prioritaire (ZSP), nous déclinerons à Grenoble et dans son agglomération la « méthode globale » qui a déjà fait ses preuves dans plusieurs autres villes ».
La « méthode globale » repose sur une montée en puissance – organisée dans l’espace et cadencée dans le temps – de la présence des forces de l’ordre sur les territoires où elles interviennent. Elle est fondée, parallèlement, sur des partenariats étroits noués entre les différents services de l’Etat, mais aussi et surtout avec l’ensemble des acteurs locaux, élus, bailleurs, tissu associatif. C'est avec l’ensemble des acteurs locaux qu’une véritable dynamique de coproduction de sécurité doit, elle aussi, se développer et imposer une dynamique vertueuse.
Le ministre a enfin annoncé la création du Conseil intercommunal de Sécurité et de Prévention de la délinquance (CISPD) «Métro». Dans ce cadre, la Métropole pourra se saisir de compétences nouvelles en matière de sécurité, comme la vidéo-protection, la sécurité dans les transports ou les campements illicites.
Lire le discours du ministre de l'Intérieur