Bernard Cazeneuve présente les chiffres de la délinquance 2015 et les perspectives pour l'année 2016

Le ministre de l'Intérieur lors de la conférence de presse sur les chiffres de la délinquance 2015 - Photographie : P.Chabaud - SG - DICOM
28 janvier 2016

Jeudi 28 janvier 2016, le ministre de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve, a renoué avec la traditionnelle présentation des chiffres de la délinquance de l'année passée. Si l'exercice est connu, il marquait pourtant le début d'une nouvelle ère. Il a par ailleurs détaillé les priorités pour 2016.


De nouveaux outils pour des chiffres plus fiables

Un service statistique ministérielle a été créé en octobre 2014. Il est composé de statisticiens, dirigés par un inspecteur général de l’INSEE et a pour mission de garantir la sincérité et la fiabilité du dispositif de remontées statistiques et de production des données, conformément aux exigences de la statistique publique. Il est désormais le seul responsable des chiffres publiés.

Ce nouvel outil, associé à de nouveaux logiciels de rédaction des plaintes pour la gendarmerie et la police, intégrant un module statistique performant, permet de livrer des données statistiques robustes et fiables et de bâtir une analyse objective.

Les forces de l'ordre sur tous les fronts

Bernard Cazeneuve a indiqué qu'il ne livrerait pas un chiffre unique, qui consisterait à dire que la délinquance a globalement augmenté ou diminué. Dans un souci de rigueur et de justesse, les faits de délinquance sont étudiés catégorie par catégorie et chacune fait l'objet d'un plan spécifique pour faire régresser les faits.

Le ministre de l'intérieur a tenu a saluer le travail des policiers et des gendarmes en 2015 qui, bien que confrontés à des événements exceptionnels, qu'il s'agisse d'événements dramatiques ou porteurs d'espoir comme la COP21, "n'ont pas lâché le terrain" et ont préservé le socle de leur mission, c'est à dire prévenir et réprimer la délinquance quotidienne. Ainsi en 2015, la délinquance d’appropriation - vols en tous genres et cambriolages - a globalement diminué, parfois dans des proportions très importantes. Par ailleurs, les policiers et les gendarmes ont résolu 14 704 affaires grâce au travail de police technique et scientifique et notamment grâce à l’exploitation des empreintes digitales.

Ces résultats s’inscrivent également dans le cadre des plans mis en place à l’échelon national pour lutter contre les cambriolages et les vols à main armée, les vols de véhicules et les vols dans les exploitations agricoles. Chacun de ces plans fait l’objet d’un pilotage fin et ciblé, dans chaque département et de partenariats noués avec les acteurs locaux concernés.

Certaines formes de délinquance en hausse

Par contraste avec ces succès, certaines formes de délinquance, qui constituent de véritables pathologies sociales, ont continué à augmenter en 2015 : délinquance économique, violences non crapuleuses, actes racistes et antisémites.
Ainsi, les agrégats constituant les escroqueries et les infractions économiques ont augmenté en 2015 et représentent des volumes dépassant le total des faits de vols violents ou de cambriolages.

D’autres indicateurs rendent compte d’une violence qui n’est pas crapuleuse mais qui n’en est pas moins insupportable, commise la plupart du temps dans le cadre familial : l’évolution des coups et blessures volontaires (+2,2%) et des menaces (+13%), comme celle des atteintes sexuelles, constitue ainsi un sujet de préoccupation très sérieux. Les statisticiens estiment en effet que 40% des coups et blessures volontaires sont commis au sein de la sphère familiale et touchent donc des populations particulièrement vulnérables. Leur nombre reste en outre sous-évalué, une part importante des victimes ne portant pas plainte. Des dispositifs particuliers seront mis en place, notamment dans le cadre du soutien aux victimes, avec des outils d'alerte et une prise en charge plus adaptée.
Dans un autre ordre d’idées, l’augmentation des actes racistes, antisémites, anti-musulmans, ainsi que celle des atteintes aux lieux de culte, constitue également un sujet de très grande vigilance.
806 actes antisémites ont été commis en France en 2015. Le Gouvernement a mis en place un dispositif très puissant de protection global des lieux de culte et lancé un plan de lutte contre le racisme et l’antisémitisme sans précédent, doté de 100 millions d’euros, dont les effets se sont déjà fait sentir.

Les homicides en hausse

Le nombre d'homicides a augmenté de 16,1 % en 2015.

Si cette hausse – 149 homicides supplémentaires - correspond presque exactement au nombre des victimes des attentats terroristes qui ont été commis sur notre sol en 2015, elle ne reflète pas moins un très grand nombre d'homicides constatés, notamment dans le cadre de règlements de compte. Ce combat contre le crime organisé s’est notamment traduit par l’adoption d’un plan de lutte contre le trafic des stupéfiants. La répression de la grande criminalité passe également par la lutte que mène le ministère de l'Intérieur contre le trafic d’armes et dont Bernard Cazeneuve a fait une priorité.

Renforcement des effectifs et des moyens des forces de l'ordre

Pour faire face à tous les enjeux de sécurité, qu'ils relèvent du quotidien ou de la lutte contre le terrorisme, le Gouvernement a décidé la création de nombreux postes dans les forces de sécurité. Ainsi, 500 postes sont créés chaque année, en plus du remplacement des départs à la retraite, dans les deux forces. Trois plans pluriannuels ont aussi été décidés :

  • plus de 1 400 créations nettes d’emplois au titre du plan anti-terroriste décidé par le Premier ministre en janvier 2015 ;
  • 900 créations nettes d’emplois au titre du plan de lutte contre l’immigration clandestine de septembre dernier;
  • 5 000 emplois au titre du pacte de sécurité annoncé par le Président de la République devant le Congrès en novembre dernier.

Ce sont ainsi 9 000 postes qui auront été recréés durant ce quinquennat pour la sécurité des Français.

Les batailles gagnées à l'échelle européenne

Au mois de décembre dernier, la France a obtenu de ses partenaires européens de véritables avancées sur trois priorités :

  • la mise en place d'un PNR européen : un outil indispensable dans le cadre de la lutte contre le terrorisme pour prévenir et anticiper les déplacements des terroristes ;
  • des mesures de lutte contre le trafic des armes à feu : la France a souhaité faire adopter le règlement d'application permettant la mise en place de normes communes minimales au niveau européen sur la neutralisation des armes ;
  • le renforcement des contrôles aux frontières extérieures de l'Union européenne : révision du code de procédure Schengen qui permettra de procéder à des contrôles approfondis de l’ensemble des ressortissants européens qui quittent le territoire de l’Union ou y reviennent.

Néanmoins « beaucoup reste à faire pour mettre enfin les Européens en capacité de répondre aux périls qui les menacent » a déclaré le ministre de l'Intérieur.
« Protéger les Français contre la menace terroriste, protéger les Français contre la délinquance. Cet objectif conduit le ministère de l’Intérieur à ne laisser aucun angle mort : à agir dans la proximité, au plus près des citoyens dont il doit conserver la confiance, aussi bien qu’à entraver les projets de ceux qui menacent leur sécurité en mobilisant ses partenaires européens et étrangers. Aucune politique de sécurité efficace ne peut aujourd’hui faire l’économie de ce double investissement » a conclu Bernard Cazeneuve.