Situation migratoire à Calais

Situation migratoire à Calais
21 octobre 2015

A la veille d'un nouveau déplacement à Calais, Bernard Cazeneuve, ministre de l'Intérieur, a fait le point sur la situation et les moyens engagés par l’État, pour apporter une réponse à la fois sécuritaire et humanitaire à Calais.


Une situation qui se durcit depuis un an et demi

Depuis un an et demi, des centaines de milliers d’hommes, de femmes et d’enfants, jetés sur les routes de l’exode par les guerres et les famines, prennent tous les risques pour rejoindre l’Europe. C’est une crise migratoire inédite, qui doit appeler à une réponse publique forte, à l’échelle de l’Union européenne. 710 000 personnes sont entrées dans l'espace Schengen depuis le début de l'année 2015. Bernard Cazeneuve a appelé chaque responsable à prendre la mesure de cette situation nouvelle et à se mobiliser pour y répondre. 

Le Calaisis en particulier

Le ministre de l'Intérieur est revenu sur la situation spécifique de Calais. Calais voit en effet converger depuis des mois des personnes désireuses de rejoindre le Royaume-Uni. Si cette situation n'est pas nouvelle, elle a pris un tour particulier avec l'accélération de la crise migratoire en Europe.

Le nombre de migrants a augmenté de façon significative en quelques semaines et atteint désormais près de 6000 personnes. Bernard Cazeneuve a rappelé tout ce qui avait déjà été mis en œuvre pour apporter les réponses humaines et dignes tant en terme sanitaire que de sécurité pour les migrants et les habitants de Calais.

Le ministre a rappelé la volonté du Gouvernement de travailler avec l'ensemble des acteurs : élus locaux, associations. Il a salué leur travail, ainsi que l'entière mobilisation, sur la durée, des services de l’État et des forces de l'ordre.
Les conditions de vie des migrants sur la Lande sont plus difficiles, au fur et à mesure que leur nombre grandit. Ces populations doivent être protégées et la politique consiste depuis des mois à leur permettre de demander l'asile en France afin qu'elles puissent être relogées sur l'ensemble du territoire national. C'est également le sens du dispositif de déploiement des forces de l'ordre à Calais et du travail qu'elles fournissent, garantir la sécurité des Calaisiens, protéger les migrants contre les dangers qu'ils encourent en tentant le passage vers le Royaume-Uni.

La réponse humanitaire

Sur le plan humanitaire, Bernard Cazeneuve a rappelé que le centre d'accueil de jour, Jules Ferry, qui n'existait pas il y a 9 mois, fonctionne à plein depuis le mois d'avril et offre les prestations élémentaires aux migrants (sanitaires, accès à l'eau, repas et permanence médicale). Le ministre a également annoncé que le nombre de place dans le centre d'hébergement des personnes vulnérables - femmes, enfants – qui est installé dans un espace sécurisé dans l'enceinte même du centre Jules Ferry, serait doublé avant la fin de l'année.

La situation sanitaire a, par ailleurs, fait l'objet d'une mission d'évaluation sur le terrain par des médecins. Cette mission rendra ses conclusions dans les prochains jours. 

Le ministre a enfin rappelé les aménagements sur le campement qui s'est constitué spontanément sur la Lande situé à proximité immédiate du centre Jules Ferry (Chemin d'accès, éclairage public, accès permanent à l'eau, WC chimiques, bennes à ordures, etc).
De nouveaux aménagements sont programmés. Le coût total de ce projet - qui a vocation à être mis en œuvre d'ici le mois de décembre – est de 18 millions d'euros.

Bernard Cazeneuve a rappelé qu'apporter une réponse humanitaire digne de ce nom ce n'est pas seulement répondre aux besoins humains urgents, mais c'est aussi dessiner un avenir humain pour les réfugiés. Cela passe par la facilitation de l'accès au statut de réfugiés auquel beaucoup d'entre-eux ont droit. L'accès à la procédure d'asile a été considérablement amélioré et une attention particulière est portée aux demandes présentées à Calais, pour qu'elles donnent lieu à l'attribution prioritaire d'un hébergement en dehors de Calais, le temps de l'examen de la demande d'asile. Ce sont ainsi, depuis le début de l'année 2015, plus de 1000 migrants qui ont pu quitter Calais et bénéficier d'un hébergement au titre de leur demande d'asile.
Pour compléter ce dispositif, la direction des étrangers en France est mobilisée pour ouvrir 2000 places en centre d'accueil pour demandeurs d'asile pour les personnes présentes à Calais. L’ensemble du dispositif de mise à l'abri des personnes présentes à Calais, d'ici à la fin de l'année 2015, représentera donc précisément 3700 places d'accueil : 2000 au titre des CADA,  1500 au titre de l'aménagement de la lande et  200 au titre de l'accueil des femmes et des enfants, des personnes vulnérables.

« Convaincre de demander l'asile, ouvrir des places en CADA, protéger les personnes vulnérables, voilà la vraie réponse humanitaire ».

La réponse sécuritaire

Mais la réponse humanitaire ne sera jamais suffisante si dans le même temps nous n'assurons pas une réponse ferme face à ceux qui exploitent la détresse et la misère humaine. Aujourd'hui 1300 gendarmes et policiers sont présents en permanence à Calais. Dans le contexte que connaît notre pays, notamment avec le plan Vigipirate, cela représente pour les forces de sécurité un effort considérable, que le ministre a tenu à saluer.

La réponse en termes de sécurité, c’est aussi l’action résolue qui a été engagée pour démanteler les filières d’immigration clandestine et l’immigration irrégulière. Le nombre de filières démantelées dans le Calaisis en 2014 a progressé de 30% par rapport à l’année précédente et les résultats obtenus au début de l’année 2015 confirment cette tendance.
Le nombre d’éloignements exécutés est également en progression. 1 500 mesures ont déjà été exécutées sur les neuf premiers mois de 2015, soit une augmentation de près de 11% par rapport à la même période de l’année 2014.

Le Ministre de l'Intérieur a enfin indiqué que le Gouvernement allait rendre la frontière vers le Royaume-Uni encore plus étanche pour dissuader les passeurs et les migrants, respecter les règles internationales et diminuer la pression à Calais.

Bernard Cazeneuve se rend pour la 7e fois depuis début 2015 à Calais le mercredi 21 octobre. Comme lors de ses précédentes visites, le ministre rencontrera les élus locaux, les responsables associatifs qui œuvrent sur le terrain auprès des migrants, et les forces de l’ordre.
La situation ayant évolué sensiblement ces dernières semaines avec le doublement du nombre de migrants, le ministre de l'Intérieur annoncera sur place les nouveaux moyens que l’État engage pour faire face et surmonter les difficultés.

Lire le discours du ministre de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve