Discours de M. Bernard Cazeneuve, Ministre de l’Intérieur, à Calais – 21 octobre 2015.
- Seul le prononcé fait foi -
Madame la Préfète,
Madame la Sénatrice-Maire,
Mesdames et Messieurs les élus,
Mesdames et Messieurs les chefs des services de l’État,
Mesdames et Messieurs,
L’Europe est aujourd’hui confrontée à une crise migratoire d’une ampleur sans précédent dans notre histoire récente. Je l’ai rappelé hier encore lors d’une conférence de presse au ministère de l’Intérieur, et chacun doit désormais en prendre conscience.
A cet égard, permettez-moi de citer certains chiffres particulièrement éloquents qui donnent la mesure de la situation à laquelle nous devons collectivement faire face au sein de l’Union européenne. Depuis le début de l’année, 710 000 migrants sont entrés dans l’espace Schengen après avoir quitté leur terre natale. Soit autant en neuf mois qu’entre 2009 et 2015, alors même que l’année 2014 avait déjà été marquée par une pression migratoire exceptionnelle (280 000 entrées irrégulières dans l’espace Schengen).
Cette crise concerne donc l’Europe tout entière. Bien sûr, les pays de première entrée – l’Italie, la Grèce, les pays des Balkans – sont, pour d’évidentes raisons géographiques, exposés. L’Allemagne, quant à elle, a vu sa demande d’asile augmenter dans des proportions inédites au cours des derniers mois. On pense qu’elle accueillera un million de demandeurs d’asile. Dans cette perspective, la crise appelle donc d’abord une réponse commune et solidaire à l’échelle de l’Union européenne. C’est précisément cette réponse que la France, depuis maintenant plus d’un an – en fait dès le mois d’août 2014 –, s’est employée à élaborer en étroite liaison avec ses partenaires européens.
Cependant, si nous ne sommes pas confrontés, à l’échelle du pays, à une pression migratoire comparable à celle que connaît l’Allemagne, cette crise entraîne des conséquences de plus en plus difficiles à supporter pour la ville de Calais et sa région, où convergent tout naturellement les migrants qui ont le projet de gagner le Royaume-Uni. Calais est en quelque sorte le baromètre de l’état des flux migratoires entrant dans l’espace Schengen.
En quelques semaines seulement, le nombre de migrants à Calais a doublé, passant de 3 000 à 6 000 personnes présentes sur place quotidiennement. La plupart d’entre eux viennent d’Irak, de Syrie, d’Afghanistan, du Pakistan, d’Egypte, du Soudan ou encore d’Erythrée. Une telle pression migratoire exerce évidemment un fort impact sur la région, en termes économiques comme en termes de sécurité. A cet égard, je veux à nouveau saluer la générosité et l’humanité dont font preuve les habitants de Calais à l’égard des migrants.
De cette crise, personne ici n’est responsable. La pire chose à faire serait donc, dans ce contexte exceptionnel, d’opposer les uns aux autres, les habitants de Calais aux migrants, les migrants aux forces de l’ordre, les forces de l’ordre aux associations. Avec les élus de Calais, nous avons choisi au contraire d’agir de concert pour garantir la sécurité des Calaisiens, maintenir l’ordre public et préserver les droits des migrants.
Face à cette crise et aux situations de détresse humanitaire qu’elle provoque, deux réactions sont possibles. Certains font le choix d’exalter les égoïsmes nationaux, de dénoncer l’incurie supposée des gouvernements étrangers, de jeter l’anathème sur les migrants, d’appeler de façon incantatoire au rétablissement des frontières, y compris là où elles n’ont jamais disparues.
Et puis, il y a le choix de la lucidité et de la responsabilité, qui est aussi le choix de l’humanité et de la fermeté. Ce choix nous conduit à rechercher et à mettre en place des solutions de long terme pour réguler les flux d’immigration, pour accueillir humainement les migrants, pour assumer nos obligations en matière d’asile et pour lutter contre les filières criminelles de passeurs.
Depuis ma nomination Place Beauvau, j’applique ces principes et je mets en œuvre les solutions décidées dans la concertation, en étant personnellement extrêmement attentif à leur bonne application sur le terrain. Je me suis déjà rendu à Calais à six reprises, notamment, le 20 août dernier, avec mon homologue britannique Theresa MAY, puis le 31 août, avec le Premier Ministre Manuel VALLS et Frans TIMMERMANS, premier vice-président de la Commission européenne.
Le Gouvernement est donc pleinement mobilisé, depuis des mois, pour apporter des solutions concrètes à la situation vécue ici par les habitants et par les migrants. C’est la raison pour laquelle j’ai souhaité venir à nouveau à votre rencontre aujourd’hui : parce que la pression migratoire s’est considérablement accrue en Europe, notre dispositif doit à nouveau monter en puissance. Il doit en permanence s’adapter. Je suis donc venu vous présenter les moyens que l’Etat engage pour faire face et surmonter les difficultés qui se présentent ici à Calais et dans la région.
Comme vous le savez, le Gouvernement n’a pas cessé depuis le début de cette crise d’agir à Calais pour contenir ses effets. En partenariat avec la ville, les associations, les autorités britanniques et l’Union européenne, il a pris toutes les mesures afin de venir en aide aux migrants, afin d’assurer aux Calaisiens la tranquillité publique à laquelle ils ont droit et afin de maintenir l’ordre public.
La réponse que nous avons apportée a naturellement évolué, dans ses dimensions, avec les flux migratoires constatés. Mais les grands objectifs que nous poursuivons sont demeurés constants et je tiens à les rappeler.
En premier lieu, nous avons engagé un travail considérable pour renforcer la sécurité de nos infrastructures portuaires, ainsi que celles des accès au tunnel sous la Manche, afin d’empêcher autant que possible les passages clandestins. Il s’agit en effet d’éviter que les migrants s’exposent à un danger mortel, car on ne traverse pas un tunnel ou une frontière maritime comme on traverse une frontière terrestre. Comme vous le savez, seize migrants ont trouvé la mort au cours des trois derniers mois en tentant de passer depuis Calais au Royaume-Uni. Nous ne pouvons pas accepter de tels drames et la présence de forces de sécurité en nombre a permis d’éviter que ce triste bilan ne soit beaucoup plus élevé.
Il s’agit aussi de respecter nos obligations internationales. Dans le contexte migratoire actuel, le contrôle et la sécurisation de la frontière constituent la seule réponse responsable à cette crise. A l’heure où 10 000 migrants, en très grande majorité anglophones, et pour lesquels le Royaume-Uni constitue souvent une destination privilégiée, pénètrent chaque jour dans l’espace Schengen, donner le signal que la frontière franco-britannique ne serait pas surveillée et que le passage vers ce pays serait possible, voire facile, entraînerait nécessairement un afflux massif et incontrôlable de migrants. Peut-on imaginer la situation humanitaire à Calais si seulement un quart d’entre eux convergeait chaque jour ici et cherchaient à gagner le Royaume-Uni par le port ou le tunnel ? J’aimerais que ceux qui réclament une ouverture de la frontière prennent conscience de la portée d’une telle décision, des conséquences pour les migrants et pour les Calaisiens qu’elle ne manquerait pas d’entraîner. Et je ne doute pas une seconde que ceux-là mêmes qui prônent l’ouverture de la frontière et le retrait des forces de l’ordre qui la contrôlent, n’hésiteraient pas ensuite à venir en déplorer les effets.
Nous avons également accru, en deuxième lieu, les moyens consacrés à la lutte contre l’immigration irrégulière à Calais. Ce sont plus de 200 filières qui ont ainsi pu être démantelées en France au cours des neuf premiers mois de l’année, représentant 3000 personnes, dont 23 à destination du Royaume uni. Il n’y en avait eu que quatre dans le Calaisis au cours de toute l’année 2014. La coopération policière franco-britannique, dont j’avais présenté le dispositif lors d’un précédent déplacement à Calais avec Teresa MAY le 21 août dernier, porte donc ses fruits, grâce à l’expertise remarquable accumulée dans ce domaine par l’OCRIEST. De façon complémentaire, nous sommes également parvenus à éloigner davantage d’étrangers en situation irrégulière parmi ceux qui se trouvaient à Calais : 1500 mesures d’éloignement ont déjà été réalisées au cours des neuf premiers mois de 2015, contre 1784 pour toute l’année 2014 et 1250 en 2013.
Ensuite, nous avons veillé comme vous le savez, avec les élus et les associations, à offrir un véritable accueil humanitaire aux migrants présents à Calais, dans le cadre du centre d’accueil de jour « Jules Ferry ». Cette structure leur permet de se nourrir, de se laver et d’avoir en cas de besoin accès à des soins médicaux.
Lorsque je suis venu à Calais pour la première fois, certains s’en souviennent ici, les associations m’indiquaient que les migrants n’avaient pas accès à une douche, que beaucoup parmi eux ne parvenaient pas à se nourrir. Ils prennent aujourd’hui plus de 600 douches par jour, 2000 repas leur ont servis, ce qui permet de mesurer le chemin parcouru. Nous avons également veillé à mettre à l’abri les plus vulnérables, les femmes et les enfants, et ouvert à leur intention un centre d’hébergement sécurisé d’une centaine de places au sein de l’espace Jules Ferry. Ses capacités doivent être augmentées en cas de besoin, j’y reviendrai.
Enfin, nous avons mis en place un dispositif exceptionnel d’accueil des demandeurs d’asile à Calais. Chaque semaine, près d’une centaine de migrants, après avoir renoncé à tenter de passer au Royaume uni, décident d’effectuer une demande d’asile en France et sont pris en charge par une structure spécialisée. Aujourd’hui, le premier guichet unique pour la demande d’asile en France, après Paris, se trouve ainsi à Calais, où 2000 demandes d’asile ont été déposées depuis le début de l’année, contre 300 sur toute l’année 2013.
Lorsque j’ai lancé cette politique, on me disait souvent qu’elle était vouée à l’échec, que les migrants de Calais ne renonceraient jamais à leur projet d’émigrer au Royaume-Uni. Grâce à la mobilisation exceptionnelle de mes services, il est apparu qu’il s’agissait là d’une idée reçue. La réalité est que, en présence d’une offre de prise en charge adaptée, de nombreux migrants sont prêts à faire valoir leurs droits à l’asile en France et à renoncer à un projet migratoire toujours plus périlleux.
Dans le contexte très difficile que nous connaissons, cette politique globale a permis jusqu’en septembre dernier de maîtriser la situation. Le nombre de migrants présents à Calais semblait se stabiliser en septembre dernier autour de 3000.
Malheureusement, comme je l’ai dit, l’intensification de la crise migratoire depuis l’été s’est traduite par l’afflux de nouveaux migrants à Calais, en provenance d’Allemagne, notamment, dont le nombre a sans doute doublé en quelques semaines. Nous avons vu des campements croître également dans le Dunkerquois.
Cette situation d’une dimension exceptionnelle appelle donc un nouvel effort exceptionnel de la part du Gouvernement, à la fois en termes d’accompagnement humanitaire des migrants et de renforcement de la sécurité à Calais.
En premier lieu, afin de répondre aux besoins humanitaires les plus urgents, le camp de la lande sera aménagé, comme l’a annoncé le Premier Ministre ici même le 31 août, avec la création d’une première tranche de 1500 places dont la mise en place et la gestion sont confiées à l’association « La Vie active ». Ce système d’hébergement innovant est destiné aux migrants qui ne veulent pas, ou ne peuvent pas, dans l’immédiat, quitter Calais. Il sera mis en place avant la fin de l’année et devrait comme vous le savez, bénéficier d’un soutien de l’Union européenne au titre du fonds « Asile, migration et intégration », à hauteur de 5,2 millions d’euros. Le coût total du projet s’élève à 18 millions d’euros. Nous ferons rapidement le bilan de cette première installation et verrons si, au regard de son fonctionnement, des conditions de vie des migrants sur place, il convient d’aller au-delà ou d’adapter ce dispositif.
Par ailleurs, et vous le savez, dans le cadre du plan grand froid, j’ai demandé à la préfète du Pas-de-Calais de veiller à ce que nos dispositifs soient localement dimensionnés à la gravité du problème auquel nous avons à faire face. Aucun migrant ne doit se retrouver sans solution de mise à l’abri, si les températures hivernales mettent sa vie en danger.
Afin de répondre aux besoins des femmes et des enfants et de les mettre à l’abri, j’ai décidé de doubler le nombre de places du centre d’hébergement qui leur est réservé. Les équipements correspondant seront construits d’ici la fin de l’année et, dans l’intervalle, des tentes chauffées seront montées par la Sécurité civile dès la fin de cette semaine. Ce dispositif montera en puissance car, comme je l’ai dit hier à Paris, aucune femme, aucun enfant ne demeurera privé d’abri à Calais.
Mais notre objectif est naturellement de faciliter le départ des migrants de la lande de Calais, qui n’est pas adaptée à leur séjour. Nous avons déjà facilité, comme je l’ai dit, l’accès au statut de réfugié pour ceux qui en relèvent, à travers la mobilisation de notre système d’asile – et je souhaite saluer tout particulièrement le travail des services de l’État et de ses opérateurs, l’OFPRA et l’OFII. A la fin de l’année, l’État aura ainsi créé près de 2000 places d’hébergement pour demandeurs d’asile en provenance de Calais. Il faut mesurer ce que cet effort inédit représente.
Mais il s’agit à présent d’aller plus loin : le Gouvernement a décidé que chaque migrant présent à Calais doit pouvoir, s’il en manifeste le souhait et s’il renonce à son projet migratoire vers le Royaume-Uni, bénéficier d’une mise à l’abri ailleurs en France, sans que cette offre soit conditionnée par le dépôt préalable d’une demande d’asile. Conformément aux recommandations du rapport « Aribaud Vignon », l’objectif de cette mesure consiste à leur offrir un temps de répit, dans des conditions stables et rassurantes, au cours duquel ils pourront bénéficier d’un suivi sanitaire et social, prendre la mesure de leur situation et reconsidérer leur projet d’immigration au Royaume-Uni. Car les migrants présents à Calais se trouvent dans une impasse.
C’est pourquoi j’ai demandé à tous les Préfets de Région d’ouvrir au plus vite des « centres d’accueil et d’orientation » dont la gestion sera confiée à des associations. Les trois premiers centres doivent ouvrir dès la fin de cette semaine.
Mais le succès de ce dispositif repose également sur la bonne information des migrants. J’ai demandé à la préfète du Pas-de-Calais de veiller à impliquer les associations volontaires pour organiser sur le campement de la lande des maraudes sociales aussi régulières que possible, afin de proposer à chaque migrant une solution adaptée à sa situation. C’est souvent cette main tendue de l’État, des pouvoirs publics, des associations, ce contact régulier, qui manque à Calais comme ailleurs, et qui laisse libre cours aux passeurs. C’est cela également qu’il convient de changer. Je peux donc vous annoncer que, dès demain, les premières maraudes sociales vont débuter, conduites par quatre agents de la direction départementale de la cohésion sociale. Elles seront démultipliées dans les tous prochains jours, grâce au concours des associations qui voudront s’y associer.
Voilà ce qui constitue selon moi la véritable solution humanitaire pour Calais : éviter la concentration dans la ville de Calais de souffrances et de précarité ; offrir des conditions de mise à l’abri sur tout le territoire national. C’est pourquoi je demande aux associations qui avaient soutenu dans son principe cette orientation politique au moment de la remise du rapport « Aribaud Vignon » de s’associer concrètement à sa mise en œuvre.
Dans le même esprit, en accord avec Marisol TOURAINE, j’ai demandé qu’une mission soit diligentée sur les conditions sanitaires de vie des migrants à Calais. Cette mission vient de se dérouler et son rapport nous sera remis demain. Nous attendons ses conclusions, mais je puis vous assurer que l’Etat ne se dérobera pas devant ses responsabilités et dégagera les moyens nécessaires afin que tous les étrangers présents à Calais puissent bénéficier de soins médicaux et paramédicaux correspondant à leurs besoins. Ainsi que nous en sommes conscients, Marisol TOURAINE et moi-même, il nous faudra sans doute à ce titre renforcer la veille sanitaire à Calais, développer une offre de prévention ciblée et améliorer l’offre de soins extrahospitalière et ambulatoire. J’attends en particulier du rapport qu’il nous dise quel rôle doit tenir le Centre Jules Ferry en matière de prise en charge sanitaire de premier recours et quels moyens doivent lui être affectés pour ce faire. L’Agence régionale de Santé aura naturellement un rôle clé à jouer dans le pilotage de ce dispositif.
Il s’agit donc d’être clair. L’État veillera à ce que les besoins fondamentaux des migrants présents à Calais soient satisfaits dans des conditions dignes et rigoureuses. L’État mettra tout en œuvre pour aider ces mêmes migrants à sortir de Calais. En revanche, les migrants qui refusent cette main tendue, qui poursuivent leurs tentatives vaines et dangereuses pour rejoindre le Royaume-Uni s’exposent à une reconduite à la frontière ou à des sanctions pénales. L’État doit être à l’écoute de leurs besoins, comme il doit se montrer ferme. Des instructions très claires sont données en ce sens aux forces de l’ordre comme à la préfecture. La politique d’éloignement de l’État doit être à la hauteur du défi migratoire auquel nous sommes confrontés.
A ce sujet, je tiens à réfuter une nouvelle fois les erreurs et à dissiper les malentendus entretenus, dans un esprit de vaine polémique, au sujet du coût de ces mesures d’éloignement. La réalité est que la police aux frontières utilise de longue date des moyens aériens qu’elle loue pour assurer la reconduite des migrants en situation irrégulière ou pour délocaliser des personnes placées en rétention administrative vers un CRA éloigné de leur lieu d’interpellation.
Depuis le début du mois de juillet, la situation migratoire à Calais nous a conduits à avoir recours de manière ponctuelle, à ce système de délocalisations, pour éviter que le CRA de Coquelles ne soit saturé. Concrètement, ce sont quelques dizaines de personnes retenues, qui ont été amenées vers des centres de rétention administrative éloignés de Calais, après avoir été interpellées alors qu’elles tentent de s’introduire de manière illégale dans le tunnel.
Chacun comprend que nous ne pouvons pas renoncer à placer en rétention des migrants illégaux simplement parce que la CRA de Coquelles est saturé. On ne peut pas vouloir que l’État soit ferme en matière d’immigration irrégulière et le critiquer lorsqu’il s’en donne les moyens.
C’est également pourquoi, tant que les travaux de sécurisation du tunnel et des emprises ferroviaires, qui progressent rapidement, ne seront pas achevés, nous allons renforcer, dans des proportions importantes, la présence des forces de l’ordre à Calais. Il est impératif d’éviter que les migrants ne s’exposent à de grands périls, d’assurer la sécurité des salariés d’Eurotunnel et de garantir la fluidité des échanges avec la Grande-Bretagne, sur laquelle repose en partie l’économie de la ville de Calais et de sa région.
Nous allons donc renforcer immédiatement les effectifs de la police et de la gendarmerie présents à Calais. Aux 225 gendarmes et 440 CRS présents aujourd’hui, qui ont permis d’éviter de nombreux drames et de nombreuses difficultés, s’ajouteront 300 gendarmes et 160 CRS qui seront pleinement opérationnels dès demain.
Ce sont donc 1125 fonctionnaires, appartenant aux unités de forces mobiles de la police et de la gendarmerie, qui assureront au quotidien la sécurisation de ces infrastructures sensibles et lutteront contre les intrusions et l’immigration irrégulière.
Mesdames et messieurs,
La crise migratoire à Calais nous impose la responsabilité. Elle impose de démentir ceux qui croient qu’il y a des solutions simples, faciles et évidentes. Elle nous impose surtout de nous mobiliser collectivement pour mettre en œuvre des solutions effectives, quand bien même elles sont exigeantes et difficiles.
Je veux saluer ici l’ensemble des forces de l’ordre qui effectuent leur travail avec un dévouement et un professionnalisme qui forcent toujours mon admiration. Je veux remercier l’ensemble des acteurs associatifs qui apportent aux migrants une aide efficace et fraternelle, tout en jouant un rôle d’alerte indispensable pour les pouvoirs publics. Je veux dire aux élus la satisfaction républicaine que j’éprouve depuis plus d’un an à travailler avec eux, au-delà de toute considération partisane, avec pour seul objectif le souci du bien commun.
Au-delà de ce premier cercle, j’entends comme vous les appels de ceux qui souhaitent une intervention plus forte de l’État afin que la situation des migrants qui se trouvent à Calais s’améliore.
Je veux leur dire que j’ai faite mienne, depuis longtemps, leur exigence de solidarité. Le Gouvernement, je l’ai rappelé, a beaucoup fait et continuera à faire beaucoup afin de soulager la détresse des migrants qui se trouvent à Calais. Nous organisons une politique de l’asile, à Calais comme dans le reste de la France, pour tous ceux qui en relèvent et nous avons engagé pour ce faire des moyens considérables.
Mais, au terme de cette septième visite dans cette ville, je dois leur dire aussi que la véritable réponse humanitaire au drame des migrants ne consiste pas à organiser une gestion pérenne de la détresse à Calais. Elle consiste au contraire à leur assurer un accueil digne partout en France, au sein d’un pays qui a les ressources et la volonté pour le faire. Là réside la générosité et la lucidité et toutes les bonnes volontés seront bien entendu utiles pour faire aboutir cette ambition.
Nous ne pourrons pas apporter une réponse adaptée aux besoins des migrants si nous ne réussissons pas simultanément à faire diminuer durablement leur nombre dans cette ville, en mobilisant des ressources qui existent dans la région et dans le reste du pays. C’est cette double exigence qui inspire les mesures que le Gouvernement a décidé de mettre en place dans les jours et les semaines à venir.
Je vous remercie.