Journée de réflexion sur l'action de lutte contre la radicalisation

Journée de réflexion sur la prévention de la radicalisation
12 novembre 2015

Le ministre de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve, a lancé ce jeudi 12 novembre la première grande journée de réflexion sur la prévention de la radicalisation. Cette réunion a rassemblé l'ensemble des acteurs concernés, les acteurs publics comme associatifs.


Le ministre a rappelé que le Gouvernement avait pris très tôt la mesure du phénomène inédit que constitue la radicalisation violente de centaines de citoyens sur fond d'engagement djihadiste. Il s'est, depuis plus d'un an et demi, efforcé de lui apporter un ensemble de réponses coordonnées. Ces mesures ont été intégrées dans un plan de lutte contre la radicalisation présenté en avril 2014 par le Premier Ministre.

La prévention comme priorité

Le travail de prévention s'intègre dans cette stratégie globale et le Gouvernement en a fait une priorité. Une priorité parce que la sécurité des Français est en jeu, mais aussi parce que le destin de nombreuses familles bascule lorsqu'elles sont frappées par la radicalisation d'un enfant ou d'un parent.

La menace pour la France implique en effet des personnes qui sont nées en France. 571 sont à ce jour présentes en Syrie et en Irak et 141 personnes ont déjà perdu la vie sur le front Irako-Syrien.

Une meilleure connaissance du phénomène

La grande nouveauté du phénomène auquel l'Etat français doit faire face réside dans la grande variété des profils des personnes radicalisées ou en voie de radicalisation. 

Ainsi, parmi les personnes radicalisées, figurent de plus en plus de mineurs. 16% des personnes identifiées ont en effet moins de 18 ans et 85 de ces mineurs ont rejoint le théâtre des opérations en Irak et en Syrie. Ces jeunes, bien que parfois très bien insérés socialement et entourés par leur famille,  développent une conception fantasmée de la "révolution islamiste", nourrie par la propagande habile de DAESH sur internet et les réseaux sociaux. C'est le plus souvent l'ignorance qui conduit à ces drames. 

On dénombre également de plus en plus de femmes. Un quart des personnes radicalisées identifiées sont des femmes et 199 d’entre elles sont actuellement présentes dans la zone irako-syrienne. Ces dernières basculent dans la radicalisation et s'engagent dans les rangs des organisations terroristes. Certaines sont aussi attirées par un argumentaire humanitaire fallacieux. D'autres encore cherchent à rejoindre leur compagnon engagé aux côtés des Djihadistes.

Aux motivations d’ordre social ou bien idéologique, il faut également ajouter des facteurs d’ordre psychologique, voire psychiatrique. A ce jour, 103 personnes identifiées comme radicalisées ou étant sur la voie de la radicalisation font l’objet d’un suivi médical et 62 d'entre-elles ont même dû être hospitalisées.

Aujourd’hui les acteurs connaissent beaucoup mieux qu’auparavant le phénomène de la radicalisation violente dans toute sa complexité et sont également capables d’en identifier plus aisément les symptômes et de détecter une trajectoire de radicalisation.

Détecter une trajectoire de radicalisation

Depuis le mois d’avril 2014, le Gouvernement a mis en place plusieurs outils qui permettent de gagner en efficacité dans le travail de repérage des personnes concernées.

Une grille d’indicateurs

Une grille d’indicateurs du basculement dans le fanatisme et la radicalisation violente a été élaborée. Adressée aux services déconcentrés de l'Etat sur l'ensemble du territoire national, elle permet d'identifier aussi bien les signaux forts que les signaux faibles révélant une dérive fanatique. Les services compétents peuvent alors établir un diagnostic et proposer une prise en charge adaptée à chaque cas.

Le ministre de l'Intérieur a rappelé à quel point il était absolument indispensable que toute personne dont on est certain, ou bien dont on craint qu’elle n’ait basculé dans la radicalité, soit signalée aux structures compétentes. L’ensemble des acteurs publics et des acteurs associatifs qui travaillent auprès des jeunes doivent participer à cette tâche d’identification et de prise en charge des personnes concernées. 

Le Centre national d’assistance et de prévention de la radicalisation

Une plateforme téléphonique nationale regroupant une équipe de professionnels formés à écouter, rassurer et orienter les familles confrontées au phénomène de la radicalisation a été créée il y a plus d'un an. A ce jour, 3 800 signalements pertinents ont été recensés par le Centre national. Chaque signalement est communiqué au préfet concerné en fonction du lieu de résidence de la personne signalée afin qu'elle soit prise en charge. Dans chaque département, une « cellule de suivi et de prévention de la radicalisation » a été mise en place. Ces cellules réunissent les services de l'Etat concernés mais aussi leurs partenaires, parmi lesquels les collectivités locales et les acteurs associatifs.

Un Etat-major opérationnel de prévention du terrorisme (EMOPT) a par ailleurs été créé en juin 2015. Son rôle est de coordonner, d’animer et de contrôler à l’échelon central le suivi des personnes radicalisées pour s’assurer que celui-ci est bien effectif. 

Une équipe mobile d’intervention

D'autres mesures innovantes ont également été mises en oeuvre, parmi lesquelles la création d'une équipe mobile d’intervention. Pilotée par Dounia BOUZAR, cette équipe intervient directement sur le terrain à la demande des préfets pour traiter les situations individuelles les plus difficiles. A ce jour, une cinquantaine de personnes ont déjà été prises en charge.

Dresser le bilan, dégager des marges de progression : voilà l’objet de cette première journée de réflexion, qui en appellera d'autres.

Près d'une centaine de personnes ont participé aux quatre ateliers thématiques.

Ces derniers avaient pour sujets :

  • Le travail avec les familles 
  • Le désengagement de la personne d’un processus de radicalisation 
  • La resocialisation et l’accompagnement 
  • La coordination d’une approche globale de suivi des personnes radicalisées 

La restitution des travaux conduits en ateliers a eu lieu en présence du ministre de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve et d'autres ministres du Gouvernement.

Intervention de M. Bernard Cazeneuve :


Prévention de la radicalisation par Ministere_interieur