Brice Hortefeux, ministre de l'intérieur, de l'outre-mer, des collectivités territoriales et de l'immigration, a accordé un entretien au journal Le Parisien / Aujourd'hui en France, publié dans son édition du dimanche 19 décembre 2010.
Interrogé sur la polémique suscité par ses propos sur la décision du tribunal de grande instance de Bobigny, le ministre de l'intérieur a, une nouvelle fois, rappelé que "lorsqu'il y a une faute, il doit y avoir sanction", en soulignant son attachement "au strict respect de la déontologie". Il a précisé avoir "engagé une action disciplinaire à l'égard des policiers concernés, dès lors que les faits ont été avérés, soit bien avant leur condamnation en première instance". Par ailleurs, le ministre a observé que le parquet avait fait appel du jugement. Sur un plan plus général, Brice Hortefeux a affirmé son "soutien aux policiers qui font leur devoir dans le respect des règles et dans des conditions très difficiles, notamment en Seine-Saint-Denis".
Questionné sur ses relations avec le garde des Sceaux et ministre de justice et des libertés publiques, Michel Mercier, le ministre de l'intérieur a vanté leur travail collectif, leurs relations "très amicales" et leur "confiance totale", avant d'ajouter "comme le souhaite le président de la République, nous considérons que la sécurité est une seule chaîne dont tous les maillons doivent être solides et œuvrer dans un objectif commun".
Revenant sur les attaques qui ont visé au cours de la semaine des distributeurs automatiques de billets (DAB), Brice Hortefeux a déclaré que "les vols à main armée tels qu'on les a connus dans les banques ont presque disparu" car "les criminels se sont orientés vers les DAB". Face à cette évolution de la délinquance, le ministre a mis en avant les dispositifs de protection, comme celui qui a permis, grâce à des plots placés devant la banque, de mettre en échec l'attaquée menée à Dugny, jeudi dernier. Tout en se réjouissant de la baisse du nombre de ces attaques - 37 en 2010 contre 60 en 2009, le ministre de l'intérieur souhaite "aller plus loin et plus fort" en réunissant, lundi 20 décembre, les responsables des professions concernés et du secteur bancaire pour "améliorer encore les dispositifs de protection".
Grâce à une mobilisation totale, la délinquance a encore reculé en 2010, affichant une baisse ininterrompue depuis 2002. Brice Hortefeux a salué une diminution réelle des atteintes aux biens et a indiqué que
si elles n'augmentent quasiment plus, les violences aux personnes restent un défi à relever.
Pointant du doigt des difficultés en Seine-Saint-Denis, à Marseille ou à Grenoble, le ministre a annoncé qu'il se rendra "dans les tout prochains jours" dans la capitale des Alpes. "Tous les moyens sont mobilisés et nous obtenons d'importants résultats sur le terrain" a-t-il insisté. Evoquant l'action du préfet Christian Lambert en Seine-Saint-Denis, Brice Hortefeux a estimé qu' "il prend le problème à bras-le-corps » et que la sécurisation de 7 000 halls d'immeuble en huit mois « crée un nouveau sentiment".
Il y avait des zones où la police n'allait plus. C'est fini. Ma volonté est claire, il n'y a pas de territoires interdits
a martelé le ministre.
Consignes strictes données dès le début du mois de décembre, mobilisation des préfets place Beauvau il y a quelques jours, Brice Hortefeux a tenu à "mobiliser tous les moyens pour que chacun puisse vivre cette période de fêtes en toute sérénité".
Concrètement, chaque jour, dans le cadre du plan Vigipirate rouge renforcé, ce sont 3 400 policiers et plus de 1 000 militaires qui sécurisent les cibles potentielles d'attentats. Le ministre de l'intérieur a donné des instructions pour que des patrouilles en civil soient déployées sur les sites les plus sensibles. Pour la nuit de la Saint-Sylvestre, 71 unités mobiles - compagnies de CRS et escadrons de gendarmerie - seront « sur le pont », en plus de l'ensemble des effectifs mobilisés dans les commissariats et les brigades de gendarmerie. Au total, cela représente 6 000 policiers et gendarmes supplémentaires.
Interrogé sur les risques d'attentats en France, Brice Hortefeux a rappelé que "depuis la mi-octobre, des informations concordantes venant de pays amis nous conduisent à être vigilants". Les deux filiales d'Al-Qaïda, dans la péninsule Arabique et au Maghreb islamique, constituent la "principale menace" sur le sol national mais aussi pour les Français vivant à l'étranger. Le ministre de l'intérieur s'est déclaré également "attentif" à une autre menace constituée par la mouvance ultragauche, comme celle à l'œuvre récemment en Grèce.