Amené à réagir aux propos de Rachida Dati, maire du 7e arrondissement de Paris, sur l'efficacité de sa politique de sécurité, le ministre a indiqué qu'il
écoute naturellement avec beaucoup d'attention tous les maires d'arrondissement qui s'expriment sur ces sujets et qu'il est attentif à ce qui peut être mené comme initiatives locales.
Au passage, le ministre de l'intérieur a insisté sur le caractère "positif" de sa mission : "assurer la sécurité de nos compatriotes et faire en sorte que la cohésion de notre société ne soit pas remise en cause", mission dont il souligne qu'elle le "mobilise totalement, fortement, 24h sur 24".
Brice Hortefeux est ensuite revenu sur la loi pénitentiaire adoptée en 2009 dont il a estimé qu'elle contient "de très bonnes choses" tout en ajoutant que des "améliorations peuvent lui être apportées". Ainsi, par exemple, cette proposition de "bon sens" du député des Alpes-Maritimes, Eric Ciotti, qui souhaite que "lorsque quelqu'un est condamné pour un acte de délinquance, il effectue réellement une peine de prison". En effet, le ministre ne trouve "pas sain" qu'un individu condamné à deux années de prison, "c'est-à-dire pour des actes qui ne sont pas mineurs", soit "assuré de ne pas faire un seul jour de prison" comme c'est pourtant le cas aujourd'hui.
Interrogé sur la politique d'immigration, Brice Hortefeux a souligné que "nous avons un défi à relever, c'est la maîtrise des flux migratoires" pour "faire en sorte que les immigrés qui viennent sur le territoire national en situation légale, qui respectent nos règles, qui se reconnaissent dans notre valeur, puissent être intégrés". Cet objectif est indissociable de la lutte contre l'immigration illégale, c'est-à-dire "ceux qui viennent sur notre territoire sans avoir demandé l'autorisation, sans avoir respecté les règles, sans avoir fait l'effort qu'ont fait ceux précisément qui viennent en situation légale".
Evoquant le rattachement de la question de l'immigration à la place Beauvau, le ministre a, tout d'abord, souligné que cette politique publique a "longtemps été rattachée au ministère de l'intérieur" et que c'est aussi le cas en Allemagne ou au Royaume-Uni. Questionné sur l'existence d'un lien de causalité entre immigration et délinquance, le ministre a été très clair :
ma préoccupation est simple, c'est d'assurer la protection et la sécurité de tous ceux qui vivent sur le territoire français. C'est ma mission et je ne fais pas de distinction. J'assure la protection de tous, et d'ajouter : le combat que je mène contre la délinquance ne s'adresse pas à une communauté ou contre une communauté, il s'adresse à l'ensemble de la communauté nationale. Tous ceux qui vivent sur le territoire français ont droit à la protection de l'État.
Lors de l'interview, Brice Hortefeux a également été interpellé sur la situation sécuritaire en Corse. Le ministre a souhaité distinguer, d'une part, les attentats liés à des mouvements indépendantistes, qui, a-t-il souligné, ont été divisés par deux, et d'autre part, les règlements de compte meurtriers qui surviennent dans le cadre du grand banditisme. Il a indiqué que les services de gendarmerie mènent un travail de fond, en profondeur, pour déterminer les origines de ces homicides et a rappelé qu'en la matière, le taux d'élucidation s'élève à 93%.
Questionné sur le thème de la menace terroriste, le ministre de l'intérieur a indiqué que quelques dizaines de personnes d'origine européenne participent à des camps d'entraînement, en zone pakistano-afghane. Il y a donc une vigilance de la part des services de renseignement français en liaison avec un certain nombre de services de partenaires étrangers sur les trajets de ces personnes, a-t-il souligné, d'autant que certaines avaient l'intention de revenir sur les territoires européens, sans doute pour commettre des actes inadmissibles.
Enfin, Brice Hortefeux est revenu sur les résultats de la politique de sécurité : "la délinquance globale diminue, les atteintes aux biens diminuent, et diminuent fortement. Nous obtenons des résultats spectaculaires dans la lutte contre la drogue et les trafiquants de drogue ; du petit dealer du bas d'immeuble jusqu'aux grands réseaux". Parallèlement, "les violences aux personnes" constituent un "défi adressé à l'ensemble des sociétés post industrielles". Le ministre a rappelé qu'entre 1997 et 2002, elles avaient augmenté de 55%, soit plus de 10% par an selon les chiffres de l'Observatoire national de la délinquance et des réponses pénales. Depuis 2002, elles n'augmentent plus que de +3% par an et "nous sommes aujourd'hui sur une tendance de +1,47%" a souligné le ministre pour qui "la spirale de la hausse a été incontestablement cassée".