Brice Hortefeux : "La sécurité de Marseille et des Marseillais est au premier rang de mes préoccupations"

21 novembre 2010

Dimanche 21 novembre 2010, Brice Hortefeux, ministre de l'intérieur, de l'outre-mer, des collectivités territoriales et de l'immigration s'est rendu à Marseille, après le règlement de comptes survenu vendredi soir, pour faire le point de la situation avec le préfet et l'ensemble des responsables de police et dévoiler ses mesures pour donner une nouvelle impulsion à la lutte contre les trafics d'armes et de stupéfiants.


Le ministre est, tout d'abord, revenu sur les faits : vendredi, vers 21h30, plusieurs individus roulant dans deux voitures de luxe ont ouvert le feu à l'arme automatique au cœur du quartier sensible du Clos La Rose, dans le XIIIème arrondissement de Marseille.
Le bilan est dramatique :

  • un jeune homme de 16 ans a été touché à sept reprises au thorax et aux membres inférieurs, il est rapidement décédé des suites de ses blessures ;
  • un enfant de 11 ans a été, quant à lui, grièvement blessé par balles, au cou, au thorax, à une main et à un pied, il est actuellement à l'hôpital où ses jours ne sont plus en danger ;
  • enfin, un jeune adulte a reçu une balle dans le bras et a été soigné.

Selon les déclarations du procureur,

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 il n'y avait pas de mobile clair, mais très souvent, ces exécutions organisées et très violentes s'inscrivent dans une logique de règlements de comptes liés à des trafics de drogue. 

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Le ministre a précisé que le mineur décédé était défavorablement connu des services de police pour de nombreux actes violents, recel et usage de stupéfiants.
Les investigations sont conduites par la direction interrégionale de la police judiciaire de Marseille, sous l'autorité du Parquet. La police technique et scientifique analyse les restes des deux voitures utilisées par les malfaiteurs et retrouvées incendiées dans lesquelles ont, d'ores et déjà, été retrouvés trois fusils mitrailleurs Kalachnikov avec leurs chargeurs et un pistolet automatique.

Brice Hortefeux a fait part de sa volonté de

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savoir ce qui s'est précisément passé afin que les criminels soient interpellés, déférés et punis avec une sévérité exemplaire.

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Dans le même temps, le ministre de l'intérieur a indiqué que la fusillade de vendredi soir s'inscrivait dans une série de règlements de comptes violents intervenus récemment, à Marseille. Depuis janvier 2009, la cité phocéenne a ainsi connu 26 règlements de comptes pour un bilan humain de 19 morts et 16 blessés. Ces règlements de comptes de trafiquants d'armes et de drogue sont survenus en pleine ville, dans la rue, souvent dans des quartiers sensibles, comme la cité Clos La Rose, la cité la Solidarité, la cité Aigues Douces ou la cité Font Ver, mais aussi dans des bars et des boîtes de nuit.

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Grâce au travail conjoint des services de police, de gendarmerie et de l'autorité judiciaire, 7 de ces règlements de comptes ont, d'ores et déjà, été élucidés », s'est réjoui le ministre, qui a rappelé qu'il n'a pas attendu ces événements pour « définir et mettre en œuvre un plan national de lutte contre les trafics d'armes, qui commence à produire ses effets.

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Décidé à aller encore plus loin, le ministre de l'intérieur a dévoilé, à Marseille, 4 mesures immédiates pour donner une nouvelle impulsion à la lutte contre les trafics d'armes et de stupéfiants :

  • 1ère mesure opérationnelle : le renseignement opérationnel doit se consacrer principalement à la lutte contre ces trafics. Le ministre a donc décidé de renforcer le service départemental d'information générale (SDIG) : les effectifs se consacrant à la lutte contre les trafics seront augmentés de 5 policiers spécialisés dès le 1er décembre. Le directeur central de la sécurité publique fera, en outre, toute proposition utile au ministre pour réorganiser le SDIG des Bouches-du-Rhône et renforcer sa contribution dans la lutte contre les trafics ;
  • 2ème mesure opérationnelle : la mise en place immédiate de deux unités de forces mobiles supplémentaires à Marseille. Leur mission exclusive est de mettre en œuvre un plan dynamique de surveillance et de sécurisation dans les quartiers sensibles de la ville. Concrètement, ce sont 150 policiers supplémentaires qui, sur le terrain, seront désormais affectés à la lutte contre les trafics. Le ministre a annoncé qu'il les maintiendra à Marseille le temps qu'il faudra pour donner un coup d'arrêt à ces trafics. Il a demandé au préfet des Bouches-du-Rhône, en liaison avec le directeur général de la police nationale, de lui faire toute autre proposition de mobilisation et d'organisation des services pour que ce renfort s'inscrive dans la durée ;
  • 3ème mesure opérationnelle : le renforcement immédiat des équipes d'enquête affectées à Marseille. Sous l'autorité du parquet, la police judiciaire doit tout faire pour atteindre un double objectif : élucider tous les règlements de compte et démanteler les gangs qui sévissent à Marseille. « C'est une obligation de résultats » a insisté le ministre ;
  • 4ème mesure opérationnelle : une focalisation du GIR de PACA, en liaison étroite et permanente avec l'autorité judiciaire, sur la lutte contre l'argent facile qui est au cœur des trafics d'armes et de stupéfiants.  Le ministre a exigé d'être tenu personnellement informé, d'ici la mi-décembre, de la situation patrimoniale des individus connus, à Marseille, pour plusieurs rôles au STIC : le GIR et les services concernés vont passer au peigne fin leur situation patrimoniale, leur demander de justifier de leur train de vie et de leurs ressources, et constituer les dossiers qui seront transmis au juge pénal et aux services fiscaux.

Enfin, Brice Hortefeux a donné au nouveau préfet des Bouches-du-Rhône la mission de se consacrer prioritairement à la lutte contre les trafics dans les quartiers de Marseille.
Le ministre de l'intérieur a rappelé que, sur sa proposition, le préfet Hugues Parant venait d'être nommé préfet de zone, préfet de la région Provence-Alpes-Côte d'Azur, préfet des Bouches-du Rhône par le président de la République. Pour Brice Hortefeux, cette nomination signifie que "les plus hautes autorités de l'Etat veulent donner, à Marseille et dans les Bouches-du-Rhône, une nouvelle impulsion à la lutte contre toutes les formes d'insécurité".
Le ministre a vanté les très grandes qualités professionnelles du préfet Hugues Parant, sa capacité à diriger les forces de sécurité en parfaite coopération avec l'autorité judiciaire et les élus locaux, son sens de l'organisation et de l'anticipation.

Il lui a demandé de poursuivre dans les Bouches-du-Rhône l'action qu'il a conduite efficacement dans le Var et de réunir immédiatement, avec le procureur de la République, l'état-major de sécurité départemental.
Brice Hortefeux s'en est entretenu avec le Garde des Sceaux : des opérations "coups de poing" seront mises en œuvre dans les meilleurs délais. Ces actions seront conduites en partenariat étroit avec le sénateur-maire de Marseille. Le ministre entend, par exemple, accompagner les actions de prévention de la délinquance que le premier magistrat de la cité phocéenne souhaite développer, notamment pour sécuriser les sites et lutter contre la délinquance des mineurs. Très concrètement, le ministre réserve à Marseille tous les crédits nationaux nécessaires pour accompagner un effort d'équipement en vidéoprotection.
Brice Hortefeux :

"Marseille est la deuxième ville de France. Elle est donc, au plan national, au premier rang de mes préoccupations. Les Marseillais ont droit, ni plus ni moins, au même niveau de sécurité que l'ensemble du territoire national. C'est une obligation de résultats que le président de la République nous a fixée. C'est un engagement que nous mettons en œuvre sur le terrain. Je veillerai personnellement, avec le maire de Marseille, à ce que cet engagement soit tenu. Je reviendrai m'en assurer personnellement, sur le terrain".