Guide pratique de l'Aïd-el-Kébir : Modalités d'organisation et encadrement de l'abattage

Guide pratique de l'Aïd-el-Kébir
3 août 2016

L’Aïd-el-kébir, ou Aïd-el-adha, est une fête célébrée chaque année par les musulmans du monde entier, qui commémore, selon la tradition musulmane, le sacrifice que Dieu demanda à Abraham pour éprouver sa foi. Cette fête, réunissant les familles, est un moment important de partage et de convivialité, qui s’accorde avec la liberté de culte assurée par notre Constitution.


Elle se traduit en France par l’abattage de plus de 100 000 moutons, sur une période comprise entre un à trois jours. L’organisation de cette fête constitue donc un véritable défi logistique pour l’ensemble des parties prenantes : communautés musulmanes, professionnels de l’élevage et de l’abattage, collectivités territoriales, État...

L’abattage des animaux pendant la fête de l’Aïd-el-kébir doit être réalisé dans des abattoirs agréés par l’État, dans le respect des réglementations relatives à la sécurité sanitaire des aliments, à la santé, à la protection animale et à la protection de l’environnement : l’abattage des animaux en dehors des abattoirs est interdit et constitue un délit. Outre une organisation optimale des flux d’animaux au niveau régional et interrégional, permettant d’utiliser les abattoirs existant au maximum de leur capacité, il s’avère nécessaire, pour faire face à l’augmentation importante du nombre d’animaux devant être abattus sur un laps de temps court, de disposer d’abattoirs dits « temporaires » agréés spécifiquement pour cette occasion.

Les abattoirs « temporaires » sont des structures ayant vocation à fonctionner uniquement pendant la durée de la fête. Chaque année, en France, environ soixante abattoirs de ce type sont agréés pour la fête de l’Aïd-el-kébir. La mise en place de ces structures et leur bon fonctionnement pendant toute la durée de la fête mobilisent des porteurs de projets qui peuvent être des prestataires privés, des associations musulmanes ou des associations d’éleveurs. Ces porteurs de projets travaillent en collaboration avec les collectivités territoriales, l’État, notamment les services vétérinaires présents en permanence dans les abattoirs, les professionnels de l’élevage, les responsables de centres de rassemblement et de marchés et les abatteurs.

Il est indispensable d’anticiper l’organisation de cette fête et que l’ensemble de ces acteurs, chacun dans leur champ de compétence, soit pleinement impliqué dans sa bonne mise en œuvre. Les conditions de réussite de l’Aïd-el-kébir supposent notamment la réalisation d’une communication efficace préalablement à la fête, la désignation d’un interlocuteur unique (physique ou moral) qui assure le portage du projet de l’abattoir temporaire, pour l’administration, une connaissance pointue des procédures par ces porteurs de projets d’abattoirs temporaires et une rigueur dans l’accomplissement de l’ensemble des tâches administratives et logistiques associées à la gestion d’un abattoir temporaire. L’implication forte des communautés musulmanes et le soutien des collectivités territoriales sont des éléments importants de réussite. Enfin, il est indispensable qu’une politique de sanction ferme des abattages clandestins soit mise en œuvre dans les territoires.

À l’occasion de la première Instance de dialogue entre les pouvoirs publics et les Français de confession musulmane, en présence de 150 personnes issues de la société civile et associative, le 15 juin 2015, le ministre de l’Intérieur a souhaité, entre autres mesures, la constitution d’un groupe de travail sur l’Aïd-el-kébir. Ce groupe de travail constitué de représentants du culte musulman, de professionnels de l’ensemble de la filière, de représentants des administrations s’est réuni à plusieurs reprises entre la fin de l’année 2015 et le début de l’année 2016 afin de traiter les questions pratiques, techniques et juridiques liées au déroulement de l’Aïd-el-kébir.
Les consultations locales préalables, en préfecture, avec les représentants régionaux du culte musulman et au-delà certains acteurs de la société civile ont en effet pointé les difficultés d’organisation de cette fête dans les territoires. L’objectif du groupe était d’élaborer le présent guide pratique afin de contribuer au bon déroulement de l’organisation de l’Aïd-el-kébir sur l’ensemble du territoire.

Ce guide a pour vocation de mettre à disposition des professionnels, des administrations, des collectivités ainsi que des citoyens concernés par cette fête, un ensemble de données concrètes concernant les règles régissant la bonne mise en œuvre de l’Aïd-el-kébir. Il a également pour objectif de recenser et de partager les bonnes pratiques d’organisation constatées dans les différents départements, afin que tout un chacun puisse profiter de ces retours d’expérience. En effet, certains sites temporaires existent et fonctionnent de façon optimale depuis désormais dix ans. À titre d’information, une cartographie des abattoirs mobilisés pendant l’Aïd-el-kébir de 2015 est proposée (p. 94-97). Ce guide et les cartes associées sont disponibles en version électronique sur les sites du ministère de l’Intérieur et du ministère de l’Agriculture, de l’Agroalimentaire et de la Forêt. Il doit évoluer et être actualisé en fonction des évolutions réglementaires éventuelles, des nouveaux retours d’expérience et des bonnes pratiques constatées, gagnant à être partagées.

Ce guide aborde de manière non exhaustive les considérations techniques en matière de sécurité sanitaire, de protection animale et de protection de l’environnement. En effet, un guide technique détaillé est déjà disponible sur le site du ministère de l’Agriculture, de l’Agroalimentaire et de la Forêt ( http://agriculture.gouv.fr/abattage-rituel ).

Cette démarche s’inscrit dans une dynamique d’amélioration continue qui permet de concilier le profond attachement des musulmans de France à la fête de l’Aïd-el-kébir et la liberté de culte garantie par notre Constitution, avec les dispositions législatives et réglementaires en matière de santé publique, de protection de l’environnement, de santé et de protection animales.