"Le problème que nous avons, c’est quand au nom d’une religion ou d’une appartenance, on veut se séparer de la République, donc ne plus en respecter les lois, et donc qu’on menace la possibilité de vivre ensemble en République à cet égard, qu’on en sort soi-même, mais qu’on menace la possibilité pour les autres de le faire.
C’est pourquoi notre ennemi est, à ce titre, le séparatisme c’est-à-dire ce phénomène que nous observons depuis des décennies qui est une volonté de quitter la République, de ne plus en respecter les règles, d’un mouvement de repli qui, en raison de croyances et d’appartenances, vise à sortir du champ républicain et cela n’est pas acceptable."
Emmanuel MACRON le 18 février 2020, Mulhouse
La question soulevée par le Président de la République n’est pas nouvelle. La commission présidée par Bernard Stasi dressait déjà, en 2003 un constat inquiétant : « Les fondements du pacte social sont sapés par un repli communautaire plus subi que voulu au sein de quartiers relégués, par la menace qui pèse sur les libertés individuelles et par le développement de discriminations fondées sur le sexe ou les origines ».
Ces dernières années, une forme de séparatisme à fondement religieux s’est affirmée. Elle n’est pas sans lien avec les attentats qui ont meurtri la France encore tout récemment.
Dès 2017, le sujet de la lutte contre l’islamisme radical a été pris à bras-le-corps par le Président de la République et le Gouvernement.
Avec le discours de Mulhouse du 18 février 2020 et celui des Mureaux du 2 octobre 2020, le Président de la République a décidé de franchir une nouvelle étape : celle d’un sursaut républicain, en réaffirmant que la République est d’abord une exigence, une volonté de partager un destin commun. Cette stratégie passe d’abord par la mobilisation de tous les leviers de l’action publique afin de renforcer le pacte républicain là où les services publics sont le plus attendus, avec notamment :
La reconquête républicaine est aussi le fruit de cette lutte résolue contre le séparatisme, renforcée par le projet de loi, et du renforcement de l’action publique pour l’égalité des chances et la cohésion sociale.
Elle s’appuie aussi sur l’engagement de l’islam contre l’islamisme, avec un effort de structuration de l’islam de France, la constitution de filières scientifiques d’excellence en islamologie et la formation des cadres religieux.
Elle s’incarne enfin dans un nouveau texte de loi destiné à conforter le respect des principes de la République pour donner à l’État des moyens nouveaux d’action. Élaborée au terme de travaux approfondis et de nombreuses consultations (partis politiques, société civile, intellectuels, représentants des cultes…), elle est présentée le 9 décembre en Conseil des ministres, 115 ans jour pour jour après la promulgation de la loi du 9 décembre 1905 concernant la séparation des Églises et de l’État.
Au cours de ces 20 dernières années, la République, par naïveté ou par faiblesse, a trop souvent fermé les yeux sur un islamisme radical qui gagnait chaque jour du terrain :
Ces pratiques, ce sont des pratiques séparatistes. Le séparatisme ne se limite pas à la revendication d’accommodements venant saper le principe d’égalité, et la conception universaliste des droits de l’Homme que porte la France. Cela se matérialise par une réelle volonté de sortir du champ de la République, par des pratiques qui vont à l’encontre de la liberté de conscience, de l’égalité entre les femmes et les hommes et d’une fraternité inconditionnelle.
Avec ce texte, le Gouvernement veut se donner les moyens de lutter contre ceux qui dévoient la religion pour mettre en cause les valeurs de la République. Il s’agit d’empêcher que, sur certaines parties du territoire national, certains instrumentalisent la religion pour construire une société parallèle et imposer leurs règles à la République. Dans la République, on ne doit jamais accepter qu’on puisse mettre la règle d’un groupe au-dessus de la règle commune, sa foi au-dessus de la loi.
Pour lutter contre ces formes particulières de séparatisme, le projet de loi poursuit deux grands objectifs : garantir le respect des principes républicains et le libre exercice du culte.
Le Gouvernement souhaite renforcer l’affirmation de la primauté des valeurs de la République en les traduisant plus explicitement dans le droit positif lorsque ce dernier s’avère insuffisamment précis.
Dans les interstices laissés par l’ambiguïté de la loi ou par l’abus de droit, s’immisce une normativité d’inspiration religieuse qui tend à nourrir les dynamiques séparatistes. La loi doit donc
préciser les principes qui contribuent à définir ce que nous avons en commun.
a. Les premiers articles visent à renforcer les valeurs et principes républicains dans les services publics : neutralité des salariés de droit privé participant à une mission de service public et création d’un mécanisme contractuel permettant d’en assurer le respect. Ce texte permet aussi une meilleure protection de toutes les personnes exerçant une mission de service public en sanctionnant les menaces ou les violences exercées dans le but d’obtenir une exonération ou une adaptation des règles régissant les services publics.
b. Un chapitre est consacré au droit des associations, afin de s’assurer que celle-ci, dans les activités qu’elles mènent et dans l’emploi des subventions qui leur sont octroyées, respectent l’ordre public, les libertés fondamentales et les valeurs républicaines. Ainsi, la loi permet de :
c. La loi comporte en outre des dispositions destinées à préserver la dignité de la personne humaine, et notamment à :
d. Des mesures importantes sont prévues dans les champs de l’éducation et du sport :
e. Le texte vient améliorer la protection contre la haine en ligne et permet :
Il existe, en France, des dérives idéologiques à fondement religieux, qui peuvent se traduire dans l’exercice du culte lui-même.
Certaines associations qui assurent cet exercice et les lieux de culte qu’elles gèrent sont le théâtre de tensions et de dérives qui mettent en péril la sauvegarde de l’ordre public.
Certains lieux de culte ont ainsi pu constituer des relais pour des discours promouvant des valeurs opposées à celles de la République, prêchant des discours incitant à la haine et menaçant ainsi le vivre-ensemble.
Afin que les pouvoirs publics soient à même de garantir que tous les cultes s’exercent librement et ne donnent pas lieu à des dérives idéologiques dangereuses, le Gouvernement souhaite une modernisation du régime des cultes. Il s’agit d’en conserver les principes et l’architecture mais de s’assurer, quel qu’en soit le mode d’exercice, que le cadre juridique soit protecteur de la liberté de religion, de la liberté de conscience des individus et donne aux pouvoirs publics, sous le contrôle du juge, la capacité de juguler les dérives par des mesures adaptées.
Le projet de loi vise à conforter le cadre de la loi de 1905. Il incite les acteurs du culte à constituer des associations cultuelles et à séparer leurs activités cultuelles de leurs autres activités en rendant plus évidentes, dans le souci d’un meilleur respect du principe de laïcité, les règles qui président aux relations entre l’État et les responsables d’activités cultuelles. La clarification
de la position et du rôle de chacun à l’égard de l’autre ne peut que contribuer à l’amélioration des rapports institutionnels et au développement d’une relation de confiance.
a. Le projet de loi vient renforcer le régime des associations cultuelles et prévoit notamment :
b. Le projet de loi améliore la transparence des financements pour lutter contre l’influence des pays étrangers :
Les associations cultuelles peuvent parfois être la cible d’ingérences étrangères qui sont le fait d’États, d’associations ou de particuliers, qui veulent influer l’action et la croyance des fidèles, notamment par le biais de financements du culte.
Un mécanisme de transparence du financement est donc mis en place, sous forme d’une simple déclaration aux autorités des financements étrangers dépassant le seuil de 10 000 euros.
Les autorités publiques seraient fondées à s’y opposer pour un motif tiré de l’ordre public, lorsqu’il est porté atteinte à un intérêt fondamental de la société. L’obligation déclarative pèserait sur l’association destinataire in fine du financement, quelle que soit sa forme et quelles que soient les modalités de son transfert.
c. Le projet de loi garantit que les lieux de culte ne soient pas détournés de leur vocation ou servent de relais aux discours de haine.
La CLIR est une équipe pluridisciplinaire, placée sous l’autorité du préfet de département, et vise à coordonner l’action de l’ensemble des acteurs susceptibles de contribuer à la lutte contre l’islamisme et le repli communautaire.
Elle se compose du corps préfectoral, de la direction départementale des services de l’éducation nationale, de la direction départementale de la cohésion sociale, de la direction départementale de la protection des populations, de la direction départementale des finances publiques, de l’unité des directions régionales des entreprises, de la concurrence, du travail et de l’emploi, des forces de sécurité intérieure (gendarmerie nationale, police, services de renseignements) ainsi que de référents au sein de la CAF, de l’URSSAF ou encore de Pôle Emploi. L’autorité judiciaire, ainsi que les élus locaux, sont également des partenaires essentiels.
Les missions de la cellule départementale de lutte contre l’islamisme et le repli communautaire sont :