Séance de questions d'actualité au Gouvernement du 25 février 2014

Séance de questions d'actualité au Gouvernement du 25 février 2014
Mardi 25 février 2014, Manuel Valls, ministre de l'Intérieur, a répondu aux députés Christophe Priou, Yannick Moreau et Bruno Le Roux, lors de la séance de questions d'actualité au Gouvernement à l'Assemblée nationale.

Mardi 25 février 2014, Manuel Valls, ministre de l'Intérieur, a répondu aux députés Christophe Priou, Yannick Moreau et Bruno Le Roux, lors de la séance de questions d'actualité au Gouvernement à l'Assemblée nationale.


Question de Christophe Priou, député-maire de Guérande

Christophe Priou, député-maire UMP de Guérande (Loire-Atlantique)

Merci, merci Monsieur le président. Ma question s’adresse au Premier ministre. Je voudrais revenir sur les graves événements de samedi dernier à Nantes et rendre hommage à la mobilisation des services de l’État et à l’action des forces de l’ordre qui, au péril de leur intégrité physique, ont protégé les personnes et les biens du centre-ville de Nantes. Plusieurs questions, Monsieur le Premier ministre. Des chiffres et des faits : deux-cents squatters internationaux dans une zone de non-droit que les riverains de Notre-Dame-des-Landes doivent supporter au mépris de l’État de droit et de l’ordre républicain, vingt-mille manifestants pacifiques qui ont été piégés dans le scénario du pire, mille casseurs d’extrême gauche. Première question, Monsieur le Premier ministre : comptez-vous dissoudre ces groupements armés comme vous l’avez fait à juste titre avec les groupuscules d’extrême droite qui sont – je vous cite – « contraires aux valeurs et aux lois de la République » ? Deuxième question, quand allez-vous donner le feu vert au démarrage des travaux pour un projet que vous soutenez depuis plus de vingt-cinq ans ? Le débat a eu lieu, les recours sont désormais épuisés avec cinquante-deux décisions juridictionnelles favorables au projet. Troisième question, Monsieur le Premier ministre : pourquoi ne pas avoir fait preuve de la même autorité à l’endroit de la ministre du Logement alors que Madame Delphine Batho a été débarquée simplement pour avoir dit la vérité sur le budget 2014 ? Quel crédit accorder à de tels réflexes de survie politique à quelques semaines des municipales ? Monsieur le Premier ministre, mieux vaut perdre une élection que perdre son âme. Vous êtes responsable et coupable de ces situations. Vous pensez acheter la paix sociale et politique ; aujourd’hui, par votre attentisme et laxisme, vous instituez la prime à la casse.

Manuel Valls, ministre de l’Intérieur

Monsieur le président, Monsieur le député, dès samedi, avec le Premier ministre, nous nous sommes exprimés pour condamner avec force les débordements inacceptables survenus à Nantes. Après une semaine d’attitude non coopérative de leur part sur le choix du trajet, cette manifestation a totalement échappé à ses organisateurs pour se transformer en une guérilla urbaine inadmissible. Il ne peut y avoir aucune forme de complaisance vis-à-vis de groupes violents de l’ultragauche anarcho-autonome qui ne défendent aucune cause démocratique, qui sont là pour casser et pour s’en prendre aux forces de l’ordre. Toutes les dispositions sont étudiées quant à ces groupes. Je veux saluer, comme vous l’avez fait, la détermination du préfet, la maîtrise professionnelle des policiers et des gendarmes intervenant. Cent vingt-neuf policiers et gendarmes ont été blessés ou contusionnés lors des affrontements et huit d’entre eux ont été évacués vers le CHU de Nantes. Et face à la violence – projectiles d’acier aux pavés de plaques d’égout –, ils ont fait preuve de beaucoup de sang-froid. Les dégâts commis sont intolérables et je pense notamment aux commerçants et aux habitants de Nantes qui ont vu leur ville dégradée par des extrémistes. Au-delà des décisions de justice qui ont déjà été prises, un groupe d’enquête spécialisé exploite, sous la direction de l’autorité judiciaire, l’ensemble des images prises tout au long du parcours. Tous ceux qui seront identifiés devront répondre à leurs actes. Il ne peut y avoir qu’une réponse lorsqu’on s’attaque, Monsieur le député, aux institutions et aux forces de l’ordre qui représentent l’autorité de l’État. Cette réponse, c’est celle de la fermeté, et cette réponse, c’est celle du gouvernement.

Question de Yannick Moreau, député de Vendée

Yannick Moreau, député UMP Vendée

Ma question s’adresse à Monsieur le Premier ministre, chef d’un gouvernement à la dérive. Samedi dernier, devant leur télévision, les Français ne savaient plus très bien si les images diffusées venaient de Kiev ou Nantes. Cette ville, d’ordinaire paisible, était livrée aux vandales et à la guérilla urbaine. Honneur aux forces de l’ordre et notamment aux huit blessés. Comment votre gouvernement a-t-il pu en arriver là ? Votre ministre de l’Intérieur a-t-il été bercé par l’angélisme de sa collègue qui multipliait les appels à manifester en cherchant, en vain, à se faire sortir du gouvernement ? Dès le 1er octobre 2013, par deux questions écrites, j’avais pourtant demandé au ministre de l’Intérieur de dissoudre les groupes d’extrême gauche dits « antifa ». Il m’avait alors répondu, je cite : « Ces groupes ne représentaient pas de risque grave de troubles à l’ordre public. » Cinq mois plus tard, sur les plateaux de télé, Monsieur Valls qualifiait les hordes qui se sont abattues sur Nantes « d’ultra gauche radicalisée ». Monsieur le Premier ministre, les Français sont atterrés de tant d’amateurisme et de sévérité sélective. A la vérité, ils se demandent vraiment pourquoi votre gouvernement se montre si faible avec les durs de l’ultra gauche radicale et si dur avec les pacifiques familles de « La manif pour tous ». Le 24 mars 2013, 1 million de manifestants défilent pacifiquement, bilan : 98 interpellations ; le 22 février 2014, 1 000 vandales saccagent le cœur de Nantes, bilan : seulement 14 interpellations. Monsieur le Premier ministre, allez-vous, oui ou non, dissoudre les groupuscules d’extrême gauche ? Allez-vous, oui ou non, cesser votre deux poids deux mesures, qui n’a de cesse de diviser et fractionner le peuple français ?

Manuel Valls, ministre de l’Intérieur

Monsieur le Président. Monsieur le Député. Face à la violence, quelle qu’elle soit et d’où qu’elle vienne, notamment vis-à-vis des forces de l’ordre, policiers et gendarmes, qui accomplissent leur mission avec courage et professionnalisme, il n’y a qu’une seule réponse, la fermeté. Tous ceux qui s’en prennent au mobilier urbain, à des commerces, aux forces de l’ordre, je viens de le rappeler, d’où qu’ils viennent, doivent trouver une seule réponse, celle de l’ordre républicain, la réponse de la justice et la réponse de l’Etat. Contrairement à vous, nous, nous ne trions pas face à cette violence. Nous ne sommes complaisants avec personne. Nous ne sommes complaisants avec personne. A chaque fois qu’on s’en prend aux valeurs de la République, à chaque fois qu’on s’en prend à cet ordre républicain, nous n’avons qu’une seule réponse, Monsieur le Député, c’est la fermeté. Vous avez été complaisants au cours de ces derniers mois avec ceux qui, à quelques mètres d’ici, s’en prenaient aux valeurs de la République, au rôle du Parlement, à la majorité parlementaire. Ici, il y a des députés de votre groupe qui ont été complaisants avec ceux qui cassaient, qui s’en prenaient aux policiers et aux gendarmes. Ce gouvernement est ferme avec tous ceux qui s’en prennent aux valeurs de la République, qui s’en prennent aux forces de l’ordre, qui s’en prennent aux policiers et aux gendarmes. Face à l’ultra gauche, face à l’ultra droite, face à cette extrême droite, nous répondons. Monsieur Goasguen, vous en venez, vous, de l’extrême droite, vous savez ce qu’il en est ! Nous, nous ne sommes complaisants avec personne ! Vous, vous êtes complaisants ! Nous, nous créons ! Les choses sont claires avec nous !

Question de Bruno Le Roux, député de Seine-Saint-Denis

Bruno Le Roux, député PS Seine-Saint-Denis, président groupe PS

Monsieur le ministre de l’Intérieur. Il n’y a pas de bons et de mauvais casseurs. Il n’y a pas de casseurs de gauche et de casseurs de droite, il n’y a que des casseurs. Nous nous félicitons, ici, sur ces bancs, que la détermination du gouvernement soit toujours la même pour ceux qui cassent, où qu’ils cassent et quoi qu’ils cassent. Donc, je voulais vous apporter ici tout le soutien de la majorité. J’ai regretté et nous avons tous regretté, il y a quelques semaines, qu’un certain nombre de responsables politiques, au premier rang desquels d’ailleurs le secrétaire général de l’UMP, déclarent « comprendre » ceux qui avaient manifesté lors d’une manifestation intitulée « Jour de colère », qui avaient eu des propos absolument inadmissibles, totalement inconnus depuis des décennies dans notre République. Alors, Monsieur le Ministre, je voudrais vous dire, ici, que, bien entendu, vous pouvez et nous pouvons, ici, demander à ce qu’il y ait l’unité nationale. Encore faut-il que chacun ne vocifère pas sur ces bancs, à chaque fois que vous faites régner l’ordre républicain. Et puis, qu’on ne s’offusque pas non plus, enfin, il suffit d’aller sur WIKIPEDIA pour savoir qu’un de nos collègues, en 1967, était responsable de l’entrisme syndicats et du secteur étudiant dans un mouvement d’extrême droite qui s’appelait Occident ! Chacun peut avoir ses erreurs de jeunesse, ce n’est pas un problème de le rappeler ici et ça ne doit pas faire d’incident entre nous. Alors, Monsieur le ministre de l’Intérieur, nous voulons, ici, en vous assurant de notre total soutien, vous dire que nous sommes attentifs, quelles que soient les manifestations, celle de dimanche dernier comme celle d’il y a quelques jours, à ce que dans cette République, tous les mots ne soient pas permis, tous les actes ne soient pas permis et que les casseurs soient punis, à chaque fois qu’ils cassent et à chaque fois qu’ils atteignent à la République !

Manuel Valls, ministre de l’Intérieur

Monsieur le Président. Monsieur le Président Le Roux. Merci pour ces mots. Je veux tout simplement rappeler, comme je l’ai fait, il y a un instant, qu’on ne peut pas rendre hommage à la police et à la gendarmerie, au courage des forces de l’ordre, à leur travail, évitant le pire et en même temps accuser le gouvernement de faiblesse. Il y a là un double discours que je n’accepte pas. Nous avons en charge la responsabilité de l’ordre et de l’ordre républicain et nous l’appliquons à chaque fois avec la même détermination. Je ne peux pas accepter non plus qu’on compare ce qui s’est passé en Ukraine, ce qui s’est passé à Kiev, avec des morts, avec une démocratie qui n’existe pas, avec un pays qui reprend espoir grâce aux efforts de notre diplomatie et ce qui s’est passé dans la ville de Nantes, où il n’y a pas eu des incidents plus graves, grâce à la vigilance du gouvernement, d’un préfet et des forces de l’ordre. Il y a des choses qui sont acceptables. Enfin, je ne peux pas accepter, une nouvelle fois, la complaisance dont on nous accuserait à propos de telle ou telle manifestation, alors que, comme vous l’avez rappelé, certains ont accepté d’une certaine manière ce qui s’est passé à quelques dizaines de mètres de l’Assemblée nationale, où il y avait des discours qui remettaient en cause, et les valeurs de la République, et le rôle du Parlement ! Merci, Monsieur le Président !


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